Verset à verset Double colonne
(742-727). Comparez le chapitre 28 de 2 Chroniques.
Ce règne malheureux fit faire au royaume de Juda un pas décisif vers la ruine. Sous Ozias et Jotham, la mondanité et la corruption avaient largement profité du regain de puissance extérieure et de prospérité matérielle qui s’était produit alors. Voir les reproches d’Ésaïe, chapitres 2 à 5. Sous Achaz, les choses en vinrent à une rupture ouverte avec l’Éternel ; il arriva même à un certain moment que le temple fut fermé et le culte suspendu (2 Chroniques 28.24). Pour châtier ce roi impie, Dieu se servit de l’alliance des rois d’Israël et de Syrie, qui s’unirent pour en finir avec le royaume de Juda et la famille de David et mettre sur le trône à la place d’Achaz le fils d’un certain Tabéal (Ésaïe 7.6 ; voir la note à ce passage). Ce nom syriaque fait penser que c’était un seigneur syrien qui devait gouverner Juda au nom du roi de Syrie. C’était donc l’annexion de Juda à la Syrie qui devait résulter de la victoire. Ésaïe promettait à Achaz la délivrance de la part de Dieu ; Achaz incrédule préféra recourir au bras de la chair. Il appela à son secours le roi d’Assyrie, Tiglath-Piléser, qui le délivra des deux rois, mais qui fit peser sur Juda un lourd fardeau.
Achaz avait vingt ans. Comme il régna seize ans, il avait à sa mort trente-six ans. Or d’après 2 Rois 18.2, son fils Ézéchias avait vingt-cinq ans quand il lui succéda. Achaz aurait donc dû avoir ce fils à l’âge de onze ans. C’est là quelque chose de presque incroyable, même en Orient, où l’on voit parfois de jeunes garçons de douze ou treize ans se marier et épouser des filles de neuf à dix ans. L’Écriture ne nous présentant aucun exemple semblable, nous inclinons à adopter pour l’âge d’Achaz à son avènement la leçon 25 au lieu de 20, que présentent plusieurs traductions dans le passage parallèle 2 Chroniques 28.1. Achaz aurait ainsi eu son fils aîné, Ézéchias, à l’âge de seize ans.
La voie des rois d’Israël : non l’adoration des veaux d’or de Jéroboam, qui n’a jamais eu cours en Juda, mais pis que cela, l’adoration des statues de Baal, introduite en Israël par la maison d’Omri (1 Rois 16.32 ; 2 Rois 3.2 ; 2 Rois 10.26 et suivants).
Il fit passer son fils par le feu ; il le sacrifia à Moloch dans la vallée des fils de Hinnom. Nous ignorons s’il s’agit d’un simple passage à travers le feu, ou bien d’une combustion réelle ; puis si l’enfant avait été immolé avant d’être jeté au feu ou s’il avait été brûlé vivant. D’après Ézéchiel 16.21 et Jérémie 7.31 (voir note), ce devait être plutôt une combustion complète. Ainsi s’expliquent les mots : et même. On peut admettre, quant à l’autre question, que l’enfant avait été, comme les victimes ordinaires, immolé avant d’être consumé. Il est probable qu’il ne s’agit ici que d’un fait particulier, dans un moment d’extrême détresse, comme le sacrifice de Mésa (2 Rois 3.27).
Voir 1 Rois 14.23.
Voir Ésaïe 7.1, note.
Montèrent en guerre. On peut conclure de 2 Chroniques 28.5 et suivants qu’ils arrivèrent chacun de son côté, Retsin par le pays à l’est du Jourdain, où il rencontra une armée de Juda qu’il tailla en pièces et Pékach par la Samarie, où il remporta une victoire décisive. Mais Jérusalem avait été mise en état de défense par Jotham et Achaz, de sorte qu’elle put tenir bon quand ces rois arrivèrent pour en faire le siège.
Il est probable que Retsin opéra cette marche sur Elath en continuant sa route à l’orient du Jourdain et de la mer Morte. Il voulait ôter à Juda ce port sur la mer Rouge, qui était pour lui une abondante source de richesse. Nous savons par 2 Rois 14.22 qu’Ozias l’avait repris sur les Iduméens.
Fit venir et non revenir, comme on traduit souvent. Elath n’avait jamais appartenu à la Syrie et le verbe hébreu indique un changement, mais non nécessairement un retour.
Jusqu’à ce jour. Une colonie syrienne demeura à Elath, même après que Retsin eut été renversé par le roi d’Assyrie. Elle y existait encore au moment où fut écrit le document duquel notre récit a été tiré.
