Verset à verset Double colonne
Ce chapitre est, comme les précédents, en dehors de tout ordre chronologique ; voir 2 Samuel 7.1. L’expression après cela, par laquelle il s’ouvre, ne prouve point le contraire ; c’est une simple formule de transition. En effet le chapitre 10, qui raconte en détail la guerre contre les Ammonites indiquée sommairement dans notre chapitre, s’ouvre par la même indication.
Les Philistins. Ce verset comprend les deux victoires racontées chapitre 5 et sans doute d’autres expéditions plus décisives.
La suprématie. Le mot hébreu signifie proprement le frein de la mère. Plusieurs y ont vu un terme géographique. D’autres l’ont entendu de la puissance qu’avait exercée la ville de Gath, comme métropole, sur les autres villes de la Philistie (1 Chroniques 18.1) et qui a dès lors appartenu à Jérusalem. Il nous paraît plus probable que cette expression se rapporte à la domination que les Philistins avaient exercée jusqu’au temps de Saül sur Israël.
Les Moabites. Il résulte de ce qui est dit ici que David fit périr les deux tiers des prisonniers moabites. Nous ne savons ce qui motiva un traitement aussi cruel, qui étonne d’autant plus que David avait été précédemment en excellents rapports avec ce peuple (1 Samuel 22.3). Quelque offense grave que nous ignorons doit avoir provoqué ce châtiment. Les rabbins ont supposé que les parents de David avaient été massacrés en Moab ; mais ce fait n’aurait-il pas été mentionné ? On pourrait plutôt penser à une insulte pareille à celle dont se rendirent coupables les Ammonites (2 Samuel 10.4).
Hadadézer : Secours de Hadad (Hadad était le nom du dieu du soleil). Dans 2 Samuel 10.16 et 1 Chroniques 18.3, le même roi est appelé Hadarézer : secours de la Majesté.
Tsoba. Ville inconnue, située dans la contrée du Liban, d’après 1 Chroniques 18.8.
Lorsqu’il était en chemin. Le pronom il ne peut se rapporter qu’à Hadadézer, car David n’avait jamais étendu sa domination précédemment sur l’Euphrate ; il ne pouvait penser à l’étendre jusqu’à ce fleuve qu’après la soumission des rois syriens.
1 Chroniques 18.1 indique des chiffres un peu différents. Voir à ce passage.
Sur l’emploi du butin remporté par David, voir verset 11 et 1 Chroniques 18.8. David avait en vue la construction du temple par son fils.
Bétach : confiance : une ville forte située probablement au nord-est de Damas.
Bérothaï : les puits : ville de la Célésyrie ; Ézéchiel 47.16.
Ramath, sur l’Oronte ; une des principales villes de la Célésyrie ; voir Ésaïe 10.9, note.
Ce roi recherche l’amitié de David en lui envoyant une ambassade, à la tête de laquelle est son propre fils et de riches présents.
Joram. Ce nom purement juif est probablement une corruption de celui d’Hadoram qui est donné à ce prince dans 1 Chroniques 18.10 et qui se retrouve dans des listes de noms arabes.
Continuellement en guerre. Ces deux rois étaient voisins d’après 1 Chroniques 18.12 : Tsoba vers Hamath.
Les consacra : en les déposant dans le trésor du Tabernacle que David amassait en vue de la construction du temple.
Voir, sur la légère différence de cette énumération avec celle des Chroniques, à 1 Chroniques 18.12.
L’expression aux Syriens comprend d’autres peuplades que les Syriens de Tsoba, nommés ensuite, par exemple, les Syriens de Damas (verset 5).
Ainsi que pour le butin d’Hadadézer. Ces mots suppléent à ce qui n’avait pas été dit au verset 8 du butin d’Hadadézer.
Ce peuple avait sans doute profité du moment ou David était occupé dans le nord pour faire irruption dans le midi du pays.
Se fit un nom : augmenta sa réputation.
Vallée du Sel : le Gor, au sud de la mer Morte. Les mots entre crochets manquent dans le texte hébreu, sans doute par une erreur de copiste.
Ce passage doit être complété par trois autres qui se rapportent à la même situation :
Toutes ces données peuvent peut-être s’harmoniser de la manière suivante : David apprenant l’invasion des Édomites accourut au secours de son peuple avec Abisaï et une partie de l’armée, laissant Joab dans le nord avec l’autre partie. Il remporta avec le secours d’Abisaï la grande victoire de la vallée du Sel et revint à Jérusalem pendant qu’Abisaï continuait la campagne contre Édom. Au retour de Joab, il l’envoya enterrer les nombreux morts restés sans sépulture dans la vallée du Sel et lui confia le soin de rejoindre son frère pour achever l’œuvre difficile de la conquête du territoire édomite. On comprend aisément que dans ces circonstances la tradition conservée dans le titre du Psaume 60 ait attribué à Joab la première victoire, qui proprement avait été remportée par David et Abisaï et que, par une différence dans la manière de compter, il soit question dans les livres historiques de dix-huit -mille et dans le titre du Psaume de douze mille hommes seulement.
