Un sûr allié dans le danger, prière du matin
Les Psaumes 3 et 4 ont été inspirés par les mêmes circonstances et donnent essor à des sentiments analogues. Leur contenu est parfaitement conforme à l’indication que nous trouvons en tête du Psaume 3. Surpris par la révolte d’Absalom, David a dû s’enfuir de Jérusalem avec une poignée de serviteurs fidèles (2 Samuel chapitres 15 à 18). Le psaume 3 exprime les sentiments du fugitif après la première nuit passée hors de Jérusalem ; le psaume 4 est une prière du soir.
On s’est étonné de ne pas trouver dans ces psaumes (en dehors du titre) la mention d’Absalom. Il nous semble naturel qu’au moment où la révolte éclata, l’impression de la grandeur du péril ait dominé en David toute autre préoccupation. Peut-être aussi le malheureux père aimait-il à se persuader que son fils n’était qu’un instrument dans la main de plus coupables que lui.
Le titre mis à part, le psaume 3 se divise en quatre strophes de deux versets chacune.
Psaume (hébreu : Mizmor) : voir l’introduction.
Qui disent à mon âme… Comparez 2 Samuel 16.8, et, pour l’accomplissement messianique de cette parole, voir Matthieu 27.43. La traduction de mon âme, quoique moins conforme à l’expression hébraïque, semble au premier abord plus en place ici, puisque la parole qui suit n’est point adressée à David. Mais le bruit, répandu dans le peuple, que Dieu l’a abandonné, fait à David la même impression qu’une injure qui lui serait directement adressée ; c’est la flèche la plus aiguë qui puisse se planter dans son cœur. On comprend à ce point de vue l’emploi du mot âme ; la blessure atteint ce qu’il y a de plus intime en lui.
Auprès de Dieu. Toutes les forces humaines sont coalisées contre David. Quant aux forces célestes (Elohim), les ennemis se persuadent, ou bien que leur secours est nul, ou bien qu’il sera refusé à David et les fautes graves commises par le roi (2 Samuel 11.1-27) pouvaient donner à cette assertion une apparence de vérité.
Le mot Séla (élévation, renforcement) que nous rendons par jeu d’instruments : ne se trouve, en dehors des Psaumes, où il est fréquent, que dans la portion du livre d’Habakuk, qui est un véritable cantique (Habakuk 3.3, note). Il n’annonce pas une simple pause à la fin d’une strophe, mais plus probablement un arrêt dans le chant ou la récitation, pendant lequel les instruments soulignent en quelque sorte ce qui vient d’être dit. De là vient que le mot Séla apparaît parfois au milieu d’une strophe (Psaumes 55.8, Psaumes 55.20 ; Habakuk 3.3, Habakuk 3.9, etc.) et manque souvent à la fin de la strophe. Ce dernier cas se présente dans notre psaume à la fin de la troisième strophe, dont les dernières paroles n’étaient pas de nature à être mises en relief par la musique.
Confiance en l’Éternel (4-5)
Un bouclier-…, ma gloire. Entouré d’ennemis, privé de son armée, chassé de son trône, David sait qu’il possède en l’Éternel tout ce que l’on croit lui avoir pris.
C’est le propre d’une très grande foi de reconnaître en Dieu notre bouclier, quand les ténèbres de la mort et de l’enfer donneraient à penser qu’il va nous abandonner, de le reconnaître comme appui, quand il apparaît comme ennemi, comme Sauveur, quand il semble nous condamner
Selon toutes les probabilités, David aurait dû être surpris avec sa petite troupe dans la nuit même où il adressa à Dieu cette prière. Dieu voulut que le plan d’Ahitophel fût déjoué par l’habile conduite de Chusaï et que l’attaque d’Absalom fût différée.
Qui me fait lever la tête. Ce n’est pas David lui-même qui, par orgueil, lève la tête ; il la tient au contraire abaissée dans le sentiment de ses fautes (2 Samuel 15.30). L’assurance du pardon et du secours divin peut seule la lui faire relever.
La montagne de sa sainteté. L’arche de l’alliance, gage de la présence de l’Éternel, communiquait à la colline de Sion son caractère de sainteté. David fait l’expérience que, malgré la distance et comme au travers des troupes ennemies, Dieu peut l’entendre et lui répondre. Sa pensée ne monte à Dieu qu’en passant par le sanctuaire, de même que la nôtre passe par Jésus-Christ.
La foi n’est pas déçue (6-7)
Je me suis couché. C’était là un acte de foi, en cette nuit où l’on pouvait s’attendre à chaque instant à être surpris et massacré.
Couché… endormi… réveillé : autant de preuves de plus en plus étonnantes de la protection divine.
Le premier danger éloigné, David sait qu’il échappera à tous les autres.
Appel à l’Éternel (8-9)
Léve-toi ! La grande lutte va commencer.
Tu as frappé à la joue… : soufflet humiliant par lequel la force de l’ennemi est brisée. L’Éternel l’a fait dans le passé ; David sait qu’il le fera encore.
Sur ton peuple. David ne sépara jamais sa cause de celle du peuple de Dieu.