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Fils de David, né à Hébron, de Maacha, fille de Tholmaï, roi de Gessur, était, selon l’Écriture (2 Samuel 14.25), le plus bel homme de tout Israël, et qui avait la plus belle chevelure. Lorsqu’il faisait couper ses cheveux, ce qu’il faisait une fois tous les ans, parce que leur poids l’incommodait, ils pesaient deux cents sicles, selon le poids du roi, c’est-à -dire selon le sicle babylonien, qui pesait huit oboles. Ainsi les deux cents sicles reviennent environ à trente et une onces, ce qui est assez extraordinaire, mais nullement incroyable, puisqu’au rapport des perruquiers, il y a des femmes qui portent plus de trente-deux Onces de cheveux à la tête (Certains pensent qu’il s’agit de la valeur commerciale). Absalom avait une sœur nommée Thamar, qui était aussi extrêmement belle.
Amnon, fils de David, mais né d’une autre mère que Thamar, conçut pour sa sœur une si violente passion, qu’elle le rendit tout languissant. Il obtint du roi que Thamar vint dans sa chambre, et lui préparât quelque chose à manger. Lorsqu’elle y fut, il la viola et la renvoya honteusement (2 Samuel 13, An du monde 2972 ; Avant Jésus-Christ 1028, Avant l’ère vulgaire 1032). Absalom la reçut dans sa maison et résolut de tirer vengeance de cet outrage fait à sa sœur. Il n’en dit rien à Amnon, attendant peut-être que le roi, son père, vengeât cet attentat. Deux ans après, Absalom voulant aller tondre ses brebis à Baal-Hazor, près d’Éphraïm, invita le roi d’y venir avec toute la famille royale. David s’en excusa, mais pressé par les instances d’Absalom, il consentit qu’Amnon y allât avec ses frères. Lorsqu’on fut dans la chaleur du vin, Absalom, fit massacrer Amnon (2 ans après la faute commise), et aussitôt les enfants du roi s’enfuirent vers Jérusalem.
Absalom de son côté, se retira dans le pays de Gessur, auprès du roi Tholmaï, père du sa mère. Il y demeura trois ans, sans que David se mît en peine de le poursuivre ; mais Joab, oncle d’Absalom, ayant remarqué que le cœur du roi se rapprochait d’Absalom, trouva moyen, par l’entremise d’une femme de Thécué, qui parla au roi, de le faire consentir au retour de son fils (2 Samuel 14, An du monde 2977, Avant Jésus-Christ 1023, Avant l’ère vulgaire 1037).
Absalom revint donc à Jérusalem, mais David ne voulut pas qu’il parût en sa présence. Il demeura deux ans dans Cette espèce de disgrâce ; ensuite il manda Joab, pour l’envoyer parler au roi. Mais Joab n’ayant pas voulu venir, Absalom dit à ses serviteurs d’aller mettre le feu à un champ d’orge qui appartenait à Joab. Celui-ci en étant informé, vint trouver Absalom pour lui en faire des plaintes. Absalom lui avoua que c’était par ses ordres que le champ avait été brûlé, et qu’il ne l’avait fait qu’afin qu’il eût l’occasion de le prier d’aller demander au roi sa grâce entière, et qu’il pût paraître en sa présence. Joab alla raconter tout ce qui s’était passé à David, qui fit aussitôt venir Absalom, l’embrassa et le reçut dans ses bonnes grâces, comme auparavant.
