Verset à verset Double colonne
Ce chapitre décrit la grandeur du règne de Salomon et montre ainsi le plein accomplissement du songe de Gabaon. Il contient :
Sur tout Israël. C’était la première fois que les douze tribus étaient réunies sous un même sceptre sans aucune contestation ; ce fut aussi la dernière.
Comme cette liste fait mention de deux hommes qui avaient épousé des filles de Salomon, elle doit dater d’un moment déjà plus avancé de son règne. Les listes analogues du temps de David (2 Samuel 8.12-18 ; 2 Samuel 20.23-24) sont plus modestes. Il faut remarquer aussi que dans ces dernières les officiers militaires sont en tête, tandis que sous Salomon, le roi de paix, les fonctionnaires religieux et civils occupent la première place.
Fils de Tsadok, proprement petit-fils par Ahimaats, d’après 1 Chroniques 6.8-9. Dans ce passage des Chroniques, la remarque du verset 10 : qui exerça la sacrificature dans la maison que Salomon bâtit, a été transposée du verset 9 par la faute d’un copiste et se trouve ainsi appliquée à tort à un Azaria postérieur.
Était le sacrificateur : le sacrificateur par excellence, le souverain sacrificateur qui eut le privilège d’exercer le premier les saintes fonctions dans le nouveau temple.
Sisa, probablement le même que Séïa, mentionné comme secrétaire de David 2 Samuel 20.25 ; sa charge aurait ainsi passé à ses deux fils sous le règne de Salomon.
Jéhosaphat : voir 2 Samuel 20.24.
Rédacteur des chroniques : historiographe chargé de consigner dans les archives les principaux événements du règne. Une pareille charge existait dans tous les États de l’Orient (Esther 2.23 ; Esdras 6.1). Les documents renfermés dans ces archives ont probablement été une des sources de nos livres des Rois (1 Rois 11.41 ; 1 Rois 14.29, etc.).
Bénaïa : voir 1 Rois 2.35.
Tsadok et Abiathar. Ils avaient exercé simultanément la fonction de grands sacrificateurs sous David et au commencement du règne de Salomon (voir 2 Samuel 20.25, note) ; Azaria (verset 2) leur succéda dans le nouveau temple.
Azaria, fils de Nathan : pour le distinguer de celui nommé au verset 2. Si ce Nathan était le prophète de ce nom, il serait probablement désigné comme tel ; il s’agit peut-être de Nathan, le fils de David (2 Samuel 5.14, comparez 2 Samuel 8.18).
Chef des intendants : des douze intendants qui vont être mentionnés.
Zabud, fils de Nathan, sacrificateur : d’un autre Nathan, celui-ci de race sacerdotale.
Conseiller intime, proprement ami, camarade, comme Chusaï pour David, 2 Samuel 16.16 ; 1 Chroniques 27.33.
Intendant du palais, proprement : sur la maison ; le grand chambellan, présidant au service intérieur de la maison du roi (1 Rois 18.3 ; 2 Rois 18.18). Cette charge n’est pas mentionnée sous David.
Adoniram ou Adoram : le même que 2 Samuel 20.24 ; 1 Rois 5.14 ; 1 Rois 12.18. Il occupa donc sa charge depuis les derniers temps du règne de David jusqu’au commencement de celui de Roboam.
Leur nombre correspondait à celui des mois de l’année ; c’étaient une sorte de fermiers généraux, chargés de lever des impôts, préposés chacun à un territoire déterminé, avec la tâche de fournir à l’entretien du roi et du nombreux personnel de la cour. Comme ces impôts étaient payés en nature, le pays était divisé en douze départements, plus ou moins étendus selon la richesse et la fertilité des différents districts. Ces départements ne coïncidaient point avec le territoire des tribus. Ils sont mentionnés ici, non d’après leur position géographique, mais apparemment d’après l’ordre suivant lequel les intendants livraient leurs produits, chacun pendant un mois de l’année. Cinq de ces intendants, au lieu d’être désignés par leurs noms propres, le sont par celui de leur père (fils de). Peut-être était-ce vraiment leur nom : Benhur, Bendéker, etc. Cependant cette forme n’est pas ordinaire en hébreu. On ne s’explique pas bien cette dénomination.
La montagne d’Éphraïm : la partie centrale, l’un des districts les plus cultivés de la Palestine.
Makats : ville inconnue ; en tout cas, comme les trois villes suivantes, située dans le territoire de Dan, à l’ouest du précédent.
Arubboth : ville inconnue, mais, d’après les deux noms qui suivent, dans la tribu de Juda (Josué 12.17 ; Josué 15.35), au sud du département précédent.
Cet intendant était peut-être neveu de David (1 Samuel 16.8), cousin de Salomon et devenu son gendre.
Dor, ville au bord de la mer, au nord de Césarée, désignant ici la fertile plaine de Saron (Josué 11.2 ; Josué 17.11).
