Verset à verset Double colonne
Leur action funeste
Comme il y a eu de faux prophètes, il y aura pour vous de faux docteurs. Reniant leur Sauveur, ils s’attireront une ruine subite. Bien des gens prendront part à leurs orgies ; l’Évangile sera calomnié à cause d’eux. La cupidité les poussera à vous exploiter par des paroles trompeuses. Mais leur culpabilité s’accroît et leur ruine devient toujours plus certaine (1-3).
Exemples d’impies châtiés par Dieu
Il n’a point épargné les anges qui avaient péché, ni le monde contemporain de Noé, ni Sodome et Gomorrhe. Il a sauvé Lot excédé des crimes dont il était témoin (4-8).
Application de ces exemples aux faux docteurs
Le Seigneur délivre donc les hommes pieux et châtie les injustes, ceux-là surtout qui, enflammés de convoitises charnelles, pleins d’arrogance, méprisent l’autorité et injurient les gloires qui pourtant sont respectées par des anges plus puissants qu’eux. Eux qui blasphèment ce qu’ils ignorent, ils périront de la mort des bêtes, frustrés du profit qu’ils espéraient tirer de leur conduite inique (9-13a).
À côté des hommes de Dieu, qui parlaient poussés par son Esprit (2 Pierre 1.21), il y eut toujours dans le peuple d’Israël de faux prophètes ; les chrétiens ne devaient donc pas s’étonner, mais être sur leurs gardes, si, au milieu d’eux, s’élevaient de faux docteurs.
Notre auteur, comme Paul dans ses épîtres pastorales (voir surtout 1 Timothée 4.1 et suivants) et Jean, dans sa première lettre, signale à ses lecteurs le danger dont ils étaient menacés par ces hommes et dénonce de sévères jugements de Dieu sur ceux qui entraînaient les âmes dans de pernicieuses erreurs.
Grec : Hérésies de perdition, qui conduisent les Églises et les âmes à la ruine.
Le mot hérésie est employé dans 1 Corinthiens 11.19 ; Galates 5.20 et souvent dans les Actes, avec le sens de division, séparation, secte. Mais le verbe introduire furtivement et la caractéristique que l’auteur donne de ces manifestations montrent qu’il a en vue des hérésies et non de simples divisions.
Renier le Maître (Jude 1.4) est surtout criminel de la part de ceux qui savent qu’il les a rachetés au prix de son sang (1 Corinthiens 6.20 ; 1 Corinthiens 6.7-23 ; Apocalypse 5.9).
Ce reniement soit par la doctrine, soit par les œuvres, est le trait caractéristique de l’hérésie de perdition, qui attire sur ceux qui la suivent une soudaine perdition ; car là où le Sauveur est rejeté il n’y a plus pour l’homme pécheur aucun espoir de salut, d’autant moins qu’il ajoute à ses péchés le plus grave de tous, qui est ce reniement même (comparer 1 Jean 2.23 ; 1 Jean 4.2 ; 1 Jean 5.12 ; 2 Jean 1.7-9).
Le texte reçu (minuscule) porte : perditions, au lieu de débauches (majuscules). Ce mot désigne tous les péchés de la chair (comparer 1 Timothée 1.10, note).
La voie de la vérité, c’est l’Évangile de Jésus-Christ (Actes 18.25 note) ; il est toujours blasphémé dans le monde à cause de la mauvaise conduite de ceux qui le professent.
Comparer Jude 1.16 ; 1 Timothée 6.5 ; 1 Timothée 1.11.
Le jugement de Dieu peut tarder de s’accomplir, mais son accomplissement est certain.
Il n’est point oisif, sans résultat (même mot pour caractériser la foi sans œuvres, Jacques 2.20) ;
les intérêts de la dette s’accumulent.
Premier exemple destiné à prouver que le jugement de Dieu s’accomplit : la condamnation des anges qui avaient péché.
Comparer Jude 1.6, où le péché des anges est caractérisé.
Les deux auteurs font allusion à Genèse 6.1 et suivants Ces anges déchus sont décrits comme précipités (grec) dans le Tartare, où Dieu les a livrés pour qu’ils soient gardés en vue du jugement.
Telle est l’idée principale à laquelle est ajoutée l’effrayante image de fosses (Sin, A, B, C) ou de chaînes (texte reçu, majuscules) d’obscurité, auxquelles Dieu les a livrés.
Quant au but de l’auteur, qui est d’établir la certitude du jugement de Dieu, l’exemple cité impose cette conclusion : à plus forte raison, le jugement atteindra-t-il l’homme pécheur, puisque Dieu n’a pas épargné des anges.
