Verset à verset Double colonne
Le don que les chrétiens ont reçu et les efforts qu’ils doivent faire pour posséder les divers fruits de la vie chrétienne et être assurés d’entrer dans le royaume éternel de Jésus-Christ.
Signature et vœu
Syméon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, écrit à ceux qui ont en partage la foi chrétienne et leur souhaite grâce et paix par la connaissance de Dieu et de Jésus (1, 2).
Privilège et obligations
Voir sur ces titres 1 Pierre 1.1 ; Romains 1.1 ; Jacques 1.1 et comparer l’introduction à notre épître.
Syméon (Codex Sinaiticus, A, majuscules), le nom de l’apôtre ne se trouve que dans Actes 15.14 sous cette forme qui se rapproche le plus de la consonance hébraïque.
Simon (B) est la forme ordinaire, qui reproduit la prononciation grecque.
Les noms de Simon Pierre sont associés Luc 5.8 ; Matthieu 16.16 et dans l’Évangile de Jean.
Grec : À ceux à qui est échue (par le sort, Luc 1.9 ; Jean 19.24) une foi de même prix qu’à nous. Ce verbe exprime fortement la souveraineté de la grâce qui seule produit une foi vivante. Celle-ci est un don de Dieu, d’un prix infini, puisqu’elle a pour fruit la vie éternelle. Elle est du même prix, parce qu’elle a les mêmes effets, pour les lecteurs de l’épître et pour ceux que l’auteur désigne par nous.
On a appliqué ce nous aux apôtres, qui seraient distingués des simples fidèles, comme formant une classe à part ; on l’a entendu des chrétiens d’origine juive, auxquels appartenait l’auteur, tandis que les destinataires de l’épître seraient des chrétiens d’origine païenne (comparer Actes 11.17). Mais il est plus naturel de penser que dans ce nous l’auteur comprend tous ceux qui possèdent la foi commune à tous les chrétiens, ou qui partagent déjà ses convictions à l’égard des faits et des vérités qu’il va rappeler à ses lecteurs (Reuss).
Le complément : en la justice de notre Dieu,… est rattaché par quelques-uns au qualificatif du même prix : ce qui donne à leur foi un prix égal, c’est la justice de notre Dieu. Mais les termes qu’on réunit ainsi sont séparés dans la phrase grecque.
D’autres le relient au verbe : « Ceux qui, en ou par la justice de notre Dieu,… ont reçu en partage une foi… » Mais ce n’est pas la justice qui donne la foi, c’est plutôt la foi qui saisit la justice à moins qu’on entende par la justice de Dieu l’attribut en vertu duquel il donne à tous, aux païens comme aux Juifs, une foi de même prix.
Il vaut mieux construire : une foi en la justice, ou fondée sur la justice de Dieu. Le mot justice peut alors se prendre dans le sens qu’il a dans les épîtres de Paul (comparez Romains 1.17 ; Romains 3.21-31) ; c’est la justice parfaite, dont le Sauveur revêt ses rachetés devant Dieu et qui, d’une part, est imputée à leur foi, les rend justes aux yeux de Dieu et, d’autre part, les renouvelle et les sanctifie intérieurement ; double effet provenant de la même cause.
Avec la majorité des interprètes, nous traduisons : de notre Dieu et du Sauveur Jésus-Christ. Il serait plus conforme à la grammaire grecque de traduire : de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, car l’article n’est pas répété devant Sauveur.
Une formule semblable se trouve dans : 1 Pierre 1.11 ; 1 Pierre 2.20 ; 1 Pierre 3.18, où l’auteur dit : « Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ».
D’après l’analogie de ces passages s’est produite, dans notre verset, la variante du Codex Sinaiticus qui remplace Dieu par Seigneur. Mais ce qui semble indiquer que le mot Dieu n’est pas un simple attribut de Jésus-Christ (comparez 2.13, note), et que l’auteur a bien dans la pensée le Père et le Fils, c’est qu’au verset suivant, il nomme d’abord Dieu, puis Jésus notre Seigneur.
