Verset à verset Double colonne
Ce livre nous montre d’abord David obtenant la royauté sur Juda pendant son séjour à Hébron (chapitres 1 à 4), puis son règne s’étendant sur tout Israël et son pouvoir arrivé à son apogée (chapitres 5 à 9). Nous y voyons ensuite les chutes par lesquelles ce grand roi s’attire les châtiments divins (chapitres 10 à 20). Enfin suivent une série de suppléments (chapitres 21 à 24). On voit de nouveau dans ce récit combien peu l’historiographie israélite cherche à idéaliser les héros de la théocratie et avec quelle franchise elle met en plein jour leurs fautes les plus graves.
Nous trouvons ici un second récit de la mort de Saül. Le premier avait été présenté objectivement comme celui de l’auteur lui-même ; le second est mis dans la bouche d’un jeune homme qui cherche évidemment son intérêt dans le rôle qu’il s’attribue, en contradiction avec le premier récit. On ne peut donc douter que les différences entre le second récit et le premier ne doivent être mises sur le compte du jeune Amalékite qui espérait être richement récompensé.
Le troisième jour : non après la bataille, mais après le retour de David à Tsiklag, à la suite de son expédition contre les Amalékites du désert.
Sauvé du camp d’Israël : non sans doute qu’il fût là comme soldat ; il rôdait sur la montagne de Guilboa, observant de loin le combat. Ce fut ainsi qu’il se trouva tout à coup dans le voisinage de Saül qui fuyait devant les archers et qui avait déjà reçu un coup de flèche.
Appuyé sur sa lance. Le sens n’est pas que Saül cherche à se tuer en s’appuyant sur son épée (d’après 1 Samuel 31.4). Blessé, Saül avait besoin d’un appui.
La cuirasse me serre : Je ne puis donc m’achever moi-même et il me reste assez de force pour craindre de tomber vivant entre les mains des ennemis. Le terme employé ici pour cuirasse ne désigne pas une cuirasse de métal, mais, paraît-il, une étoffe très forte préparée de manière à devenir impénétrable. D’autres traduisent ce mot par la crampe ou le vertige.
Après être tombé : Je savais qu’en tout cas il ne survivrait pas à sa défaite : il valait donc mieux abréger son agonie.
Diadème. Ce mot ne désigne pas une couronne de métal, mais un bandeau d’étoffe blanche ou voyante, orné peut-être d’une plaque de métal comme celle du souverain sacrificateur.
Il apporte ce diadème, ainsi que le bracelet de Saül, comme gages de sa véracité et dans l’espoir de recevoir de David une récompense pour avoir tué son persécuteur.
David mène deuil sur les tués, d’une part comme membres du peuple élu de Dieu (le peuple de l’Éternel), et, de l’autre, comme ses propres compatriotes (la maison d’Israël).
David ne juge pas nécessaire de se livrer à une enquête plus approfondie sur la véracité du jeune homme. Il suffit qu’il se soit attribué, lui étranger, l’accomplissement d’un acte devant lequel avaient maintes fois reculé l’écuyer de Saül et David lui-même, pour qu’il porte la responsabilité de cet acte. David agit ici en souverain d’Israël ; il l’est en effet depuis la mort de Saül.
Ce chant a certainement été composé sous l’impression immédiate de la nouvelle que David venait de recevoir. Si la vivacité du ton ne le disait pas, on devrait le conclure de cette exclamation (verset 20) : Ne l’allez pas dire à Gath…, qui montre que David était en ce moment dans le voisinage de cette ville philistine, d’où il redoutait d’entendre s’élever les cris de triomphe.
Ce chant devait être enseigné aux fils de Juda ; ce furent les seuls Israélites sur lesquels David eût autorité dans les commencements de son règne. D’après le commencement du verset 18, il était d’usage de faire apprendre par cœur aux jeunes Israélites des chants, poétiques qui rappelaient quelque évènement marquant (Deutéronome 31.19). Le nom de l’arc, c’est-dire chant de l’arc, fait allusion au verset 22. Destiné à perpétuer le souvenir de Jonathan comme archer distingué, il accompagnait sans doute les exercices des jeunes Israélites dans le maniement de cette arme. L’auteur a tiré cette complainte du recueil poétique appelé le livre du Juste, sur lequel voir à Josué 10.13.
Ce cantique se divise en trois strophes :
Ton élite : non pas Saül et Jonathan, auxquels il ne vient que plus tard, mais tous les braves Israélites qui ont succombé avec eux.
Gath : la ville philistine la plus rapprochée du territoire d’Israël ; Askalon, autre ville principale des ennemis d’Israël.
Par une tournure poétique il rend la colline de Guilboa, jusqu’ici fertile, responsable du désastre dont elle a été le théâtre et il la voue à la stérilité.
Champs d’offrandes : champs où l’on recueille les moissons desquelles on tire les prémices pour les offrandes.
Qui n’est plus oint d’huile : qui est maintenant souillé de sang et de poussière et ne sera plus poli et rendu brillant pour d’autres batailles (verset 27 : Comment les armes, de guerre sont-elles perdues ?). Ces mots sur le bouclier de Saül font la transition à la seconde strophe.
David ne relève dans le caractère, de Saül que ses belles qualités naturelles.
Allusion au riche butin que les victoires de Saül procuraient à son peuple.
Les deux dernières strophes se terminent par un cri de douleur semblable à celui par lequel tout le cantique a commencé.
Sur tes hauteurs : voir verset 19. Après avoir donné essor en commençant à sa douleur patriotique, puis à son attachement pour Saül, David termine par ce qui lui tenait le plus à cœur, le lien étroit qui l’unissait à Jonathan. L’intensité extraordinaire de l’amitié de Jonathan surpassait les ardeurs de la passion de la femme pour celui qu’elle aime. David avait senti l’héroïque désintéressement de l’amitié que Jonathan lui avait si soudainement vouée et si fidèlement gardée.