Verset à verset Double colonne
1 Et on resta trois ans sans qu’il y eût guerre entre la Syrie et Israël.La reprise des hostilités contre les Syriens paraît avoir été déterminée par la visite de Josaphat à Achab. Cette visite est sévèrement blâmée par le prophète Hanani (2 Chroniques 19.2). Josaphat avait commis déjà une faute du même genre et plus grave encore en mariant son fils à la fille d’Achab (2 Rois 8.18 ; 2 Chroniques 18.1). Son but, en unissant ainsi sa famille à celle d’Achab, était sans doute de travailler à ramener les dix tribus sous le sceptre légitime de Juda. Mais avec les nombreux fils d’Achab c’était là un calcul bien risqué ; d’ailleurs c’était Dieu lui-même qui avait provoqué cette séparation en punition des fautes de Salomon et de Roboam.
Voir les engagements pris par le roi de Syrie 1 Rois 20.34.
La reprendre : il l’avait sans doute inutilement réclamée.
Après avoir si pleinement acquiescé au désir d’Achab Josaphat éprouve cependant le besoin de s’assurer de l’approbation divine.
Les prophètes. Ces quatre cents hommes ne sont ni les prêtres d’Astarté (1 Rois 18.19), ni les prophètes de Baal ; Achab ne pourrait consulter l’Éternel par leur moyen ; ce sont des prophètes qui sont censés parler au nom de l’Éternel, mais de l’Éternel adoré sous la forme du veau d’or. De là le peu de cas qu’en fait Josaphat (verset 7).
Eunuque ; voir Genèse 37.36, note et 1 Samuel 8.15. En se refusant au désir de Josaphat, Achab craint de perdre son concours.
Cette scène frappante révèle tout entière un témoin oculaire, qui pourrait bien n’être autre que Michée lui-même. Elle est d’une profondeur psychologique admirable. Josaphat joue ici le rôle si fréquent de l’homme juste et pieux qui, après avoir donné la main au monde, va de complaisance en complaisance et finit par risquer de tout perdre. Grande assemblée publique présidée par les deux rois dans leurs costumes royaux.
La place, littéralement : l’aire. On plaçait volontiers les aires tout près des villes pour les mettre à couvert des surprises des ennemis qui pouvaient les piller ou les incendier.
Des cornes de fer : comparez Deutéronome 33.17. Les prophètes ont coutume, pour rendre leur déclarations plus impressives, de les revêtir d’une forme svmbolique ; comparez Ésaïe 8.1 ; Jérémie 18.2 ; Jérémie 32.9 ; Ézéchiel 3.2.
L’eunuque voulait du bien à Michée. Il ne comprenait pas le sérieux de la charge prophétique.
Comparez Nombres 22.18.
Le roi comprend, au ton de cette réponse et à sa ressemblance avec celle des faux prophètes, qu’elle est ironique.
C’était lui dire clairement qu’Israël reviendrait fuyant, après avoir perdu son roi dans cette expédition.
C’est pourquoi, écoute… Si Michée parle de la sorte, en contradiction avec le langage qu’ont tenu les prophètes, c’est qu’il s’est passé là-haut quelque chose qu’Achab ignore. L’Éternel a résolu d’en finir avec lui et les prophètes qu’il a consultés sont les agents, dont Dieu se sert pour le conduire à sa perte. La vision ici racontée est la représentation dramatique d’un fait moral : D’un côté, Achab a comblé la mesure ; l’heure de son châtiment a sonné ; il sera lui-même, par son aveuglement, l’instrument de sa ruine. Mais, d’autre part, Dieu a encore assez pitié de lui pour lui offrir, par l’avertissement de Michée, le moyen de se sauver.
L’un de ces nombreux anges est prêt à lui apparaître ; un autre à produire chez lui une vision ou un rêve qui le trompe.
Ces moyens ne sont pas encore le bon.
L’Esprit : le souffle de l’inspiration prophétique en général, agissant soit dans les vrais, soit dans les faux prophètes ; comparez 1 Jean 4.1, 1 Jean 4.6. Cette distinction n’est-elle point indiquée dans le verset 19 par les mots à sa droite et à sa gauche ? Dieu se sert de l’esprit de mensonge pour conduire à leur ruine ceux qui ont fermé leur cœur à l’Esprit de vérité, 2 Thessaloniciens 2.11. C’est ainsi que Michée explique à Achab l’unanimité de ses quatre cents prophètes. C’est ici le dernier effort rie l’Esprit de vérité pour le sauver.
Tu en viendras à bout : les autres moyens n’auraient pas suffi ; mais celui-ci réussira infailliblement. Michée ne pouvait mieux parler pour sauver Achab.
Cette conduite insolente montre jusqu’à quel point Sédécias se sentait en faveur auprès du roi.
Par où a passé l’Esprit… ? Raillerie propre à couvrir de ridicule la parole de Michée. Sédécias ne doute pas qu’il n’ait été lui-même, en parlant comme il l’a fait, l’organe de l’Esprit. Il est la dupe de sa propre inspiration.