Après cela, Absalom se donna un équipage magnifique, se regardant comme l’héritier présomptif du royaume (2 Samuel 15). Tous les matins il venait à la porte du palais (on peut comprendre de la ville), et appelant tous ceux qui avaient des affaires et qui venaient demander justice au roi, il leur disait : D’où êtes-vous ? Et lorsqu’ils lui avaient raconté leur affaire et le sujet de leur voyage, il disait : Votre affaire me paraît bonne et bien juste, mais le roi n’a commis personne pour vous entendre. Oh ! qui m’établirait juge sur ce pays, afin que tous ceux qui ont des affaires viennent à moi, ét que je les juge selon la justice ! Et lorsque quelqu’un venait lui faire la révérence, il lui tendait la main, le prenait et le baisait. Il fut ainsi pendant quatre ans (Le texte lit 40 ans. Mais plusieurs mss latins, Josèphe et Théotoret ne lisent que 4 ans [Dans le manuscrit hébreu qui porte le n° 545 dans la collation de de Rossi le mot quarante est omis. Les mss. 70, 96 de Kennicot portent quarante jours. Une note marginale du mss. 380 de Rossi lit : Après la quarantième année du règne de Seul (S)]. L’édition Sixtine de la Vulgate lit : quatrième année. [D. Calmet, dans son commentaire, avait rendu lu mot quadraginta par quarante, bien qu’il supposât qu’un copiste du texte hébreu avait écrit quarante au lieu de quatre. Beaucoup de chronologistes, même Ussérius, que suit D. Calmet, adoptent le nombre quarante, et chacun d’eux fixe arbitrairement l’époque où commencèrent ces quarante ans. J’ai montré le désaccord et la fausseté de leurs conjectures, et prouvé qu’il fallait lire quatre ans, passés depuis qu’Absalom était revenu de Gessur, dont deux jusqu’à ce qu’il lui fût permis de paraître devant son père et deux jusqu’à son départ pour Hébron. Voyez mon Histoire de l’Ancien Testmnent, tome 1 pages 240, col. 2 et 241, col. 1]) à disposer les esprits du peuple et à les gagner petit à petit ; et lorsqu’il crut qu’il pouvait se déclarer, il demanda au roi la permission d’aller à Hébron, sous prétexte d’y acquitter un vœu qu’il avait fait lorsqu’il était à Gessur.
Il alla donc à Hébron, accompagné de deux cents hommes, qui le suivirent dans la simplicité de leur cœur, sans avoir aucune connaissance de son mauvais dessein. En même temps il envoya dans toutes les tribus d’Israël des gens qu’il avait gagnés, avec ordre de sonner de la trompette et de publier qu’Absalom régnait à Hébron. Bientôt le concours du peuple fut très-grand, et Absalom fut reconnu par la plus grande partie d’Israël. Alors on vint dire à David qu’Absalom s’était révolté contre lui, et que tout Israël le suivait de tout son cœur. David et tous ses officiers s’enfuirent de Jérusalem, ne laissant que les femmes du roi pour garder le palais (2 Samuel 16). Absalom, sans perdre de temps, vint à Jérusalem, où il fut reçu sans aucune résistance. Achitophel lui conseilla d’abuser publiquement des concubines de son père, afin que tout le peuple comprît que sa rupture était sans espérance de réconciliation, et qu’il s’attachât à lui sans retour.
En même temps Achitophel proposa à Absalom (2 Samuel 17) d’envoyer du monde à la poursuite de David, afin de l’opprimer avant qu’il eût le loisir de se reconnaître et de rassembler des troupes ; mais Chusaï, ami de David, qui feignait d’être dans le parti d’Absalom, détourna ce conseil et en donna secrètement avis à David, lui conseillant de passer le Jourdain en toute diligence et de se mettre dans quelque bonne place pour s’y défendre. David se retira donc à Mahanaïm, qui était auparavant la demeure d’Isboseth, fils de Saül, et y reçut divers renforts de ceux qui lui étaient demeurés fidèles.
Absalom, dès le lendemain, marcha contre David avec toutes ses forces ; et ayant passé le Jourdain, se disposa à attaquer le roi, son père. David, de son côté, fit sortir ses troupes sous le commandement de Joab ; et le combat s’étant donné, l’armée d’Absalom fut battue et taillée en pièces. Il en demeura vingt mille sur la place (2 Samuel 18), et le reste prit la fuite. Absalom était monté sur un mulet ; et comme il fuyait dans la forêt d’Éphraïm, en passant sous un grand chêne fort touffu, sa tête (et non sa chevelure, comme beaucoup l’ont reproduit graphiquement) s’embarrassa dans les branches du chêne ; et son mulet passant outre avec rapidité, il demeura suspendu entre le ciel et la terre.
Un soldat l’ayant vu en cet état, en donna avis à Joab. Celui-ci dit au soldat pourquoi il ne l’avait pas tué ; mais il répondit : Quand vous me donneriez tout à l’heure mille pièces d’argent, je me garderais bien de porter la main sur la personne du fils du roi ; car nous avons tous ouï l’ordre qu’il vous a donné, à Abisaï et à vous, en disant Conservez-moi mon fils Absalom. Joab lui dit : Je ne m’en rapporterai pas à toi ; mais je le frapperai moi-même en ta présence. Il prit donc en sa main trois dards, dont il perça le cœur d’Absalom ; et lorsqu’il respirait encore, toujours pendu à l’arbre, dix jeunes écuyers de Joab accoururent ; le percèrent de coups et l’achevèrent.