Cet exemple de la justice divine, le déluge (grec cataclysme), n’a besoin d’aucun commentaire. Il est souvent cité dans l’écriture (voir 1 Pierre 3.20, note ; Matthieu 24.38 ; Matthieu 24.39).
Noé fut prédicateur de la justice, déjà par son obéissance et par les avertissements que sa conduite donna au monde (Hébreux 11.7).
L’expression appliquée à Noé : lui huitième, signifie que sept autres personnes seulement furent sauvées avec lui (voir 1 Pierre 3.20).
Voir Jude 1.7.
D’autres traduisent : « Les mettant en exemple… » ; ou encore : « faisant d’eux un exemple, un type des impies à venir » et du sort qui leur est réservé.
Pour le fait, voir Genèse 19.24 comparer : Ézéchiel 16.47 ; Ézéchiel 16.48 ; Matthieu 10.15, etc.
Genèse 19.1 et suivants.
La Genèse nous présente les sentiments de Lot sous un jour moins favorable (Genèse 13.10-11 ; Genèse 19.15 ; Genèse 19.16).
Conclusion tirée des exemples qui précèdent.
Pour être punis, grec étant punis, d’autres entendent ce participe présent du châtiment qui leur est infligé en attendant le jugement : « en les punissant, il réserve les injustes pour le jugement ».
Les souillures de la chair et un orgueilleux mépris de toute autorité divine ou humaine, sont deux traits ordinairement réunis en des temps de corruption.
Ici, comme dans le passage parallèle de Jude 1.8, se trouvent les deux termes d’autorité (grec seigneurie) et de gloires.
Les exégètes s’accordent à y voir la désignation de puissances supraterrestres.
L’explication la plus naturelle est de voir, dans la seigneurie, la souveraineté de Dieu (verset 4) ou de Christ (verset 1) et dans les gloires des ordres d’anges, dans le sens de Éphésiens 1.21 ; Colossiens 1.16 soit des bons anges, soit des anges déchus et pervers (2 Pierre 2.4 ; Éphésiens 6.12).
La suite des pensées dans Jude (Jude 1.9, note) conduit plutôt à ce dernier sens, qui, dans notre épître, permet seul d’expliquer verset 11.
Des anges, plus grands en force que ces hommes orgueilleux et rebelles, ne portent point devant le Seigneur contre les gloires de jugement injurieux.
D’après Jude 1.9, les bons anges ne portent point de jugement injurieux même contre les anges déchus, qui leur sont supérieurs en rang, ainsi Michel contre Satan.
Grec : Nées pour prise et destruction, car telle est leur destination, qui se montre dans leur constitution même d’êtres purement matériels (grec des physiques) ; ou : qui sont « nés à une vie purement physique pour être pris et détruits » (Stapfer) ; ou encore : « dont la nature est de naître pour être pris et détruits » (Rilliet).
Comparer Jude 1.10, où la pensée de ce verset se retrouve sous une forme un peu différente.
Grec : Blasphémant en des choses qu’ils ignorent, ils seront détruits de leur destruction, c’est-à-dire ils périront à la manière des bêtes.
On a pris le mot destruction, qui signifie aussi corruption, au sens figuré : « Par leur propre corruption » morale. Mais l’emploi de ce mot dans la phrase qui précède ne permet pas de le traduire ainsi.
Leur (grec d’eux) se rapporte aux bêtes et non aux faux docteurs que celles-ci représentent.
Étant frustrés (Codex Sinaiticus, B ; Westcott-Hort, Weiss) du salaire d’iniquité, c’est-à-dire du profit qu’ils espéraient tirer de leur conduite impie ; comparez verset 15.
A, C, majuscules (Tischendorf, Nestle) portent : devant recevoir le salaire d’iniquité, c’est-à-dire le châtiment que Dieu leur infligera pour leurs crimes.
Leur conduite dissolue et leur cupidité
Cherchant leur bonheur dans des voluptés passagères, ils se montrent, dans les festins, insatiables d’adultères, attirant les âmes mal affermies, cupides et malfaisants. Ils se sont égarés comme Balaam qui, gagné par un salaire inique, fut repris par la parole d’une bête (13b-16).
Les déceptions qu’ils causent
Sources taries, nuées qui ne donnent pas de pluie, ils sont destinés aux ténèbres. Beaux parleurs, ils séduisent ceux qui avaient été depuis peu séparés des hommes égarés ; ils leur promettent la liberté et les rendent esclaves de la corruption (17-19).
Triste condition de ceux qui retombent
Si après avoir été retirés par Jésus-Christ des souillures du monde, ils s’y laissent reprendre, leur dernier état est pire que le premier. Mieux eût valu ignorer la voie de la justice. Il leur arrive ce que disent deux proverbes empruntés aux mœurs du chien et de la truie (20-22).
