Verset à verset Double colonne
1 Et la reine de Séba, ayant entendu parler de Salomon, ainsi que du nom de l’Éternel, vint pour l’éprouver par des énigmes.Ce fut sans doute à la suite des expéditions de la flotte à Ophir, port de mer situé dans le voisinage de son pays, que cette reine entendit parler de la sagesse de Salomon, ainsi que du nom du Dieu qu’il adorait. Cette visite n’est pas la seule de ce genre que Salomon ait reçue (1 Rois 4.34 ; 1 Rois 10.24 ; 2 Chroniques 9.23-24). L’historien sacré a raconté celle-ci comme la plus mémorable. Rien, en effet, ne témoigne davantage de la splendeur unique de ce règne, que ce long et difficile voyage entrepris, par une femme, non dans un but politique, mais simplement pour voir et pour entendre le roi dont la renommée était parvenue jusqu’à elle. Le souvenir de cet événement s’est conservé à travers les siècles, même hors des limites de la Palestine, comme le prouvent les légendes que deux peuples de l’antiquité ont brodées sur ce voyage, à savoir les Arabes et les Abyssins. Jésus lui-même a cité comme exemple à ses auditeurs cet épisode de l’histoire du règne de Salomon (Matthieu 12.42). Dans les Psaumes et dans les prophètes, la visite de la reine de Séba est le type des hommages que tous les païens rendront un jour au Roi suprême d’Israël, au Messie. Comparez Psaumes 72.8-14 et Ésaïe 60.6.
La reine de Séba. Séba (ou Schéba), nom d’une province de l’Arabie Heureuse, au bord de la mer Rouge, probablement l’Yémen. De là le nom de reine du Midi que lui donne Jésus. Cette contrée était très riche en or, en aromates et en pierres précieuses, dont elle faisait un commerce étendu (Jérémie 6.20 ; Ésaïe 60.6 ; Psaumes 72.10). La tradition arabe donne à cette reine le nom de Balkis. Les Abyssins la font venir de Séba en Abyssinie (Ésaïe 43.3) ; mais l’orthographe des deux noms est différente en hébreu.
Ainsi que du nom de l’Éternel, littéralement : selon le nom de l’Éternel. À la renommée de Salomon était étroitement liée la gloire du nom de l’Éternel ; car la puissance et la sagesse extraordinaires de ce roi étaient envisagées comme un effet de la faveur particulière de son Dieu.
Par des énigmes. Les Orientaux et surtout les Arabes, ont une singulière prédilection pour les énigmes, les questions épineuses et les jeux de l’esprit (Juges 14.12 ; Ézéchiel 17.2). Josèphe raconte que Salomon et Hiram se proposaient l’un à l’autre des énigmes, sorte de paris dont le vaincu payait le prix. En raison des mots précédents : ainsi que du nom de l’Éternel, on ne doit pas exclure les questions relatives à la religion.
Avec une très grande suite. Comme il convenait à la souveraine d’un des pays les plus riches et les plus favorisés du globe.
Tout ce qu’elle avait dans le cœur, c’est-à -dire, d’après ce qui précède, toutes les énigmes et questions difficiles qu’elle avait résolu de lui proposer.
Toute la sagesse de Salomon : telle qu’elle se manifestait, non seulement dans ses discours et la solution des énigmes, mais aussi dans la magnificence de son palais et l’organisation de sa cour, comme l’indiquent les termes qui suivent. La sagesse dont il s’agit est celle que Salomon lui-même a décrite Proverbes 3.14-18 et qui s’étend à tous les domaines de la vie. Cette cour si somptueuse et si bien ordonnée devait offrir plus d’un sujet d’étonnement à une reine, dans l’entourage de laquelle régnait sans doute encore une simplicité antique.
Et la montée par laquelle il montait. On traduit souvent : et les holocaustes qu’il offrait. La reine aurait assisté à l’une des cérémonies religieuses qui se faisaient avec une grande solennité, peut-être aux sacrifices du matin et du soir (Exode 29.38 ; Lévitique 6.8). Cependant on ne s’explique pas très bien comment la contemplation des sacrifices aurait provoqué l’admiration de la reine de Séba. Le mot ôla, qui signifie ordinairement holocauste, est pris aussi dans le sens de montée, escalier (Ézéchiel 40.6) et l’on peut traduire ces mots comme nous l’avons fait ; comparez 2 Chroniques 9.4. L’escalier en question, mentionné aussi 2 Rois 16.18, aurait été un ouvrage d’art particulièrement remarquable.
Elle fut toute hors d’elle, littéralement : il n’y eut plus de souffle en elle !
Heureux sont tes gens… La soif de sagesse qui caractérise la reine du Midi se révèle dans cette exclamation. C’est là la différence que fait remarquer Jésus entre elle et les Juifs ses contemporains, qui ont devant eux Celui en qui sont renfermés tous les trésors de la sagesse et de la science (Luc 11.31 ; Colossiens 2.3).
