Verset à verset Double colonne
Le chapitre 8 est une nouvelle description généalogique de la tribu de Benjamin, beaucoup plus complète que celle qui est donnée 1 Chroniques 7.6-12. Le chapitre 9 contient la nomenclature des habitants de Jérusalem avec une description des fonctions des Lévites. On se demande pourquoi l’auteur des Chroniques a ajouté ces deux chapitres aux généalogies précédentes, qui donnaient une description assez complète de la composition du peuple.
D’après 1 Chroniques 9.1-3, la réponse est assez claire : il résulte du verset 2 que ce chapitre contient les habitants de Jérusalem après l’exil ; l’auteur a donc voulu donner un aperçu du personnel de la communauté postexilique, après avoir dans les chapitres 4 à 7 décrit l’Israël d’avant l’exil ; s’il insiste tant dans ce chapitre sur les fonctions des Lévites, c’est qu’il tient sans doute à faire ressortir que les institutions en vigueur de son temps Étaient les mêmes que celles qui existaient au début de la nouvelle communauté.
Mais le chapitre 8 donne-t-il l’État de la tribu de Benjamin avant ou après l’exil ? Non pas avant, car il serait Étonnant que le tableau généalogique d’avant l’exil fût plus riche que celui d’après (chapitre 9). Bien probablement aprés car les versets 28 et 32 dénotent la même préoccupation que le chapitre 9, celle d’indiquer particulièrement l’État des Benjamites Établis à Jérusalem. Seulement, dans ce cas, il faut admettre que le chapitre 8 se rapporte à une Époque postérieure aux premiers temps du retour de l’exil.
Elles sont indiquées pour rappeler sans doute les premières origines des familles nommées ensuite, quoique celles-ci n’y soient pas directement rattachées, comparez Genèse 46.21 ; Nombres 26.38 et suivants ; 1 Chroniques 7.11 et suivants. La liste des fils de Benjamin et de ceux de son fils premier-né Béla n’est d’accord avec aucune des précédentes. Elle se rapproche cependant davantage de Genèse 46.21 que la généalogie du chapitre 7.
Achrach : Achiram de Nombres 26.38.
Addar : Ard de Nombres 26.40 et Genèse 46.21.
Achoach : Ahija, verset 7 et Echi, Genèse 46.21.
Séphuphan et Huram : Muppim (Schuppim) et Huppim de Genèse 46.21 ; 1 Chroniques 7.12, Séphupham et Hupham de Nombres 26.38.
Notons que plusieurs des fils de Béla sont dans la Genèse des fils directs de Benjamin.
Nocha, Rapha, Abihud, Abisua ne figurent qu’ici. En revanche, notre texte n’a pas Béker de Genèse 46.21 et 1 Chroniques 7.6 et Rosch de Genèse 46.21 et il n’y a de tout autres fils de Béla que 1 Chroniques 7.7.
Antique notice relative aux descendants d’Ehud, qui figure 1 Chroniques 7.10 comme descendant de Jédiaël. Ici la manière dont il se rattachait à Benjamin est supposée connue. Ses fils ne sont indiqués que verset 7 : Uzza et Ahihud. Ils habitaient primitivement à Guéba (voir Josué 18.24) : ils en furent chassés par les fils de Béla ; le nom de ceux-ci n’est indiqué qu’après la mention de leur exploit : Naaman, Ahija (Achoach) et Guéra ; ce dernier semble avoir été le plus puissant ou l’instigateur de la déportation des Ehudites à Manachath ; de là la notice : qui les transporta, placée comme Épithète après son nom.
Manachath : comparez 1 Chroniques 2.52.
Cette notice se rapporte à un temps très antique, avant la royauté.
Saharaïm n’est nommé qu’ici ; on ne sait comment il se rattachait à Benjamin.
Huschim est ici clairement le nom d’une femme.
Hodesch est sans doute le nom de la troisième femme. Donc les fils qui suivent désignent les Benjamites Établis en Moab ou du moins ayant séjourné dans ce pays.
Indiquent après coup des descendants de Saharaïm demeurés dans ce pays.
Aux descendants d’Elpaal Établis à Ono et à Lod, les versets 17 et 18 ajoutent d’autres descendants Établis à Jérusalem.
Lod : Lydde (Actes 9.32 ; Esdras 2.33 ; Néhémie 11.35), ville bien connue située dans la plaine à 15 km au sud-est de Jaffa, où se trouve encore un village du même nom.
Ono : peut-être le village actuel de Kefr-Auna, à environ 5 km au nord de Lydde. Remarquons qu’Ono et Lod apparaissent seulement après l’exil, ce qui confirme que notre chapitre se rapporte à la période postexilique.
Les ancêtres patronymiques de ces cinq familles sont Énumérés : Béria, Schéma (Siméi, verset 21), Elpaal, Schaschak, Jérémoth (Jéroham, verset 7). On chercherait en vain Elpaal dans le texte actuel, mais il est probable qu’il était placé primitivement devant Achjo et que Achjo n’est pas ici un nom propre, mais doit être lu achir : son frère, comme traduisent les LXX.