Ce vœu est exprimé ici dans les mêmes termes que 1 Pierre 1.2 ; comparez Jude 1.2 ; seulement l’auteur y ajoute le moyen par lequel la grâce et la paix peuvent nous être multipliées : en ou par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur (Quelques documents ont le texte abrégé : connaissance de notre Seigneur).
Cette connaissance n’est pas purement intellectuelle, c’est une connaissance du cœur qui repose sur une communion intime avec le Sauveur et sur l’expérience de sa grâce (comparer 2 Pierre 1.3 ; Jean 17.3, note ; Éphésiens 1.17 ; Colossiens 3.10).
Plusieurs éditeurs et interprètes (Lachmann, Westcott-Hort, Rilliet, Spitta, von Soden) estiment que le vœu du verset 2 se prolonge jusqu’au verset 4. Il faudrait, en ce cas, séparer verset 2 et verset 3 par une simple virgule et mettre un point à la fin du verset 4.
La vie est la vie intérieure de l’âme, qui a sa source en Dieu même (verset 4, 3e note ; 1 Jean 4.9), qui commence par la régénération et qui doit grandir Jusqu’à la perfection.
La piété (ce mot ne se trouve, sauf Actes 3.12, que dans les épîtres pastorales) est la manifestation de cette vie dans ses rapports avec Dieu.
Tout ce qui est nécessaire pour créer et entretenir la vie et la piété est un don gratuit de Dieu ; mais c’est là pour les chrétiens un motif pressant de mettre eux-mêmes tous leurs soins, tous leurs efforts, à faire de continuels progrès dans cette vie intérieure (verset 5).
Les versets 3-7 forment une seule phrase, dont les versets 3 et 4 sont le premier membre, indiquant les motifs que le chrétien a d’agir ; puis les versets 5-7 l’exhortent à une activité personnelle dont ils tracent le programme.
Il y a, en effet, dans l’expérience de chaque fidèle, un temps où il est plutôt passif et ne fait guère que recevoir les riches dons de la grâce dont l’apôtre parle au verset 3 ; puis vient un temps où Dieu fait appel à toute l’énergie de sa volonté et lui demande d’appliquer toutes ses facultés à mettre en œuvre, au sein des difficultés et des combats, ce qu’il lui a donné.
Ce temps-là était venu pour les premiers lecteurs de cette lettre. L’auteur leur rappelle qu’il serait dangereux de se contenter d’une connaissance stérile, aliment de l’orgueil, tandis qu’au dehors s’apprêtaient des tentations et des combats où nul ne pourrait vaincre, sinon par la puissance d’une foi pleine de vie et d’énergie.
Toutes les épîtres écrites vers la fin de l’âge apostolique, les lettres pastorales de Paul, les épîtres de Pierre, de Jean, de Jude, sont remplies de cette grave et sainte pensée.
Tout nous est donné objectivement par la divine puissance de Jésus-Christ et subjectivement par la connaissance de Celui qui nous a appelés, savoir Dieu le Père (1 Pierre 1.15).
Connaissance est pris dans le sens indiqué verset 2 note. Notre vocation, qui est une partie de l’œuvre de la grâce, est attribuée à la gloire de Dieu, c’est-à-dire à l’action de ses perfections et spécialement à sa vertu, ce qui veut dire à sa force divine (comparer 1 Pierre 2.9).
Quelques interprètes (Spitta, von Soden) entendent par Celui qui nous a appelés, Jésus (verset 2).
Sa gloire serait celle que les apôtres contemplèrent sur la montagne (verset 16 et suivants), sa vertu, celle de sa vie sainte, qui les amena à la conviction de sa messianité (Matthieu 16.16).
Les précieuses et très grandes promesses que l’auteur attribue à la gloire et à la vertu de Dieu, à toutes ses perfections qui s’y manifestent, ne sont pas seulement les promesses faites par les prophètes, mais leur accomplissement en Jésus-Christ.
On trouve souvent le mot promesse, pour la chose promise (Actes 13.32-33 ; Actes 26.6 ; Romains 15.8 ; 2 Corinthiens 7.1 ; Galates 3.22 ; Éphésiens 3.6).
