1 Et Ahithophel dit à Absalom : Laisse-moi choisir douze mille hommes ! Et je me lèverai et je poursuivrai David cette nuit,
Et Ahithophel dit. Ce second conseil était le meilleur possible dans l’intérêt d’Absalom. Il fallait frapper David avant que ceux qui tenaient pour lui eussent eu le temps de se reconnaître.
2 et j’arriverai sur lui tandis qu’il est fatigué et que ses mains sont affaiblies ; et je l’épouvanterai, et tout le peuple qui est avec lui s’enfuira ; je frapperai le roi seul ; 3 et je ramènerai à toi tout le peuple ; l’homme que tu cherches vaut le retour de tous ; tout le peuple sera en paix.
L’homme que tu cherches : le roi. Tenir David, c’est autant qu’avoir pour soi tout le peuple.
Le retour. Ce mot fait entendre que tous ceux qui ne reconnaissent pas Absalom sont déjà en état de rébellion.
4 Et cette parole plut à Absalom et à tous les Anciens d’Israël. 5 Et Absalom dit : Appelle encore Chusaï l’Archite, et nous entendrons aussi ce qu’il a à dire.
Chusaï ne faisait donc pas encore partie du conseil intime.
6 Et Chusaï vint vers Absalom et Absalom lui dit : Voici comment a parlé Abithophel. Ferons-nous ce qu’il a dit ? Sinon, parle, toi ! 7 Et Chusaï dit à Absalom : Pour cette fois le conseil qu’a donné Ahithophel n’est pas bon. 8 Et Chusaï dit : Tu connais ton père et ses hommes comme des braves, et ils sont exaspérés comme est une ourse privée de ses petits dans la campagne. Et ton père est un homme de guerre, et il ne passera pas la nuit avec le peuple.
Chusaï veut gagner du temps pour sauver David ; il allègue contre le conseil d’Ahithophel trois motifs : l’extrême irritation et la bravoure désespérée que déploieront les compagnons de David ; la probabilité que David échappera dans la nuit parce qu’il se tiendra à l’écart de sa troupe et l’effet déplorable que ne manquerait pas de produire le moindre échec au début de la campagne. On remarquera le ton d’emphase intentionnel qui règne dans tout ce discours.
On a traduit aussi : Il ne fera pas reposer le peuple.
9 Voici, il est maintenant caché dans quelque fosse où dans quelque autre lieu ; et il arrivera que si dès le commencement il en tombe quelques-uns, le bruit s’en répandra et l’on dira : Il y a une déroute dans le peuple qui suit Absalom. 10 Alors, même le plus brave, au cœur de lion, perdra tout courage ; car tout Israël sait que ton père est un homme vaillant et que des braves l’accompagnent. 11 C’est pourquoi je conseille que tout Israël se rassemble vers toi, depuis Dan jusqu’à Béerséba, nombreux comme le sable qui est au bord de la mer ; et tu marcheras en personne au combat. 12 Et nous l’atteindrons dans quelque lieu qu’il se trouve, et nous tomberons sur lui comme la rosée tombe sur le sol ; et de lui et de tous les hommes qui sont avec lui il n’en restera pas un seul. 13 Et s’il se retire dans une ville, tout Israël apportera des cordes vers cette ville, et nous la traînerons jusqu’au torrent, de telle sorte qu’on n’y trouve plus même une pierre.
Des cordes. Étrange hyperbole ! Il représente les tours et les murailles de la ville prise, abattues comme des arbres au moyen de cordes.
14 Et Absalom et tous les hommes d’Israël dirent : Le conseil de Chusaï l’Archite est meilleur que le conseil d’Ahithophel. Et l’Éternel avait décidé de faire rejeter le bon conseil d’Ahithophel afin de faire venir le mal sur Absalom. 15 Et Chusaï dit à Tsadok et à Abiathar, les sacrificateurs : Ahithophel, a conseillé telle et telle chose à Absalom et aux Anciens d’Israël, et moi, j’ai conseillé telle et telle chose.
Conformément à l’arrangement pris 2 Samuel 15.36, Chusaï fait avertir David, car il
n’était pas sûr que l’on ne revînt pas au conseil d’Ahithophel (verset 21).
16 Et maintenant envoyez en hâte et faites dire à David : Ne passe point la nuit près des gués du désert, mais passe au-delà, de peur qu’il n’y ait un désastre pour le roi et pour tout le peuple qui est avec lui. 17 Et Jonathan et Ahimaats se tenaient à En-Roguel, et la servante alla les informer ; eux-mêmes allèrent donner avis au roi David. Car ils n’osaient paraître dans la ville.
