Verset à verset Double colonne
Fin de son règne : 2 Rois 9.24.
Voir, sur la donnée chronologique de ce verset, 2 Rois 1.17, note.
Fit disparaître. Il n’alla pas jusqu’à la détruire, comme le fit plus tard Jéhu (2 Rois 10.26-27).
Mésa (délivrance).
Roi de Moab : roi tributaire de Joram.
Elevait du bétail : comparez Genèse 42.6. Le pays de Moab, allant de l’Arnon au nord jusqu’au Wadi-el-Ahsa au sud, n’avait pas plus de 50 kilomètres de long sur 35 à 40 de large, mais il était très-fertile (Ésaïe 16.7 et suivants) et les chiffres mentionnés ici ne sont pas exagérés. Ce tribut, auquel Ésaïe 16.1, fait allusion, était annuel.
Comparez 1 Rois 22.4.
Les rois alliés pouvaient attaquer Moab en passant soit par le nord, soit par le sud de la mer Morte. Mais la frontière septentrionale était sans doute la mieux fortifiée. La route du Midi, quoique plus longue, avait pour eux un double avantage, celui de leur offrir une frontière plus ouverte et de leur donner le moyen de s’adjoindre l’armée édomite, car le roi d’Édom était vassal de Josaphat (1 Rois 22.48).
Firent le tour : de la mer Morte.
L’Éternel a appelé… Il est irrité contre nous et a décidé de nous faire périr.
Josaphat sait bien que celui qui a permis le danger, est aussi celui qui peut le conjurer.
L’un des serviteurs. Joram ignore ou feint d’ignorer la présence d’Élisée. L’histoire de Naaman présente un trait tout pareil (2 Rois 5.7) ; voir aussi 2 Rois 1.6.
Qui versait l’eau : service quotidien dont un disciple intime pouvait seul s’acquitter.
Descendirent auprès de lui : ils se donnent la peine d’aller en personne dans sa tente au lieu de le faire chercher.
Les prophètes de ton père : ceux qui servaient les veaux d’or (1 Rois 22.11 et suivants) ; les prophètes de ta mère : ceux qui se rattachaient au culte de Baal et d’Astarté.
Non ! Ce non peut signifier ou bien : En ta qualité de prophète de l’Éternel, détourne plutôt le malheur qui nous menace de sa part. Ou bien (sur un ton plus humble) : Aie du moins égard à mes alliés, contre lesquels tu n’as pas les mêmes motifs de sévir que contre moi. Le verset 14 est plutôt en faveur du second sens.
Devant la face duquel je me tiens. Élisée s’approprie la formule favorite de son maître (1 Rois 17.1).
Il requiert la musique pour disposer son cœur à recevoir la révélation dont il a besoin en ce moment.
Des fosses, non pas pour trouver de l’eau, mais pour retenir celle qui passera par la vallée.
Le prophète s’exalte, sa pensée revêt une forme poétique.
Dieu fait plus que ce que l’homme ose demander (Éphésiens 3.20).
Il y a là une sévérité qui semble prouver que c’était un rendu ; car, en circonstances ordinaires, cela était interdit ; comparez Deutéronome 20.19.
À l’heure où l’on offre l’oblation : comme 1 Rois 18.29 ; 1 Rois 18.36 ; peut-être pour mettre cette délivrance en relation avec le culte du temple.
Les eaux arrivaient d’Édom. L’armée alliée n’était pas encore entrée sur le territoire de Moab ; elle était sur la frontière.
Cette eau était bien une eau de pluie ; mais il faut appuyer sur le mot voir (verset 17) ; elle arriva sans qu’Israël l’eût vue tomber. Le voyageur Richardson, dans son ouvrage sur l’Afrique, raconte ce qui suit : Comme nous étions campés dans le vallon de Tintaghoda, la ville sainte, voici que tout à coup un grand tumulte retentit dans le camp ; il n’était pas occasionné par l’armée des Haghars ou par une nouvelle attaque d’une autre troupe de bandits ; c’était le cri : El Wady Jaï ! Voici le ouadey qui vient ! Je regardai et je vis une vaste et blanche nappe d’écume roulant entre les arbres de la vallée. Dix minutes après, un torrent se précipitait avec violence à travers le vallon et, nous enveloppant de toutes parts, convertissait en île le lieu de notre campement. Le courant, dans sa partie la plus profonde, était assez impétueux pour entraîner nos bestiaux et déraciner des arbres… On avait remarqué que des pluies abondantes étaient tombées dans le sud… Il est connu que le même phénomène se produit parfois au Maroc pendant la saison pluvieuse. Cité d’après Lanoye, Le Niger, page 499.
