Verset à verset Double colonne
Ce chapitre est un tableau des habitants de Jérusalem, des Lévites et de leurs fonctions après l’exil (voir l’introduction aux chapitres 8 et 9). Il existe un rapport très Étroit entre les versets 2 à 17 de notre chapitre et Néhémie 11.3-19. Comparez spécialement versets 10 à 13 avec Néhémie 11.10-14, versets 10 à 16 avec Néhémie 11.15-18 et verset 17 avec Néhémie 11.19. Il s’agit Évidemment dans ces deux livres de la même Époque et du même personnel sacerdotal. Il y a d’assez nombreuses divergences au sujet des Judéens et des Benjamites habitant à Jérusalem ; il suffit néanmoins d’une Étude un peu attentive pour retrouver les mêmes noms principaux. Du reste, l’ordonnance des deux morceaux est absolument la même. Après la mention sommaire des habitants de la province (verset 2, Néhémie 11.3), l’auteur passe aux habitants de Jérusalem et nomme successivement les Judéens, les Benjamites, les prêtres, les Lévites en général, puis spécialement les portiers. Nous pouvons conclure de la ressemblance profonde dans l’ensemble et les détails, que les deux morceaux s’appliquent à la même Époque et proviennent du même document. Il est difficile, à cause de leurs nombreuses différences, de les faire dépendre l’un de l’autre. On peut les faire dériver d’une source commune plus complète qui aura été résumée différemment dans l’un et dans l’autre.
Si cette supposition est exacte, le passage de Néhémie prouve que notre livre appartient bien à la période postexilique. Mais à quel moment de cette période faut-il fixer le document primitif ? On a pensé à l’Époque de Néhémie ; c’est possible, mais il résulte de notre verset 2, comme de Néhémie 11.1-4 que l’auteur veut indiquer les premiers habitants de Jérusalem et de la province après l’exil et non pas les habitants qui ont pu s’y Établir à une Époque postérieure.
Évidemment un renvoi au livre des rois d’Israël (et de Juda) pour toutes les généalogies antérieures a l’exil. L’auteur veut dire que si quelqu’un désire connaître exactement ces généalogies-là, c’est dans le livre des rois d’Israël qu’il doit les chercher : pour lui, il ne veut donner maintenant que les habitants de Juda (spécialement de Jérusalem) après l’exil. Comme l’auteur des Chroniques a donné plus haut quelques-unes de ces généalogies, on peut supposer avec assez de vraisemblance qu’il n’a pas lui-même composé notre verset, mais qu’il l’a emprunté tel quel à la source d’où il a tiré le chapitre 9.
Livre des rois d’Israël : voir l’introduction aux Chroniques.
Comparez Néhémie 11.3. Aux gens inscrits dans les registres généalogiques antéexiliques et comprenant tout Israël (les douze tribus), le verset 2 oppose les premiers habitants qui s’établirent après l’exil dans le territoire de Juda. C’est le seul sens possible après la remarque verset 1 : Juda fut emmené captif à Babylone ; il faut donc rejeter l’opinion qui voit dans ces premiers habitants les habitants antérieurs à l’exil. Nous avons du reste dans la fin du verset une manière tout à fait postexilique de désigner les différentes parties du peuple. Le verset 2 (voir verset 3) ne parle pas des habitants de Jérusalem, mais des habitants de la province.
Leurs villes : les Israélites sont le peuple en général, nous dirions les laïcs ; puis viennent trois catégories de membres du clergé : les prêtres, les Lévites (y compris les chantres et les portiers) et les Néthiniens.
Sur les Néthiniens, chargés probablement des fonctions subalternes dans le service du sanctuaire, voir Esdras 8.17-20 ; Néhémie 10.28 ; Néhémie 11.21. Ils sont placés sur le même rang que les fils des serviteurs de Salomon, mentionnés à côté d’eux dans le passage parallèle Néhémie 11.3 (comparez Esdras 2.58 ; Néhémie 7.60) ; on les identifie généralement avec les Gabaonites mentionnés Josué 9.27, mais leur nom n’apparaît pas avant l’exil, quoiqu’ils soient spécialement mentionnés parmi les gens qui revinrent de la captivité. Donc ils ont dû partir pour l’exil en qualité de Néthiniens. C’est leur retour qui leur a donné de l’importance et qui a tiré leur caste de l’obscurité où elle était auparavant plongée.
