Verset à verset Double colonne
1 La douzième année d’Achaz, roi de Juda, Osée, fils d’Ela, commença à régner sur Israël à Samarie, et il régna neuf ans.D’après 2 Rois 15.30, Osée conspira contre Pékach et devint roi à sa place déjà dans la quatrième année d’Achaz. Ici (verset 1), il semble n’être devenu roi que dans la douzième. Peut-être le trône lui fut-il disputé huit ans. Une période d’anarchie n’a pas lieu de surprendre dans ce temps de dissolution.
Salmanasar : un successeur de Salmanasar II, mentionné à propos de Jéhu (voir note historique à la fin du chapitre 14). C’était, d’après les inscriptions cunéiformes, Salmanasar IV, le successeur immédiat de Tiglath-Piléser II. Le nom de Salmanasar signifie : Salman (nom d’une divinité assyrienne) fait grâce.
Monta contre lui. Peut-être, vers la fin des huit ans pendant lesquels le trône lui avait été disputé, Osée s’était-il adressé au roi d’Assyrie et avait-il par sa protection obtenu l’affermissement de son pouvoir. Salmanasar pouvait dans ce cas l’envisager comme son vassal et exiger de lui un tribut annuel, tandis qu’Osée se considérait encore comme indépendant. Cependant, à l’approche de Salmanasar, il consentit à payer le tribut ; mais en même temps il s’adressait au roi d’Égypte pour qu’il le soutînt dans la révolte qu’il méditait.
So : le premier roi de la vingt-cinquième dynastie, qui était de race éthiopienne ; le Sabakou des Grecs, Schabaké des inscriptions égyptiennes, Schabé des inscriptions cunéiformes. Le nom hébreu So peut se lire Sévé ou Sava, ce qui rapproche sa prononciation de celui que l’on trouve dans les documents profanes.
L’enferma… On pourrait voir ici l’indication anticipée de la fin de la guerre quant à la personne d’Osée et dans ce qui suit, le détail de la manière dont cette fin a été amenée. Mais une inscription assyrienne raconte que Salmanasar cita Osée à comparaître devant lui à Ninive et là l’emprisonna, après quoi il ne reparut plus. Il faut donc admettre que tout ce qui suit, l’envahissement du royaume d’Israël, le siège et la prise de Samarie, la déportation des dix tribus, eurent lieu en l’absence, mais pourtant nominalement sous le règne d’Osée, à qui l’on n’avait pas donné de successeur ; voir Maspéro, page 390.
D’après 2 Rois 18.9, le siège de Samarie commença la septième année d’Osée, en sorte que les trois ans de ce siège (verset 5) ne sont pas des années complètes.
Le roi d’Assyrie prit Samarie. D’après les inscriptions assyriennes, le roi d’Assyrie qui prit Samarie se nommait Sargon. Sargon fut l’un des rois les plus belliqueux qu’ait eus l’Assyrie, le fondateur de la race des Sargonides le conquérant de Samarie. Il est vraisemblable que Salmanasar mourut pendant le long siège de Samarie ou devant Tyr, que les Assyriens assiégeaient en même temps et qui se défendit plus longtemps encore. Sargon est l’une des plus grandes figures de l’histoire ancienne et son siècle fut pour l’Assyrie quelque chose de semblable à ce que celui de Périclès fut pour la Grèce. Voir sur ce roi Ésaïe 20.1, note. Voici la manière dont Sargon raconte le résultat de la prise de Samarie : J’ai déporté 27280 des habitants de cette ville, j’y ai pris 50 chars de guerre que je me suis réservés ; j’ai livré le reste de ses richesses à mes soldats. J’ai établi sur elle mon lieutenant et je lui ai imposé le tribut qu’elle payait sous le roi précédent.
En Assyrie. L’Assyrie embrassait alors la Mésopotamie, la Babylonie, le pays d’Elam et la Médie.
On peut voir dans ce qui suit quatre ou bien trois localités, selon que l’on fait des mots le fleuve de Gozan une localité particulière ou une simple détermination de la précédente. 1 Chroniques 5.26 parle pour le premier sens.
