Il a bien des projets semblables, vient de dire Job. Cette assertion va être justifiée par deux séries de tableaux prouvant que l’injustice règne impunément dans le monde (versets 1 à 12, puis versets 13 à 25).
Première série (1-12)
Des temps réservés. Les véritables amis de Dieu soupirent après le temps où la justice régnera sur la terre ; mais ces jours n’arrivent pas.
On déplace les bornes : délit particulièrement grave dans un pays agricole où l’on tient avec un soin jaloux à la propriété
On le fait paître. On pousse l’audace jusqu’à mener paître ouvertement des bestiaux volés.
Ces misérables, qui ne peuvent se défendre et se faire rendre leurs biens, vivent comme des parias.
Ce verset revient aux agissements des méchants (versets 2 et 4). Non contents de mettre la main sur le maigre avoir des pauvres, ils s’attaquent à leurs personnes et leur ôtent leur liberté.
Ceux-ci : l’orphelin et les malheureux du verset 9.
Affamés, ils portent des gerbes. C’est le comble de la souffrance : ces esclaves sont obligés de porter du blé dont jamais ils ne peuvent se rassasier.
Des mourants : Nous traduisons ainsi en lisant méthim au lieu de methim (hommes).
Un voile sur sa figure, ou un masque. Bien qu’opérant de nuit, il craint encore, d’être reconnu.
Ils redoutent la lumière autant qu’en général on redoute la nuit.
Ces quatre versets étonnent. Il semble que Job devrait dire au contraire que les méchants ne sont pas punis, ce qu’il dira effectivement versets 22 à 25. Veut-il montrer ironiquement qu’il sait, quand il lui plaît, dépeindre le sort fatal des méchants aussi bien que l’ont fait ses interlocuteurs ? La chose est douteuse. D’autres, avec quelques anciennes traductions, prennent ces versets comme un vœu : Qu’il soit emporté… Que sa part sur la terre soit maudite ! Vœux auxquels la réalité ne répond pas (versets 22 à 24). Mais cette traduction ne se justifie pas. D’autres enfin pensent que ces versets faisaient primitivement partie du discours de Bildad, qui ne se compose que de quelques lignes (chapitre 25), ou de celui de Tsophar qui a peut-être entièrement disparu.
Sa part : ses propriétés.
Le séjour des morts entraîne et attire à lui les pécheurs aussi rapidement que la neige fond sous l’action de la chaleur.
Le crime, pour le criminel.
Lâcheté : dépouiller une femme qui n’a pas de fils pour prendre sa défense.
Ici nous rentrons dans le courant des idées de Job : ces méchants, ou bien meurent sans souffrance, ou bien quittent cette terre rassasiés d’heureux jours.
Ses yeux reposent avec satisfaction sur leurs voies.
Ils ont disparu, doucement.