Avec toi : L’Esprit doit parler intérieurement avec le prophète avant de parler par lui.
L’accomplissement de cette menace, n’est raconté ni dans les livres des Rois, ni dans les Chroniques. Il est probable qu’il résulta du fait même que la prophétie de Sédécias ne s’était pas accomplie. Le successeur d’Achab rechercha le faux prophète pour le punir.
Ce verset fait penser que l’officier qui avait été envoyé pour amener Michée (verset 9), ne l’avait pas cherché dans sn demeure, mais dans la prison, où il était déjà enfermé pour sa franchise dans quelque occasion précédente.
À Amon, gouverneur. La prison se trouvait dans sa maison comparez Genèse 39.20, où l’on voit qu’il en était ainsi en Égypte.
Joas, fils du roi. Ce jeune prince était adjoint au gouverneur.
Le pain de détresse : la sévérité de la captivité de Michée doit dès maintenant être renforcée. Il est mis au pain et à l’eau, tout juste avec la quantité nécessaire pour ne pas périr, comme en temps de famine extrême.
Jusqu’à ce que je revienne. Achab veut avoir le dernier mot ; mais le verset 30 montre qu’il avait plus peur qu’il ne voulait le laisser voir.
Tout le monde (littéralement : tous peuples) : tous les gens qui se trouvaient là : Josaphat, les deux cours, les quatre cents prophètes, les habitants de Samarie. On a vu dans la parole de Michée 1.2 une allusion de Michée, le prophète postérieur, à celle de son homonyme plus ancien ; mais la situation est toute différente.
Josaphat eut la faiblesse, à la suite de cette scène, de continuer à marcher avec Achab. Il avait sans doute avec lui un corps de troupes de ses propres sujets ; voir verset 32, note.
Cette proposition d’Achab paraît au premier coup d’œil d’une lâcheté et d’une impudence éhontées. Cependant il faut tenir compte de la prophétie de Michée, qui n’avait pas été sans produire sur les deux rois quelque effet et qui ne menaçait que le seul Achab. Elle lui donnait en quelque sorte le droit de pourvoir par une mesure spéciale à sa sûreté propre, tandis que Josaphat pouvait aller au combat sans aucune précaution particulière.
Toi, revêts-toi : Toi, tu n’as pas les mêmes raisons que moi d’adopter un déguisement. Achab n’a pas de mauvaise intention contre Josaphat ; il cherche uniquement à se mettre lui-même à l’abri.
Trente-deux : voir 1 Rois 20.24. Les chefs de chariots devançaient les fantassins dans la bataille. C’était la reconnaissance de Ben-Hadad pour la courtoisie avec laquelle Achab l’avait traité.
Josaphat cria : il appela à grands cris ses hommes, sans doute en disant : Hommes de Juda, à votre roi ! Sur quoi les chefs de chars le reconnurent et se détournèrent pour rechercher le vrai ennemi.
La mort d’Achab ne fut ni détournée par ses mesures de précaution, ni due aux mesures hostiles de Ben-Hadad ; elle provint du conseil de Dieu.
Sans le connaître, littéralement : dans sa simplicité.
Ses appendices : les pièces mobiles attachées au bas de la cuirasse pour protéger le bas du corps. Josèphe nomme Aman celui qui tira sur Achab et en fait un serviteur du roi de Syrie.
Tourne bride, littéralement : tourne tes mains qui tiennent les rênes.
Se renforça. La mêlée devint si serrés qu’il fut impossible au cocher de retourner le chariot et de sortir du milieu du combat, de sorte que, ne pouvant être pansé, Achab perdit tout son sang dans le chariot.
Sauve-qui-peut général. Le roi de Syrie ne paraît pas avoir poursuivi l’ennemi en retraite. Il ne s’agissait pour lui que de dégager Ramoth.
À Samarie, non à Jizréel ; voir 1 Rois 21.19, note.
L’étang de Samarie : le bassin d’eau que l’on entretenait dans chaque ville pour les lavages publics.
Les chiens léchèrent… C’est sur ces mots que porte la remarque : Selon la parole, etc.
Les prostituées. L’auteur fait observer en passant que l’eau dont fut lavé le sang d’Achab était la même que celle où les femmes impures prenaient chaque soir leur bain. Ignoble fin d’une ignoble vie !
Le palais d’ivoire : un palais dont les appartements étaient revêtus de cette matière, rare alors et précieuse ; comparez Amos 3.15.
1 Rois 22.41 à 2 Rois 8.29 Josaphat, Joram et Achazia en Juda ; Achazia et Joram en Israël.
L’histoire de ce roi a déjà été racontée en partie à l’occasion de celle d’Achab. L’auteur ne fait plus ici que de jeter sur ce règne un coup d’œil général et de mentionner quelques faits de détail ; comparez la narration plus complète 2 Chroniques chapitres 17 à 20.
Il ne s’en détourna pas, comme l’avait fait Asa, son père, à la fin de sa vie.