Chalach n’est point le Calach de Genèse 10.11 ; c’est probablement un district de l’Assyrie septentrionale, touchant à l’Arménie, que Strabon appelle Calachène sur le Chabor. Ce fleuve doit être voisin de la localité précédente ; ce ne peut donc être le Kébar de Mésopotamie, près duquel demeurait Ézéchiel (Ézéchiel 1.1). C’est un fleuve plus petit de l’Assyrie septentrionale, qui se jette dans le Tigre au nord de Ninive et porte encore aujourd’hui le nom de Khabour.
Le fleuve de Gozan, d’après 1 Chroniques 5.26, devait se trouver encore plus à l’est que les localités précédentes et que la Médie elle-même. C’est probablement le Késel-Osen qui se jette dans la mer Caspienne. Notre note sur Ésaïe 37.12 incline à l’identifier plutôt avec le Gozan de Mésopotamie, mais probablement à tort.
Les villes de la Médie. Ce dernier terme confirme le sens que nous venons de donner à Gozan et à Chabor. Il prouve que ce fut dans les contrées formant l’extrémité orientale de l’Asie antérieure que les populations des dix tribus furent transportées. Que sont-elles devenues ? On ne les retrouve sûrement nulle part. Un avenir semble pourtant leur être encore réservé dans plusieurs prophéties.
Ce morceau est destiné à justifier le jugement de Dieu sur le peuple des dix tribus, en montrant par quelle opiniâtreté dans le mal il a fini par le rendre inévitable, comparez le morceau correspondant Juges 2.7 et suivants et le parallèle pour le peuple de Juda, 2 Rois 24.3 et suivants.
Comparez Exode 20.2.
Les coutumes des nations… : le culte des faux dieux.
Que les rois d’Israël avaient introduites. Il s’agit du culte des veaux d’or introduit par Jéroboam.
Les tours de garde : les petites tours isolées, élevées pour garder les vignes, etc.
Comparez 1 Rois 14.23.
Otées. Israël méritait donc à plus forte raison le même châtiment.
Aux sommations de la loi. Dieu avait ajouté les avertissements des prophètes.
Devinrent vanité. La vanité, ce sont les faux dieux qui n’ont aucune réalité. Voir Jérémie 2.8, note.
Tout ce qui précède renferme les considérants du jugement. Ici se trouve, si nous ne nous trompons, la proposition qui répond au comme du verset 7. C’est le tableau du châtiment répondant à celui des fautes qui l’ont provoqué.
Juda non plus… Ce verset et le suivant sont une parenthèse, destinée à rappeler qu’il n’y a pas eu de partialité en Dieu. S’il a permis la ruine de Samarie, il a aussi permis celle de Juda.
Toute la race d’Israël. L’auteur revient au royaume des dix tribus, qui, après une déportation partielle (2 Rois 15.29), fut enfin balayé tout entier.
On a attribué, d’après Esdras 4.2, cette mesure à Asarhaddon, l’un des successeurs de Sargon. Mais il n’est pas vraisemblable qu’on ait attendu si longtemps (26 ans) pour repeupler le pays. Ce passage d’Esdras prouve simplement, ainsi qu’Esdras 4.10, qu’il y a eu plusieurs immigrations, qui ont contribué à former le peuple des Samaritains et dont la principale a sans doute été celle qu’a fait exécuter Asarhaddon.
Cutha, ou Cuth, verset 30. Ce nom figure souvent dans les inscriptions assyriennes. On est assez d’accord aujourd’hui pour identifier Cutha avec la colline Tell-Ibrahim, toute couverte de débris, un peu à l’est de Babylone. Le dieu adoré là s’appelait Nergal, ce qui concorde avec le verset 30. Cependant Josèphe place Cutha dans les contrées de la Perse et de la Médie. Les rabbins appellent volontiers les Samaritains Cuthéens, ce qui prouve que cette peuplade formait la principale portion des nouveaux habitants de la Samarie.
Avva : sans doute le même nom qu’Ivva (2 Rois 18.34 ; 2 Rois 19.13). La situation est inconnue ; comparez Ésaïe 37.13.
Hamath est la ville bien connue de ce nom sur l’Oronte (Ésaïe 10.9, note).