Ce verset oppose aux gens de la province les habitants de Jérusalem, qui intéressent plus spécialement l’auteur.
Dans la suite il n’indiquera aucun des fils d’Éphraïm ou de Manassé, qu’il mentionne verset 3. On peut supposer que c’étaient seulement des individus ou des familles isolées, trop peu nombreuses pour pouvoir figurer nominativement à côté des clans judéens ou benjamites. Des membres de l’ancien royaume des dix-tribus étaient restés dans le pays d’Israël après la destruction de Samarie (2 Rois 23.15, note). Quelques-uns d’entre eux se joignirent à la communauté du retour (Esdras 6.21).
L’auteur distingue trois grandes familles, d’après les trois fils de Juda qui eurent une postérité (1 Chroniques 2.3-4). Voir la même division Nombres 26.20.
On se demande s’il ne convient pas de lire Schélanites au lieu de Schilonites, mot qui ne peut pas dériver de Schéla, troisième fils de Juda.
Néhémie 11.4-5 nomme aussi les chefs de la famille de Pérets et de celle de Schéla (Athaïa : Uthaï et Maaséia : Asaïa), mais omet le chef descendant de Zérach et donne d’autres noms pour les ascendants du premier. On peut supposer, outre des corruptions du texte, un emploi différent, de la source première, qui contenait probablement plus de noms que nous n’en trouvons à la fois dans les deux extraits actuels.
Au lieu de 690, Néhémie 11.6 dit 468 ; mais il n’y a pas contradiction, car les 690 s’appliquent sans doute à tous les fils de Juda, tandis que les 468 de Néhémie 11.6 s’appliquent seulement aux Péretsites.
Dans Néhémie 11.7-9 on ne trouve comme nom exactement parallèle que celui de Sallu, fils de Mésullam et encore les noms de ses ancêtres sont-ils différents. Mais on pourrait dans notre verset 7 retrancher fils de devant Hodavia et considérer Hodavia comme le même personnage que Juda de Néhémie 11.9. En hébreu les deux noms de Hodavia et de Juda ne sont, ni pour le sens, ni pour la forme (en admettant une transposition de lettres), sensiblement différents l’un de l’autre.
956 ; dans Néhémie 928 ; ces chiffres s’appliquent à la totalité des Benjamites établis à Jérusalem.
Néhémie 11.10 fait de Jédaïa un fils de Jojarib, mais à tort, car 1 Chroniques 24.7 Jédaïa et Jojarib sont à la tête de deux familles de prêtres, chefs de la première et de la deuxième classes des prêtres, comparez également Néhémie 12.6-7.
Jakin (comparez 1 Chroniques 24.17) : chef de la vingt-et-unième classe des prêtres.
Sur Azaria et ses ascendants, comparez 1 Chroniques 6.11-13. Néhémie 11.11 lit Séraïa, qui est donné 1 Chroniques 6.14 comme le fils d’Azaria. Les deux noms semblent nous reporter aux temps qui précédèrent immédiatement l’exil. Mais les mêmes noms ont pu exister dans la famille de Tsadok avant et après l’exil ; puis, des chaînons sont souvent omis dans les généalogies. On ne peut donc tirer de notre verset 11 la conclusion que le catalogue versets 3 à 17 mentionne la population de Jérusalem d’avant l’exil. Il faut sans doute lire, d’après Néhémie 11.11, Séraïa au lieu d’Azaria.
Prince de la maison de Dieu, qui est le titre du souverain sacrificateur (2 Chroniques 31.13), s’applique ici non pas à Azaria, mais à son ancêtre Ahitub. Le souverain sacrificateur d’après l’exil était Jéhosua.
Adaïa : descendant de Malkija, chef de la cinquième classe des prêtres, 1 Chroniques 24.9. Sa généalogie est plus développée Néhémie 11.12.
Maésaï : le même qu’Amasaï, Néhémie 11.13, rattaché également à Immer, chef de la seizième classe des prêtres, 1 Chroniques 24.14.