Et Achaz envoya à Tiglath-Piléser : dès qu’il apprit la coalition formée par les deux rois. Ésaïe 7.1 ne suppose pas encore le commencement effectif de la guerre ; c’est le sommaire de tout ce qui va suivre, comme le prouvent les versets 2 et suivants. Après sa double défaite Achaz put soutenir durant un certain temps le siège des deux rois et donner ainsi à l’armée assyrienne le temps d’arriver.
L’argent et l’or ; on avait reconstitué le trésor depuis 2 Rois 12.18.
Il est probable que Retsin et Pékach, en apprenant l’arrivée du roi d’Assyrie, levèrent aussitôt le siège de Jérusalem pour courir à la défense de leurs propres pays. Mais leurs armées furent taillées en pièces. Retsin, selon les termes de l’inscription de Tiglath-Piléser, dut s’enfuir seul, comme un cerf, dans sa capitale. Ses principaux lieutenants furent pris et mis en croix et Damas fut assiégée, mais tint bon pendant deux ans entiers. Tiglath-Piléser, laissant un corps d’investissement devant la place, se retira après avoir coupé les arbres des environs et dévasté toute la plaine. Cinq cent quatre-vingt-onze villes ou bourgs syriens furent balayés comme par un ouragan. De Damas le roi d’Assyrie marcha contre Israël ; il envahit Galaad et la Galilée. Des généraux assyriens furent installés comme gouverneurs des places fortes. Hannon, roi de Gaza, se sauva en Égypte et le pays des Philistins fut occupé. Les principaux du royaume d’Israël furent déportés ; Pékach fut tué et l’Israélite Osée, sur la soumission duquel Tiglath-Piléser croyait pouvoir compter, fut établi par lui roi d’Israël. Après quoi il revint à Damas, la prit et fit mourir Retsin. Ainsi tomba la vieille capitale de la Syrie.
À Kir ; comme l’avait annoncé Amos 1.3-5, note ; Amos 9.7 fait comprendre que cette contrée était leur berceau. C’est probablement le pays arrosé par le Kour, fleuve qui descend du plateau arménien vers le nord, pour aller se jeter dans la mer Caspienne ; c’est la Géorgie actuelle.
Quant au sort d’Israël en cette circonstance, il a déjà été décrit 2 Rois 15.29, à l’occasion du règne de Pékach.
Achaz en se rendant à Damas voulait sans doute empêcher Tiglath-Piléser de venir à Jérusalem. Il paraît y avoir réussi. Mais cette visite eut pour résultat l’introduction à Jérusalem d’une nouvelle forme d’idolâtrie. L’autel dont il est ici parlé, était-il un autel syrien trouvé dans l’un des temples de Damas, ou un autel assyrien dressé dans le camp de Tiglath-Piléser ? En faveur de la première alternative, on peut alléguer le passage 2 Chroniques 28.23 : Il sacrifia aux dieux de Damas qui l’avaient frappé et il dit : Puisque les dieux des rois de Syrie leur sont venus en aide, je leur sacrifierai pour qu’ils me viennent aussi en aide. Mais Achaz ne peut avoir agi et parlé ainsi après l’intervention de Tiglath-Piléser et quand la Syrie venait d’être absolument anéantie malgré ses dieux. D’ailleurs il est dit expressément au verset 22 que ce fut au temps de sa détresse qu’Achaz parla ainsi : or il n’était plus dans la détresse après que le roi d’Assyrie l’avait délivré de ses deux ennemis. C’était donc antérieurement à cette délivrance qu’Achaz disait cela, probablement au moment où son armée venait d’être vaincue par Retsin à l’orient du Jourdain ; ce fut sans doute aussi dans ce moment d’extrême détresse qu’il sacrifia son fils. Ce moment ne peut donc avoir coïncidé avec le fait du livre des Rois qui nous occupe et qui eut lieu beaucoup plus tard. L’autel dont il est ici question pourrait sans doute être un autel syrien qu’Achaz admira dans l’un des temples de Damas. Mais il est bien plus probable que ce fut un autel assyrien qu’il voulut imiter pour faire sa cour à Tiglath-Piléser. Il est parlé un peu plus tard (2 Rois 23.4-5 ; 2 Rois 23.11-12) de l’introduction du culte des astres, ainsi que des chevaux et des chariots consacrés au soleil par les rois de Juda, traits qui caractérisent le culte assyrien. Tout cela parle pour l’introduction dans le temple d’un autel assyrien.
Urie, le sacrificateur ; Ésaïe 8.2, note.