Béni soit l’Éternel. Cet hommage n’autorise pas à penser qu’elle se soit convertie à la religion d’Israël (comparez les expressions analogues d’Hiram,1 Rois 5.7, note).
Les présents que la reine offrit à Salomon étaient des produits de son pays.
Cent vingt talents d’or : voir 1 Rois 9.14
Des aromates. L’Arabie produisait un baume célèbre. Josèphe prétend que la Judée doit à la reine de Séba un arbre à baume qui s’est dès lors multiplié dans le pays.
À l’occasion des riches présents de la reine de Séba, l’auteur rappelle en passant d’autres articles de luxe, inconnus auparavant en Palestine, qui arrivèrent à Jérusalem, du temps de Salomon, par la flotte d’Ophir, notamment le bois de sandal. Ce bois, provenant de l’Inde, était employé dans l’ébénisterie orientale ou brûlé comme encens, à cause de l’odeur aromatique qu’il dégage.
Balustrades. Le mot que nous rendons ainsi signifie proprement appuis et pourrait être traduit aussi par : sièges, divans. Dans le passage correspondant 2 Chroniques 9.11, le mot est différent ; il signifie : escaliers.
Harpes et luths… comparez Ecclésiaste 2.8.
Ces versets nous donnent une idée des ressources financières de Salomon. Il y en avait de deux sortes :
Les gouverneurs du pays sont les intendants des provinces énumérés 1 Rois 4.7-19.
Ils étaient sans doute de bois et revêtus de plaques d’or ; il y en avait de deux sortes, comme dans l’antiquité en général : les grands, quadrilatères voûtés sur les bords, couvrant tout le corps ; les petits, à forme ovale. Ces boucliers, au nombre de 300, étaient portés par les gardes dans certaines solennités (1 Rois 14.28) ; à l’ordinaire, ils décoraient la maison de la Forêt du Liban (1 Rois 7.2). On peut calculer qu’ils avaient absorbé une masse d’or équivalente à 2 240 kg. Le sicle d’or pesait environ 16,5 grammes ; la mine 50 sicles, soit 825 g, tandis que le talent d’or représentait un poids de 3 000 sicles ou de 49,5 kg d’or.
Le trône d’ivoire : sans doute en bois recouvert de plaques d’ivoire, avec des incrustations d’or. Le haut du dossier était arrondi en forme d’arc. Outre les deux lions placés près des accoudoirs, il y avait douze lions, deux sur chacune des six marches, l’un à droite et l’autre à gauche. Ces lions, emblèmes de la puissance royale, étaient sans doute de grandeur naturelle. Ce meuble colossal se trouvait dans la salle du trône.
Rien de pareil n’avait été fait. Les monuments assyriens ne présentent aucun meuble comparable à celui-là en richesse et en beauté.
Les vases et la vaisselle d’or. La mention de la maison de la Forêt du Liban parait prouver que des fêtes royales se célébraient dans cet édifice.
Une flotte de Tharsis, ce qui ne signifie pas : se rendant en Espagne, mais désigne des vaisseaux de long cours, comme ceux avec lesquels les Phéniciens faisaient le voyage d’Espagne. Comparez 1 Rois 22.49 et Ésaïe 2.16, note. Toutes les marchandises indiquées sont des produits de l’Inde.
Tous les trois ans. Voir Genèse 10.29, note. Peut-être les ouvriers de Salomon travaillaient-ils pendant un an dans les mines. Voir à 1 Rois 9.28.
Comparez 1 Rois 4.29-34.
Chacun apportait… Il s’agit des rois du voisinage déjà soumis par David et de tous ceux qu’attirait la considération inspirée par la grandeur de Salomon.
Comparez 1 Rois 4.26.
Rendit l’argent… Pour l’or, voir verset 21.
Le bois de cèdre : voir Ésaïe 2.13, note. D’après Josèphe, il s’agirait de cèdres que Salomon fit planter en Palestine, où ils seraient devenus aussi communs que les sycomores. Il s’agit évidemment du bois de cèdre importé de la Phénicie.
Six cents sicles d’argent. Environ 8,7 kg d’argent (le sicle d’argent étant pris à 14,5 g).
Tous les rois des Héthiens. Les Héthiens ici mentionnés sont une tribu considérable de Cananéens restés indépendants, qui habitait entre l’Asie Mineure et l’Euphrate et de l’existence de laquelle on a retrouvé récemment de nombreuses traces (Genèse 10.15). Outre le trafic intérieur, il y avait donc un commerce de transit par l’intermédiaire de marchands israélites, entre l’Égypte et les rois de ces peuples septentrionaux. Au reste, ces relations avec l’Égypte étaient évidemment contraires à l’esprit et à la lettre de la loi Deutéronome 17.16 et ne pouvaient procurer à Israël une bénédiction durable, comme la suite ne tardera pas à le prouver.