Terme pris par saint Jean pour signifier l’amour déréglé du plaisir, des richesses, des honneurs, que saint Jean a compris sous ces mots (Jean 11.16) : Tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie. La concupiscence n’est pas un péché, mais elle est l’effet et la cause du péché. C’est l’effet du péché originel, et la source de tous les maux qui se commettent dans le monde. Et comme dans l’un et dans l’autre Testament, les mauvais désirs, aussi bien que les méchantes actions, y sont également proscrites ; aussi le premier soin de tout homme qui veut plaire à Dieu est de reprimer sa concupiscence.
Ce terme concupiscence se prend d’ordinaire pour un appétit désordonné de quelque chose que ce soit. Les Hébreux ayant demandé à Moïse de la chair en des termes de murmure et avec un désir déréglé, Dieu les punit par la mort de plusieurs d’entre eux, et le lieu fut nommé les Sépulcres de concupiscence (Nombres 11.33-34). Le Seigneur défend de désirer d’un amour de concupiscence (Exode 20.17 ; Deutéronome 5.21) ce qui est à notre prochain. La concupiscence se met plus souvent en mauvais sens, surtout pour les désirs de la chair ; mais quelquefois elle se prend en bonne part ; par exemple, pour l’amour de la science et de la sagesse (Sagesse 6.18-21) : Initium sapientiœ, verissima est disciplinoe concupiscentia. Et un peu après : Concupiscentia sapientioe deducit ad regnum perpetuum ; et dans le Psaume (Psaumes 83), 3 : Concupiscit et deficit anima mea in atria Domini. Et (Psaumes 118.20) : Concupiscit anima mea desiderare justificationes tuas.
Le Seigneur dit à Caïn, qui était jaloux des faveurs qu’Abel recevait de lui : Votre concupiscence vous sera soumise, et vous la dominerez (Genèse 4.7). C’est ainsi qu’on entend ordinairement ce passage ; mais d’autres lui donnent un autre sens, en rapportant ejus, non au péché, mais à Abel, comme si Dieu disait à Caïn : Que craignez-vous, et pourquoi vous laissez-vous aller à l’abattement ? Si vous faites bien, n’en recevrez-vous pas la récompense ? Et si vous faites mal, le péché est à la porte ; Abel vous sera soumis, et vous conserverez sur lui votre droit d’aînesse. C’est ainsi que l’explique saint Chrysostome après les Septante, et ce passage a un rapport manifeste à celui par lequel Dieu donne à l’homme la supériorité sur la femme (Genèse 3.16) : Vous serez sous la puissance de l’homme, et il vous dominera. Voyez Caïn, note.
En hébreu, Kiberoth-aba, Kiberoth hattaavah (Nombres 11.34), campement des Hébreux dans le désert, où ils arrivèrent, après être décampés de Sinaï. On donna à ce campement le nom de Sépulcres de concu-cupiscence, parce qu’il y mourut vingt-trois mille Israélites, frappés de Dieu pour leur murmure, et pour avoir mangé avec excès des cailles, que Dieu, dans sa colère, avait t’ait tomber autour de leurs camps. Voyez (Nombres 11.34 ; Deutéronome 9.20, 22). [Voyez Kiberoth-Avah].