Or, Absalom, pendant qu’il vivait encore, s’était fait dresser une colonne dans la vallée du Roi (2 Samuel 18.18), disant : Je n’ai point de fils, et ce sera là un monument qui fera vivre mon nom. Il donna donc son nom à cette colonne, et on l’appelle encore aujourd’hui : La main d’Absalom. C’est ainsi que parle l’auteur des livres de Samuel. On montre encore à présent à l’orient de Jérusalem, dans la vallée de Josaphat, un monument que l’on dit être celui d’Absalom.
Après la mort d’Absalom, l’Écriture dit (2 Samuel 18.17) : On l’emporta et on le jeta dans une grande fosse qui était dans la forêt (d’Éphraïm, où s’était livré le combat), et on jeta sur lui un grand monceau de pierres, etc. On pourrait dire de là qu’il serait demeuré enseveli sous ces pierres ; mais il est plus vraisemblable de croire que David, qui le pleura avec une douleur si excessive, l’en fit enlever pour le mettre dans le sépulcre des rois, ou peut-être vers l’endroit où depuis l’on a taillé dans le roc le monument que l’on montre encore aujourd’hui aux voyageurs.
C’est un cabinet creusé au ciseau, dans une roche d’une seule pièce, tout isolée et détachée de la montagne, de huit pas en carré, hors d’œuvre. Le dedans du cabinet est tout uni, mais le dehors est orné de quelques pilastres de la même pierre ; le haut ou la couverture est faite en forme de pyramide conique, assez haute et large, avec une manière de pot à fleurs : le tout a bien quatre ou cinq toises de hauteur. Cette pyramide est composée de plusieurs pierres ; mais le monument est carré et d’un seul bloc de roche.
Tout cela peut fort bien s’appeler la colonne ou la main d’Absalom ; car les Hébreux donnent le nom de colonne à tout ce qui est dressé et élevé pour servir de monument, et le nom de main à tout ce qui sert à montrer et à conserver la mémoire d’une chose : par exemple, elle appelle main ce que Saül érigea sur le Carmel pour perpétuer le souvenir de sa victoire contre Amalec (1 Samuel 15.12) ; et Moïse, dans l’Exode (Exode 17.16), semble faire allusion à quelque chose de pareil, lorsque après la bataille contre les Amalécites, il dit que la main est sur le trône du Seigneur, comme un monument de leur malice et de la vengeance que le Seigneur en doit tirer. Josèphe, parlant du monument d’Absalom, dit que c’était une colonne de marbre, distante de deux stades ou trois cents pas de Jérusalem. Les voyageurs assurent que tous ceux qui passent auprès de la colonne d’Absalom, y jettent une pierre, comme pour marquer leur horreur de l’action de ce fils rebelle à son père. Il y a auprès un si grand amas de pierres, qu’il cache presque tout le bas de ce monument.
