Verset à verset Double colonne
Après l’onction d’Hazaël, il restait à Élisée une autre mission importante à remplir, dont Élie lui avait légué l’accomplissement (1 Rois 19.16). Pour comprendre ce récit, il faut se rappeler qu’un châtiment planait sur la maison d’Achab et de Jézabel et que le temps de l’exécution était arrivé. Élisée vit probablement dans le retour de Joram et d’Achazia à Jizréel le signe que l’heure du châtiment divin avait sonné.
Fiole d’huile : 1 Samuel 10.1.
Ramoth était, non pas occupée par les Syriens et assiégée par l’armée Israélite, mais au contraire défendue par celle-ci contre les Syriens ; voir au verset 15.
Jéhu : c’est l’Éternel !
Fils de Josaphat, fils de Nimschi. Dans 1 Rois 19.16, il est appelé fils de Nimschi, du nom de l’un de ses aïeux qui était plus célèbre que les autres. Ce roi est mentionné dans les inscriptions assyriennes sous le nom de Ja-u-a, fils de Hu-um-ri. Il était si peu fils d’Omri qu’il détruisit au contraire sa famille ; mais le règne d’Omri avait été si brillant et son nom comme fondateur de la dynastie était si connu à l’étranger, que ses successeurs sont en général désignés par erreur comme ses descendants. Plusieurs inscriptions parlent aussi du royaume du nord comme du pays de la maison d’Omri (Mat-beth-Humri) et le font figurer dans la liste des pays tributaires de Rammidamar, roi d’Assyrie. On en retrouve encore la mention dans les annales de Tiglath-Piléser et les inscriptions de Sargon, roi de Ninive. Dans l’inscription de l’obélisque de Nimroud, au-dessus d’un bas-relief représentant des gens qui apportent un tribut au grand roi, on lit : Tribut de Jéhu, fils d’Omri. Ce tribut consiste en lingots d’argent et d’or, en une coupe d’or, une cuiller d’or, des gobelets d’or, des poches d’or, des lingots de plomb, un bâton pour la main du roi, des lances, avec ces mots : Voilà ce que j’ai reçu. Salmanasar raconte que, dans la dix-huitième année de son règne, il fit de Jéhu son tributaire, à l’occasion d’une campagne contre Hazaël de Damas. La popularité de Jéhu, comme général, son énergie et sa violence, enfin sa haine du culte de Baal, le rendaient propre à devenir l’instrument des jugements de Dieu sur la famille d’Achab.
De ses frères : les autres capitaines, ses compagnons d’armes, que le serviteur d’Élisée devait trouver assemblés avec Jéhu dans la maison où se tenait le conseil.
Dans la chambre la plus reculée : de la cour où les chefs se tenaient réunis, dans un des appartements intérieurs.
Tu t’enfuiras : pour laisser à Jéhu le soin d’expliquer lui-même aux chefs ce qui se passe et peut-être donner le moins de publicité possible à la participation d’Élisée.
Et Jéhu dit. Avant de se mettre en avant, Jéhu, par égard pour ses compagnons, lui fait répéter l’appel.
Le sang de tous les serviteurs de l’Éternel. C’est ici une allusion à un fait que l’histoire n’a pas raconté : la persécution non seulement contre les prophètes, mais encore contre les simples Israélites fidèles à Jéhova. Cela explique la parole d’Élie 1 Rois 19.10, qui sans cela aurait été une exagération trop manifeste.
Il ne doit rester en Israël aucun descendant d’Achab.
L’homme et sa manie, littéralement : l’homme et sa méditation. Il le présente comme un homme étrange, distrait, un songe-creux, dont les démarches n’ont pas d’importance et par là cherche à éviter de nouvelles questions.
Les chefs comprennent que ce n’est là qu’un faux-fuyant : Il y a quelque chose là-dessous ; dis-nous quoi ! Jéhu ne demandait sans doute pas mieux que d’être forcé à tout dire.
Le mécontentement contre la maison d’Achab était si vif et la popularité de Jéhu si grande, qu’ils donnent aussitôt le signal de la révolution. Ils élèvent une sorte de trône sur les degrés. La maison où les chefs étaient rassemblés était probablement celle où demeurait le roi quand il était à Ramoth. Elle avait un perron avec des degrés descendant sur la place, de sorte que cette proclamation de Jéhu comme roi eut lieu en public.
La trompette. Comparez 2 Samuel 15.10 ; 1 Rois 1.34.
Forma une ligue. On ne peut accuser Jéhu d’avoir fomenté d’avance une révolution, comme l’avaient fait Baésa et Zimri. Tout ceci est le résultat de l’onction du prophète, qui lui-même n’avait fait qu’obéir à l’injonction divine, comme dans le cas d’Hazaël. Dieu voulait détruire la dynastie d’Omri, comme il l’avait annoncé à Achab.
Jéhu se montre ici énergique, décidé, prompt à agir.
Il y a environ 60 kilmètres de Ramoth à Jizréel.
