(hébreu kdbod ; grec doxà). Terme fréquemment employé, dans des sens assez différents. Le terme hébreu dérive d’une racine qui exprime l’idée de pesanteur ; ce rapprochement entre le poids et la gloire a été fait par l’apôtre Paul (2 Corinthiens 4.17, un poids éternel de gloire). De là découle un premier sens : ce qui recouvre, d’où ornement, parure. Exemples : Matthieu 6.29, Salomon dans toute sa gloire, c’est-à-dire revêtu de ses ornements royaux ; Ésaïe 35.2, la gloire du Liban, les forêts de cèdres qui couvrent ses pentes ; Psaumes 49.17, la gloire d’une maison ; Matthieu 4.8 ; Apocalypse 21.26, la gloire des royaumes, des nations, leurs richesses. La chevelure est la gloire de la femme (1 Corinthiens 11.15) ; la force est la gloire des jeunes gens (Proverbes 20.29) ; les pères sont la gloire des enfants (Proverbes 17.8) ; Jéhovah est la gloire d’Israël (Jérémie 2.11).
De l’idée de richesse et de parure, de ce qui donne de l’éclat, nous en arrivons à l’éclat lui-même. La gloire de Dieu est considérée tout d’abord comme le rayonnement qui se dégage de sa personne, rayonnement qui éblouit, aveugle et inspire à tous crainte, respect, admiration et adoration ; Ézéchiel 1.28, une splendeur semblable à celle de l’arc dans la nuée, telle était sa gloire ; Exode 24.17, sa gloire semblait un feu dévorant ; c’est cet éclat qui empêchera Moïse de contempler la face de Jéhovah car nul ne peut la contempler et vivre (Exode 33.18 ; Exode 33.20). Cf. Luc 2.9 ; Actes 7.55 ; Apocalypse 21.23.
Encore un pas, de cette manifestation en quelque sorte physique de la splendeur divine nous arrivons a une conception purement spirituelle : la gloire de Dieu, c’est l’éclat de ses perfections infinies, la révélation de sa sainteté, de sa puissance, de son amour ; et c’est ainsi que si l’homme ne peut contempler cette gloire face à face, du moins elle pourra lui apparaître comme réfléchie par un miroir (2 Corinthiens 3.18). La gloire divine nous est en effet révélée par l’œuvre créatrice (Psaumes 19.2) et en particulier par l’homme formé à l’image de Dieu (2 Corinthiens 11.7) ; elle transparaît dans les manifestations de sa justice souveraine (Ésaïe 24.23), dans cette sainteté qu’aucune souillure ne saurait atteindre (Ésaïe 6.3), dans son amour rédempteur manifesté en Jésus-Christ (Jean 1.14 ; Hébreux 1.3). Chaque étape de l’histoire d’Israël, si pleine de bénédictions et de délivrances, porte comme l’empreinte de la gloire divine. Elle couronne le Sinaï (Exode 24.16), demeure unie aux tables de la loi enfermées dans l’arche (Psaumes 78.61) ; elle est dans la nuée qui guide la marche au désert (Nombres 14.22), elle remplit le temple (2 Chroniques 7.1), plane sur Sion (Zacharie 2.5).
En Christ, le Seigneur de gloire (1 Corinthiens 2.8 ; Jacques 2.1), elle ne cesse de se manifester, par sa sainteté (Jean 17.4), ses miracles (Jean 2.11 ; Jean 11.4), lors de sa transfiguration (2 Pierre 1.17), par sa résurrection (Romains 6.4), et lors du jugement qu’il présidera dans la majesté royale et avec les prérogatives divines (Matthieu 16.27 ; Matthieu 25.31). Une autre expression : rendre gloire, ou donner gloire à Dieu (Romains 14.11), signifie : louer, célébrer ses perfections, lui rendre honneur. Le mot grec doxa = renommée, honneur, rend parfaitement le sens à donner au terme gloire dans cette expression fort courante (voir Doxologie). Rendre gloire à Dieu, c’est reconnaître tout d’abord qu’à Lui seul doivent revenir nos hommages (1 Timothée 1.17), et que c’est à Lui seul que nous sommes redevables de toute grâce (Jean 9.24). Mettre son espoir dans les choses qui viennent du monde, c’est rechercher une vaine gloire (Galates 5.26), gloire qui bientôt sera enlevée (Osée 4.7), gloire qui trompe ceux qui s’y confient : (Ésaïe 20.5) toute gloire appartient à l’Éternel, et doit être cherchée en Lui (Jean 5.44 ; 1 Thessaloniciens 2.6). Rendre gloire à Dieu ou le glorifier, c’est aussi, à l’exemple du Sauveur, refléter sa gloire en notre propre vie, par nos œuvres. C’est ainsi que Pierre sera appelé à glorifier Dieu par sa mort (Jean 21.19, cf. 1 Corinthiens 6.20 ; Éphésiens 1.12).
La gloire enfin c’est l’état de béatitude dans lequel se trouve Dieu, c’est la splendeur du ciel, récompense promise aux bons serviteurs que le Maître invitera à entrer dans sa joie (Matthieu 25.21). Cette gloire, héritage promis aux fidèles, Jésus la possédait avant son incarnation (Jean 17.5), elle lui a été rendue après son ascension (Luc 24.26) ; c’est par Jésus que nous sommes appelés à en posséder l’héritage (2 Timothée 2.10 ; Colossiens 3.4 ; Romains 5.2) ; notre corps même participera à cette glorification (1 Corinthiens 15.43).
Dans Psaumes 16.9 ; Psaumes 30.12 ; Psaumes 57.9, l’hébreu kâbod est rendu dans nos traductions par cœur (Segond), âme (Version Synodale), ou langue (Calvin, Commentaire sur Psaumes), sans doute parce que l’âme est l’élément supérieur de la personnalité, le reflet de la gloire divine, et la langue l’instrument qui sert à glorifier Dieu. Quant à la dénomination mystérieuse : les Gloires (Jude 8 ; 2 Pierre 2.11), elle désigne les créatures de l’ordre le plus élevé, c’est-à-dire les anges. P. B.-M.
Numérisation : Yves Petrakian