Suivant d’autres il s’agirait des promesses ou prophéties relatives à l’avènement du Seigneur (versets 11 et 12 et suivants ; 2 Pierre 3.4 ; 2 Pierre 3.9 ; 2 Pierre 3.13).
Par ces promesses accomplies, qui renferment toute l’œuvre de la grâce, ou, selon d’autres, par toutes les choses qui contribuent à la vie et à la piété (verset 3) ; l’idée resterait la même au fond.
Telle est la profondeur et la grandeur de l’œuvre de Dieu dans l’homme pécheur, que par elle il devient en toute réalité participant de la nature divine.
Le Nouveau Testament nous enseigne partout qu’il y a entre Dieu et l’homme le même rapport qu’entre un père et son enfant et ce rapport est établi par la nouvelle naissance dont Dieu est le principe et la source (Galates 3.26 ; Romains 8.14-16 ; Hébreux 12.7 ; Jean 1.12-13 ; Jean 3.6 ; 1 Jean 3.9) ; mais notre auteur présente cette grande pensée dans le plus frappant contraste : d’un côté, la corruption qui est dans le monde, à laquelle les chrétiens ont échappé en la fuyant ; et d’un autre côté, la nature divine, à laquelle ils ont part !
C’est ici une parole telle qu’il n’y en a pas de pareille ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament. Mais qu’est-ce que la nature de Dieu ? C’est l’éternelle vérité, l’éternelle justice, l’éternelle sagesse ; c’est la vie, la paix, la joie, la félicité éternelles, c’est tout ce qu’on peut nommer de bon et de beau. Or, devenir participant de la nature divine, c’est partager tout cela c’est vivre éternellement, avoir éternellement la paix et la joie ; c’est être pur, juste, saint, tout puissant contre le diable, le péché et la mort. C’est pourquoi la parole de Pierre signifie : aussi peu il est possible d’ôter à Dieu ce qui fait sa nature, en sorte qu’il ne soit plus l’éternelle vie et l’éternelle vérité, aussi peu il est possible de vous l’ôter ; si l’on vous fait du mal, c’est en faire à lui-même, pour opprimer un chrétien, il faut opprimer Dieu.
Et à cause de cela même (variante de A : et vous aussi), en raison des grâces que vous avez reçues, y apportant, à l’accomplissement de votre tâche morale, tout empressement, tout le zèle que vous pourrez (comparer verset 3, 1re note).
Ces divers traits de la vie chrétienne, que nous devons ajouter les uns aux autres, ne sont point nommés dans un ordre fortuit, ni simplement juxtaposés ; ils forment plutôt un tout organique ; chaque trait suppose le précédent et à son tour le complète, ou, pour parler avec Bengel :
Ces fruits de la vie chrétienne sont présentés en une gradation : le précédent produit le suivant et le rend facile et le subséquent tempère le précédent et le rend parfait.
La foi est la racine sur laquelle croît la vertu. Aussi y a-t-il en grec : « produisez (fournissez comme un paiement) avec votre foi la vertu et avec la vertu la science » et ainsi de tous les termes de cette énumération.
La foi est le don initial que les destinataires de l’épître ont reçu de Dieu (verset 1), le talent qu’ils ont à faire valoir pour lui faire porter tous les fruits de la vie chrétienne.
La foi doit produire la vertu : de même que ci-dessus (2 Pierre 1.3 ; 1 Pierre 2.9), ce mot appliqué à Dieu signifie la force divine, de même, comme fruit de la foi dans l’homme, il indique la force et l’énergie de l’âme, le courage du chrétien qui sait en qui il a cru et ce qu’il doit faire (comparer Philippiens 4.8, note).
Une foi ainsi mise en pratique dans une conduite ferme et sûre engendre et augmente de jour en jour la science, non seulement au sens intellectuel de ce mot (verset 2, note), mais surtout cette science pratique de la vie que l’expérience seule peut donner, le discernement de ce qui est notre devoir et de la manière dont nous devons l’accomplir.