L’Écriture (2 Samuel 18.18) semble insinuer que lorsque ce prince l’érigea, il n’avait point d’enfants. Cependant il est dit, quatre chapitres auparavant (2 Samuel 14.27), qu’il avait trois fils et une fille nommée Thamar, qui était d’un singulière beauté. Mais il y a quelque apparence que ces enfants, au moins les fils, ne vécurent pas ; car il y en a qui croient que Thamar, sa fille, épousa Roboam, son oncle, roi de Juda. La mort d’Absalom arriva l’an du monde 2980, avant Jésus-Christ 1020, avant l’ère vulgaire 1024 [Voltaire a su trouver, dans l’histoire d’Absalom, le moyen de décharger son fiel sur les récits sacrés. Je crois avoir fait justice, dans mon Histoire de l’Ancien Testament, de ses commentaires, où la mauvaise foi et le cynisme se montrent tour à tour, si ce n’est en même temps. M. Coquerel n’a pu voir qu’une seule difficulté dans l’histoire d’Absalom : c’est à propos de sa chevelure (2 Samuel 14.26) ; et encore cette difficulté est fort légère et disparaît bientôt complètement. Mais pourquoi supposer que les cheveux de ce prince étaient pesés avant que d’être coupés ? Il trouvait que sa chevelure lui était trop lourde : il la faisait couper, et alors on la pesait. Il la faisait couper une fois chaque année, dit le texte. Comment, demande M. Coquerel, pouvait-elle croître si rapidement, pour peser deux cents sicles ? Cela importe peu : on la coupait chaque année, on la pesait, et on voyait qu’elle pesait deux cents sicles, selon le poids public, dit la Vulgate, ou selon le poids du roi, comme porte l’Hébreu. Ai-je repris M. Coquerel ? J’aime mieux le copier avec reconnaissance, quand il s’exprime comme on va le voir dans les lignes suivantes sur Absalom :
« Ce prince, dit-il, est un terrible exemple de l’empire des passions : il ne les dompte pendant un temps que pour mieux les satisfaire ; rien ne lui coûte pour les assouvir : ni sang, ni impureté, ni bassesse, ni tromperie, ni patience ; impétueux ou calme, selon le besoin, tantôt il cède à ses transports de haine ou de colère, tantôt il mûrit en silence une vengeance ou un crime. Il punit un frère incestueux, et finit par le devenir lui-même, froidement, par calcul et non par amour. Il se sert de tout pour réussir dans ses forfaits, même du pardon de son père. C’est un des hommes avec qui toute indulgence est funeste. Qu’attendre d’un furieux qui cherche dans un incendie le moyen de demander un service ? Nul en Israël n’était plus beau que lui, et ce frivole avantage l’enivrait de lui-même. Il ignorait donc ce que la voix divine avait dit de son oncle Éliab : Ne prends, point garde à la hauteur de sa taille ni à la beauté de son visage, car je l’ai rejeté ! L’orgueil souvent commence par la vanité ; et si la main d’Absalom n’avait pas été si soigneuse de ses longs cheveux, dont il aimait à savoir le poids, peut-être n’aurait-il pas fini par la lever contre son père. »
Dom Calmet n’a point fait mention des regrets que David exprima d’une manière si touchante, sur la mort d’Absalom : car David eut des regrets, des regrets vifs, des regrets qui n’eurent pas de fin. S’y serait-on attendu ? Écoutons le récit sacré, qui nous révèle cette douleur profonde et nous-donne en même temps une grande leçon. David, lors du combat, était à Mahanaïm ; c’est là qu’Achimaas et Chusi courent séparément lui en faire connaître l’issue (2 Samuel 18.21-33). La sentinelle, apercevant les deux émissaires, les annonce au roi : Le plus avancé, lui dit-elle, me semble être, Achimaas. C’est un homme de bien, qui ne peut être chargé que d’un bon message, répond David. Paix ! s’écria Achimaas en paraissant devant David ; béni soit le Seigneur votre Dieu ! il a livré ceux qui ont levé leurs mains contre le roi mon seigneur ! David voulait savoir autre chose : Mon cher fils Absalom a-t-il échappé à tout danger, lui demande-t-il avec une affection inquiète ? J’ai vu un grand tumulte, répond Achimaas ; voilà tout ce que je sais. Réponse évasive, qui préparait David à la nouvelle qu’il paraissait redouter. Chusi arrive : Ô roi ! S’écrie-t-il, je vous apporte une bonne nouvelle : Dieu vient de vous faire justice de tous ceux qui se sont révoltés contre vous. Mon bien-aimé Absalom est-il sain et sauf, lui demande le roi ? On le voit, la tendresse paternelle est admirablement peinte dans ce récit ; on sent tout ce qu’il y a d’amour caché dans la courte question qu’adresse ce père infortuné à chacun des deux envoyés : Mon bien-aimé fils Absalom est-il sain et sauf, surtout quand on se place dans la circonstance où était David. Chusi lui répond : Que les ennemis du roi mon seigneur, et tous ceux qui se sont soulevés contre vous pour vous perdre, soient traités comme il l’a été ! À ces paroles, pleines de sages ménagements et pourtant accablantes, David sentant que sa douleur va faire explosion, et craignant qu’elle ne fit sur ses soldats fidèles une impression fâcheuse, se dérobe à tous les regards. Retiré seul dans sa chambre, il donne un libre cours à ses gémissements et à ses larmes ; ne pouvant demeurer assis, il allait et venait, et s’écriait : Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! que ne suis-je mort à ta place, Absalom mon fils, mon fils ! Ainsi David pleurait la perte d’un malheureux pour lequel personne n’avait pas un regret… Il était son père ; et si Absalom n’était pas digne d’être l’objet d’une telle tendresse, d’une telle douleur, David était digne lui, de les éprouver (Voyez mon Histoire de l’Ancien Testament, tome 1, pages 246, col. 1).
