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Scribes (ou docteurs de la loi)
Dictionnaire Biblique Lelievre

Ces termes ne s’appliquent pas, comme ceux de Pharisiens ou de Sadducéens, a un parti ou à une opinion religieuse, mais désignent une profession, une fonction. Cette fonction paraît avoir existé de très bonne heure. Certains fonctionnaires, dès le temps de David, portent le titre de sôphér, « scribe » (traduit par le mot secrétaire dans la version Segond) : 2Sa 8.17 ; 20.25 ; 2Ro 12.10 ; 19.2 ; 22.3. Leur rôle, à cette époque, n’était pas limité au domaine des choses religieuses. Leurs attributions semblent les ranger parmi les ministres des rois. — Après l’exil, le même titre appartient à des hommes « versés dans la Loi de Moïse », comme Esdras (Esd 7.6), qui, en outre, était prêtre (Esd 7.11). Mais tous les prêtres ne sont pas scribes et tous les scribes ne sont pas prêtres. Il y avait des familles de scribes (2Ch 2.55) et des familles de prêtres (1Ch 24.1 à 19). Il est fort possible que ces scribes aient été d’abord surtout des écrivains publics comme on en trouve dans beaucoup de pays orientaux, venant en aide aux illettrés pour leurs transactions commerciales ou leurs contrats. Mais, peu à peu, le titre s’applique plus spécialement aux écrivains qui transcrivent sur les rouleaux sacrés le texte de la Loi mosaïque, qui étudient ce texte et qui le commentent. Ils deviennent ainsi, progressivement, les théologiens du judaïsme, les docteurs de la sainte Ecriture. On les consultait, comme experts, au Sanhédrin (voyez ce mot) ou dans les tribunaux de province. A la Synagogue (voyez ce mot), c’étaient d’ordinaire eux qui lisaient la Loi, la traduisaient en langue vulgaire et la commentaient. A la maison d’école, ils l’enseignaient aux enfants et aux jeunes gens. Leur autorité était très grande. On les appelait : Rabbi, c’est-à-dire : mon Maître (Mt 23.7). Ils tenaient à ce titre, comme ils tenaient à occuper partout le premier rang (Mat 23.6-7 ; Marc 12.38-39 ; Luc 11.43 ; 20.46).

Ils avaient hérité du prestige et de l’influence autrefois partagés entre le prêtre et le prophète. Leurs décisions avaient fini par devenir plus contraignantes que les textes mêmes de la Loi : et c’est contre cette tradition divinisée que s’est élevé Jésus (Mt 15.3) ; voyez les mots Pharisiens et Sabbat. — Aux environs de l’ère chrétienne, le Scribe avait généralement un métier qui lui permettait de vivre (Paul, rabbin avant d’être apôtre, continua à se conformer à cette règle), car la fonction de docteur de la Loi était gratuite. Son désintéressement aurait donc pu être entier ; mais il ne paraît pas que ce fût toujours le cas (Marc 12.40 ; Luc 16.14 ; 20.47). Son orgueil, son formalisme, son mépris inspiraient plus de crainte que d’amour. L’autorité qui vient de l’action profonde de l’âme sur l’âme n’était pas son fait (Mt 7.29 ; Marc 1.22).

Les Evangiles citent souvent ensemble « Scribes et Pharisiens ». — Les Scribes et les Pharisiens ne doivent donc pas être confondus, puisqu’on tient à les nommer les uns à côté des autres ; mais certains rapports entre eux sont sous-entendus par ce rapprochement constant. Beaucoup de Pharisiens exerçaient certainement la fonction de scribes et la plupart des scribes étaient rattachés à la tendance pharisienne. Mais il se peut fort bien qu’il y ait eu des scribes sadducéens ou des scribes n’appartenant ni à l’un ni à l’autre des deux grands partis juifs ; ainsi s’expliqueraient les expressions suivantes : « les Scribes d’entre les Pharisiens » (Marc 2.16 ; Actes 23.9), « les Pharisiens et leurs Scribes » (Luc 5.30).


Numérisation : Yves Petrakian