Voir 2 Samuel 15.24-29.
En-Roguel. Comparez Josué 15.7, note. Ils restaient en dehors de la ville, afin de pouvoir partir plus aisément sans être aperçus.
18 Et un jeune homme les vit et le rapporta à Absalom. Et eux deux partirent en hâte et arrivèrent à la maison d’un homme de Bahurim, qui avait un puits dans sa cour, et ils y descendirent.
Bahurim. Voir 2 Samuel 16.5 et 2 Samuel 3.16, note.
Un puits : se voyant poursuivis, ils se cachent en arrivant.
19 Et la femme prit sa couverture et l’étendit sur l’ouverture du puits, et elle y répandit du grain pilé, en sorte qu’on ne remarquait rien. 20 Et les serviteurs d’Absalom vinrent chez la femme dans la maison et dirent : Où sont Ahimaats et Jonathan ? Et la femme leur répondit : Ils ont passé le ruisseau. Et ils cherchèrent, et ne les trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem.
Le ruisseau : celui qu’on voyait là, du côté de la vallée du Jourdain.
21 Et quand ils furent partis, ils remontèrent du puits et allèrent informer le roi David, et ils dirent à David : Levez-vous et hâtez-vous de passer l’eau, car voilà le conseil qu’Ahithophel a donné contre vous. 22 Et David et tout le peuple qui était avec lui se levèrent et passèrent le Jourdain ; au point du jour il ne s’en trouvait pas un seul qui n’eût passé le Jourdain. 23 Et quand Ahithophel vit que son conseil n’était pas suivi, il sella son âne et se leva pour s’en aller chez lui dans sa ville, et il donna ses ordres à sa maison et s’étrangla ; et il mourut et fut enterré dans le sépulcre de son père.
S’étrangla : par orgueil blessé et par désespoir, car le rejet de son conseil lui faisait prévoir l’insuccès de l’entreprise à laquelle il avait pris une si grande part.
24 Et David arriva à Mahanaïm ; et Absalom passa le Jourdain, lui et tous les hommes d’Israël qui étaient avec lui.
Mahanaïm : en Galaad ; voir 2 Samuel 2.8 ; Josué 21.38.
25 Et Absalom avait mis Amasa à la tête de l’armée, à la place de Joab. Amasa était fils d’un homme nommé Jithra, l’Israélite, qui était allé vers Abigal, fille de Nahas, sœur de Tséruja, mère de Joab.
L’Israélite : d’après 1 Chroniques 2.17 il y a ici une erreur de copiste ; il faut lire : l’Ismaélite.
Abigal, fille de Nahas. Tséruja était sœur de David. Abigal, sœur de Tséruja, devait donc être aussi sœur de David. Et pourtant elle est appelée fille de Nahas, tandis que le père de David était Isaï. Ces deux sœurs de David devaient donc être nées d’un premier mariage de leur mère avec un homme nommé Nahas. Amasa, étant le fils illégitime d’Abigal, était neveu illégitime de David.
26 Et Israël et Absalom campèrent dans la terre de Galaad. 27 Et comme David arrivait à Mahanaïm, Sobi, fils de Nahas, de Rabba, des fils d’Ammon, et Makir, fils d’Ammiel, de Lodébar, et Barzillaï, le Galaadite, de Roguélim,
Ce Nahas, Ammonite, n’a rien de commun avec le Nahas du verset 25.
Makir était l’homme qui avait recueilli Méphiboseth avant que David le fit venir à Jérusalem (2 Samuel 9.4).
Lodébar : voir 2 Samuel 9.4-5.
Roguélim : localité inconnue, en Galaad.
28 apportèrent des couvertures, des bassins, des vases de terre, du froment, de l’orge, de la farine, du grain rôti, des fèves, des lentilles et du grain rôti,
Du grain rôti. Ce terme, répété, à la fin du verset, doit l’avoir été par une erreur de copiste, à moins qu’on ne l’applique la seconde fois à une autre espèce de grain telle que les fèves ou les lentilles dont il vient d’être parlé après le froment.
29 du miel, de la crème, des brebis et des fromages de vache, pour David et le peuple qui était avec lui, afin qu’ils mangeassent, car ils disaient : Le peuple est affamé et fatigué et altéré dans le désert.
Des fromages de vache, en opposition au fromage de chèvre, le plus commun en Orient.