La foi, la force d’âme, la science pratique inspirent toujours à celui en qui elles sont réunies la tempérance, celle-ci ne se borne pas au manger et au boire ou à telles autres jouissances sensuelles (1 Corinthiens 7.9) ; elle emporte cette modération de l’esprit et du cœur, cette domination de soi-même et de ses passions, par laquelle le chrétien, voyant clairement le devoir, se trouve libre pour l’accomplir (Ecclésiastique 18.30).
Viennent les épreuves, la persécution pour le nom de Jésus, ce chrétien, maître de lui, est aussi prêt à tout supporter avec la patience que donnent et entretiennent les dispositions qui précèdent.
Dans une vie composée et réglée de la sorte, tout se rapporte à Dieu, à sa volonté, à sa crainte ; l’âme regarde sans cesse à lui et vit dans sa communion. Telle est la vraie piété (verset 3).
Enfin, puisque Dieu est amour, nul ne peut ainsi vivre en lui sans aimer (1 Jean 4.20) il aime ses frères d’abord d’un amour fraternel (1 Pierre 1.22), et tous les hommes d’une sincère charité (1 Thessaloniciens 3.12 ; Galates 6.10).
Motif à l’appui (car) de l’exhortation précédente : quand ces traits du caractère sont en un homme et abondent en lui, ou s’y multiplient, sa vie est en continuel progrès ; elle ne reste pas oisive ni stérile pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.
Ces grâces de Dieu sont autant de degrés qui conduisent à une connaissance toujours plus complète de Jésus-Christ, connaissance qui est le fruit de l’expérience, le couronnement aussi bien que le principe de la vie chrétienne (comparer verset 2, note ; 2 Pierre 1.3 ; 2 Pierre 2.20 ; Colossiens 1.10 ; Éphésiens 4.13 ; Philippiens 3.10).
Précisément l’opposé de ce qui précède : la connaissance de Jésus-Christ, lumière divine, rend la vue pénétrante.
Le mot grec traduit par : c’est un homme à courte vue, est le participe du verbe être myope.
Placé après les mots : il est aveugle, ce participe en atténue le sens : ou du moins il est myope. Les hommes les plus clairvoyants dans les choses de ce monde ont souvent la vue courte, sont même aveugles, dès qu’il s’agit de la vie de leur âme et de leur avenir éternel.
Grec : Ayant oublié la purification de ses péchés d’autrefois.
C’est en cela que consiste sa myopie, son aveuglement. Chrétien avorté, dont le développement ne s’est pas produit, il a oublié la purification de ses péchés passés, qu’il avait obtenue au moment de son baptême, quand Dieu lui fit grâce et l’appela (versets 3 et 10) ; et par une conséquence naturelle, il est retombé dans le péché (Hébreux 6.4-6).
Comment est-il possible pour le chrétien d’affermir sa vocation et son élection, puisque ce sont là deux actes de la grâce souveraine de Dieu ?
Rien n’est plus compréhensible cependant. La vocation n’étant autre chose que l’appel de Dieu adressé à une âme par sa Parole et rendu efficace par son Esprit, de manière qu’il y ait, dans cette âme, conviction, repentance, foi, obéissance il est bien évident que la présence de ces grâces constate la réalité de leur cause.
Il n’est pas moins conforme à l’expérience chrétienne que l’exercice d’un don de Dieu, consciencieusement mis en pratique, augmente ce don ; ainsi l’homme peut et doit affermir sa vocation. Celle-ci est la manifestation de l’élection, car ceux que Dieu appelle sont autorisés à croire à leur élection ; affermir leur vocation, c’est donc par là même affermir leur élection.
Pour cette raison l’auteur nomme ces deux actes divins dans un ordre inverse de celui qu’on attendait : la vocation d’abord, l’élection ensuite, quoique celle-ci précède et détermine celle-là : Dieu élit ses enfants pour la sanctification, pour l’obéissance (1 Pierre 1.2), pour qu’ils soient « à la louange de sa gloire » (Éphésiens 1.6 ; Éphésiens 1.12) ; ils ont donc dans la sainteté de leur vie une démonstration évidente de leur élection qui, ainsi, est affermie pour eux.
