Verset à verset Double colonne
1 Et le roi Salomon aima des femmes étrangères en grand nombre, outre la fille de Pharaon : des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes, des Héthiennes,Les avertissements sérieux qu’il avait reçus (1 Rois 6.12 et suivants, 1 Rois 9.4 et suivants) durant les années écoulées, n’avaient pas été donnés sans motifs. Le Seigneur savait à quelle tentation l’exposaient son amour du faste et de la grandeur, sa prospérité inouïe et la largeur même de son esprit. Le moment vint où la pente fatale l’emporta, assurément par l’effet d’un manque de vigilance et de prière et où il fut livré au torrent de ses propres inclinations. Dieu ne fit-il rien pour l’arrêter sur cette pente par l’intermédiaire de ses prophètes ? Nous l’ignorons. Quoi qu’il en soit, nous comprenons que Dieu, en permettant cette chute du grand roi, voulait abattre l’orgueil de son peuple et briser, par le schisme qui devait en résulter, le sentiment de sa force propre. Comparez 1 Rois 12.15.
Aima des femmes étrangères en grand nombre. Salomon commettait par là une double faute, condamnée par Deutéronome 17.17. L’énumération suivante montre qu’elles appartenaient aux cinq nations voisines habitant sur les frontières du pays.
Outre la fille de Pharaon. L’union avec cette princesse n’était pas proprement contraire à la loi, qui ne défendait que le mariage avec les Cananéennes. Peut-être cette princesse avait-elle renoncé à l’idolâtrie (voir 1 Rois 3.1, note).
Vous n’irez point chez eux. Voir Exode 34.16 ; Deutéronome 7.3-4 ; Josué 23.12. Voir spécialement pour les Ammonites et les Moabites, Deutéronome 23.4, Deutéronome 23.8.
S’attacha à eux pour ses amours. L’amour pour ces femmes étrangères l’amena à se livrer aux rites religieux des peuples auxquels elles appartenaient. Ce danger était prévu Deutéronome 17.17 ; Deutéronome 7.15.
Sept cents princesses : celles qui provenaient des familles royales des peuples environnants. C’était moins la sensualité que la vanité et la politique qui l’engageaient à se former cet immense sérail. En Orient, un harem nombreux est aussi indispensable à l’éclat d’une cour que chez nous une écurie richement montée. De plus, ces alliances contribuaient à resserrer les relations politiques d’Israël avec les cours environnantes. Le Cantique des cantiques, Cantique 6.8, parle de soixante reines et de quatre-vingts concubines. Le chiffre peut avoir varié aux différentes époques de la vie de Salomon. Celui du Cantique serait le plus ancien.
Au temps de la vieillesse de Salomon. C’est alors seulement que la direction de sa vie changea complètement. L’énergie de sa conscience et de sa volonté avait de plus en plus faibli.
Son cœur ne fut point tout entier à l’Éternel. Il n’abandonna pas complètement l’Éternel ; il continuait à célébrer dans le temple le culte public (1 Rois 9.25). Mais, à côté de cela, il tolérait et protégeait lui-même à l’occasion les cultes étrangers. Il ne fit pas encore comme plusieurs de ses successeurs, qui abandonnèrent complètement le culte de l’Éternel (1 Rois 16.31-32 ; 1 Rois 22.54).
Astarté, la divinité féminine des Phéniciens et de toutes les peuplades cananéennes, était adorée surtout par les femmes et son culte était accompagné de débauches (Jérémie 7.18, note).
Milcom, le dieu des Ammonites, le même que Moloch, verset 7.
Les Cananéens avaient tous au fond une même religion. C’étaient toujours le soleil et la lune qu’ils adoraient sous des noms différents (Nombres 25.3).
Fit ce qui est mal. Cette expression, qui reparaît souvent (1 Rois 14.22 ; 1 Rois 15.26 ; 1 Rois 16.30, etc.), est toujours appliquée à la transgression du premier commandement de la loi, qui est l’expression de la volonté suprême de Dieu (Exode 20.3 ; comparez Matthieu 6.24 ; Matthieu 4.10).
Camos, le dominateur, nom du soleil ; comparez Nombres 21.29 ; Jérémie 7.31.
Sur la montagne qui est en face de Jérusalem, c’est-à -dire à l’est, sur l’un des sommets du mont des Oliviers (2 Rois 23.13) ; d’après la tradition, le plus méridional, qui a reçu par cette raison le nom de mont du Scandale.
Il fit ainsi pour toutes ses femmes.
2 Rois 23.13 nomme, à côté des autels de Camos et de Moloch, celui d’Astarté. Ces trois autels suffisaient pour toutes ces femmes étrangères, car les Héthiens paraissent avoir adoré Astarté comme les Sidoniens ; et les Édomites, Moloch. Sans doute, Salomon, en adoptant tous ces cultes, estimait, au nom de sa sagesse supérieure, qu’ils s’adressaient tous au fond à une seule et même divinité, plus ou moins grossièrement représentée sous ces formes diverses et dont Israël possédait, sous le nom de Jahvé, l’idée la plus pure. De là cette immense tolérance dans laquelle il voyait, avec complaisance en lui-même, une preuve de largeur d’esprit.
