(Esdras 1.8-11 ; 5.14)
Fils de Shealthiel, ou son petit-fils (1 Chroniques 3.17), appartenait à la famille royale de David (1 Chroniques 3), et était prince de Juda. Il fut le chef de la colonie juive qui retourna la première de Babylone à Jérusalem, sous Cyrus (536 av. J.-C. ; Aggée 1.1 ; Esdras 1.8), et il remplit en Judée les fonctions de gouverneur sous le titre perse de Pécha (pacha), du moins sous Darius Hystape (Aggée 1.1-14 ; 2.2-4, 21, 23 ; Esdras 6.7). Après avoir rétabli l’autel des holocaustes, il fit célébrer solennellement la fête des tabernacles, qui se faisait en plein air ; puis il commença la reconstruction de Jérusalem en posant la première pierre du temple devant une foule immense, où les cris de joie de la jeunesse étaient presque couverts par les lamentations des vieillards, qui se rappelaient avec douleur la gloire incomparable du temple de Salomon.
Les Samaritains ayant essayé, mais sans succès, de faire reconnaître leur nationalité juive, en demandant de prendre part aux travaux du temple, se tournèrent dès lors contre Zorobabel, dont ils tentèrent à diverses reprises, par la violence ou la perfidie, d’entraver les travaux, et de faire avorter l’œuvre. Des obstacles sans nombre amenèrent de l’incertitude ; les travaux souvent interrompus pendant les dernières années de Cyrus, et sous le règne de Cambyse, furent entièrement suspendus sous le faux Smerdis (Artaxercès), par suite des menées de Rehum. Zorobabel, pendant ce temps, disparaît de l’histoire, découragé, ou vaincu par les circonstances. Mais dans la seconde année de Darius fils d’Hystape, il reparaît, soutenu par la voix puissante de Aggée et de Zacharie ; les machinations des Samaritains tournent à leur confusion, les travaux continuent, et au bout de quatre ans, le temple, reconstruit, est publiquement rendu au culte par une dédicace dont l’humble pompe contraste avec la splendide inauguration du premier temple.
Douze jeunes boucs offerts en expiation des péchés, selon le nombre des tribus d’Israël, montrent, ou que les Juifs de retour entendaient représenter la nation dans son intégrité, ou qu’en effet un certain nombre de Juifs des dix tribus avaient profité, avec les deux autres, du bénéfice du retour. Dès lors le culte continua d’être célébré régulièrement, et la pâque réunit à Jérusalem tous les fidèles qui avaient conservé le souvenir et la sainteté des beaux jours de leur patrie. On ignore quand et comment Zorobabel mourut ; il laissa sept fils et une fille (1 Chroniques 3.19).
Sa généalogie offre quelques difficultés ; il est appelé fils de Shealthiel (Esdras 3.2), de Salathiel (Matthieu 1.12 ; Luc 3.27), fils de Pedaïa et petit-fils de Salathiel (1 Chroniques 3.19). Les noms de ses enfants sont indiqués dans ce dernier passage, mais on n’y trouve ni celui de Abihud (Matthieu 1.13), ni celui de Rhésa (Luc 3.27), qui sont comptés pour ses fils, si toutefois le Zorobabel de la généalogie de Joseph est le même que celui de la généalogie de Marie, et si l’un et l’autre sont identiques avec le restaurateur de Jérusalem et avec celui de 1 Chroniques 3.19, ce qui a été contesté ; voir Salathiel. On ne peut, dans tous les cas, rien conclure au sujet de ces généalogies ; d’un côté il est évident que les Chroniques ne nomment pas individuellement chacun des petits-fils de Zorobabel, dont la famille était très nombreuse, de l’autre que Matthieu, en ne nommant que dix descendants de Zorobabel jusqu’à et y compris Joseph, n’a pu énumérer tous les membres de cette lignée qui remplit l’espace de cinq cent trente ans. Les hypothèses n’ont pas manqué, depuis Jérôme, jusqu’à Jansénius, Kuinoel et Paulus, mais elles n’ont pas fait avancer la question.
Le caractère de Zorobabel est peu dessiné ; il brille plus par sa position et sa mission, que par les faits ; il serait imprudent cependant d’en rien conclure contre ses talents ou son activité ; les meilleurs administrateurs ne sont pas toujours ceux dont on parle le plus. Il apparaît dans une des visions de Zacharie (4.6ss), où les promesses les plus encourageantes lui sont faites sous la forme la plus poétique « Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Une plaine ! » Tous les obstacles seront aplanis sur son chemin ; sa force sera « non point une armée, mais l’esprit de l’Éternel ».