Je vais terminer cette longue addition par le tombeau d’Absalom : tout ce qui est de cette vie aboutit au sépulcre. Il existe donc dans la Vallée de Josaphat, sans doute la même que la Vallée du Roi, un monument appelé le Tombeau d’Absalom : c’est ou ce n’est pas, je l’ignore, celui que se fit préparer Absalom. Le compagnon de voyage de M. Michaud l’a vu, et il nous a fait part des pensées que ce spectacle lui a inspirées. « Les tombeaux du roi Josaphat, dont le nom a été donné à la vallée, dit M. Poujoulat, d’Absalom,… du prophète Zacharie,… n’ont plus besoin de descriptions… Ces monuments sont d’ordre ionique. Rien ne m’a paru étrange comme de voir l’ordre ionique dans la vallée de Josaphat : il me semblait que le génie des arts et les images de la Grèce n’avaient jamais dû passer par cette vallée de mort et d’épouvante. Il faut dire aussi que l’inspiration grecque n’est venue ici que pour y laisser trois tombeaux. Je n’ai point de fils, avait dit un jour Absalom, je veux m’élever un monument funèbre qui fasse vivre ma mémoire. Et le prince fit construire le monument qui porte encore son nom ; mais Absalom rebelle n’eut pour dernière demeure qu’une fosse recouverte d’un monceau de pierres, dans une forêt au delà du Jourdain : l’usurpateur passager du trône paternel, pour première punition de son crime, ne put jouir de son sépulcre. »
M. de Lamartine a vu aussi ce monument, deux ans environ après M. Poujoulat. « En remontant, dit-il, la vallée de Josaphat, je passe auprès du sépulcre d’Absalom. C’est un bloc de rocher taillé dans le bloc même de la montagne de Silhoa, et qui n’est pas détaché du roc primitif qui lui sert de base. Il a environ trente pieds d’élévation, et vingt de large sur toutes ses faces. Je le dis au hasard, car je ne mesure rien : la toise ne sert qu’à l’architecte. La forme est une base carrée, avec une porte grecque au milieu ; corniche corinthienne portant pyramide au sommet ; nul caractère romain ni grec ; apparence grave, bizarre ; monumentale et neuve, comme les monuments égyptiens. Les Juifs n’eurent pas d’architecture propre ; ils empruntèrent à l’Égypte, à la Grèce, mais, je crois, surtout aux Indes : la clef de tout est aux Indes… »
On dirait que les deux célèbres voyageurs dont on vient de lire les paroles croient que ce monument est vraiment celui que fit construire Absalom. Cette opinion paraît plus explicite dans le récit de M. Poujoulat ; mais, deux pages plus loin, M. de Lamartine, parlant des sépulcres des rois, dit : « La frise magnifiquement sculptée et du plus beau travail grec, qui règne sur le rocher extérieur, assigne à cette décoration des monuments l’époque la plus florissante des arts dans la Grèce ; cependant elle date peut-être de Salomon : car qui peut savoir ce que ce grand prince avait emprunté au génie des Indes ou de l’Égypte ? » Il se peut, en effet, que le tombeau d’Absalom qu’on voit encore aujourd’hui dans la vallée de Josaphat soit celui que ce prince fit construire.
D’après« l’Écho du monde savant », le nommé Ben-ha-Barjona, élève chaldéen à la « Propaganda fide », à Rome, qui retournait en qualité de missionnaire dans son pays, et qui, arrivé à Jérusalem au commencement du mois de novembre 1843, visitait les environs de cette ville, a trouvé dans une chambre sépulcrale, au-dessous du tombeau d’Absalom, des rouleaux de parchemin qui renfermaient deux exemplaires des cinq livres de Moïse écrits en langue hébraïque, et sans ponctuation ; ils renfermaient encore d’autres livres : de sorte que, au dire du missionnaire chaldéen, ils formaient un exemplaire de l’Ancien Testament. Les rouleaux qui formaient cet exemplaire furent remis par ce missionnaire au révérendissime abbé du couvent latin, pour être envoyés de sa part au Saint-Père. J’ai négligé les détails : on peut les lire dans les Annales de philosophie chrétienne (t. 17 page 474), qui ont emprunté cette nouvelle au journal précité].