D’autres traduisent : les voluptés auxquelles ils se livrent pendant le jour, au lieu de travailler ou : en plein jour, sans retenue ni pudeur (comparer 1 Thessaloniciens 5.7).
Il nous paraît plus simple de voir dans l’expression : en un jour, l’indication du caractère temporel de leurs plaisirs. Le jour, c’est la durée de la vie ici bas, opposée à l’éternité (Jean 9.4). La traduction : chaque jour, n’est guère justifiable.
Grec : Prenant leurs délices, vivant luxurieusement dans leurs tromperies (ou selon une variante de B conforme à Jude verset 12 : dans leurs agapes), faisant des festins avec vous.
L’auteur blâme probablement les abus que Paul avait eu déjà à reprendre à Corinthe (1 Corinthiens 11.17 et suivants) ; les agapes dégénéraient en orgies grâce aux tromperies, aux dispositions perverses (verset 14) des libertins. Il y a naturellement dans ces paroles une répréhension sévère pour les chrétiens sincères qui toléraient de tels abus (comparer Jude 1.12).
La passion adultère s’exprime dans leur regard ; ils commettent le péché signalé Matthieu 5.28, et cela, avec une ardeur insatiable.
Ce trait manque dans Jude.
Voir Nombres 22.
Le salaire d’iniquité que Balaam aima, convoita, fut la récompense qu’il espérait recevoir pour avoir maudit Israël (Nombres 22.17 ; Nombres 22.18, permet de supposer que Balaam fut tenté par cette perspective, mais le récit ne le dit pas).
Il reçut une leçon (Rilliet) pour sa transgression, d’autres traduisent : « Il fut dûment convaincu de sa scélératesse » (Stapfer), « il vit sa prévarication démasquée » (Oltramare).
Les faux docteurs avaient eu, comme Balaam et plus que lui, la connaissance de la vérité ; mais, comme lui aussi, entraînés par les voluptés et par la cupidité, ils abandonnaient le droit chemin pour annoncer des doctrines qui plaisent à la chair.
L’auteur, en rappelant l’histoire de ce faux prophète, fait ressortir l’avertissement qu’elle renfermait : Balaam fut couvert de honte, car sa démence dut être réprimée par une bête de somme. Et c’est encore ainsi que Dieu confond l’orgueil des ennemis de la vérité, lorsque « se disant sages, ils deviennent fous » (Romains 1.22).
Le texte reçu (A, C, majuscules) ajoute : réservée pour l’éternité.
La double image (comparez Jude 1.12) d’une source qui promettait une eau rafraîchissante, mais qui a tari et de nuées dont l’aspect annonce la pluie, mais qui, chassées par la tempête, trompent toutes les espérances, rend admirablement l’impression produite par la jactance des faux docteurs : ils se présentent avec de captieuses promesses, mais ne produisent qu’une cruelle déception.
L’auteur va expliquer lui-même (versets 18 et 19) le sens de ces images ; auparavant il dénonce contre ces séducteurs les plus terribles jugements de Dieu.
Comme ils ont aimé le mensonge, l’obscurité des ténèbres leur est réservée, précisément l’inverse de la récompense accordée à ceux qui auront aimé et fidèlement enseigné la vérité (Daniel 12.3 ; comparez Aussi Michée 3.5 ; Michée 3.6).
À peine, grec un peu ; adverbe très rare dont on ne peut guère déterminer le sens exact.
D’autres le traduisent par depuis peu. Ils doivent admettre alors la leçon du texte reçu (majuscules) : ayant échappé. Codex Sinaiticus, B. A, C, versions, portent : échappant.
Ce contraste dépeint fort bien des séducteurs comme il en existe dans tous les temps : ils promettent la liberté, l’affranchissement de la loi, dans une fausse spiritualité et ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption dans la servitude de leurs propres passions et bientôt ils deviennent les tyrans de ceux qui se livrent à eux.
Jean 8.34 ; Romains 6.16.
L’infidélité à l’égard de la grâce reçue par la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, entraîne après soi des jugements d’autant plus sévères (Luc 11.24-26 ; Hébreux 6.4-6 ; Hébreux 10.26 ; Hébreux 10.27) ; cet état d’âme peut aller jusqu’au péché contre le Saint-Esprit (Matthieu 12.31-32 ; Matthieu 12.43-45).
Le premier de ces dictons se trouve Proverbes 26.11 « Comme le chien retourne à ce qu’il a vomi, ainsi le fou réitère sa folie ».
Le second n’est pas tiré de la Bible. Ils sont destinés à marquer l’abjection de ceux qui retombent dans le péché.