Sépharvaïm : Ésaïe 36.19, note.
Dans les villes de la Samarie. Pour la première fois le nom de Samarie désigne ici, non la ville, mais la contrée de ce nom.
Des lions : Lévitique 26.22, note. Il s’écoula un certain temps jusqu’à ce que les colons fussent arrivés de si loin et une grande partie du pays restait encore inhabitée. De là cette multiplication des bêtes féroces, dans laquelle l’auteur voit, ainsi que le virent les colons eux-mêmes, une dispensation divine.
Chaque pays était envisagé comme appartenant à un dieu qui châtiait ceux qui négligeaient son culte.
Un des prêtres : un prêtre de ces veaux d’or sous la figure desquels on avait jadis adoré l’Éternel. Les veaux d’or avaient été transportés en Assyrie (Osée 10.5), mais le prêtre pouvait enseigner la religion de Jéhova qu’ils étaient censés représenter.
Qu’il aille, littéralement : qu’ils aillent, lui et sa famille.
Comment ils devaient craindre… ; quelle espèce de culte ils devaient lui rendre.
Et chaque nation fit son dieu : se fit des images de son ancien dieu et ils les placèrent dans les maisons des anciens hauts-lieux, où les Israélites avaient adoré l’Éternel.
Succoth-Benoth. Ce doit être le nom d’une divinité ; il signifie Tentes des filles. On a pensé qu’il venait de ce que ces espèces de temples étaient des lieux de prostitution ; mais c’est ici un nom de dieu, comme Nergal, Asima et les autre noms. C’était une idole dont le nom est inexpliqué. Il a quelque rapport avec le nom de la divinité féminine babylonienne Zêr-banit.
Nergal (la planète Mars), le dominateur de la grande cité, c’est-à-dire du Schéol, le rendez-vous des morts ; primitivement identique avec Adar ; la personnification de l’ardeur du soleil ; il était représenté sous la forme d’un lion ailé, tel que ces colosses à corps de lion, à ailes d’aigle et à tête d’homme qui se trouvent à l’entrée des palais et des temples assyriens et qu’on appelait des Nergals. Chose remarquable, il paraît par les inscriptions qu’en Canaan le dieu Nergal portait le nom de Scharappou, mot auquel correspond probablement le terme biblique de séraphin. Ce qui est dieu chez les païens est une puissance naturelle au service de Dieu chez les Israélites.
Asima. On l’a rapproché de l’Esculape phénicien, qui se nommait Esmoun. Les habitants de Hamath étaient voisins de la Phénicie.
Nibchaz : les Sabéens nomment le dieu du royaume de la nuit Nébaz.
Tharthak : chez les anciens Mèdes ce nom est celui d’un démon.
Adrammélec. Ce nom signifie : Adar (le dieu Saturne) est roi. Comparez Ésaïe 37.38.
Anammélec : Anu est roi. Anu était l’une des principales divinités babyloniennes, le dieu du ciel, fondateur des villes, protecteur des armées. Le culte qu’on offrait à ces deux dernières divinités ressemblait au culte affreux de Moloch (2 Rois 16.3 ; 2 Rois 17.17).
L’auteur jette ici un coup d’œil sur la religion samaritaine en général et sur l’étrange mélange de monothéisme israélite et de polythéisme païen qui la caractérisait. Il veut sans doute justifier l’antipathie qu’elle inspira dès le commencement à Israël. Ce passage est extrêmement difficile.
Tirés du peuple entier : 1 Rois 12.31.
D’un côté ils adoraient l’Éternel, de l’autre ils avaient des prêtres quelconques qui faisaient le service sur les hauts-lieux.
À la multitude des lieux de culte se joignait celle des divinités : Jéhova et les faux dieux des pays d’où les colons païens étaient venus.
Et, ajoute l’auteur, cela n’a pas changé jusqu’au moment où il écrit : même mélange de cérémonies religieuses qui ne s’accordent ni avec les anciens cultes des idoles, ni avec la loi de l’Éternel. Ils ne sont, comme nous disons vulgairement, ni chair ni poisson.
On ne peut donc les identifier avec les vrais Israélites, malgré leur prétention de faire partie du peuple de Dieu.