Comme roi, David rendait lui-même la justice.
Chancelier. C’est celui qui tenait le protocole des affaires d’État et des décisions royales.
Tsadok, fils d’Ahitub. Il est probable que, lorsque Saül eut fait égorger Ahimélec, avec tous ses fils, sauf Abiathar (1 Samuel 22.11 et suivants) et que ce dernier se fut enfui vers David, auquel il servit de souverain sacrificateur, Saül nomma comme grand sacrificateur Ahitub, de la famille d’Eléazar, fils aîné d’Aaron, revenant ainsi à la branche aînée qui avait été abandonnée nous ignorons quand et pourquoi, pour faire place à la branche cadette, celle, d’Ithamar ; voir 1 Samuel 2.30-36, note. David ne voulut pas dépouiller Ahitub des fonctions qu’il avait remplies sous Saül et qu’il transmit à son fils Tsadok. D’autre part, comme David avait accueilli lui-même Abiathar et en avait fait son grand sacrificateur dans le temps de son exil, il ne pouvait, pas non plus le renvoyer. Et c’est à cette circonstance exceptionnelle et nullement à la non existence d’une charge de grand sacrificateur, comme on l’a prétendu, qu’il faut attribuer l’existence anormale, à ce moment-là, de deux souverains sacrificateurs.
Ahimélec, fils d’Abiathar. Il semblerait qu’il dût y avoir plutôt Abiathar, fils d’Ahimélec et l’on a supposé ici une erreur de copiste. Mais le passage 1 Chroniques 24.6 confirme la leçon de notre texte et il faut plutôt admettre qu’Abiathar, pour une raison ou pour une autre, avait déjà remis une partie de ses fonctions à son propre fils Ahimélec. Le nom de celui-ci était celui de son grand-père, ce qui est d’un usage assez fréquent. D’après 1 Chroniques 16.39-40, Tsadok et ses frères étaient attachés au Tabernacle résidant à Gabaon et y offraient, sur l’autel des holocaustes, les holocaustes du matin et du soir et les autres sacrifices prescrits par la loi. Il est probable que l’autre sacrificateur, plus étroitement uni à David, résidait à Jérusalem et était attaché à l’arche de l’alliance déposée dans la tente que David avait fait élever dans cette ville. Du passage 1 Chroniques 16.4, il ressort que le culte lévitique régulier ne se célébrait pas en ce dernier endroit.
Séraïa. Ce personnage se retrouve 2 Samuel 20.25 sous le nom de Séia, 1 Rois 4.3 sous celui de Abija et 1 Chroniques 18.16 sous celui de Savsa. Sont-ce là de simples changements de prononciation ou des fautes de copistes, ou s’agit-il de deux ou plusieurs personnages différents ? Nous l’ignorons.
Secrétaire : communiquant aux autorités locales les ordres du roi.
Kéréthiens et Péléthiens. Ces deux termes désignent, en tout cas les gardes du corps qui accompagnaient la personne du roi (1 Rois 1.38-44). Mais l’origine de ces deux noms n’est pas certaine. Comme les Philistins étaient en partie originaires de Crète (Deutéronome 2.23), on a supposé que le mot Créthi désignait des mercenaires que David aurait enrôlés chez ce peuple (2 Samuel 15.18). D’autres expliquent ce mot en le dérivant de carath : retrancher, exterminer et voient dans les Kéréthiens les exécuteurs des sentences capitales rendues par le roi.
Le mot Peléthi parait venir de palath : fuir, courir rapidement. Les Péléthiens seraient ainsi les coureurs chargés de porter les ordres du roi ; voir 2 Chroniques 30.6 où il est parlé de coureurs, mais sans qu’ils soient désignés de cette manière.
Conseillers intimes. Le mot hébreu employé ici est cohen, qui désigne ordinairement les sacrificateurs. Mais toute l’histoire renfermée dans les livres précédents montre que les sacrificateurs ne pouvaient être pris que dans la famille d’Aaron. Le titre de cohen ne peut donc être donné ici aux fils de David dans ce sens-là, d’autant, plus qu’immédiatement avant nous venons de voir les noms de ceux qui occupaient alors le poste de sacrificateurs. Le substantif cohen vient d’un verbe arabe qui signifie : administrer les affaires de quelqu’un, être son agent. Ce mot peut par conséquent être pris dans un sens plus large que le sens technique qu’il avait reçu dans l’usage ordinaire. Dans 2 Samuel 20.26, il est appliqué à un descendant de Jaïr (Manassite), et cela, avec le complément de David, ce qui ne s’expliquerait pas bien s’il avait le sens de sacrificateur, puisque le sacrificateur est cohen de Jéhova, non d’un homme. Il en est de même 1 Rois 4.5, où à ce titre est ajouté, comme explication, ami du roi. Dans le premier livre des Chroniques (1 Chroniques 18.17), écrit postérieurement au nôtre, le nom de cohen est remplacé par l’expression : les premiers sous la main du roi, ses conseillers intimes.