Verset à verset Double colonne
1 Quand Salomon eut achevé de bâtir la maison de l’Éternel et la maison royale, et tout ce qu’il lui plut d’exécuter,Seconde apparition de Dieu, à Salomon.
Cette apparition eut lieu après l’achèvement des constructions (temple et palais), par conséquent dans la vingtième année du règne de Salomon. C’était un avertissement que Dieu donnait au roi, arrivé au faîte de la grandeur ; le relâchement moral était à la porte. Passage correspondant : 2 Chroniques 7.11-22.
Comme il lui était apparu à Gabaon (1 Rois 3.5), c’est-à -dire pendant la nuit et en songe. Ce n’est pas sans raison que cette seconde apparition est mise en relation avec celle de Gabaon ; tout ce que Dieu avait alors promis était maintenant réalisé. Ce qui se passerait dans la suite, devait dépendre de l’attitude de Salomon.
J’ai consacré cette maison : 1 Rois 8.10.
Il fallait qu’il y eût déjà dans la vie de Salomon des symptômes propres à motiver une menace aussi sérieuse ; comparez Deutéronome 28.37, Deutéronome 28.45, Deutéronome 28.63.
Elle sera haut élevée… : ironique allusion à l’élévation topographique et religieuse du temple. Dans le cas prévu, ce sera par sa ruine que cet édifice attirera les regards.
Sifflera : expression inarticulée et involontaire d’étonnement, en face d’un fait imprévu et terrible.
Courte notice relative à un règlement de compte entre Salomon et Hiram pour les matériaux fournis par ce dernier. Au commencement de ces constructions, Salomon avait rémunéré Hiram pour tous les matériaux qu’il lui fournissait, par des livraisons en nature, selon le traité 1 Rois 5.9-11. Mais à mesure que les dépenses s’étaient accrues, il était devenu son débiteur au point que Hiram avait même dû lui prêter de l’argent comptant. En échange, Salomon avait engagé quelques villes situées à l’extrémité septentrionale de son territoire, sur les confins de la Phénicie. Quant il fut obligé de les lui céder tout de bon, ils allèrent les visiter ensemble et alors se passa ce qui est raconté aux versets 12 et suivants. Ce district était habité surtout par des païens, restes des anciens habitants cananéens et parents des Phéniciens. De là le nom de Guelil (cercle) des Gentils (Ésaïe 8.23 ; d’où est venu le nom postérieur de Galilée). Cette circonstance explique comment Salomon put consentir à faire cession de ce territoire, lequel ne peut être identifié avec le Caboul de Josué 19.27, qui en faisait peut-être partie.
Mon frère, titre conventionnel que se donnaient les souverains.
Caboul, mot formé probablement des deux mots hébreux ca bal : comme rien. Josèphe le fait venir du mot phénicien chabalon, qui signifie déplaisir. Il est dit dans 2 Chroniques 8.2 que Hiram donna ces villes à Salomon et que Salomon les peupla d’Israélites. Hiram, mécontent, les aurait-il rendues à Salomon, qui l’aurait dédommagé de quelque autre manière ?
Cent vingt talents d’or : à peu près 5 400 kg.
Constructions diverses au moyen de corvées ; équipement d’une flotte.
Avant d’énumérer les nouvelles constructions de Salomon, l’auteur explique ce qui les rendit possibles : ce fut la présence dans le pays de populations cananéennes qu’il réduisit à la condition de serfs corvéables. En même temps l’auteur tient à montrer la différence que mit Salomon entre la manière dont il traita son propre peuple et le traitement qu’il appliqua à ces populations étrangères.
Millo : voir Juges 9.6 ; 2 Samuel 5.9, notes. Ce n’était pas seulement un grand remblai ; ce remblai, qui fermait la vallée du Tyropéon et protégeait la ville haute, portait une forteresse.
La muraille de Jérusalem. Cette muraille devait envelopper toute la ville, y compris la montagne du temple, tandis que jusqu’alors la cité de David était seule entourée d’une enceinte fortifiée (1 Rois 3.1).
Hatsor, ville de Nephthali commandant la frontière septentrionale du pays (Josué 11.1).
