Terme appartenant à un groupe de mots qui désignent l’action pénétrante que nous exerçons par la Parole ou que Dieu exerce par son Esprit. Parakaleïn, le verbe (cf., dans l’Ancien Testament, nâkham = consoler), employé avec prédilection dans le Nouveau Testament, a un sens large : enseigner (Tite 1.9), demander (Matthieu 8.5), prier quelqu’un (Philémon 1.9) ; mais surtout exhorter (Romains 12.1), fortifier (Éphésiens 6.22) et plus encore consoler (Matthieu 5.4), trois acceptions parfois réunies (Romains 12.8). Paraklêsis, substantif abstrait, désigne l’acte d’appeler, de supplier (2 Corinthiens 8.4), mais surtout d’exhorter, d’avertir (Hébreux 12.5), d’édifier (Actes 13.15), de consoler (2 Corinthiens 1.4 ; 2 Corinthiens 1.7). Barnabas a ce don (Actes 4.36), qui vient de l’amour des âmes. Paraklêtos désignait, en dehors du Nouveau Testament, celui qui est appelé comme patron d’une cause, défenseur, pour plaider, pour intercéder, ou plus largement celui qui aide, secourt, prend soin. Philon le disait du Logos qui intercède dans le ciel. Les rabbins ont appelé le Messie le Menahem, le consolateur (Grimm, Clavis)
Dans le Nouveau Testament, Paraclet est un titre donné au Christ-Esprit par les écrits de l’apôtre Jean.
Il s’agit de Jésus-Christ intercédant. Le Paraclet est l’advocatus latin, l’assistant qui se tient près d’un accusé et qui peut, suivant les besoins, encourager, conseiller ; défendre, inspirer au juge des sentiments de bienveillance. Le Paraclet est notre avocat auprès du Père. Il a qualité pour cela. Il est le juste par excellence (1 Jean 2.1). Il a accompli l’œuvre du salut : victime de propitiation (1 Jean 2.2). Et nous avons le droit de nous appuyer sur lui, gardant ses commandements (1 Jean 2.3), suivant son exemple (1 Jean 2.6). Il est l’équivalent du Grand-Prêtre de l’épître aux Hébreux, qui officie dans le ciel, ayant souffert sur la terre, sans péché, par amour (Hébreux 7.26), et qui offre son propre sang dans le sanctuaire céleste. Les pensées sont les mêmes, si les images ne se recouvrent pas. Tout ceci est très loin de Philon, dont le Logos n’a aucune réalité positive. Sa liturgie céleste est un rêve, tandis que le salut chrétien, accompli dans l’histoire, s’achève naturellement dans l’éternité.
Il s’agit de l’action exercée sur les hommes. Examinons :
La question est ici moins simple que dans l’épître. L’accent est mis sur l’Esprit. Est-il personnel ? D’une part son action est consciente, aimante, nuancée. De l’autre il est envoyé par le Père, au nom de Jésus (Jean 14.26) ; Jésus l’envoie et il vient de la part du Père ; voir (Jean 15.26) Esprit. Vieux problème, jamais tout à fait résolu et qui nous dépasse comme tout ce qui est en Dieu. Mais ce qui est clair c’est qu’il s’agit de Jésus-Christ glorifié, dont Paul disait : « le Seigneur, c’est l’Esprit » (2 Corinthiens 3.17 et suivant).
Il ne se borne pas à réconforter les fidèles. Il a une action missionnaire (cf. Ésaïe 49.6). Il réveille les consciences. Il convainc de péché, de justice et de jugement (Jean 16.8). Sa lumière fait voir au monde qu’il est dans la nuit et dans la mort, sous le coup de la justice, en marche vers un jugement inévitable. Mais aussitôt, dans les explications qui suivent, ces mots redoutables prennent une portée toute nouvelle. Ils ont des résonances harmoniques qui évoquent la Grâce. Le péché fait penser à la foi dont il est l’opposé ; la justice éveille l’idée de la justice du Christ dont les titres sont certains et divins ; le jugement a perdu sa terreur pour qui sait que Satan est déjà lié (Jean 16.9-11 ; Jean 3.16).
AN.
Numérisation : Yves Petrakian