Ce détail, ainsi que le début du verset 15, avait déjà été donné 2 Rois 8.28-29 pour expliquer le motif qui avait fait choisir ce moment à Élisée. Il est répété maintenant pour motiver le départ de Jéhu.
Descendu : de Ramoth où il était à l’armée avec Joram.
Sur la tour, qui s’élevait probablement au-dessus du palais et d’où l’on pouvait communiquer directement avec l’intérieur de celui-ci.
Y a-t-il paix ? Soupçonne-t-il ce qui se passe, ou veut-il dire simplement : Apportes-tu de bonnes ou de mauvaises nouvelles ?
Passe derrière moi. Jéhu ne veut pas qu’il aille porter l’alarme dans la ville.
Car il conduit… Jéhu était connu pour son énergie et son impétuosité.
Ainsi qu’Achazia. Les deux rois étaient chacun sur son char.
Le champ qui était échu à Naboth. Cette rencontre, en apparence fortuite, en cet endroit, préparait l’accomplissement littéral de la menace d’Élie (verset 26).
Les prostitutions : l’idolâtrie, comme le montre le terme suivant d’enchantements. La divination faisait partie intégrante des cultes païens.
Cette réponse de Jéhu ouvre les yeux du roi. Jézabel était la principale coupable ; mais Joram, après avoir commencé à lutter contre sa pernicieuse influence, n’avait pas eu l’énergie de pousser jusqu’au bout la réforme (2 Rois 3.2).
Le sang de ses fils. Le meurtre des fils de Naboth n’est mentionné ni dans le récit du meurtre de Naboth (1 Rois 21.11-16), ni dans la menace de l’Éternel (versets 19 à 22). Mais il y était sous-entendu ; car si les fils eussent vécu, ils auraient hérité du champ de leur père et le but de la reine n’eût pas été atteint. Le champ de Naboth n’avait pas non plus été mentionné dans la menace comme le lieu où le châtiment s’accomplirait. Cette coïncidence ne fait que de rendre plus frappante la relation entre le crime et la punition.
On voit par tout ce passage que Jéhu avait assisté à la rencontre d’Achab et d’Élie et quelle profonde impression avait faite sur lui la malédiction prononcée par ce dernier.
Ils le frappèrent. Ces mots manquent dans le texte hébreu, soit par négligence, soit comme devant être suppléés d’après les paroles de Jéhu.
Le meurtre d’Achazia dépassait l’ordre divin d’après lequel Jéhu agissait ici envers Joram. À peine devenait-il excusable par le fait qu’Achazia avait épousé la sœur de Joram, fille d’Achab et appartenait ainsi par alliance à la descendance d’Omri.
Gur, inconnu.
Jibléam. Ce nom désigne-t-il ici le même endroit que Josué 17.11, comme nous l’avons admis à cet endroit ? Cela peut paraître douteux.
Méguiddo, à l’ouest de Jizréel, ville fortifiée où Achazia avait espéré trouver un plus sûr refuge.
Le livre des Chroniques raconte assez différemment la mort d’Achazia (2 Chroniques 22.8-9). Voir à ce passage.
La onzième année. Il est dit, dans notre livre même (2 Rois 8.25), que ce fut la douzième année. Cette différence peut tenir à la manière différente de compter la durée du règne des rois que nous avons exposée plus haut.
Du fard à ses yeux. Le fard était une poudre noire, composée d’antimoine et de zinc, etc., dont on faisait quelquefois une pâte en la mélangeant d’huile. Les femmes de l’Orient s’en peignent, encore aujourd’hui, les sourcils et les paupières, de manière à faire paraître leurs yeux plus grands et plus foncés qu’ils ne le sont. Le but de Jézabel n’était point de séduire Jéhu par ses charmes, puisqu’elle était alors grand-mère d’Achazia (âgé de vingt-trois ans au moins, 2 Rois 8.26) ; elle veut mourir en reine et son attitude à cette fenêtre est un défi.
En l’appelant Zimri (1 Rois 15.8 et suivants), elle veut lui rappeler la fin prompte et tragique de ceux qui assassinent leurs maîtres. L’attitude si fière de cette reine, qui reste courageuse et menaçante devant la mort, donne une idée de l’énergie de cette Sidonienne et permet de comprendre la fascination et l’influence qu’elle a exercées sur les faibles rois Achab, Achazia et Joram.
Qui tient pour moi ? Qui ? Seule réponse de Jéhu au défi de la reine. Il s’adresse aux eunuques de celle-ci, qui étaient aux fenêtres du palais et témoignaient de leur joie à la vue de cette révolution.
Le rapport des envoyés de Jéhu lui rappelle la malédiction prononcée par Élie contre Jézabel (1 Rois 21.23), qu’il cite de mémoire.
Dans le territoire. Voir 1 Rois 21.23. Le palais royal, des fenêtres duquel elle avait été précipitée, était sans doute attenant au rempart.
Cette lugubre oraison funèbre peut fort bien n’être que la continuation de la citation des paroles d’Élie, incomplètement rapportées dans 1 Rois 21.23.