Méguiddo (1 Rois 4.12), entre le mont Thabor et la baie de Saint-Jean d’Acre ; protégeant la route qui allait de la mer à la plaine du Jourdain.
Guézer, ville cananéenne, à la frontière sud d’Éphraïm (Josué 10.33) ; dominant, comme Beth-Horon, l’entrée des défilés par lesquels on avait directement accès de la plaine maritime au plateau de Juda et Jérusalem. Guézer et Beth-Horon étaient la clef du sud du pays, comme Hatsor celle du nord et Méguiddo celle du centre. Salomon s’appliquait à entourer son royaume d’une ceinture de forteresses.
Ce verset est une parenthèse destinée à expliquer comment Guézer devint la propriété de Salomon. Cette ville était restée au pouvoir d’une peuplade cananéenne dans le territoire même d’Éphraïm (Josué 16.10). Nous ne savons sous quel prétexte Pharaon l’attaqua et la détruisit.
Bâtit : rebâtit.
La Basse Beth-Horon : voir Josué 10.14, note ; aujourd’hui le village de Beit-Ur-Tachta.
Baalath : voir Josué 19.44, note.
Thamar. D’après Ézéchiel 47.19, il existait une ville de ce nom sur la frontière méridionale de la Palestine, sur le chemin qui conduit par le pays d’Édom à la mer Rouge et l’on comprend quel intérêt il y avait pour Salomon à posséder de ce côté de son territoire une ville fortifiée protégeant cette route de commerce. Les mots : dans le désert, dans le pays, indiquent qu’elle était située très au sud, mais pourtant encore dans le territoire israélite. Tel est le sens de notre passage le plus généralement admis. Dans le passage parallèle 2 Chroniques 8.4, au lieu du nom de Thamar (palmier), se trouve le nom de Thadmor, qui a le même sens, mais qui désigne ordinairement la ville célèbre de Palmyre, située au nord-est de la Palestine, dans le désert syrien et servant d’entrepôt entre Damas et l’Euphrate. L’auteur des Chroniques a-t-il mal compris l’écrit sur lequel reposent nos deux relations, ou bien dans le texte même des Rois Thamar désignerait-il Palmyre, comme l’ont cru des savants distingués ? Il faudrait dans ce cas entendre les mots : dans le désert, du grand désert syrien et transposer le et, qui suit, avant les mots : dans le pays, de manière à opposer les villes mentionnées ensuite, situées dans les États de Salomon, à Thadmor, située en dehors. Autrement, on devrait prétendre que le territoire israélite s’étendait alors, dans cette direction, jusqu’à l’Euphrate.
Les villes servant de magasins étaient des villes fortifiées où l’on tenait des provisions de vivres en réserve pour les temps de guerre ou de disette (2 Chroniques 32.28).
Les villes pour les chars : voir 1 Rois 4.26 et 1 Rois 10.26.
Au Liban. Il pouvait importer à Salomon d’avoir là de grands approvisionnements, puisque c’était le point de départ des expéditions du côté de l’est et du nord.
N’avaient pu vouer à l’interdit : voir Juges 1.19, note.
Salomon ne fit point de serfs. Les 30000 ouvriers hébreux de 1 Rois 5.13 ne furent pas traités comme tels ; par exemple : ils passaient deux mois chez eux.
Ceux-ci furent ses gens de guerre… Le sens est que l’état de soldat, ainsi que toutes les charges honorifiques, civiles ou militaires, étaient réservées aux nationaux. Malgré cette différence, cet état de choses pesait à Israël, habitué à la liberté.
Cinq cent cinquante : voir 1 Rois 5.13.
Deux courtes notices qui montrent comment certaines irrégularités temporaires, signalées au début de ce règne (1 Rois 3.1-4), prirent fin par le fait de l’achèvement du temple et du palais royal. Salomon ayant bâti le palais de la reine, elle put quitter la maison de David, au sud du temple, où elle avait demeuré temporairement ; comparez 2 Chroniques 8.11, où est indiqué comme motif de ce changement le fait que l’arche de l’alliance avait habité pendant un certain temps dans ce palais de David.
