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Cyrus

Fils de Cambyse, roi de Perse, et de Mandane, fille d’Astyage, roi des MèdÉsaïe Il existe une demi-douzaine d’histoires et de biographies, toutes différentes de ce prince fameux, par Hérodote, Xénophon, Ctésias, Justin, Valère Maxime, Diodore de Sicile, etc., sans parler de toutes les fables et traditions orientales auxquelles sa prodigieuse carrière a donné naissance. Nous nous en tiendrons pour le moment aux données de Xénophon (Cyrop. 1, 107.sq.). D’après cet historien, Cyrus vécut jusqu’à sa douzième année à la cour de son aïeul maternel, fut mis, à l’âge de seize ans, à la tête d’une armée envoyée contre le roi d’Assyrie qui avait fait une irruption dans les états d’Astyage, et remporta la victoire après une suite de brillants succès. Rappelé par son père, il rentra en Perse et devint général en chef des troupes de Cambyse ; il fit la guerre tantôt pour son compte, tantôt pour celui de son oncle Cyaxare II, fils et successeur d’Astyage, qui venait de mourir ; il vainquit successivement le roi de Babylone et ses nombreux alliés, puis Crésus, roi de Lydie, ce malheureux qui s’estimait le plus fortuné des mortels, et qui sur le bûcher fatal s’écria par trois fois : Solon ! Solon ! Solon ! se rappelant que ce sage Athénien lui avait dit un jour qu’on ne pouvait se prononcer sur le bonheur de personne avant que sa carrière fût entièrement terminée. Cyrus ayant appris ce fait rendit à l’illustre captif la vie avec la liberté, et se fit un ami d’un ennemi. Après avoir porté ses armes triomphantes dans presque toute l’Asie Mineure, il repasse l’Euphrate, marche contre l’Assyrie et vient assiéger Babylone. Cette ville est imprenable, ses murailles n’ont rien à redouter, ses habitants ont des provisions pour plus de vingt années, le siège est inutile ; Cyrus alors conçoit le projet gigantesque de détourner le cours du fleuve : les eaux vont se perdre dans les marais et les plaines voisines, et pendant que Nabonned (Belsatsar) s’abandonne avec tout l’orgueil de la sécurité aux débauches orientales, Cyrus s’avançant par le lit de l’Euphrate pénètre dans la ville (538 avant Jésus-Christ) et brise à jamais la puissance babylonienne, la monarchie des Caldéens, la tête d’or qui va être remplacée dans l’empire universel par la poitrine et les bras d’argent (Daniel 2.32-38-39). Il fait en même temps préparer un palais pour son oncle Cyaxare, et reçoit de lui en récompense de ses longs et nombreux services la main de sa fille unique (sa cousine germaine), et avec elle le droit de succession à l’empire. Cambyse meurt, Cyaxare meurt, et Cyrus, le puissant bélier à deux cornes (Daniel 8.3-20), monte sur leurs deux trônes, et règne à la fois sur la Perse et sur les États médo-babyloniens (536 avant Jésus-Christ). À peine investi de l’empire, l’un des premiers usages qu’il fait de son autorité, c’est de publier un édit par lequel il permet aux Juifs de retourner dans leur patrie (Esdras 1.1 ; 5.13 ; 6.3 ; 2 Chroniques 36.22 ; cf. Daniel 1.21) ; il dit à Jérusalem : Sois rebâtie ! et au temple : Sois refondé ! (Ésaïe 44.28).

Il entreprit encore diverses guerres en Syrie et du côté de la mer Rouge, et mourut enfin en 530, à l’âge de soixante et dix ans, selon les uns de vieillesse, selon les autres dans un combat contre les Scythes ; leur reine Thomiris l’ayant attiré dans une embuscade, lui aurait fait trancher la tête. D’autres disent qu’il fut attaché à une potence, d’autres enfin qu’il mourut d’une blessure reçue à la bataille.