Baana, fils d’Ahilud : sans doute le frère de Jéhosaphat du verset 3.
Thaanac et Méguiddo : deux villes sur le flanc septentrional de la chaîne du Carmel, à la limite sud-ouest de la plaine de Jizréel.
Ramoth de Galaad : Josué 21.38 ; la partie méridionale des districts de Galaad et de Basan, à l’est du Jourdain.
Sur les bourgs de Jaïr, voir Nombres 32.41.
Argob : district de Basan ou voisin de cette contrée (voir Deutéronome 3.4, note).
Mahanaïm : voir 1 Rois 2.8.
Nephthali : au nord de la Palestine. Dans ce cas comme dans les suivants, les départements coïncident avec les territoires des tribus.
Asser : le long de la côte, à l’ouest de Nephthali.
Aloth : inconnue.
Issacar : la partie septentrionale de la plaine de Jizréel, entre Zabulon au nord et Manassé au sud.
Benjamin : au nord de la tribu de Juda.
Le pays de Galaad : le pays à l’est du Jourdain, déduction faite des intendances déjà mentionnées versets 13 et 14 (voir Josué 12.2, Josué 12.4).
Un seul. Ce un seul fait contraste avec l’étendue de cette contrée, qui avait compris autrefois deux royaumes.
Observation générale sur l’état du peuple à cette époque. Bien loin d’être diminué et appauvri par l’organisation luxueuse de la cour, telle qu’elle vient d’être décrite, le peuple se multipliait au contraire et vivait dans le bien-être et dans la joie. La sécurité de l’état social, succédant aux troubles de l’époque des Juges et aux guerres qui avaient caractérisé le règne de David, favorisait le développement de la prospérité générale. Ce ne fut qu’à la fin du règne de Salomon qu’un changement fâcheux se manifesta (1 Rois 12.4).
Comme le sable… : allusion à la promesse Genèse 22.17 ; Genèse 22.12.
Mangeaient, buvaient : comparez Lévitique 26.3 et suivants.
Autant la maison royale de David contrastait déjà avec la simplicité de celle de Saül, autant celle de Salomon dépassait celle de David.
Dans le texte hébreu, le chapitre 5 commence avec notre verset 21.
Le fleuve : l’Euphrate. Jamais le royaume d’Israël ne posséda des limites aussi étendues et ne vit s’accomplir plus littéralement la promesse faite à Abraham : Genèse 15.18 et suivants. Les peuplades environnantes (Tyriens, Moabites, Philistins), soumises par David, étaient comprises dans ces limites.
Tribut, littéralement : des présents : la forme sous laquelle le tribut se paie en Orient (2 Chroniques 9.24-26).
Le cor : selon les évaluations les plus probables, de la contenance d’environ deux hectolitres, ce qui porte à 180 hectolitres de farine la consommation journalière de la cour. En admettant qu’un hectolitre donne cinquante kilogrammes de pain et en comptant un kilogramme par personne, il y aurait eu neuf mille kilogrammes par jour, soit la nourriture d’au moins neuf à dix mille personnes. Les trente bœufs et les cent moutons pouvaient fournir au minimum 750 gramme de viande par jour et par personne, sans parler du gibier destiné plus spécialement à la table royale. Ces chiffres ne paraîtront pas exagérés, si l’on se souvient que la maison royale comprenait un harem considérable, de nombreux domestiques, la garde du corps, les fonctionnaires et leurs familles, dont les appointements étaient payés en nature. Les anciens auteurs indiquent des chiffres équivalents pour la consommation d’autres cours orientales, celle de Cyrus, par exemple.
Volailles : traduction incertaine ; peut-être chapons ou oies.
Car il dominait… Ce verset, ainsi que le suivant, explique et justifie cette énorme consommation. Les revenus d’un aussi vaste empire, la situation prospère du peuple permettaient ces dépenses considérables.
En-deçà du fleuve. On traduit ordinairement ces mots par : au-delà et l’on a pensé que si l’auteur écrivait de la sorte pour désigner les pays à l’occident de l’Euphrate, c’est qu’il rédigeait son récit à l’époque et dans le pays de l’exil. Mais nous pensons que ces mots peuvent fort bien se traduire par : en-deçà ; comparez Josué 22.11, note.
Thiphsach ou Thapsacus, ville populeuse, sur la rive occidentale de l’Euphrate ; c’était la limite extrême du royaume, au nord-est ; Gaza, dans le pays des Philistins, non loin de la mer Méditerranée, marque l’extrémité sud-ouest.
Les rois en-deçà du fleuve sont les rois des Syriens, des Moabites, des Philistins, soumis par David.
La paix avec tous ses sujets. La révolte de Damas (1 Rois 11.23) ne se produisit qu’à la fin du règne.
Tableau de la prospérité du peuple.