Ces hauts-lieux n’étaient pas consacrés aux idoles ; on y adorait Jéhova ; seulement le culte de l’Éternel aurait dû être célébré uniquement dans le temple à Jérusalem.
Fit la paix. Jusqu’alors il y avait eu presque constamment guerre entre les deux royaumes (1 Rois 14.30 ; 1 Rois 15.7 ; 1 Rois 15.16).
Voir 1 Rois 15.12.
David avait conquis le pays d’Édom (2 Samuel 8.14). Il y avait bien eu vers la fin du règne de Salomon une tentative de soulèvement par les efforts de Hadad (1 Rois 11.14 et suivants). Nous ignorons le résultat de cette entreprise ; mais il ressort de notre passage que Josaphat était maître du pays et que le roi d’Édom était son vassal. Cette remarque forme la transition à ce qui suit.
Josaphat voulut reprendre les entreprises maritimes et commerciales de Salomon ; mais la flotte qu’il fit construire dans ce but fut brisée par une tempête dans le port d’Etsion-Guéber. Sur Etsion-Guéber, Ophir et les vaisseaux de Tharsis, voir à 1 Rois 9.26, 1 Rois 9.28 et 1 Rois 10.22.
Ce refus s’explique par ce qui est raconté 2 Chroniques 20.35 et suivants, où nous voyons que Josaphat, s’étant associé avec Achazia, le roi d’Israël, pour la construction de cette flotte, le prophète Éliézer lui en annonça la destruction. À la demande d’Achazia de renouveler l’entreprise, on comprend que Josaphat oppose maintenant un refus absolu.
1 Rois 22.52 à 2 Rois 1.18 Achazia, en Israël (897-896). Fin du ministère d’Élie.
Cumulant l’idolâtrie grossière de ses anciens prédécesseurs avec celle de ses parents, il autorise publiquement le culte des veaux d’or et en même temps pratique personnellement l’idolâtrie proprement dite, le culte syrien de Baal.
C’est avec l’avènement de la famille d’Omri sur le trône d’Israël que commence la mention de ce petit royaume dans les inscriptions assyriennes. Vers l’an 1060 avant Jésus-Christ, les Assyriens avaient été battus près de Carkémis, sur l’Euphrate, par les armées des rois de Syrie, à la tête desquels se trouvaient les Héthiens. Ce désastre, qui fut suivi d’une dissolution complète de l’ancien empire d’Assyrie par la révolte contre Ninive de la Babylonie, de la Mésopotamie et de l’Arménie, procura un temps de relâche aux peuples de l’Asie occidentale. C’est là la raison pour laquelle David et Salomon purent jouir d’une entière sécurité de ce côté-là et étendre leur puissance comme ils le firent. Mais bientôt, l’empire assyrien se releva de cette chute et redevint redoutable aux peuples de la Syrie et de la Palestine. Dans une inscription retrouvée sur un obélisque dressé par Salmanasar l’ancien sont mentionnés les rois de Damas Hadad-ldri (Hadadé-zer) et Hazaël (comparez 2 Rois 8.15). Dans la même inscription, il est parlé du tribut payé par Jaua (Jéhu), fils de Hu-um-ri (Omri). Le terme de fils désigne ici un successeur. La dénomination habituelle du pays des dix tribus dans les inscriptions assyriennes est Mat-beth-Humri : pays de la maison d’Omri. Ce roi avait acquis une célébrité particulière par la raison qu’il avait été le fondateur de Samarie. Dans une liste énumérant les tributs payés au roi assyrien Rammidamar, sont mentionnés les pays suivants : Surra (Tyr), Sidannu (Sidon). Mat-Humri (le pays d’Omri), Udumu (Édom) et Palastav (Philistie). La ville de Samarie est ordinairement nommée Samirina. Dès ce moment nous aurons fréquemment à citer des inscriptions assyriennes mentionnant les rois et le pays des dix tribus. L’inscription la plus remarquable est celle qui a été découverte sur les bords du Tigre, où Salmanasar 2 parle d’Aha-ab-bu Sirlaï (Achab d’Israël) en ces termes :
Je brûlai Karkar ; je détruisis 1200 chars, 1200 cavaliers et 20000 hommes de Dad-Idri (Hadadézer) de Damas ; 700 chars, 700 cavaliers, 10000 hommes d’Irchulin de Hamath ; 2000 chars, 10000 hommes d’Achab d’Israël (Aha-ab-bu, mat Sir-la-ai) ; 500 hommes de Guäer ; 1000 hommes de Musri (Mitsraïm, Égypte) ;… 100 hommes de Bahsa d’Ammon. Ces 12 rois s’étaient avancés pour me livrer bataille ; par le secours puissant de mon Seigneur Assur, avec la force irrésistible que m’accorda le grand protecteur qui marche devant moi, je combattis avec eux, je leur tuai 14000 hommes ; j’en remplis la surface des eaux et répandis leurs cadavres sur la plaine.