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JOËL

Le prophète Joël, fils de Phatuel, comme il le dit au ch. I, v. 1, ou de Bathuel, selon les Septante, est mis après Osée dans le canon des Hébreux ; d’où saint Jérôme et plusieurs autres Pères ont conjecturé qu’il avait prophétisé vers le même temps ; mais ce rang ne lui est pas donné dans les Septante, qui ont suivi un autre ordre, puisqu’ils ont mis Amos le deuxième, Michée le troisième, Joël le quatrième, et Abdias le cinquième, qui dans l’hébreu sont le troisième, le sixième, le deuxième et le quatrième. Il n’est pas certain que les Hébreux aient observé l’ordre chronologique dans le rang différent qu’ils leur donnent ; on n’en peut rien conclure de décisif pour fixer le temps des prophéties de Joël. Saint Jérôme et Théodoret prétendent qu’il a prophétisé sous Ozias, Joathan, Achaz, Ézéchias, et Jéroboam, c’est-à-dire dans le même temps qu’Osée ; mais ils ne l’assurent pas. La plupart des interprètes sont partagés : les uns le placent sous le règne d’Ochasias et de Joram, fils d’Achab, et s’appuient sur ce qu’ils prétendent que ce prophète a prédit une famine qu’ils soutiennent être arrivée sous Josias, prédite par Jérémie, ch. XIV, v. 1 et suiv., et dont parle Amos, ch. IV, v. 6 ; mais il n’ont pas remarqué que Joël ne prédit pas en particulier une famine, mais les divers fléaux qu’amènerait la guerre que leur feraient les Chaldéens ; d’autres prétendent qu’il a prophétisé après la captivité des dix tribus, et s’autorisent de ce qu’il dit, ch. III, v. 2 : « J’entrerai en jugement avec eux touchant Israël, mon peuple, et mon héritage qu’ils ont dispersé parmi les nations, etc. » Mais c’est une question fort douteuse de savoir si Joël a parlé de ce fait comme d’une histoire déjà passée, ou comme prédisant tout ensemble et le châtiment dont Dieu devait punir son peuple, et celui de ceux dont il se serait servi pour les châtier, comme cela est assez ordinaire aux autres prophètes.

Génébrard a prétendu que Joël n’a prophétisé que sous le règne d’Ézéchias et de Manassès, environ sept cents ans avant Jésus-Christ, parce que ce prophète ne parle point des dix tribus, mais simplement du royaume de Juda, c’est-à-dire les deux tribus de Juda et de Benjamin ; mais cette raison ne conclut rien, car il peut n’avoir reçu de Dieu que cette seule mission, et avoir parlé selon le don et la mesure de ses révélations. La seconde preuve qu’on ajoute en faveur de ce dernier sentiment, c’est que ce prophète n’a point désigné comme les autres celui des princes sous lesquelles il a prophétisé ; d’où il conclut que c’est Manassès qui, ayant été fait tributaire du roi de Babylone, ne méritait pas qu’on lui donnât le titre de roi, ni qu’on lui fit l’honneur de dater les années de son règne. Mais ces raisons n’ont point empêché Jérémie de mettre à la tête de ses prophéties les noms de Joachim et d’Ézéchias, ni Baruch de se servir de celui de Jéchonias, ni Ézéchiel de dater des années de la captivité de Joachim.

Le style de ce prophète est vif et rempli de similitudes, de comparaisons, et de figures ; il prédit en particulier au royaume de Juda son entière destruction par les Babyloniens, et les fléaux terribles dont la colère de Dieu doit punir l’infidélité de ce peuple ; ensuite il les console par l’assurance qu’il leur donne d’un parfait rétablissement, sous la figure duquel il décrit le règne éternel de Dieu, qui doit être précédé du jugement dernier. L’auteur du livre De la Vie et de la Mort des Prophètes, attribué à saint Épiphane, assure qu’il est né dans une petite ville nommée Béthor, dans la tribu de Ruben, et qu’il y est mort en paix ; d’autres prétendent qu’il était de la tribu de Gad ; mais tout cela se dit sans aucune preuve.



Cette Bible est dans le domaine public.