Un voyageur moderne rapporte un fait tout semblable qui eut lieu dans le voisinage d’En-Guédi et par lequel il fut tout à coup chassé de son campement.
Comme le soleil brillait sur les eaux. Elles remplissaient les fosses pratiquées la veille. L’illusion d’optique des Moabites se comprend d’autant mieux qu’ils ne pouvaient raisonnablement pas soupçonner, dans ce temps de sécheresse, la présence de l’eau dans cette vallée. Et quant aux dissensions qu’ils soupçonnent dans l’armée alliée, ils avaient de bonnes raisons pour y croire (2 Chroniques 20.22-23).
En descendant dans la vallée, Moab perd l’avantage de sa forte position.
Sur ce traitement du pays ennemi, voir au verset 19, note.
Kir-Haréseth : la ville forte des briques. Voir sur cette forteresse Ésaïe 15.1, note. Kérak est située dans une contrée tout à fait alpestre, à 920 mètres au-dessus du niveau de la mer. De tous côtés, des gorges profondes, des précipices taillés à pic dans le basalte. Le Wadi Kérak offre une fissure de 520 mètres de profondeur. Il doit y avoir eu là, dès les plus anciens temps, une forteresse dont la place est tout naturellement indiquée. La plateforme sur laquelle s’élève Kérak et qui offre la figure d’un triangle d’environ 800 mètres sur chacune de ses faces, ne peut être abordée que par deux sentiers en zigzag, l’un à l’ouest et l’autre au nord-est. Cependant elle est entourée de collines plus hautes encore, qui la commandent et sur lesquelles probablement se postèrent les frondeurs israélites dont parle la fin de notre verset.
Jusqu’au roi d’Édom : peut-être le plus faible des rois alliés ou celui d’entre eux dont la fidélité à la cause commune paraissait la plus douteuse. Cette sortie ayant échoué, Mésa, désespéré, a recours à un moyen suprême et terrible.
Son fils premier-né. Par ce sacrifice sanglant, fait à Camos, non pas dans son temple, mais sur le mur de la ville, afin que ses ennemis eux-mêmes pussent le contempler, il voulait sans doute remplir les assiégeants d’une terreur mystérieuse. La divinité devait prendre fait et cause en mains pour lui après l’offrande d’une pareille victime. Et il semble que ce fut réellement un effroi de cette nature qui s’empara d’Israël à la suite de cet acte, une sorte de terreur panique. L’expression hébraïque signifie proprement : Une grande colère fut sur Israël. Le sens le plus naturel nous parait être : une crainte superstitieuse de la colère divine qui les menaçait comme auteurs indirects d’un pareil forfait. Plutôt que de donner l’assaut en de telles circonstances, ils levèrent le siège spontanément.
Notre chapitre a pris, dans ces derniers temps, une importance toute spéciale par la découverte de la fameuse stèle de Mésa, dans laquelle ce roi lui-même raconte ses exploits et ses victoires (Ésaïe 15.2, note). C’est un bloc monolithe de basalte noir, cintré dans sa partie supérieure, de 113 cm de hauteur et de 70 cm de largeur, sur une épaisseur de 35 cm. Il porte sur l’une de ses faces une inscription de 34 lignes en une langue parente de l’hébreu. En 1864, le missionnaire alsacien Klein la signala dans les ruines de Dibon, aujourd’hui Dibân (Nombres 21.30), à une heure et demie environ au nord de l’Arnon. Malheureusement les contestations entre les Allemands et les Français qui voulaient les uns et les autres se l’approprier, attirèrent sur cette pierre l’attention des Bédouins, qui la firent sauter en la chauffant au feu et en l’arrosant ensuite d’eau froide. Grâce aux efforts de M. Clermont-Ganneau, alors drogman-chancelier du consulat de France à Jérusalem, qui avait fait prendre un moulage en papier de l’inscription et qui en recueillit plus de vingt morceaux, cette stèle a pu être en grande partie reconstituée. Elle se trouve au musée du Louvre. En voici le texte :
