Verset à verset Double colonne
Athalie, veuve de Joram et mère d’Achazia, rois de Juda, fille d’Achab et de Jézabel, roi et reine d’Israël, avait pris les rênes du gouvernement en l’absence de son fils, le roi Achazia.
Se leva. Ce terme indique ici une résolution subite, prise avec emportement.
Fit périr… C’étaient ses propres petits-fils, les enfants d’Achazia. Pourquoi ce massacre ? Jéhu avait fait périr toute sa famille au nom de Jéhova ; dans sa fureur elle veut exterminer jusqu’au dernier reste de la famille de David, dont on disait que Jéhova l’avait mise sur le trône et lui avait promis de l’y maintenir à perpétuité. Il s’agissait pour elle de se venger de l’Éternel, en faisant mentir ses promesses. Jusqu’ici cette promesse-là s’était remarquablement réalisée ; tandis qu’en Israël plusieurs dynasties s’étaient rapidement succédé, la famille de David s’était perpétuée en Juda. On a cherché d’autres motifs à ce massacre contre nature ; ils ne soutiennent pas l’examen. Les liens de l’affection maternelle n’étaient rien pour cette femme à côté de la satisfaction impie qu’elle cherchait dans cette vengeance.
Fille du roi Joram : vraisemblablement d’une autre mère qu’Athalie ; celle-ci n’aurait pas autorisé le mariage de sa propre fille avec le grand sacrificateur de Jéhova.
La chambre des lits : un garde-meubles, appartement retiré où l’on pouvait cacher l’enfant. C’était probablement une de ces chambres qui entouraient le temple (1 Rois 6.5 et suivants).
Sur la révolution qui va être racontée, comparez 2 Chroniques 23.1-21. Bien des détails diffèrent dans les deux récits, mais ils se complètent plutôt qu’ils ne se contredisent et ils s’accordent en attribuant la délivrance de Juda au grand sacrificateur Jéhojada.
Envoya chercher les chefs de centaines. D’après les Chroniques, ils étaient au nombre de cinq, ce qui fait monter à cinq cents hommes la troupe armée qui devait agir. Elle se composait des Kéréthiens ou garde royale ordinaire et des coureurs, chargés de porter au loin les ordres royaux. Voir 2 Rois 10.25, note. Il les fit venir, certainement dans le plus grand secret, pour s’assurer de leur fidélité et leur communiquer son plan. D’après les Chroniques ils furent en même temps chargés par lui de sonder les dispositions des Lévites et des chefs de famille israélites dans tout le pays d’Israël et de leur donner rendez-vous à Jérusalem, probablement pour une des grandes fêtes, afin que leur arrivée simultanée n’excitât pas de soupçons.
Leur donna ses ordres. Le plan tracé était celui-ci : Au jour du sabbat, où se changeait, paraît-il, la garde du palais et du temple, la garde montante devait se partager en trois détachements :
Le premier occuperait le local ordinaire de la garde royale ; le second, la porte de Sour ; ce nom, qui ne se retrouve nulle part, vient d’un verbe qui signifie : se retirer, s’écarter et désigne sans doute une des portes de côté du palais royal. Le troisième se posterait à la porte qui se trouve derrière les coureurs, ou, comme il est dit au verset 19, à la porte des coureurs, celle où ceux-ci se trouvaient pour recevoir les ordres. Comme c’est par cette porte que Joas fit son entrée (verset 19), c’était la porte principale du palais, qui était ainsi convenablement gardée.
Pour éloigner : tenir à distance les partisans de la reine, qu’elle aurait pu chercher à grouper autour d’elle pour la défendre.
Voilà l’instruction pour la garde montante ; voici celle de la garde descendante. Les hommes étaient divisés en deux troupes, qui devaient occuper, l’une le côté nord, l’autre le côté sud du temple et se rejoindre sur le devant, près de l’autel des holocaustes (verset 11), de manière à entourer le jeune roi quand il viendrait se placer là sur l’estrade (verset 14). Il paraît d’après les Chroniques que les sacrificateurs et les Lévites, avec le peuple présent, devaient se joindre à cette partie de la garde (2 Chroniques 23.6-7), lorsqu’on sortirait du temple pour se rendre au palais.
Quand il sortira : du temple ; et quand il entrera : dans le palais.
Donna aux chefs de centaines. Probablement ceux qui sortaient de garde, avaient coutume de déposer leurs armes pour les laisser à la garde montante. Mais cette fois-ci ils devaient rester en activité de service et on les arma de la sorte. Les chefs des trois tiers de la garde montante et ceux des deux divisions de la garde descendante étaient sans doute les cinq dont parlent les Chroniques.
Nous avons donné de ce passage l’interprétation qui nous paraît la plus naturelle ; on en a donné d’autres très différentes. Ainsi on a pensé qu’il s’agissait uniquement du temple et de la troupe des Lévites et des sacrificateurs qui y faisaient le service et changeaient à chaque sabbat. Ce sens conviendrait sans doute au récit des Chroniques ; mais il est incompatible avec celui du livre des Rois ; comparez les expressions : chefs de centaines, et : la garde de la maison du roi (verset 5), qui ne peut signifier : la garde du temple du côté de la maison du roi ; enfin la mention des coureurs (verset 11).
L’angle méridional : celui du sud-est.
L’angle septentrional : celui du nord-est. Ils formaient les deux coins de la façade orientale du temple.
Autour du roi. Il devait, lorsqu’il sortirait de sa retraite se trouver entouré par ces deux haies de soldats.
Le témoignage. Pendant qu’on posait le diadème sur sa tête, on remit entre ses mains le Décalogue qui dans Exode 16.34 ; Exode 25.21 est appelé le témoignage ; comparez Deutéronome 17.19, note.
Et du peuple. Il faut comprendre aussi dans cette expression les Lévites, dont il est parlé dans les Chroniques.
Sur l’estrade. Salomon avait fait établir une tribune (2 Chroniques 6.13), qui se trouvait devant l’autel des holocaustes, plus rapprochée du parvis extérieur où le peuple était assemblé. Il est probable que cette espèce de tribune était restée la place ordinaire du roi lorsqu’il assistait aux sacrifices. De là l’expression : son estrade (2 Chroniques 23.13).
Le chemin de l’entrée des chevaux. On entend ordinairement par là le chemin conduisant aux écuries royales ; mais il nous paraît plus probable qu’il s’agit de la route carossable par laquelle les voitures royales montaient du palais au temple. Le chemin direct, qui était l’escalier magnifique dont il a été parlé à l’occasion de la reine de Séba, doit rester intact pour le nouveau roi qui fera par là son entrée dans le palais.
Jéhojada renouvelle par un serment, accompagné sans doute d’un sacrifice, le contrat qui unissait l’Éternel au peuple et à son roi et le contrat subsidiaire qui unissait le peuple au roi, représentant de la souveraineté divine.
Matthan. Comme il périt seul, on peut en conclure que le clergé de Baal n’était pas nombreux en Juda.
La facilité avec laquelle s’opéra cette révolution, prouve que la souveraineté de la maison d’Omri et le culte phénicien n’avaient pas pris racine dans le peuple de Juda.