Rabbin fameux qui vivait vers l’an de Jésus-Christ 130, et qui fut comme le précurseur et le prophète du célèbre imposteur Barcochebas. Les Juifs qui relèvent beaucoup son mérite, nous enseignent qu’Akiba descendait de Sisara, général de l’armée de Jabin, roi de Chanaan (Juges 4), et qu’il était né d’une mère juive. Il passa quarante ans à la campagne, occupé à garder les troupeaux d’un riche bourgeois de Jérusalem nommé Calba Cuva. La fille de son maître lui proposa de l’épouser s’il voulait quitter son métier de berger, et s’appliquer à l’étude. Akiba le promit, ils firent un mariage clandestin, et Akiba étant allé à l’académie, y passa douze ans avec une telle réputation, qu’il en ramena douze mille écoliers. Sa femme lui conseilla d’y retourner ; il y demeura encore douze ans, et sa réputation croissant toujours, il en ramena vingt-quatre mille disciples. On voit bien que ce prodigieux nombre d’écoliers est une hyperbole rabbinique. Ils enchérissent encore, en disant que tous ces écoliers moururent entre Pâques et la Pentecôte, pour ne s’être pas porté l’un à l’autre le respect convenable. Ils furent tous enterrés au pied d’une colline près de Tibériade.
Akiba continua d’enseigner, et composa deux ouvrages, l’un nommé Mechilta, ou Mechiltin, et l’autre nommé Jetzira, fort différent d’un autre-ouvrage de même titre attribué au patriarche Abraham, et imprimé par Rittangèbe. Les Juifs disent qu’Akiba était si savant, qu’il pouvait rendre raison de la plus petite lettre de la loi ; et que Dieu lui avait révélé ce qu’il avait caché à Moïse. On trouve dans la Misne mille sentiments qu’on lui attribue, et qu’on regarde comme autant de maximes et de décisions.
Il jouissait de toute sa réputation, et était chef du Sanhédrin, lorsque Barcochébas, ou le fils de Cochebas parut. On dit que le nom de cet imposteur était Coseb ou Bar Cosebas, le menteur, ou le fils du menteur, et qu’Akiba l’ayant aperçu, s’écria : Voici l’étoile qui doit sortir de Jacob, faisant allusion à ces paroles des Nombres (Nombres 24.17) : Il sortira une étoile de Jacob, et il s’élèvera une verge d’Israël qui fera mourir les chefs de Moab, etc. Il est certain qu’Akiba s’attacha à Barcochebas, et qu’il lui servit d’écuyer ou de précurseur, à-peu-près comme saint Jean-Baptiste en avait servi à Jésus-Christ. Mais ces deux hommes étaient animés d’un esprit bien différent de celui qui animait le Sauveur et saint Jean. Ils allumèrent la guerre dans la Judée, inspirèrent l’esprit de révolte aux Juifs, commirent une infinité de désordres dans la Judée et dans la Syrie, firent mourir des milliers de chrétiens et de Romains, et causèrent la ruine entière de leur patrie. On peut voir les articles d’Adrien et de Barcochébas.
Après la prise de Bitther, où Barcochébas s’était enfermé, comme dans son fort, avec ses meilleures troupes, Akiba fut fait prisonnier, et demeura quelque temps dans les liens, témoignant un si grand attachement aux cérémonies de ses pères, qu’il aimait mieux se passer de boire, et employer à se laver l’eau qu’on lui donnait, que d’omettre cette pratique. L’empereur Adrien châtia sévèrement son imposture, et le fit, dit-on, écorcher avec un peigne de fer ; et avec lui s’évanouit l’honneur de la loi, disent les rabbins. Ils ajoutent que Judas le Saint, autre célèbre docteur, vint au monde le jour qu’Akiba mourut, c’est-à-dire, en l’an 135 ; car Bitther fut prise le 10 d’août de cette année.