Nous avons déjà parlé du vin mêlé de fiel, que l’on présenta à Jésus-Christ pendant qu’il était à la croix (Matthieu 27.34). Voyez l’article Vin, où l’on tâche de concilier saint Matthieu avec saint Marc, dont l’un parle du vin mêlé avec le fiel, et l’autre du vin mêlé avec la myrrhe. Le prophète Habacuc parle aussi du fiel mêlé avec le vin employé pour enivrer (Habakuk 2.13). Nous croyons que le prophète veut parler de la conduite que Pharaon Hophra, roi d’Égypte, tint avec le roi Sédécias : il promit son secours à Sédécias, et l’engagea à se révolter contre Nabuchodonosor ; mais il lui manqua dans le besoin : Il lui donna à boire son fiel, et l’enivra pour avoir le plaisir de voir sa nudité. Les rabbins racontent que ce fut Nabuchodonosor qui, étant un jour dans un festin avec ses amis, fit venir Sédécias, et lui donna à boire une liqueur enivrante, pour l’exposer à la risée. Mais pourquoi y mêler le fiel ? Le fiel est un puissant digestif : les Éthiopiens s’en servent au lieu de moutarde. Quand Moïse ordonne de manger l’agneau pascal avec de l’amertume, on pourrait bien l’entendre du fiel. Le fiel mêlé au vin le fait passer plus vite, et par conséquent monter plus promptement à la tête. Moïse (Deutéronome 32.32-33) menace de la part de Dieu les Israélites de rendre leurs raisins des raisins de fiel, et leur vin du fiel de dragon ; c’est-à-dire, de changer la douceur de leurs raisins en amertume, et leur vin en poison, qui enivre et qui empoisonne, au lieu de nourrir et de réjouir. On voit par Tobie que le fiel d’un poisson servit à lui guérir les yeux. Pline parle de l’usage qu’on faisait du fiel dans les maux des yeux. Dans Jérémie (Jérémie 8.14 ; 9.15), Donner à boire de l’eau de fiel, marque une affliction très-amère. Et le Psalmiste (Psaumes 69.21) dit que ses ennemis, ou plutôt les ennemis du Messie, lui ont offert du fiel pour manger, et du vinaigre pour boire. Le fiel d’amertume, dans les Actes (Actes 8.23), marque la haine, l’aigreur, la malice, l’envie, etc.