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Toute l’antiquité païenne a connu l’usage d’offrir, à l’issue de certains sacrifices, un festin composé des viandes qui n’avaient point été consumées sur l’autel. Cette coutume, fondée sur la nature même de quelques-uns de ces sacrifices destinés à célébrer la joie et la reconnaissance, était favorisée ou facilitée par les nombreux restes des victimes ; et peut-être que Moïse, en consacrant et en réglant cette coutume, a été dirigé, comme pour tant d’autres détails de la constitution hébraïque, par le double désir d’associer l’idée de joie à l’idée d’obéissance, et de faire participer les pauvres aux libéralités du riche (Deutéronome 12.6 ; cf. 1 Samuel 9.19 ; 16.3-8 ; 2 Samuel 6.19). Chez les Hébreux, ce n’étaient que les sacrifices individuels qui pouvaient être suivis de festins religieux, parce qu’alors, sauf la poitrine et l’épaule droite qui revenaient de droit au prêtre officiant, toute la viande de la victime était rendue à celui qui l’avait offerte (Deutéronome 27.7) ; mais il fallait qu’elle fût entièrement consommée le jour même et le jour suivant (Lévitique 7.17) ; de là aussi l’obligation d’inviter, surtout s’il s’agissait d’une grosse pièce de bétail, tous les membres de la famille, et souvent encore quelques convives de plus ; les lévites sont particulièrement recommandés (Deutéronome 12.12), ainsi que les étrangers, les veuves, et les orphelins (Deutéronome 16.11). Les domestiques, comme faisant partie intégrante de la famille ancienne, ne sont pas mentionnés à part.
Des repas avaient encore lieu à l’époque de certaines fêtes publiques (Deutéronome 16.11ss), et notamment le festin des dîmes.
Chez les païens, c’était tantôt dans les temples, tantôt dans des maisons particulières, que se célébraient les festins des sacrifices (1 Corinthiens 8.10). Nous en trouvons un exemple (Nombres 25.2). Y participer était regardé de la part des Israélites comme une participation à l’idolâtrie (Psaumes 106.28 ; 1 Corinthiens 10.20 ; Apocalypse 2.14), et les apôtres les avaient sévèrement interdits aux chrétiens (Actes 15.29 ; 21.25 ; 1 Corinthiens 8.1). Cependant ils n’y attachaient pas l’idée d’une souillure se communiquant d’une manière sacramentelle ; ce n’étaient pas les viandes qui souillaient, mais la sympathie ou l’adhésion tacite à des cérémonies païennes ; aussi, lorsque des victimes avaient été offertes aux idoles, il arrivait souvent que les pauvres (et les avares) en revendaient une partie au boucher pour s’indemniser de leurs frais, ou diminuer la grandeur de leur sacrifice. Dans ce cas, ces viandes rentraient en quelque sorte dans le droit commun, et Paul permet aux chrétiens d’en acheter et d’en manger, sans s’en inquiéter pour la conscience (1 Corinthiens 10.25). Ce n’était plus de la viande des sacrifices, c’était de la viande de boucherie.
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