Je suis Mésa, fils de Camosgad, roi de Moab, le Dibonite. Mon père a régné sur Moab trente ans et moi j’ai régné après mon père. Et j’ai fait ce bâma (haut-lieu) pour Camos, à Korcha, en souvenir de ma délivrance ; car il m’a sauvé de tous les agresseurs et m’a permis de regarder avec dédain tous mes ennemis. Omri était roi d’Israël et il opprima Moab des jours nombreux, parce que Camos était irrité contre sa terre. Et son fils lui succéda et il dit, lui aussi : J’opprimerai Moab en mes jours, je lui commanderai et je le verrai à mes pieds, lui et sa maison. Et Israël a péri, péri pour toujours. Et Omri s’était emparé de la terre de Médeba et y avait habité, lui et son fils. Et les jours de son fils, quarante ans. Et Camos l’a fait périr ou reprise de mon temps. El j’ai bâti (relevé) Baal-Méon et j’y ai fait des puits, ou piscines, et j’ai bâti Kiriathaïm. Et les hommes de Gad habitaient dans la terre d’Ataroth depuis longtemps et le roi d’Israël leur avait bâti Ataroth. Et j’attaquai la ville et je la pris et je tuai tous les hommes de la ville, en spectacle à Camos et à Moab. Et j’emportai de là l’Ariel de Davdo et je le plaçai par terre devant Camos à Karioth. Et j’y fis habiter les hommes de Saron et les hommes de Maharouth, ou Makarat. Et Camos me dit : Va ! Prends Nébo sur Israël. Et j’allai de nuit et je combattis contre la ville depuis le lever de l’aube jusqu’à midi et je la pris et je tuai tout, sept mille hommes et leurs femmes. Et je laissai vivre les filles et les esclaves, parce que je les vouai à Astoreth-Camos. Et je pris de là les vases de Jéhova et je les plaçai à terre devant Camos. Et le roi d’Israël avait bâti Yasa (Jahats) et y habitait quand il combattit contre moi. Et Camos le chassa de devant sa face. Et je pris de Moab deux cents hommes, toute sa tête (ce qu’il avait de meilleur), et je les fis marcher contre Yasa et je la pris pour ajouter à Dibon. J’ai bâti Korcha, le mur des forêts et le mur de la colline. J’ai bâti ses portes et j’ai bâti ses tours et j’ai bâti la maison du roi et j’ai construit les prisons des hommes liés ou bien : les réservoirs d’eau au milieu de la ville. Et il n’y avait pas de puits au milieu de la ville dans Korcha et j’ai dit à tout le peuple : Faites-vous une citerne chacun dans sa maison ! Et j’ai creusé des conduits d’eau pour Korcha, avec des captifs d’Israël. J’ai bâti Aroër et j’ai fait la route de l’Arnon. J’ai bâti Beth-Bamoth qui était en ruines. J’ai bâti Bosor qui était… Dibon… cinquante, parce que tout Dibon m’obéit. Et j’ai rempli le nombre de cent avec les villes que j’ai ajoutées à ta terre de Moab. Et j’ai bâti… et Beth-Diblathaïm et Beth-Baal-Méon et j’ai porté là les… la terre. Et Horonaïm, où résidait… Et Camos me dit : Descends et combats contre Horonaïm ! Et je… Camos, dans mes jours… a fait… Et je…
Cette inscription ne renferme aucune allusion aux faits rapportés dans notre chapitre ; il est possible que cette stèle ait été élevée un peu antérieurement à eux. Mais elle n’en est pas moins d’une importance considérable. Les noms de rois et de villes qu’elle renferme se trouvent presque tous dans l’Ancien Testament (voyez pour ces dernières : Baal-Méon, Nombres 32.38 ; Kiriathaïm, Nombres 32.37 ; Ataroth, Nombres 32.34 ; Nébo, Nombres 32.38 ; Jahats, Josué 13.18 ; Aroër, Josué 12.2 ; Dibon, Nombres 32.3 ; Médeba, Nombres 21.30 ; Bosor, 1 Maccabées 5.26) ; puis elle jette un jour intéressant sur la vie religieuse des Moabites, le respect qu’ils avaient pour leur dieu Camos et les oracles qu’ils pensaient recevoir de lui ; enfin sur la haine profonde qu’ils nourrissaient contre Israël.
On voit aussi par le récit de Mésa que Moab s’était relevé des coups que David (2 Samuel 8.2 ; 2 Samuel 8.12) lui avait portés et qu’à un moment donné, entre la conquête par David et l’avènement d’Omri, il était redevenu un État indépendant ; qu’Omri reconquit ce pays, le rendit vassal du royaume du nord et que cet état de choses dura jusque sous Achazia ; qu’alors Moab recouvra son indépendance par une guerre dans laquelle Mésa reprit successivement aux Israélites toute une série de villes qui avaient précédemment appartenu aux tribus de Ruben et de Gad, telles que Baal-Méon, Kiriathaïm, Ataroth, Nébo, Jahats (Ésaïe 15.4 mentionne Jahats comme une ville moabite) ; que le nom de Jéhova était familier aux Moabites comme celui du Dieu des Israélites et qu’il y avait un sanctuaire de Jéhova à Nébo, en Pérée, avec des vases consacrés au service de l’Éternel.