Le châtiment suivra la faute ; mais il n’est encore qu’annoncé et préparé dans ce chapitre.
Fut irrité contre Salomon. Comparez les avertissements 1 Rois 3.5 ; 1 Rois 9.2.
Et l’Éternel dit à Salomon : sans doute par le ministère d’un prophète (1 Rois 6.11), peut-être d’Ahija (verset 29).
Et que tu n’as pas gardé mon alliance, sur laquelle reposait l’existence même du peuple. David, malgré ses fautes, n’avait pas fait cela.
Je déchirerai le royaume. La punition correspond à la faute (verset 13). En légitimant des cultes différents, Salomon avait profondément déchiré le sentiment religieux de son peuple.
À cause de David. En considération de David, Dieu met un double adoucissement au châtiment. La punition n’en est pas moins sévère, puisqu’elle frappe Salomon dans l’avenir de sa dynastie.
Une tribu à ton fils. Voir versets 31 et 32. Que résulta-t-il de cette menace ? L’historien ne le dit pas. Faut-il conclure de ce silence qu’il s’humilia et se repentit ? Il est probable qu’un fait si considérable serait mentionné.
Ce morceau se rattache au précédent. En nous présentant trois hommes qui s’élèvent contre Salomon et provoquent des troubles pendant la dernière période de son règne, il fait pressentir la catastrophe qui suivra.
Hadad. Ce nom de chef édomite se rencontre déjà Genèse 36.3.
Dans le temps que David fut en Édom. Comparez 2 Samuel 8.13.
Tout Israël : toute l’armée israélite.
Et ils partirent de Madian. Ils s’étaient d’abord réfugiés en Madian. Le siège principal de cette tribu arabe était le pays situé immédiatement au sud de celui d’Édom, sur la côte est du golfe d’Akaba ; de là elle s’était répandue vers le nord, jusqu’au désert à l’est de Moab et d’Ammon et vers le sud, jusqu’au Sinaï, en traversant la mer Rouge (Exode 2.15 ; Nombres 22.4).
Ils vinrent à Paran ; se dirigeant droit au nord-ouest avec une caravane ou une escorte madianite qui les guida à travers le grand désert de Paran, au nord de Sinaï ils continuèrent en ligne droite jusqu’en Égypte.
Roi d’Égypte… Ce Pharaon, régnant du temps de David, était probablement le père de celui dont Salomon épousa la fille.
Tachpénès le sevra… On sevrait les enfants à deux ou trois ans, ce qui donnait lieu à une fête de famille (Genèse 21.8). Nous ignorons ce qui avait pu procurer à Hadad de pareilles faveurs.
Hadad espère, dans ces circonstances, réussir à affranchir son peuple et à recouvrer le trône paternel. Il ne paraît pas avoir réussi ; comparez 1 Rois 22.48 et 2 Rois 8.20. Mais son retour causa de grands embarras à Salomon (verset 14). Voilà pourquoi il est nommé en premier au nombre des ennemis qui troublèrent la fin de son règne.
Hadadézer était roi de Tsoba, contrée syrienne au sud-est du Liban. Après la défaite de ce roi par David (2 Samuel 8.5 et suivants) Rézon était parvenu à réunir une bande de fuyards et à s’emparer de Damas.
Il fut au nord un sujet d’inquiétude pour Salomon, comme Hadad au sud. La dynastie qu’il fonda fut pendant des siècles un ennemi redoutable d’Israël.
Cet adversaire fut le plus important des trois. Aussi l’historien nous donne-t-il sur son compte des renseignements beaucoup plus détaillés. Les mots se révolta sont le sommaire et une anticipation de toute l’histoire subséquente.
Ephrathien, delà tribu d’Éphraïm.
Tséréda : localité dans la montagne d’Éphraïm, aujourd’hui peut-être le petit village de Sarda-hin, au nord-est de Béthel.
Millo : voir 1 Rois 9.15, note.
Il fermait la brèche. Ce terme de brèche désigne le ravin du Tyropéon qui, séparant les deux collines sur lesquelles Jérusalem était bâtie, offrait une entrée aux ennemis pour pénétrer dans la ville haute, dont le versant de ce côté n’était pas aussi abrupt que celui de la colline orientale. Le remblai que David avait déjà bâti là (2 Samuel 5.9) fut changé en une forteresse par Salomon ; comparez 1 Rois 9.15.
Les gens de corvée de la maison de Joseph : levés par Salomon pour exécuter ce travail. Quoique leur position fût moins pénible que celle des ouvriers cananéens (1 Rois 9.22, note), il est vraisemblable que cette tribu, rivale de Juda, ne supportait qu’avec peine ce genre d’impôt qui devait servir à fortifier la capitale. Ce mécontentement prépara les événements qui suivirent.
