Bien que le livre n’indique pas de nom d’auteur, la tradition la plus ancienne attribue déjà les Lamentations au prophète Jérémie. Dans la version des Septante (la traduction grecque de l’Ancien Testament, vers 200 av. J.C.), cet écrit commence par les mots : « Et il arriva, après qu’Israël eut été emmené en captivité et que Jérusalem fut détruite, que Jérémie s’assit et prononça les lamentations suivantes et dit : Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée » La plupart des chercheurs également ceux qui ne reconnaissent pas la qualité d’auteur de Jérémie s’accordent pour dire que l’écrivain fut vraisemblablement témoin oculaire de la destruction de Jérusalem. Or Jérémie assista à la prise de la ville (comp. Jér. 39). La paternité de Jérémie ressort également d’une série de parallèles de style dans les deux livres qui se trouvent placés l’un à la suite de l’autre.
Pour établir la date de rédaction des Lamentations, nous devons prendre en considération la destruction de Jérusalem par les Babyloniens en 586 av. J.C., dont Jérémie, un témoin oculaire, donne la description. Ce petit livre a probablement été écrit peu après l’anéantissement de la ville, au cours des dernières années de la vie de Jérémie.
Dans la plupart des éditions actuelles de la Bible, les Lamentations de Jérémie viennent après le livre du même prophète. Toutefois, dans la bible hébraïque, les Lamentations ont été intégrées à la troisième partie, les « Ecritures » (en hébreu : ketubim) ; elles sont rattachées à ce qu’on appelle les « rouleaux » (en hébreu : megilloth), qui sont lus à l’occasion de certains jours de fête. La lecture des Lamentations de Jérémie a lieu le neuvième jour du mois Ab (juillet/août), pour commémorer la destruction de Jérusalem (comp. Jér. 52.6).
Les Lamentations sont écrites dans la forme poétique. Les cinq chapitres constituent les cinq strophes d’une élégie sur la chute de Sion. Les deux premières strophes comprennent chacune vingt-deux versets, dont la première lettre suit l’ordre de l’alphabet hébraïque. La troisième strophe est construite sur le même modèle, mais avec la différence que chacune des trois lignes des vingt-deux versets débute par la même lettre initiale. De ce fait, cette strophe, ou plutôt ce chapitre, compte soixante-six versets. La quatrième strophe reprend la construction des deux premières, sauf que chaque verset est composé de deux lignes et non pas de trois. La cinquième strophe comporte vingt-deux versets d’une seule ligne, qui ne suivent toutefois pas l’ordre alphabétique. Nous trouvons donc ici un des rares cas où la division en chapitres et en versets est inspirée ! Comparer le paragraphe concernant l’art poétique hébraïque.
Les Lamentations sont l’expression d’un coeur débordant d’amour pour le peuple terrestre de Dieu, qui, à cause de ses péchés, fut puni par la perte de son royaume, de son pays, de sa ville et de son sanctuaire. Jérémie se considère comme un membre de ce peuple, mais il mène deuil et espère en Dieu malgré toutes les afflictions.
Dans les Lamentations, comme dans les Psaumes, nous pouvons voir une annonce prophétique des souffrances du résidu juif au cours des derniers temps de tribulation avant l’apparition de Christ. De même que Jérémie s’identifiait alors au peuple dans son triste état sous le jugement de Dieu, le Seigneur Jésus sympathise avec Israël, plus particulièrement avec le résidu croyant, dans ses douleurs.
Nous pouvons signaler différents parallèles. Jérémie se lamenta sur Jérusalem, et le Seigneur Jésus aussi pleura sur la ville (Matt. 23.37, 38 ; Luc 19.41, 44).
Autres parallèles :
Lamentations | Matthieu | |
Lamentations 2.15, 16 | Matthieu 27.39 | |
Lamentations 3.8 | Matthieu 27.46 | |
Lamentations 3.19 | Matthieu 27.34 |
I. Lamentations de Jérémie 1 : | Lamentations sur la destruction de Jérusalem |
II. Lamentations de Jérémie 2 : | La cause de la colère de Dieu |
III. Lamentations de Jérémie 3 : | Lamentations du prophète |
IV. Lamentations de Jérémie 4 : | Les souffrances du siège |
V. Lamentations de Jérémie 5 : | Prière pour demander la miséricorde. |
Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.
Cette Bible est dans le domaine public.