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Araméen
Dictionnaire Biblique Lelievre

Ce nom désigne un peuple de l’antiquité, voisin d’Israël, mais il s’applique aussi à la langue de ce peuple. C’est cette langue qui mous intéresse surtout ici. Il faut cependant savoir que les Araméens (appelés Syriens par les Grecs), sans avoir jamais formé, au sens politique du mot, une nation indépendante, furent très nombreux et firent prédominer leur langue dans l’immense région de la Syrie et de la Mésopotamie pendant toute la longue période qui s’étend d’Abraham à la conquête grecque. Laban (Genèse 25.20 ; 31.20-24) est qualifié d’Araméen ; Jacob et sa postérité, c’est-à-dire tout Israël, nous est présenté ailleurs comme d’origine araméenne (Deutéronome 26.5) ; l’armée de Nébucadnetsar est appelée « l’armée des Chaldéens et des Araméens » (Jer 35.11). La langue araméenne, apparentée à la langue hébraïque, était parlée dans toute l’étendue de la région que nous avons indiquée. Elle était très répandue en Babylonie et en Assyrie, la langue assyrienne étant surtout, sans doute, celle des autorités politiques, et elle s’étendit graduellement à des pays qui avaient leur langue propre. Les relations continuelles d’Israël avec leurs voisins araméens eurent pour résultat d’introduire de bonne heure des termes araméens dans la langue hébraïque. Cette influence grandissante est très sensible, par exemple, dans le langage de l’Ecclésiaste. Mais le fait le plus intéressant à retenir, c’est que des portions entières de l’Ancien Testament sont écrites en Araméen (Esdras 4.8-6,18 ; 7.12-26 ; Daniel 2.4 à Dan 7.28).

Ces livres semblent avoir été composés à cette époque de transition où l’araméen se substituait peu à peu à l’hébreu comme langue populaire et où la langue des pères devenait graduellement, sinon une langue morte, du moins la langue sacrée réservée à l’usage religieux. Au temps de Jésus cette évolution était depuis longtemps parvenue à son terme. Jésus et ses disciples, comme tous les Juifs de Palestine, ne parlaient que l’araméen, qui fut ainsi la langue de la première prédication chrétienne.

Notons enfin, pour terminer, la longue vie de cette langue à la fois dans le dialecte palestinien et dans le dialecte syriaque. Au Ve siècle, les chrétiens de Palestine traduisaient encore l’Evangile en araméen et ce ne furent que les conquêtes de l’Islamisme qui réussirent par la suite à reléguer la langue, sous l’une ou l’autre de ses formes, dans des cantons éloignés de son influence. Partout ailleurs la langue arabe avait été victorieuse. Il subsiste encore aujourd’hui quelques endroits où l’araméen, sous une forme moderne, s’est conservé, par exemple en Perse, ans la province d’Aderbaïdjan, aux confins de l’Arménie. Là se trouve Ourmiah, où l’œuvre des missions américaines a été si efficace, et où elle a eu, entre autres résultats, celui de refaire, de la vieille langue araméenne modernisée, une langue littéraire.


Numérisation : Yves Petrakian