Verset à verset Double colonne
Dieu ne pouvait laisser s’accomplir au sein de son peuple une apostasie aussi grave que celle dont Jéroboam se rendait coupable, sans intervenir et protester. L’avertissement solennel donné en cette circonstance est accompagné de signes miraculeux (versets 1 à 10) et rendu plus saisissant encore par la désobéissance dont l’homme de Dieu se rend coupable et par la punition qui le frappe (versets 11 à 32). Mais tout cela n’arrête pas Jéroboam et son peuple sur la pente fatale où ils viennent de s’engager ; comparez versets 33 et 34 et le chapitre 14.
Prophétie contre l’autel de Béthel.
Les premiers mots de ce verset sont rattachés ordinairement au chapitre précédent.
En faisant fumer l’encens : il offrait lui-même au veau d’or l’hommage du parfum.
De Juda. Ce prophète, chargé d’un message de l’Éternel, ne venait pas d’une des tribus rebelles qui avaient accepté le joug de Jéroboam.
Autel, autel ! il s’adresse à l’autel comme au monument de l’impiété de Jéroboam.
Son nom est Josias. Comparez 2 Rois 23.15 et suivants. Il ne nous appartient pas de tracer une limite à la révélation divine et de prétendre que Dieu n’a pas pu faire connaître le nom du roi qui devait, trois cents ans plus tard, exécuter cette menace. En soi la menace elle-même n’est pas une prophétie moins étonnante ; comparez, pour la révélation d’un nom, Actes 9.12 ; Actes 10.5-6. Mais nous trouvons dans ce même récit, au verset 32, une expression mise dans la bouche du vieux prophète de Sichem, qui doit appartenir à un temps bien postérieur ; c’est celle-ci : les villes de Samarie, qui suppose que Samarie était déjà la capitale du pays et lui avait donné son nom. Or, ce ne fut qu’un demi-siècle plus tard qu’Omri fit de Samarie la capitale du royaume des dix tribus et s’y établit (1 Rois 16.24). Le récit a donc subi, en se transmettant traditionnellement, l’influence de faits arrivés plus tard. Il peut en avoir été ainsi du nom du roi Josias qui aurait été ajouté en marge, comme annotation explicative et de là inséré dans le texte, ou ajouté en parenthèse dans le texte même, après que la prophétie avait obtenu son accomplissement.
À cette menace, qui ne devait s’accomplir que si longtemps après, le prophète joint un signe attestant la véracité de sa parole.
L’anathème prononcé sur l’autel retombe sur le roi qui l’a établi.
Sécha : se raidit, frappée de paralysie. Et le roi reste là , le bras étendu, tandis que l’autel s’écroule sous lui.
Apaise, je te prie, proprement : caresse le visage, apaise par tes supplications.
Le roi désire, par ce bon accueil fait au prophète, dissiper l’impression fâcheuse produite par cette scène sur le peuple qui en a été témoin ; comparez la conduite de Saül (1 Samuel 15.30).
Il ne devait rien y avoir de commun entre le représentant de Dieu et le peuple rebelle et son roi (2 Corinthiens 6.14-17).
Tu ne reviendras pas par le chemin… On pouvait l’avoir vu arriver par le chemin du midi et le chercher sur ce chemin pour le ramener et le retenir. Sa mission ne comportait aucun arrêt dans le pays rebelle, ni en allant, ni en revenant. Ce devait être comme une apparition, ainsi que plus tard l’intervention d’Élie (1 Rois 17.1-3).
Désobéissance et punition de l’homme de Dieu.
Il y avait un vieux prophète. Malgré le rôle fâcheux que joue cet homme, la révélation subite dont il est l’organe (verset 24) montre que le don prophétique ne lui est pas attribué sans raison.
Qui demeurait à Béthel : dans la ville même. Le haut-lieu, où la fête se célébrait, était situé sur une colline du voisinage.
Son fils : l’un d’entre ceux dont il est parlé ensuite.
Il s’en alla après l’homme de Dieu. Ce n’était pas la jalousie qui dictait cette démarche, ou la pensée de mettre à l’épreuve son collègue de Juda, mais simplement le désir d’entrer en relation avec un homme tel qu’il n’en trouvait pas autour de lui et avec la mission duquel il sympathisait.
Sous le térébinthe. Il s’agit d’un arbre connu des habitants de la contrée, d’un de ces térébinthes gigantesques, tels qu’il s’en trouve encore dans ce pays.
Un ange m’a parlé. N’osant attribuer à Dieu ce prétendu message d’en-haut, il le met sur le compte d’un ange.
Il lui mentait. Exemple de l’un de ces mensonges prononcés dans de bonnes intentions, comme on en rencontre parfois chez les personnages de l’Ancien Testament (Genèse 12.13 ; Genèse 27.6 et suivants ; Exose 1.19 ; Josué 2.4).
Et il s’en retourna avec lui. L’homme de Dieu aurait dû savoir que l’ordre formel qu’il avait reçu de l’Éternel ne pouvait être révoqué par la parole d’un ange, celui qui la lui rapportait fût-il même véridique dans son rapport (Galates 1.8).
Dans le cours de l’entretien, une révélation subite comme un éclair d’en-haut saisit le vieux prophète.
Ton cadavre n’entrera pas… : La consolation suprême, celle de mourir dans ta maison, entouré des tiens et d’être enterré dans le tombeau de tes pères, te sera refusée.
Le prophète de Juda paraît être venu à pied (verset 14). Son collègue de Béthel fait seller son âne pour lui.
Se tenait auprès du cadavre. Il l’avait terrassé et tué d’un coup de patte, mais non dévoré (verset 28). Cette circonstance montrait qu’il y avait ici autre chose qu’un accident naturel. Plus le prophète avait été honoré d’une connaissance surnaturelle, plus sa désobéissance était criminelle (Luc 12.48). Par la fin tragique du prophète, Dieu répare le scandale donné par cette désobéissance et rétablit l’autorité compromise de l’avertissement donné à Jéroboam.
Le prophète de Béthel sent sa culpabilité. Il agit envers celui de Juda comme envers un membre de sa propre famille.
Il veut être enseveli avec lui ; car il le reconnaît pour un frère, un vrai prophète. Comparez 2 Rois 23.17-18.
Dans les villes de Samarie : voir au verset 2.
À établir des sacrificateurs, littéralement : à leur remplir la main…, terme consacré pour dire installer dans le sacerdoce (Exode 28.41).