Maladie épidémique fréquente en Orient, surtout en Égypte et en Turquie, plus rare déjà en Syrie et dans les contrées voisines. Elle se propage d’un endroit à un autre avec une incroyable rapidité, et enlève des milliers d’hommes avant qu’on ait seulement une conscience claire de sa présence. En 1610, elle détruisit le quart de la population de la Suisse. L’Égypte est en quelque sorte sa patrie (Exode 9.3) ; elle gagne de là les contrées maritimes qui l’avoisinent, la Palestine, la Syrie, et règne ordinairement depuis décembre jusqu’à la mi-juin. Il est plusieurs fois parlé de la peste dans l’Écriture (2 Samuel 24.13-15 ; 1 Rois 8.37 ; Jérémie 14.12 ; 21.6 ; 24.10 ; Ézéchiel 5.12 ; 7.15), elle est dénoncée comme menace et châtiment (Lévitique 26.23 ; Nombres 14.12), et fréquemment réunie à l’épée et à la famine, comme aussi dans la nature ces trois fléaux se rencontrent souvent ensemble, parce que les uns sont les effets des autres (Matthieu 24.7 ; Luc 21.11).
Celui qui est atteint de la peste, par le contact d’une personne ou d’un objet qui en est infecté, commence par éprouver du dégoût pour les aliments, des maux de tête et de reins, un violent besoin de dormir, un affaiblissement physique, souvent aussi moral et intellectuel ; les yeux s’obscurcissent, la langue s’appesantit, quelquefois même elle se paralyse complètement de même que le sens de l’ouïe ; puis viennent les vomissements, la diarrhée, une fièvre violente et le délire. Dans les premiers jours de l’épidémie la maladie ne dure guère qu’un instant, et elle est presque aussitôt suivie de la mort ; plus tard le malade vit ordinairement jusqu’à trois jours ; peu à peu le poison perd de sa force, et le nombre de ceux qui se rétablissent devient de jour en jour plus considérable ; mais personne ne se guérit sans avoir eu des tumeurs de peste, espèces d’ulcères qui sont comme la poussée de la maladie, son éruption, mais qui ne sont pas toujours un gage de guérison ; car, même dans les cas les plus favorables, les malades restent encore quarante jours en danger de mort. Ces tumeurs apparaissent surtout sur les parties délicates et tendres de la peau, sous les aisselles, quelquefois aux oreilles, aux joues, sur la nuque, etc. ; elles sont rondes ou ovales, d’abord rouges, puis bleues, et très douloureuses ; quand elles sont mûres, elles percent d’elles-mêmes, ou bien on les ouvre, et il en découle une humeur épaisse et infecte. Quelquefois, mais rarement, elles se dissipent, et se perdent sans inconvénient pour le malade. Quand la maladie est heureuse et qu’au troisième jour une abondante transpiration a brisé la force de la fièvre, ces tumeurs et des taches répandues sur les différentes parties du corps, sont pour ainsi dire les seuls symptômes qui subsistent encore, les seules traces que la peste ait laissées de son passage. Une diète sévère est alors, comme pour presque toutes les maladies, la seule précaution que le malade ait à prendre ; les remèdes de la médecine sont ordinairement sans emploi, sauf un puissant sudorifique qu’on lui administre dès le commencement de l’attaque. La peste peut frapper à plusieurs reprises, et l’on a des exemples de personnes qui en ont été atteintes jusqu’à douze fois.
Le nom de peste, ou pestilentiel, est employé plusieurs fois d’une manière figurée dans l’Écriture sainte, comme il l’est chez nous dans le langage ordinaire pour dire quelqu’un ou quelque chose de dangereux, de redoutable, etc. (Osée 13.14 ; Psaumes 91.3 ; Actes 24.5).