La plupart des interprètes concluent de l’ordre dans lequel l’auteur place les termes vocation et élection, qu’il entend par l’élection, non le choix que Dieu fait dans son conseil éternel, mais la séparation des chrétiens d’avec le monde, qui se produit lorsqu’ils sortent du monde pour suivre l’appel de Dieu (2 Corinthiens 6.14-17 ; 1 Pierre 2.9 ; 1 Pierre 2.10 ; Jacques 2.5).
Quoi qu’il en soit, tout chrétien sait que sa foi se fortifie en proportion de sa fidélité et s’obscurcit et défaille sous l’influence du péché (Hébreux 3.14).
L’exhortation du verset 10, début du verset est donc tout à fait fondée. La déclaration du verset 9 en fait ressortir la gravité. Et pour nous encourager à la suivre nous avons cette précieuse promesse : (versets 10 et 11) en faisant cela, vous ne broncherez jamais, car ainsi vous sera richement (l’opposé de 1 Pierre 4.18 ; comparez Luc 6.38) accordée l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (Hébreux 12.28 ; 2 Timothée 4.18).
L’apôtre préoccupé d’avertir ses frères
Il ne cessera de leur rappeler ses enseignements, aussi longtemps qu’il habitera cette tente, car il sait qu’il la quittera soudainement, selon la prédiction du Seigneur. Mais il fera en sorte qu’après son départ ses frères puissent conserver le souvenir de ses instructions (12-15).
Les enseignements de Pierre sur le retour de Christ garantis par ce qu’il a vu et entendu sur la sainte montagne
Il n’annonce pas l’avènement du Seigneur d’après des inventions humaines, mais en témoin oculaire de sa gloire et pour avoir entendu la voix de Dieu qui le proclamait son fils bien-aimé (16-18).
La parole prophétique confirmée, notre lampe en attendant le jour
Cette expérience a rendu plus certaine aux yeux de l’apôtre la parole des prophètes. Aussi recommande-t-il à ses lecteurs de s’attacher à elle. Elle leur servira de lampe jusqu’à ce que se lève dans leurs cœurs l’étoile du matin. Qu’ils sachent avant tout que la prophétie ne naît pas de la volonté de l’homme, mais que les prophètes ont parlé sous l’impulsion du Saint-Esprit (19-21).
Sollicitude de l’apôtre pour ses frères, ses instructions relatives à l’avènement du Seigneur sont fondées sur la transfiguration de Jésus, dont il a été témoin et par laquelle a été confirmée la parole des prophètes
Je vous ferai ressouvenir, est la leçon de Codex Sinaiticus, B. A, C, le texte reçu, avec quelques majuscules, porte : je ne négligerai pas de vous faire ressouvenir.
La vérité leur a été transmise, par l’Évangile et leur est ainsi présenté, connue (Colossiens 1.6).
L’auteur ne craint pas cette apparente contradiction, car il sait les dangers auxquels sont exposés même les plus affermis et ceux qui connaissent le mieux la vérité. Aussi ne se lasse-t-il pas (comparez Philippiens 3.1) de toujours, toutes les fois qu’il en a l’occasion, présenter à ses frères les fondements de leur foi (Romains 16.14 ; Romains 16.15), qui sont le témoignage apostolique concernant Jésus-Christ (versets 16 et 17), et la parole prophétique en général inspirée par l’Esprit de Dieu (versets 19-21).
Cette tente, comparez 2 Corinthiens 5.1, 2e note.
En vous faisant ressouvenir, grec par le ressouvenir, substantif dérivé du verbe employé au verset précédent.
On efface ce rapport en traduisant : par mes avertissements (comparer 2 Pierre 3.1 ; 2 Timothée 1.5).
Grec : Que prompt est le dépôt de ma tente.
D’autres traduisent : « Que je devrai bientôt quitter cette tente ».
Le dépôt est l’acte d’enlever, pour la plier, la couverture qui forme la tente.