Juda et Israël : les sujets du royaume proprement dit, en opposition aux habitants des provinces tributaires (2 Rois 18.31). En Palestine, la vigne s’enroule autour des figuiers plantés près des maisons. Elle est cultivée en forme de berceau, en sorte que la famille se repose sous sa vigne et sous son figuier. Les prophètes appliquent cette image aux temps messianiques (Michée 4.4 ; Zacharie 3.10).
Depuis Dan jusqu’à Béerséba : extrémités nord et sud de la Palestine (Juges 20.1). Cette paix reposait sur une force armée capable de défendre le pays.
Stalles : peut-être râteliers.
Quarante mille. D’après 2 Chroniques 9.25, il faut lire quatre mille, ce qui s’accorde avec 1 Rois 10.26 et 2 Chroniques 1.14, qui attribuent à Salomon 1400 chars de guerre. Il fallait deux chevaux par chariot, ce qui faisait 2800 chevaux ; il y avait donc encore une réserve de 1200 chevaux.
Chevaux de selle : pour les courriers qui portaient les ordres du gouvernement dans les différentes provinces (Esther 8.10, Esther 8.14) et pour l’armée.
Les intendants devaient aussi pourvoir à la nourriture des chevaux. Cette nourriture consistait en orge et en paille. L’avoine n’est pas cultivée en Orient.
Au lieu où il résidait (le roi). Le roi variait ses résidences. On peut traduire aussi : où les chevaux se trouvaient ; car ils paraissent avoir été répartis dans différentes villes (1 Rois 9.19 ; 1 Rois 10.26).
Cette grande prospérité matérielle était accompagnée d’une haute culture intellectuelle, due à l’impulsion donnée par la personnalité du roi.
Trois termes pour caractériser cette sagesse extraordinaire :
Comme le sable : expression proverbiale pour exprimer la plénitude et l’étendue incommensurable.
Tous les fils de l’Orient : les tribus nomades habitant l’Arabie à l’est et au sud-est de la Palestine, jusqu’à l’Euphrate, plus particulièrement les Sabéens et les Thémanites qui avaient une réputation de sagesse et enfin aussi les Chaldéens, connus par leurs connaissances astronomiques (Ésaïe 11.14 ; Jérémie 49.7-28).
La sagesse de l’Égypte : elle était proverbiale (Ésaïe 19.11 ; Actes 7.22). Celle des Grecs n’existait pas encore. La sagesse de Salomon surpassait celle de l’Orient et de l’Égypte, surtout par son caractère pratique. Elle avait pour principe, la crainte de l’Éternel (Proverbes 1.7).
Ethan, Héman, Calcol et Darda : sages israélites contemporains de Salomon ; vraisemblablement les mêmes que ceux qui sont mentionnés 1 Chroniques 2.6 : Fils de Zérach : Zimri, Ethan, Héman, Calcol, Dara. Dans ce passage un cinquième nom est ajouté aux quatre autres, celui de Zimri et le dernier nom est Dara au lieu de Darda. Zérach était lui-même un fils de Juda (Genèse 38.30), le père de la famille des Zérachites (Nombres 26.13, Nombres 26.20). D’après 1 Chroniques 6.33-44, Héman et Ethan étaient tous deux Lévites et maîtres-chantres de David (1 Chroniques 15.17, 1 Chroniques 15.19). Mais il arrivait que les Lévites, domiciliés dans une tribu, étaient envisagés comme membres de la famille au sein de laquelle ils demeuraient ; comparez Juges 17.7 ; 1 Samuel 1.1. Calcol et Darda seraient ainsi seuls les fils de Mahol. Héman et Ethan sont désignés comme auteurs, l’un du Psaume 88, l’autre du Psaume 89.
Il prononça trois mille maximes : il énonça ses observations et ses expériences dans trois mille maschals, mot hébreu qui signifie : sentence, maxime, comparaison, d’où proverbe (voir Proverbes 1.1-6). Nous ne possédons plus qu’une faible partie de ces sentences dans le livre des Proverbes ; ce livre ne contient que 985 maschals et ceux-ci même ne sont pas tous de Salomon. Les mille et cinq cantiques n’existent plus, si l’on en excepte peut-être le Cantique des cantiques et les Psaumes 72 et 127, qui portent le nom de Salomon. Les chiffres de 3000 et de 1005 montrent que ces proverbes et ces cantiques avaient été rédigés et réunis en recueils.
L’étendue d’esprit de Salomon (verset 29) se manifesta dans le fait qu’il cultiva avec succès non seulement la poésie didactique et lyrique, mais encore les sciences naturelles.
Depuis le cèdre… jusqu’à l’hysope : de l’arbre le plus gigantesque et le plus utile, jusqu’à la plante la plus petite et la plus insignifiante, l’hysope des murailles (Exode 12.22, note).
Salomon embrassa aussi dans ses études le règne animal dans toutes ses branches. Avait-il écrit des ouvrages sur ces matières ? Nous l’ignorons. Le haut degré du développement littéraire chez les Égyptiens, les Chaldéens et les Assyriens à cette époque, autoriserait à le penser.