Le chiffre total de 1760 hommes porte sur les six familles sacerdotales établies à Jérusalem. Néhémie 11.10-14 indique séparément le chiffre des hommes des trois dernières familles qui ensemble forment un total de 1192. Les trois premières comprenaient, donc environ 600 hommes. Il va du reste sans dire que ces nombres portent non pas sur les chefs seulement, mais sur tous les hommes aptes au sacerdoce. Peut-être faut-il donc admettre une transposition au commencement, du verset 13 et lire : chefs des maisons de leurs pères et leurs frères, 1760 hommes vaillants, etc..
Comme les portiers sont nommés à part verset 17, il s’agit ici essentiellement des chantres, dont nous pouvons retrouver dans nos versets les trois familles principales :
Des trois autres noms qui restent, Bakbakkar est sans doute le même que Bakbukia de Néhémie 11.17 : un autre descendant d’Asaph. Héresch (dont la Vulgate fait un nom commun : charpentier) et Galal sont inconnus. À la place de ces deux derniers Néhémie 11.16 mentionne Sabbéthaï et Jozabad (comparez Néhémie 8.7).
Néhémie 11.17 ne mentionne pas la famille de Bérékia, que nous trouvons dans notre verset 16 et avec raison, car elle n’habitait pas (d’après notre verset lui-même) à Jérusalem, mais à Nétopha, près de Bethléem (1 Chroniques 2.54). Elle a été ajoutée dans notre texte, sans doute pour mentionner des descendants de la première famille des chantres (1 Chroniques 6) à côté des deux autres.
Zicri : Zabdi, Néhémie 11.17.
Les noms de Matthania, Bakbukia (Bakbakkar) et Obadia (verset 16) se retrouvent Néhémie 12.25, mais placés au temps d’Esdras. Comme ceux de Jédaïa, Jojarib, Jakin, verset 10, ils désignent moins des individus que des familles dont les noms restent les mêmes pendant des siècles.
Obadia : Abda, Néhémie 11.17.
Sémaïa : Sammua, Néhémie 11.17.
Quatre familles, gardant les quatre côtés du temple (comparez 1 Chroniques 26.14-18), quoiqu’il n’y eût que trois entrées principales (2 Rois 25.8). Néhémie 11.19 ne mentionne que Akkub et Talmon : Néhémie 12.25 ajoute Mésullam (Sallum) comparez Esdras 2.42.
Ahiman n’est nommé nulle part ailleurs : ce nom est probablement défiguré.
À la mention des quatre grandes familles de portiers, l’auteur de notre chapitre ajoute dans les versets 17 à 27 quelques détails sur leurs fonctions. Il indique fin du verset 17 et début du 18 que la famille principale était celle de Sallum, appelé Mésélémia au verset 24 et 1 Chroniques 26.1 et Sélémia dans 1 Chroniques 26.14. Comme telle, elle avait la garde de la porte orientale, ou porte du roi (2 Rois 16.18 ; Ézéchiel 46.1-2), qui était la plus importante.
La fin du verset porte sur les quatre noms du verset 17.
Camp des fils de Lévi : expression archaïque pour désigner le sanctuaire ; allusion aux circonstances du désert.
Ce verset 19 indique que les mêmes portiers, Sallum en tête, étaient gardiens de la tente élevée par David sur la montagne de Sion et que déjà auparavant ils avaient rempli les mêmes fonctions auprès du sanctuaire du désert (que l’auteur appelle le camp de l’Éternel) sous la direction de Phinées, le fils du souverain sacrificateur Eléazar (verset 20).
Ebiasaph est la vraie leçon ; 1 Chroniques 26.1 dit à tort Asaph, car les fils de Koré étaient des Kéhathites, non des Guersonites comme Asaph.
Les derniers mots du verset 20 : l’Éternel avec lui, sont sans doute un vœu : Que l’Éternel soit avec lui, inspiré par le souvenir de l’alliance de paix que Dieu avait faite avec Phinées et ses descendants, d’après Nombres 25.10-13. Le Pentateuque ne parle ni des fonctions des portiers, ni de l’autorité qu’exerçait sur eux Phinées, le fils d’Eléazar.
Remarque abrupte dont on ne comprend pas très bien le but dans le contexte. On peut supposer que la famille de Zacharie jouait un rôle assez important parmi les portiers. Elle était placée à la porte nord du sanctuaire (1 Chroniques 26.14). Méséléinia, père de Zacharie, est le même personnage que le Sallum du verset 17 (comparez 1 Chroniques 26.1).