Les noms de Béria et de Schéma sont accompagnés d’une notice historique qui semble être en contre-partie de 1 Chroniques 7.21-23. Béria et Schéma vengèrent la destruction des deux clans Éphraïmites détruits par les Gathites. Si ce rapprochement, auquel semble conduire le nom de Béria, est exact, il en résulte que Béria est présenté à la fois comme Éphraïmite (1 Chroniques 7.23) et comme Benjamite. Cela n’a pas lieu de nous Étonner beaucoup, s’il s’agit d’une famille qui pouvait avoir des alliances dans les deux tribus voisines. On a supposé qu’elle était benjamite d’origine et qu’elle avait été reçue dans la tribu d’Éphraïm après le fait d’armes que rappellent nos versets. Mais même sans cette supposition la dualité d’origine n’est pas inadmissible. Voir un fait semblable 1 Chroniques 2.52-54.
Des noms analogues à ceux des versets 15 à 27 se trouvent ailleurs dans l’Ancien Testament, spécialement dans les livres d’Esdras et de Néhémie (Mésullam, Néhémie 11.7 ; Zicri, Néhémie 11.9 ; Adaïa, Esdras 10.29 ; Elam, Esdras 2.31), mais la liste ne se retrouve nulle part ailleurs.
Le père de Gabaon s’appelle Jéiel (comparez 1 Chroniques 9.35), personnage inconnu que notre verset appelle simplement père de Gabaon.
Gabaon est Évidemment l’ancêtre patronymique de la ville du même nom (comparez Josué 9.3), mais, chose curieuse, il ne semble pas avoir une existence indépendante de celle de son père, car c’est celui-ci que le texte indique comme père réel des Gabaonites.
Les noms des versets 30 et 31 sont Évidemment les noms des familles gabaonites et non ceux des personnages dont elles étaient issues. Car nous savons par le livre de Samuel (1 Samuel 11.4) que Kis, par exemple, habitait à Guibéa.
Kis était primitivement de Gabaon, puis il vint s’établir à Guibéa et, plus tard, à Jérusalem ; à moins qu’il n’y ait une confusion de noms entre Gabaon et Guibéa.
La liste du verset 30 ne contient plus que huit noms ; il faut ajouter, d’après 1 Chroniques 9.36-37, Ner soit après Baal, soit après Nadab (dans les LXX) et Mikloth à la fin.
En face de leurs frères : en face des Benjamites qui habitaient la campagne en dehors de Jérusalem.
Avec leurs frères : avec les Benjamites qui habitaient à Jérusalem.
L’auteur intercale ici la généalogie des descendants de Saül, à cause de l’importance de cette famille en Israël ; il y a été naturellement amené par la mention de sa présence à Jérusalem dans les versets précédents.
Ner engendra Kis. Cette donnée Étonne, puisque d’après 1 Chroniques 9.36 et d’après le texte primitif de notre verset 30, Ner était frère de Kis. En outre, 1 Samuel 9.1, Kis est fils d’Abiel. L’indication la plus complète est celle de 1 Samuel 14.51 : Kis, père de Saül et Ner, père d’Abner, étaient fils d’Abiel. Il faut donc peut-être lire dans notre verset 33 : Ner engendra Abner, Kis engendra Saül.
Les fils de Saül ne sont pas indiqués exactement de la même façon 1 Samuel 14.49, où nous n’en trouvons que trois et où à la place d’Abinadab le texte porte Jischvi. Cependant Abinadab est mentionné par 1 Samuel 31.2, qui omet d’autre part Jischvi. Donc, si Jischvi n’est pas une faute de copiste dans 1 Samuel 14.49, c’est probablement, un autre nom d’Abinadab. Eschbaal, qui ne figure ni 1 Samuel 14.49, ni 1 Samuel 31.2, est le plus jeune fils de Saül, le même qu’Isboseth, qui régna après son père sur onze tribus. Voir 2 Samuel de 2.8.
Méribbaal : Méphiboseth (2 Samuel 4.4, note).
La liste des descendants de Saül par Jonathan se trouve (moins nos versets 39 et 40) de nouveau 1 Chroniques 9.40-44. C’est exactement la même liste, malgré quelques différences imputables à des fautes de copistes.
Au lieu de Bocru, il faut sans doute lire becoro : son aîné et ajouter avec les Septante, comme sixième fils, Asa.
Eschek est, le frère d’Alsel. Ses descendants héritèrent du talent qui distinguait dès les anciens temps la tribu de Benjamin (2 Samuel 1.22 ; 1 Chroniques 12.2).
Dans les versets 33 à 40 nous avons une vraie généalogie. Même si aucun chaînon n’est omis, elle nous conduit à peu près jusqu’au temps de l’exil. En effet, depuis Saül à Ulam il y a (Saül non compris) douze générations : Jonathan. Méribbaal, Mica, Achaz, Jéhoadda, Zimri, Motsa, Binéa, Rapha, Elasa, Atsel (avec Eschek), Ulam, ce qui nous conduit (avec trente ans pour une génération et 1050 avant Jésus-Christ comme point de départ) tout au moins jusqu’au septième siècle avant Jésus-Christ (exactement 690) et le verset 40 mentionne encore des fils et des petits-fils (descendants) d’Ulam. On peut donc supposer qu’avec ces derniers nous arrivons jusqu’après l’exil.