Le Seigneur avait fait connaître cette dispensation à Pierre soit par la prophétie qu’il lui avait faite dès longtemps (Jean 21.18 et suivants), soit, plutôt, par quelque autre avertissement ou par une vision.
A-t-on besoin d’une révélation particulière pour être assuré qu’il faudra bientôt partir ? Ne savons-nous pas que la vie n’est qu’une vapeur, qu’il n’y a point de moment qui ne puisse être pour nous le dernier ? C’est Dieu qui le dit ; celui qui en demande davantage cherche à se tromper, non à se convertir.
Grec : En chaque temps, en toute occasion, aussi souvent que vous en aurez besoin.
Ces choses sont toutes celles qui concernent la vie chrétienne, l’affermissement dans la foi et dans l’espérance du ciel (versets 10, 11 et 12).
Or, l’auteur, dans son ardent amour des âmes, fera ses efforts (grec s’empressera), soit dans cette lettre, soit dans d’autres écrits pour que ses frères puissent, même après son départ, rappeler toujours le souvenir de ces choses.
Des interprètes qui admettent l’authenticité de notre épître voient ici une allusion à l’Évangile de Marc, que les anciens Pères assurent avoir été écrit sous la direction de Pierre. Cette allusion n’est point inadmissible, car l’auteur a en vue le témoignage apostolique sur la vie du Sauveur, dont il va citer un trait saillant (versets 16 et 17).
D’autres, pour qui l’épître est inauthentique, trouvent dans cette parole l’indication des écrits qui ont circulé sous le nom de Pierre dans les premiers siècles.
Des fables habilement composées, c’est-à-dire des mythes, comme ceux où les païens racontaient l’origine ou les apparitions de leurs dieux (1 Timothée 1.4 ; 1 Timothée 3.9).
C’est parce qu’ils ont été témoins oculaires de sa majesté (verset 17) que les apôtres ont fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ.
Sa puissance est celle qu’il a exercée par sa parole et sa vie et qu’il exerce encore sur le monde pour y fonder son règne par le Saint-Esprit.
Mais que faut-il entendre par son avènement ou sa présence ? Les uns rapportent ce mot à sa vie sur la terre, les autres à son avènement futur pour le jugement. Tous les interprètes actuels se prononcent pour ce dernier sens.
Le retour de Christ est le sujet principal de l’épître (2 Pierre 3.3 et suivants). L’auteur voit dans la transfiguration un présage et un gage de l’apparition du Seigneur dans la gloire (versets 17-19).
Honneur et gloire sont deux termes synonymes qui désignent la distinction dont Jésus a été l’objet quand la voix lui fut adressée. Celle-ci est le seul trait de l’histoire de la transfiguration sur lequel l’auteur insiste.
Plusieurs interprètes, il est vrai, prennent le terme de gloire dans le sens « d’éclat » de « rayonnement » (2 Corinthiens 3.7), et pensent qu’il exprime le fait même de la transfiguration de Jésus (Marc 9.2 ; Marc 9.3).
C’est sa signification dans la proposition qui suit : « du sein de la gloire magnifique ».
L’auteur a voulu mentionner ce fait, puisqu’il affirme qu’il a été témoin oculaire de la majesté de Jésus-Christ.
D’autres encore affirment que le participe aoriste : cette voix ayant été adressée, exprime un fait antérieur à celui qu’énoncent les mots : (grec) ayant reçu gloire.
D’après notre auteur la voix céleste se fit entendre avant que Jésus fût transfiguré ; les récits des synoptiques rapportent les événements dans l’ordre inverse. Nous avons donc ici une relation originale, qui remonte sans doute à l’apôtre Pierre. Ces remarques sont ingénieuses, mais elles font dire au texte plus qu’il ne renferme.
La gloire dont Jésus avait été revêtu, la voix qui l’avait désigné comme le Fils bien-aimé de Dieu avaient affermi la foi des apôtres en leur Maître, au moment où il allait souffrir et mourir. Cette révélation était propre aussi à convaincre les chrétiens de l’avènement glorieux de leur Seigneur.