Observations sur la défaite d’Absalom, par l’armée de David, dans la forêt d’Éphraïm (2 Samuel 18).
On n’a pas tout à fait suivi mes idées dans l’ordre et la disposition des deux armées ; mais cela était trop difficile au dessinateur. Cette action se passa dans une forêt, où l’on se rangea, non selon l’ordre ordinaire de ce temps-là , mais selon la nature du terrain, qui dut servir de règle aux combattants ici l’on croirait que la bataille s’est donnée dans une plaine. L’armée marcha en bataille contre Israël, dit l’Écriture, et la bataille fut donnée dans la forés d’Éphraïm : ce qui prouve que les arbres étaient clairsemés en cet endroit-là , où il s’était déjà donné autrefois une bataille que Gédéon avait gagnée sur Zeb et Zebée. Voici un passage qui mérite une observation : David, ayant fait la revue de son peuple, établit des tribuns et des centurions. Cela n’était pas nouveau :
Les armées des Juifs, comme celles de tous les autres peuples de l’Asie, étaient divisées par régiments, et ceux-ci par compagnies, et ces compagnies subdivisées par escouades. David n’est pas le premier qui ait introduit cette discipline et ces subdivisions dans ses troupes, les capitaines de cent, et les chefs de mille, que la Vulgate appelle tribunos et centuriones. Cela me ferait croire que David avait été déserté de la plus grande partie de ses troupes et de ses principaux officiers, qui s’étaient rangés du parti d’Absalom. De sorte que ce prince fut obligé de lever une nouvelle armée, de la distribuer par régiments de mille, qu’il partagea par compagnies de cent hommes chacune : ce qui prouve que son armée était beaucoup plus nombreuse que ne le dit Josèphe, qui ne lui donne que quatre mille hommes. Dom Calmet est du sentiment de Grotius, qui est opposé à celui de Josèphe. Il n’aurait pas sans doute hasardé la bataille, dit-il, s’il eût vu son armée si inférieure à celle des ennemis. Cela ne prouve pourtant pas qu’il ne l’eût pas hasardée, puisqu’on voit tous les jours de petites armées battre les grandes, lorsqu’elles sont commandées par des généraux habiles : et Joab, qui était un très-grand capitaine, hasardait peu contre des généraux beaucoup moins expérimentés et moins capables de commander. Je suis très-persuadé que l’armée de David était beaucoup inférieure à celle des rebelles. L’Écriture ne dit rien de la disposition des deux armées dans la forêt ; elle dit seulement que celle de David marcha en bataille contre Israël. La forêt et la nature du pays ne durent guère permettre de se ranger sur une ligne parallèle ; je crois que l’on combattit par corps et par pelotons. Et comme l’armée de David était inférieure à l’autre sans doute de la moitié, il dut laisser de grands intervalles entre les corps, parce qu’ils combattaient indépendamment les uns des autres, à cause de la hauteur extraordinaire des files, surtout lorsqu’ils étaient surpassés à leurs ailes, sans s’embarrasser d’être débordés, quelques intervalles qu’ils laissassent entre eux. Absalom fut défait et son armée taillée en pièces, et vingt mille hommes demeurèrent sur la place. Je ne serais pas surpris que quatre mille hommes, s’il fallait s’en rapporter à Josèphe, fussent victorieux d’une grande armée ; mais j’aurais beaucoup de peine à comprendre comment un si petit nombre en aurait pu tuer vingt mille.
De Jérusalem. Il porta Manahem, fils de Judas le Galiléen, à vouloir se faire roi des Juifs, la douzième année de Néron, soixante-sixième de l’ère vulgaire.
Oncle et beau-père d’Aristobule, roi des Juifs. Il fut fait prisonnier par Pompée au siège de Jérusalem, l’an du monde 3941, avant Jésus-Christ 59, avant l’ère vulgaire 63.
Voyez Abessalom.
Père d’un Mathathias et d’un Jonathas, dont il est parlé dans (1 Machabées 11.70 ; 13.11).
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