Ce mot désignait, pour les Israélites, une complète abstinence de nourriture qu’ils s’imposaient du lever au coucher du soleil (Juges 20.26 ; 1Sa 14.24 ; 2 Samuel 1.12 ; 3.35). Si le jeûne s’étendait sur plusieurs jours (1Sa 31.13) il était rompu quotidiennement par le repas du soir. — Le jeûne était une manifestation de chagrin (1Ro 21.27 ; Esa 58.5 ; Joe 2.12, etc.) et devint, par là même, un des rites du deuil (voir ce mot). Sans doute pensait-on éveiller ainsi la compassion de la divinité. Mais, à mesure que la religion se spiritualisait, cette idée faisait place peu à peu à celle d’une humiliation morale devant Dieu (1Ro 21.27-29). De là à faire du jeûne un acte de pénitence, il n’y eut qu’un pas à faire (1Sa 7.6 ; Ne 9.1 ; Joe 2.12). Mais il était difficile d’éviter alors le danger d’en faire une œuvre méritoire. Les prophètes luttèrent en vain contre une telle conception (Esa 58.3-7 ; Zac 7.5). Elle prévalut de plus en plus dans le judaïsme. A l’époque de Jésus, le jeûne, l’aumône et la prière formaient la triade des oeuvres pies. Jésus n’a ni condamné ni recommandé le jeûne. A ceux qui le pratiquaient il conseille d’éviter toute ostentation et de jeûner en secret (Matthieu 6.16-15). Paul de même ne prescrit pas le jeûne et le condamne même dans la mesure où l’on en fait un acte méritoire (Romains 14.17 ; Colossiens 2.16 ; 1Ti 4.1-5).
Numérisation : Yves Petrakian