Ainsi fit Urie ; sans même attendre le retour du roi et sans avoir rien fait pour l’arrêter dans sa folie.
Et y monta ; comme Jéroboam, 1 Rois 12.33. Mais on peut traduire aussi : y fit monter (des sacrifices). Au verset 15 Achaz respecte en général la fonction des sacrificateurs.
Son holocauste ; l’holocauste du roi : probablement. un sacrifice spécial qu’il offrit à son retour de Damas en reconnaissance de la protection qui lui avait été accordée. On peut supposer qu’il s’applaudissait alors de sa politique et triomphait d’Ésaïe.
Achaz s’enhardit dans le mal. Urie avait de son chef placé le nouvel autel devant l’autre ; de sorte que celui-ci restât le plus rapproché du temple. Mais Achaz fait mettre de côté l’autel légitime et le relègue vers le nord, au côté de l’autre qui prend sa place immédiatement devant le portique du temple.
Enfin, comme on ne peut servir deux maîtres, il attribue tous les honneurs à l’autel nouveau, qui reçoit le nom de grand autel, c’est-à-dire qu’il devient l’autel principal. Ainsi c’était sur un autel copié du paganisme que les sacrifices journaliers étaient offerts à Jéhova.
L’holocauste du matin et l’oblation du soir. Il y avait bien aussi oblations le matin et holocaustes le soir ; la loi est claire (Exode 29.38-42 ; Nombres 28.3-8). Mais cela n’avait pas besoin d’être dit ; l’holocauste du matin n’allait pas sans oblation. Et quant à celui du soir, comme il brûlait toute la nuit (Lévitique 6.2), le peuple se bornait à assister à l’oblation.
L’holocauste du roi… Il ne s’agit pas ici, comme peut-être au verset 13, d’un culte extraordinaire célébré au retour de Damas, mais d’un sacrifice régulier, quotidien, offert pour le compte du roi. Nulle part sans doute la loi ne commande au roi un sacrifice spécial pour sa personne. Mais il pouvait l’offrir, à côté de l’holocauste pour le peuple et pour le grand sacrificateur, comme sacrifice volontaire. Sur les holocaustes, voir le chapitre 1 de Lévitique ; sur les oblations, le chapitre 2 ; sur les libations, Nombres 15.5 ; et sur le sang des sacrifices, Lévitique 1.5 ; Lévitique 1.11 ; Lévitique 1.15 ; Lévitique 3.2 ; Lévitique 3.8, etc.
Des sacrifices : terme général qui renferme holocaustes, sacrifices d’actions de grâces, sacrifices pour le péché, etc.
Je m’en occuperai. Évidemment le vieil autel le gêne. Il veut laisser le peuple s’habituer au nouveau et quand celui-ci aura pris dans l’usage la place de l’ancien, il éloignera définitivement celui-là.
Urie fit… Ces mots font ressortir encore une fois sa honteuse lâcheté.
Les panneaux des socles : 1 Rois 7.27.
La mer : 1 Rois 7.23.
Un pavé de pierres : un parquet de mosaïque, comme les aimaient les anciens. Les douze bœufs, ainsi que les cuves, les petites et la grande, furent conservés. Comparez 2 Rois 25.13 et Jérémie 52.20, où on voit qu’ils furent transportés à Babylone par Nébucadnestsar.
Le portique du sabbat. Traduction incertaine. C’était sans doute un lieu couvert dans les parvis, destiné au roi quand il assistait au culte du sabbat.
L’avenue extérieure du roi : peut-être l’escalier magnifique construit par Salomon (1 Rois 10.5), ou bien, d’après Ézéchiel 46.1-2, un escalier par où le roi montait pour entrer par la grande porte orientale du parvis intérieur du temple.
À cause du roi d’Assyrie, ou : de devant le roi d’Assyrie. Achaz voulait probablement soustraire ces ouvrages d’art à sa cupidité. Ces mots font soupçonner ce que confirme le livre des Chroniques : c’est qu’après sa victoire sur les deux rois ennemis d’Achaz, Tiglath-Piléser se montra dur envers Achaz lui-même. Au lieu d’un libérateur, celui-ci se trouva avoir appelé dans le roi d’Assyrie un oppresseur, qui s’assujettit Juda et lui imposa le tribut annuel, que lui payaient tous ses vassaux. C’est ce qui ressort clairement de l’histoire d’Ézéchias (2 Rois 18.7 ; 2 Rois 18.13-14).
Dans la cité de David : mais non pas dans les tombeaux des rois (2 Chroniques 28.27). C’est ainsi qu’on avait agi avec Ozias, par un motif différent sans doute, mais analogue.