Ce fut peut-être dans les premiers temps le nom qu’on donnait au vrai Dieu. Du moins est-il sûr que c’était le nom générique de tous les faux dieux de l’Orient, comme Hastaroth était celui de leurs déesses. Les Moabites, les Phéniciens, les Assyriens, les Caldéens et souvent les Hébreux, eurent leur Baal, qui, suivant les circonstances, s’appelait Bahal-Bérith, Bahal-Péhor, Bahal-Zébub, etc. De là aussi la terminaison Bal qui caractérise beaucoup de noms d’origine phénicienne, tels que Annibal, Abibal, Asdrubal, Adherbal ; etc. ; voir encore Eth-Baal (1 Rois 16.31). Ce mot de Baal entrait souvent dans la composition des noms de personnes ou de villes, et alors les Hébreux pieux le changeaient en béseth ou boseth qui signifie honte. Ainsi de Jérubbaal ils avaient fait Jérubbéseth (Juges 6.32 ; 2 Samuel 11.21) ; d’Esbaal Is-Boseth, et de Merib-Baal, Méphiboseth (1 Chroniques 8.33-34 ; 2 Samuel 2.12 ; 9.6). Baal est quelquefois féminin (p.Exode Romains 11.4, dans le grec), de même que Hastaroth sert parfois à désigner un dieu. D’autres fois on lit Baalim, pluriel de Baal, soit parce qu’il y avait plusieurs divinités de ce nom, soit seulement parce qu’on le représentait sous diverses images. Le culte de Baal et de son épouse Hastaroth était accompagné de toutes sortes d’abominations. On entretenait toujours un feu allumé dans leurs temples, et on leur élevait des autels dans les bocages, sur les lieux élevés, et même sur les toits des maisons (Jérémie 32.29 ; 2 Rois 17.16 ; 23.4-13 ; Juges 2.13).
Si ce fut Nimrod, ou Bélus, ou Hercule le Tyrien, qui le premier reçut les honneurs divins, c’est ce qu’on ne peut établir positivement ; mais il paraît constaté que les Phéniciens adoraient sous ce nom le soleil, et la lune sous celui de Hastaroth.
Les Moabites commencèrent avant le temps de Moïse à rendre un culte à Baal, et les Hébreux s’y livrèrent déjà du temps de ce législateur et prophète (Nombres 22.41 ; Psaumes 106.28) ; ils retombèrent dans cette idolâtrie après la mort de Josué et sous les juges Ehud, Gédéon et Jephthé (Juges 2.13-3.7 ; 6.28 ; 10.6). Samuel paraît l’avoir entièrement fait disparaître pendant le temps de son administration, mais deux cents ans plus tard, Achab et Jézabel la réintroduisirent avec toutes ses abominations : quatre cent cinquante prêtres furent consacrés à Baal, et presque autant à Hastaroth. Couverts de honte par Élie sur le mont Carmel, et l’impuissance de leurs dieux ayant été démontrée, ils furent saisis et mis à mort par l’ordre du prophète. Joram, fils d’Achab, n’adora pas Baal sans doute, mais le peuple continua de demeurer dans l’idolâtrie. Après sa mort, Jéhu, feignant une grande vénération pour l’idole, convoqua devant ses autels tous les prêtres de mensonge dévoués au culte de Baal, et il les fit passer tous au fil de l’épée. Peu de temps après, le souverain sacrificateur Jéhoïada, tuteur de Joas, supprima le culte de Baal dans le royaume de Juda, mais Achaz et Manassé l’y restaurèrent. Josias l’abolit de nouveau, et de nouveau ses fils le rétablirent dans toute sa force (1 Rois 16.31 ; 18.18 ; 2 Rois 10.21 ; Jérémie 19.5).