Sortit de Jérusalem. Nous ne savons sous quel prétexte, mais il résulte du verset 37 que Jéroboam roulait déjà dans son esprit des projets de révolte et qu’il se dirigeait vers sa tribu pour en préparer l’exécution.
Ahija, de Silo. Ce prophète était donc aussi Éphraïmite et sans doute Jéroboam et lui se connaissaient déjà .
Le manteau : celui d’Ahija. Ce vêtement neuf est l’emblème du royaume de David, récemment fondé.
La tribu unique : celle de Juda, à laquelle il faut ajouter celles de Benjamin et de Siméon, qui ne sont pas comptées, la première à cause de sa petitesse relative et de sa proximité de Jérusalem, en raison de laquelle elle est souvent considérée comme ne faisant qu’un avec celle de Juda (1 Rois 12.20-21 ; 2 Chroniques 11.3, 2 Chroniques 11.23) ; la seconde parce que son territoire était entièrement enclavé dans celui de Juda (Josué 19.1). Les neuf tribus restantes, en y ajoutant la portion de celle des Lévites qui habitait dans le nord, forment les dix données à Jéroboam.
Ils m’ont abandonné… (comparez versets 4 à 8). Une partie du peuple s’était rendue complice de l’idolâtrie de Salomon ; 1 Rois 11.11 et suivants ; 1 Rois 20.5 et suivants.
Une lampe : symbole de la vie (Proverbes 20.20), puis aussi de la conservation d’une famille (1 Rois 15.4 ; 2 Samuel 21.17). Sens : un successeur qui empêchera la dynastie de s’éteindre.
Sur tout ce que ton âme désire : Tes désirs secrets seront réalisés ; tu seras roi (1 Samuel 9.19).
Si tu obéis… Même condition que celle qui avait été mise à la royauté de Salomon (1 Rois 3.14 ; 1 Rois 6.12 ; 1 Rois 9.4). Jéroboam n’a pas rempli cette condition ; aussi sa maison fut-elle extirpée déjà sous le règne de son fils (1 Rois 15.28). Elle ne possédait pas une promesse inviolable comme celle faite à David.
Ce ne sera pas pour toujours : écho de la grande promesse fondamentale, 2 Samuel 7.13.
Salomon chercha à faire mourir…, soit qu’il eût eu vent de ce qui s’était passé entre Ahija et Jéroboam, soit que les allures hautaines de ce dernier trahissent ses desseins. Jéroboam, se sentant plus ou moins deviné, se déroba par la fuite.
Sisaki en égyptien Schéshonk. On s’étonne de voir la cour égyptienne, si étroitement unie à Salomon, accueillir l’ennemi de ce roi. Mais l’histoire de l’Égypte nous apprend que le beau-père de Salomon fut le dernier roi de la vingt-unième dynastie égyptienne (tanitique) et que Sisak fut le premier de la vingt-deuxième (bubastique). Ce changement de dynastie explique le changement d’attitude de la cour d’Égypte.
Ce livre plus complet, auquel renvoie l’auteur du nôtre, ne peut être la chronique officielle du royaume tenue par le chancelier (Mazkir), car chaque lecteur ne pouvait y avoir accès. Ce devait être un écrit privé, accessible au public, mais composé sans doute au moyen des Archives du royaume. Outre cela pouvaient être entrées en partie dans sa composition les monographies rédigées sur chaque règne par les prophètes contemporains, telles que celles qui sont mentionnées 2 Chroniques 9.29 au sujet du règne de Salomon (le Livre du prophète Nathan, la Prophétie d’Ahija et la Vision de Jeddo). Outre ces deux espèces de sources, l’auteur avait sans doute recueilli les traditions orales qui circulaient de son temps. Ce grand ouvrage, intitulé tantôt Annales des rois de Juda, tantôt Annales des rois d’Israël, tantôt Annales des rois de Juda et d’Israël, est celui auquel renvoie notre auteur pour une connaissance plus complète de l’histoire des deux royaumes. Le sien était sans doute en partie un extrait de celui-là .
Notice qui frappe par sa concision et qui contraste avec les détails circonstanciés donnés sur les derniers jours de David. Elle ne jette aucun jour sur la question de savoir si Salomon est revenu à Dieu avant de mourir.
Quarante ans : probablement de 1015 à 975 avant Christ. Salomon n’a pas atteint un âge avancé, puisqu’il avait à peine vingt ans lorsqu’il monta sur le trône (1 Rois 3.7, 1 Rois 3.14).
S’endormit… : voir 1 Rois 2.10.
Roboam. C’est le seul fils de Salomon dont parle le récit biblique ; deux de ses filles sont mentionnées accidentellement, 1 Rois 4.11, 1 Rois 4.15. Salomon ne paraît pas avoir eu beaucoup d’enfants, malgré le grand nombre de ses femmes. Quant à l’âge de Roboam, lors de son avènement et à sa mère, voir 1 Rois 14.21.