L’auteur revient, après les remarques incidentes versets 19 à 24, à la description des fonctions des portiers, telles qu’elles ont subsisté dès le temps de David et telles qu’elles existaient également au temps du retour de l’exil, qu’il a spécialement en vue. On peut se demander à quelle époque se rapporte le chiffre de 212, au temps de David ou au temps du retour de l’exil ? Malgré la fin du verset le plus simple est de penser à cette dernière époque, quoique Néhémie 11.19 ne parle que de 172 hommes et Esdras 2.42 de 139. Au temps de David, d’après 1 Chroniques 26.8-11, le nombre des portiers n’était que de 93. Il peut y avoir quelque part une corruption du texte (soit dans Néhémie 11.19, soit, ici, soit aussi Esdras 2.42), ou bien peut-être y a-t-il une manière différente de compter à la base de ces différentes données.
En tout cas les 512 portiers n’habitaient pas tous à Jérusalem, comme le montrent la suite du verset 22 et le verset 25, mais dans les endroits avoisinants où ils étaient enregistrés. Comparez pour les chantres Néhémie 12.29 et l’opposition établie (Néhémie chapitre 11) entre ceux qui habitaient à Jérusalem et ceux qui habitaient ailleurs (comparez versets 3, 4, 19, 20, 21, 36). À Jérusalem n’habitaient sans doute que les chefs principaux des portiers ; les autres venaient, à tour de rôle, des villages accomplir leur temps de service (verset 25).
La fin du verset 22 précise le début du 19 en rappelant l’origine davidique de l’institution des portiers. Avec David l’auteur mentionne Samuel, quoique Samuel soit mort avant que David eût procédé à l’organisation du culte lévitique. Il veut sans doute rappeler par là l’influence que Samuel a exercée sur David et sur la restauration d’Israël après l’époque troublée des Juges. En fait, Samuel n’a pas travaillé avec David, mais l’œuvre de David n’est que la continuation de celle de Samuel.
L’auteur, après avoir répété ce qu’il vient de dire des quatre chefs des portiers, semble passer aux fonctions des Lévites en général ou à celles d’autres Lévites que les portiers. Dans ce cas il faut traduire en modifiant légèrement le texte : Et les Lévites étaient aussi chargés de la surveillance des chambres et des trésors de la maison de Dieu. Mais comme au verset 27 il est de nouveau question des portiers, il nous semble plus simple de penser que dans la fin du verset 26 il est encore question d’eux et que l’auteur veut simplement dire que, outre la surveillance générale du temple, ils étaient spécialement chargés de garder les chambres qui entouraient le temple et dans lesquelles étaient déposés les trésors sacrés. On peut envisager la mention qu’ils étaient des Lévites, absolument inutile dans le contexte, comme une glose postérieure amenée par verset 28.
Au verset 28, garde des vases les plus précieux, que l’on avait toujours soin de compter avant et après leur emploi ; au verset 29, garde des ustensiles ordinaires et préparation de quelques-uns des ingrédients nécessaires aux sacrifices ; au verset 31, préparation des gâteaux sacrés ; au verset 32, préparation des pains de proposition.
Parenthèse qui rappelle que les sacrificateurs seuls devaient s’occuper de la préparation des huiles aromatiques ; comparez Exode 30.22-33.
Ce verset, en appelant Matthithia fils aîné de Sallum, semble contredire 1 Chroniques 26.2 (voir plus haut verset 17 et 21), mais l’auteur veut simplement indiquer que la famille de Matthithia, rattachée à celle de Sallum, occupait le premier rang parmi les Lévites de sa classe. On peut aussi entendre : Matthithia était un premier-né parmi les descendants de Sallum.
Comparez Lévitique 24.5-8.
Ces versets sont deux souscriptions : la première porte spécialement sur les versets 14 à 16 ; la seconde, sur tout le morceau versets 14 à 32. Les chantres résidaient dans les constructions attenantes au temple, parce que la préparation et l’exécution des chants les obligeaient à être continuellement sur place, tandis que les portiers, sauf les chefs, pouvaient se relayer.
Comparez 1 Chroniques 8.29 et suivants.
Bocru. Voir 1 Chroniques 8.38, note.