Aujourd’hui Assouan ou Aswân, petite ville de Haute Égypte, sur la rive est du Nil et à 5 km au nord de la première cataracte.
Connue dans l’antiquité sous le nom de Yebou (pays des éléphants) et célèbre jusqu’à l’époque romaine pour ses magnifiques carrières de granit rosé utilisé dans la construction et la décoration des temples et des palais d’Égypte et même de Syrie (colonnes de Baalbek). Grand intérêt biblique du site, depuis la découverte de papyrus importants dans l’île d’Eléphantine, en face de Syène, et qui attestent l’établissement en cet endroit d’une colonie juive.
La Lettre d’Aristée (voir Pseudépigraphes) comptait trois migrations juives en Égypte : une sous Psammétique (590 avant Jésus-Christ), une autre sous les Perses, la dernière sous Ptolémée Ier. Il y eut une première déportation sous Néco (2 Rois 23.34), et Jérémie connaissait des Juifs habitant l’Égypte (Jérémie 24.8) ; il y arriva lui-même, après la ruine de Jérusalem et le meurtre de Guédalia (Jérémie 44), mais on ne sait où il se fixa.
Le prophète fait allusion à ses compatriotes résidant à Migdol (Jérémie 44.1 ; Jérémie 46.14), et l’on peut se demander s’il ne s’agit pas de Syène, qui avait dû être solidement fortifiée (Migdol = tour), ce que signale Ézéchiel (Ézéchiel 29.10 ; Ézéchiel 30.6). Les Juifs s’étaient établis dans l’île d’Éléphantine et avaient construit un temple à Yahô (JHVH) cf. Ésaïe 19.19, mais ils se heurtèrent au fanatisme des prêtres du dieu égyptien Khnoum, qui ravagèrent le sanctuaire étranger.
Les papyrus découverts dans l’île nous ont rendu la correspondance des Juifs cherchant un appui auprès du satrape perse de Juda ou de Samarie pour obtenir l’autorisation de continuer leur culte ; après deux requêtes, en 410 et 407 avant Jésus-Christ (v., figure 273, une page de cette deuxième lettre, en araméen, adressée à Bagoas, satrape de Juda), le satrape général d’Égypte, Archam, donna une réponse favorable ; mais si les Juifs d’Eléphantine reconstruisirent leur sanctuaire, il dut disparaître dans l’ouragan nationaliste égyptien qui marqua la mort de Darius II (405 avant Jésus-Christ). Voir Sanctuaire, 7.
A. P.
Numérisation : Yves Petrakian