D’après la leçon de B admise par Westcott-Hort, Weiss, Nestle (3e édition), l’ordre des mots, dans la déclaration : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, n’est pas le même que dans les passages parallèles des synoptiques (Matthieu 17.5, etc.). Notre texte serait donc indépendant du leur.
Grec : Et nous avons plus ferme la parole prophétique.
La parole des prophètes de l’Ancien Testament apparaît plus ferme à ceux qui ont été les témoins de son entier accomplissement dans la vie et dans l’œuvre de Jésus-Christ et spécialement à ceux qui ont vu sa gloire et entendu la voix céleste le proclamer le Fils bien-aimé de Dieu (versets 16-18).
Pour eux l’accomplissement, en Jésus, des prophéties relatives au Messie, ne pouvait plus faire l’objet d’un doute. Par là, ces prophéties avaient été démontrées comme une œuvre du Saint-Esprit (verset 21). La révélation de Dieu en Christ, certifiée par les apôtres qui en furent les témoins et comparée avec la parole prophétique qu’elle a accomplie et sanctionnée, reste la lumière divine pour l’Église de tous les temps.
Le lieu obscur (littéralement : desséché, sale) où luit la lampe de la parole prophétique, c’est, d’après la plupart des interprètes, le monde dans lequel s’écoule notre vie actuelle (Philippiens 2.15), ou plus spécialement l’avenir ténébreux des derniers temps et le moment où le jour commencera à luire et où se lèvera l’étoile du matin, soit le retour de Christ et la pleine manifestation de la vérité dans le ciel, soit en pressant davantage la comparaison, le moment où apparaîtront le signe du Fils de l’homme et les présages de sa venue (Matthieu 24.30), et où les croyants pourront relever la tête, parce que leur délivrance sera proche (Luc 21.28).
Pour d’autres (de Wette), le lieu obscur représente les temps d’avant la venue du Sauveur (Matthieu 4.16 ; Luc 1.79). Lui est l’étoile du matin (grec le porteur de la lumière). Il a paru dans le monde comme le Soleil de Justice et il luit dans les cœurs qui croient en lui.
Mais ceux qui n’ont point encore cette lumière font bien de s’attacher à la lampe prophétique, jusqu’à ce que Christ les ait éclairés (Éphésiens 5.14). Alors la parole des prophètes ne leur sera pas devenue inutile, au contraire, ils la tiendront pour plus ferme, elle leur servira de témoignage, avec la révélation apostolique, pour fortifier leur foi (voir la note précédente).
On objecte à cette interprétation que l’épître est adressée à des hommes qui possèdent déjà la foi en Christ (versets 1 et 12).
Grec : Nulle prophétie de l’Écriture ne devient d’une interprétation particulière (verset 20), c’est-à-dire que le prophète lui-même, quand il la recevait, par une vision, un songe (Genèse 40.8), ou une inspiration de l’Esprit, souvent n’en comprenait pas d’abord le sens et la portée, mais qu’il ne se permettait pas de l’interpréter, employant sa raison, ses réflexions à scruter l’avenir qui lui était indiqué, mêlant des prévisions humaines à la révélation divine (1 Pierre 1.10-12, note ; comparez Genèse 41.15 ; Genèse 41.16 ; Daniel 2).
Il lui fallait, avant de parler, un nouveau secours, que l’auteur nomme au verset 21, où il expose, pour confirmer (car) son assertion précédente, d’abord négativement puis positivement, le principe de toute prophétie : jamais prophétie ne fut apportée, inspirée, produite par la propre volonté d’un homme, par son esprit ou son génie ; mais c’est (grec) portés eux-mêmes, poussés par l’Esprit-Saint, que des hommes venant de la part de Dieu ont parlé.
La plupart des commentateurs pensent que l’interprétation s’applique à la prophétie déjà formulée ; ils traduisent : « Aucune prophétie n’est un objet d’interprétation individuelle », le Saint-Esprit seul peut amener ceux qui la lisent à en bien saisir le sens.
On peut objecter à cette explication que :
La leçon que nous avons suivie et qui est admise par la plupart des éditeurs, est celle de B.