Personnage cité par Gamaliel (voir ce mot), d’après Actes 5.36 et suivant, comme un fameux agitateur révolté à la tête de quatre cents hommes, qui furent vaincus et anéantis avec lui. Gamaliel dit que ces faits se produisirent « il y a quelque temps » (pro loutôn ton hèmérôn), et qu’« après » Theudas se leva un autre rebelle, Judas le Galiléen, « à l’époque du recensement » (verset 37). Or, si les renseignements sur Judas (voir ce mot, II, 4) cadrent en effet avec des données historiques sûres (insurrection sous Quirinius, en 7 avant Jésus-Christ), au contraire la mention d’un Theudas antérieur à ce Judas semble contredite par le fait que le faux prophète de ce nom fit sa tentative sous le gouverneur Cuspius Fadus, donc après l’an 44, c’est-à-dire un demi-siècle après celle de Judas, et une dizaine d’années après cette intervention même de Gamaliel, qui par conséquent ne pouvait la connaître comme un précédent. L’historien Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XX, 5.1 et suivant) rapproche lui aussi les deux équipées de Theudas et de Judas, dans le même ordre que le passage des Actes et avec plusieurs analogies d’expressions, mais en respectant la chronologie, car sa présentation de Judas après Theudas est rétrospective.
Pour éviter d’attribuer un anachronisme à l’auteur du livre des Actes, on a supposé que, parmi les nombreux aventuriers juifs qui surgirent durant ce demi-siècle, il peut s’en être trouvé un dénommé en grec Theudas, avant le Theudas de l’an 44. Mais en ce cas il serait étrange que ce dernier n’eût pas été distingué de l’autre par une épithète ou une précision personnelle ; plus étranges encore seraient les ressemblances entre Actes et Josèphe s’il ne s’agissait pas du même imposteur. Il semble donc que le texte d’Actes renferme une double erreur : interversion des deux épisodes, et allusion (d’ailleurs exacte) à l’histoire de Theudas plusieurs années avant qu’elle ne soit arrivée. On ne peut guère attribuer ces confusions à des défaillances de mémoire chez l’auteur d’Actes après lecture de Josué, car il paraît fort improbable à la plupart des critiques que l’un des deux ait pu connaître l’autre. Ils auront plutôt connu l’un et l’autre des informations de même source, soit écrites (M. Goguel, Act., p. 129), soit orales (Bible du Centenaire), qui avaient déjà plus ou moins mélangé les deux épisodes, et le livre des Actes les aura suivies dans leurs inexactitudes alors que Josèphe, mieux documenté, aura été en mesure de rectifier ces détails erronés.
Le nom de Theudas pourrait être une contraction de Théodôros ou Théodotos. L’inscription funéraire d’un certain Flavius Zeuxis, à Hiérapolis, vers la fin du Ier siècle, nomme ses deux fils Flavius Théodore et Flavius Theudas. Un papyrus du IIIe siècle cite un Theudès dans un groupe de Juifs envoyés en ambassade auprès de Trajan.
Numérisation : Yves Petrakian