Titre par lequel Jean-Baptiste, par deux fois, désigne Jésus à l’attention de ses disciples (Jean 1.29 ; Jean 1.36), ce passage étant d’ailleurs le seul de la Bible où cette expression soit employée. Jean a vu l’Esprit descendre sur Jésus et, au nom de « Celui qui l’a envoyé baptiser d’eau », il montre en Jésus Celui qu’il annonçait (Jean 1.30), celui qui baptise d’Esprit saint (Jean 1.33), le Fils de Dieu (Jean 1.34). Ces expressions complètent et éclairent celle d’« agneau de Dieu » : Jésus est le Christ, choisi, donné par Dieu. Quant à la signification exacte du mot « agneau », elle est moins claire. Dans les autres passages bibliques, où ce terme est employé de manière semblable, il recouvre l’une et l’autre des deux notions suivantes :
- Celle de douceur, de docilité, d’innocence. Jérémie, devant les machinations de ses adversaires, se compare à un agneau docile, conduit à la boucherie (Jérémie 11.19) ; le second Ésaïe, dans un passage appliqué plus tard à Jésus lui-même (Actes 8.32), peint le Serviteur de l’Éternel sous les mêmes traits (Ésaïe 53.7).
- Celle de sacrifice en faveur de quelqu’un. Dans la loi mosaïque, l’agneau pascal, ou celui qu’offrait un lépreux guéri (Lévitique 14.10-22), ou l’agneau sans défaut que les gens du peuple sacrifiaient « pour le péché » (Lévitique 4.32), représentent cette idée avec des nuances diverses. Elle est nettement exprimée par l’épître de Pierre : « Nous avons été rachetés par le précieux sang de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1.19). Elle se retrouve fréquemment dans l’Apocalypse (bien que le mot grec employé pour agneau n’y soit pas exactement le même que celui de Jean, mais un diminutif). Ici l’Agneau n’est certainement autre que le Christ lui-même, et à plusieurs reprises ce titre est explicitement rattaché à l’idée d’immolation (Apocalypse 5.6-12 ; Apocalypse 13.8), tandis que d’autres passages du même livre soulignent la valeur purificatrice et victorieuse de ce sacrifice (Apocalypse 7.11 ; Apocalypse 12.11). L’expression de Jean-Baptiste paraît tenir de ces diverses notions et tout particulièrement de la dernière : « L’agneau de Dieu ôte les péchés du monde ». Ainsi, dans le quatrième Évangile, le ministère de Jésus s’ouvre par l’affirmation solennelle de sa messianité et l’annonce prophétique de sa douceur et de son sacrifice pour le salut du monde.