Fut montée. On se rappelle que la cité de David était située au-dessous du temple, sur la pente méridionale de la colline (2 Samuel 5.9, note). Les palais de Salomon et de la fille de Pharaon se trouvaient entre cette cité et le temple (voir 1 Rois 7.1, 1 Rois 7.8, notes et le plan). Sans doute cela rapprochait la demeure de la fille de Pharaon de l’enceinte du sanctuaire et c’est pourquoi plusieurs ont placé son palais sur la ville haute, en face de la terrasse du temple, en expliquant le mot monter par le fait qu’elle dut d’abord descendre de la cité de David dans le Tyropéon, pour remonter ensuite sur le versant occidental, sens qui serait peu naturel. Mais il faut se rappeler que le palais de cette princesse étrangère était séparé du temple par la muraille qui environnait la grande cour et par les parvis.
Millo : voir verset 15, note.
Trois fois dans l’année. Jusqu’alors on sacrifiait encore sur les hauts-lieux ; dès maintenant le culte fut concentré, conformément à Deutéronome 12.4 et suivants, dans le temple, qui devint le rendez-vous des tribus. Selon l’antique loi mosaïque, ces grands rassemblements nationaux avaient lieu à Pâques, à Pentecôte (fête des Semaines) et à la fête des Tabernacles. C’était dans ces occasions solennelles que Salomon offrait un sacrifice plus considérable que l’offrande journalière de l’holocauste et du parfum.
Salomon offrait, évidemment faisait offrir (comme au verset 26 construisit pour fit construire) par les personnes chargées de cet office, les Lévites et les sacrificateurs.
De l’encens. Il ne s’agit pas du parfum qui s’offrait journellement sur l’autel d’or, mais de celui qui accompagnait les gâteaux sacrés offerts avec les victimes d’actions de grâces sur l’autel des holocaustes.
La maison fut définitivement constituée : il acheva de faire de la maison ce qu’elle devait être, le sanctuaire national.
Ce fut par le moyen de cette flotte que Salomon se procura une partie de l’or nécessaire pour ses constructions et pour le train de sa cour.
Etsion-Guéber, port situé à l’extrémité septentrionale du golfe oriental de la mer Rouge (Nombres 33.35 ; Deutéronome 2.8).
Eloth, aujourd’hui Akaba, sur une baie à l’orient du même golfe. Ces deux villes, qui avaient une grande importance au point de vue commercial, avaient été conquises par David sur les Édomites (2 Samuel 8.14). On se demande comment on trouva, dans cette contrée privée de bois de construction, de quoi construire une flotte. 2 Chroniques 8.17-18 parle de l’envoi de vaisseaux avec les ouvriers tyriens. Peut-être ce mot vaisseaux désigne-t-il ici les matériaux nécessaires à leur construction qui furent envoyés de Phénicie.
Les marins phéniciens étaient chargés de la conduite des vaisseaux. Ces marins s’engageaient souvent comme pilotes au service des rois étrangers.
Ophir. Nous savons par Genèse 10.29 qu’Ophir était le nom d’un pays et d’un peuple dans l’Arabie Heureuse. D’un autre côté les marchandises rapportées par la flotte de Salomon (1 Rois 10.11, 1 Rois 10.22) proviennent en grande partie des Indes. On peut donc admettre que les vaisseaux de Salomon s’arrêtaient en Arabie pour y trafiquer avec des marchands venus des Indes. Le port d’Ophir, situé sans doute sur le littoral de l’Arabie, dans l’Yémen, servait d’entrepôt pour le commerce ; voir Genèse 10.29, note.
Quatre cent vingt talents. On suppute difficilement la valeur de cette somme en monnaie actuelle (environ 19 tonnes d’or). Cette somme fut-elle acquise dans une seule expédition, ou bien indique-t-elle le résultat de toutes celles qui eurent lieu ? Le texte peut s’interpréter des deux manières. On se demande de quelle façon les gens de Salomon se procurèrent cette somme énorme. Fut-ce simplement par des échanges ? Mais quels objets d’échange la Palestine aurait-elle offerts ? Travaillèrent-ils eux-mêmes dans les mines ? Cela pourrait servir à expliquer les trois années dont parle 1 Rois 10.22. Nous ignorons ce détail.