L’histoire sainte nous donne naturellement beaucoup moins de détails sur Cyrus que l’histoire profane, mais ce sont des détails bien autrement grands et solennels. Déjà 240 ans avant la naissance de ce puissant monarque, elle l’appelle par son nom, elle annonce la grande œuvre de restauration dont il sera le ministre ; il est dit de lui qu’il accomplira tout le bon plaisir de l’Éternel ; Dieu dit : Il est mon berger : Dieu l’appelle son oint (Ésaïe 44.28 ; 45.1), l’assimilant ainsi aux rois d’Israël (1 Samuel 24.7-11 ; 2 Samuel 1.14 ; etc.), soit pour indiquer qu’il avait lui-même consacré Cyrus à la royauté, soit parce que Cyrus devait être chargé de ramener le peuple de Dieu dans son pays. Et lorsqu’après une longue attente, cet oint du Seigneur, ce Cyrus de la délivrance fut venu au monde, et qu’il eut accompli une partie de sa destinée, il semble avoir reconnu lui-même ce Dieu qui l’avait nommé et surnommé (désigné) lorsqu’il n’existait pas encore : son langage (Esdras 1.2), ne permet pas de douter qu’il n’ait reconnu le Dieu d’Israël pour le vrai Dieu. L’Éternel, le Dieu des cieux, dit-il, m’a donné tous les royaumes de la terre, et lui-même m’a ordonné de lui bâtir une maison à Jérusalem. D’après un livre apocriphe, il aurait dit comme Darius : Que tous les habitants de la terre craignent le Dieu de Daniel, parce que c’est le Dieu sauveur, qui fait des prodiges et des merveilles sur la terre, et que c’est lui qui a garanti Daniel de la gueule des lions. Suivant le livre de Bel, Cyrus aurait toujours eu pour Daniel une estime et une affection toute particulière (cf. Daniel 6.28) ; quoique ces détails ne nous soient connus que par des livres apocryphes, rien ne les contredit, et les déclarations de la parole de Dieu rendent fort probables des rapports de cette nature entre ces deux hommes. Il paraît d’ailleurs, par Josèphe (Antiquités judaïques 11, 1.), que Cyrus a eu connaissance des prophéties d’Ésaïe, et que le passage qui le concernait a été un des moyens dont Dieu s’est servi pour l’amener à sa connaissance.

Dans le passage de Ésaïe 21.7-9, qui se rapporte à Cyrus, et où il est question d’un attelage mixte d’ânes et de chameaux, quelques-uns ont voulu voir la réunion des troupes de la Médie et de la Perse ; d’autres interprètes ont mis en avant l’opinion suivante, que nous ne citons que pour son originalité, sans qu’il puisse être question de lui accorder aucune valeur : c’est que le conquérant dont il est parlé devait être une espèce de métis, issu de deux animaux différents, ainsi que Cyrus en effet naquit de deux sangs différents, du sang des Perses par son père, du sang des Mèdes par sa mère. À l’appui de ce sens, l’on cite deux exemples où le nom de mulet est donné à Cyrus : Craignez, dit un oracle à Crésus, lorsqu’un mulet commandera aux Mèdes ; et Eusèbe (Prépar. 9, 41.) rapporte, d’après un ancien auteur, que Nebucadnetsar, quelque temps avant sa mort, rempli de l’esprit prophétique, dit aux Babyloniens : Je vous annonce un malheur qu’aucune de vos divinités ne pourra détourner ; il viendra contre vous un mulet persan qui, aidé du secours de vos dieux, vous réduira en servitude. Ce sont des jeux de mots, et le texte cité d’Ésaïe ne s’y prête pas même dans le cas actuel.

Admirons cette bonté divine qui, dans l’exil de son peuple, et par cet exil même, s’est rendu captive l’âme du grand Cyrus. Après l’avoir connu guerrier et héros dès nos premières études classiques, nous le trouvons maintenant roi théocratique, et nous le verrons un jour simple fidèle dans le royaume des cieux, avec bien d’autres encore auxquels nous sommes peut-être loin de penser.

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