Verset à verset Double colonne
1 Manassé avait douze ans quand il commença à régner, et il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem. Et le nom de sa mère était Hephtsiba.Comparez 2 Chroniques 33.1-20.
Douze ans. Son père Ézéchias mourut à cinquante-quatre ans. Il est probable que ce roi n’avait eu que ce fils, qui doit être né trois ans après la guérison de son père.
Hephtsiba : Mon plaisir est en elle. Comparez Ésaïe 62.4, note.
L’influence de son père ne pouvait à cet âge, avoir encore été bien profonde.
Comme avait fait Achab, le vrai introducteur du paganisme phénicien en Israël (1 Rois 16.32-33).
Toute l’armée des cieux. C’est depuis les invasions assyriennes que le culte des astres en général s’est de plus en plus ajouté à celui de Baal et d’Astarté (le soleil et la lune).
Dans Jérusalem je placerai mon nom : J’en ferai le lieu de ma révélation. Cette remarque trahit le sentiment d’indignation de l’auteur.
Dans les deux parvis : le parvis extérieur où tout le peuple pouvait entrer et le parvis intérieur où était l’autel des holocaustes et où fonctionnaient les lévites et les sacrificateurs. Ce fut jusque dans ce lieu sacré que Manassé osa établir son culte idolâtre. Achaz avait bien introduit un autel assyrien dans le parvis intérieur, mais il n’est pas dit que le culte offert sur cet autel le fût aux divinités païennes.
Il fit passer son fils par le feu : comme l’avait fait Achaz (2 Rois 16.3).
Magie… enchantements. Voir à Ézéchiel 21.26.
Nécromanciens : ceux qui sont censés avoir en eux l’esprit d’un mort (Ésaïe 8.19, note).
L’idole d’Astarté ; non plus seulement un autel consacré à cette déesse, mais son image elle-même. Le plus souvent elle était représentée par un simple tronc d’arbre (aschère) dressé près de l’autel de Baal.
Dans la maison ; non pas dans le parvis seulement, mais dans le temple même (Jérémie 7.30).
Ferai plus errer… Leur demeure sera désormais stable, comme le temple substitué au Tabernacle mobile.
Plus que les nations : en pratiquant l’idolâtrie des autres peuples, ils reniaient le vrai Dieu qui s’était révélé à eux comme leur Dieu.
Quels sont ces prophètes ? Peut-être Ésaïe, dont la tradition juive raconte le martyre sous Manassé. Peut-être aussi Habakuk : voir l’introduction à ce prophète (Bible Annotée).
Les Amorrhéens : la plus puissante des tribus cananéennes, pour désigner le peuple entier.
Les deux oreilles lui tinteront. Comparez Habakuk 3.16 et suivants, où le prophète raconte l’effet terrifiant que produisit sur lui-même la perspective de l’invasion chaldéenne (comparez 1 Samuel 3.11).
Cordeau… niveau : images désignant une destruction radicale (Ésaïe 34.11).
Comme on écure. Cette comparaison de la ville sainte avec un vulgaire plat qu’on essuie a quelque chose de méprisant.
Le reste de mon héritage. Jusqu’ici Juda était resté, par amour pour David, en dehors du jugement dont Samarie avait été frappée ; maintenant il y est lui-même abandonné.
Depuis le jour où leurs pères… L’infidélité actuelle est la dernière goutte qui fait déborder le vase de la colère divine, rempli peu à peu par les infidélités des pères.
Comparez Luc 11.50.
Non seulement Manassé n’écouta pas les prophètes, mais il les persécuta et avec eux les Israélites fidèles.
Depuis une porte jusqu’à l’autre : même expression que dans 2 Rois 10.21. La ville entière fut inondée de sang.
L’auteur omet ici un fait important dans la vie de Manassé, qui est raconté par le livre des Chroniques et que la découverte récente des inscriptions assyriennes a pleinement confirmé : c’est la captivité momentanée de Manassé à Babylone et son rétablissement dans sa royauté à Jérusalem. Les Chroniques parlent même de sa repentance, au sujet de laquelle a été composé un livre apocryphe, la prière de Manassé et du rétablissement du culte de l’Éternel à la fin de son règne. Voir à ce passage. Nous ignorons la raison pour laquelle le livre des Rois ne mentionne pas ces faits, qui ont probablement été tirés par l’auteur des Chroniques du livre de Chozaï (2 Chroniques 33.19).
Dans le jardin de sa maison : non dans le sépulcre des rois (voir les deux cas semblables d’Ozias et d’Amatsia), mais dans le jardin attenant sans doute à une résidence qu’il s’était fait bâtir lui-même sur un terrain acheté d’un certain Uzza qui nous est inconnu.
Le règne de Manassé a été certainement le pire de tous ceux de Juda. Sous lui Jérusalem était devenue une espèce de panthéon où s’étaient donné rendez-vous, jusque dans le temple, les idolâtries de tous les peuples voisins. Pour la première fois aussi la persécution sévit en Juda contre les fidèles adorateurs de l’Éternel. Le péché de Manassé est devenu tvpique, comme ceux de Jéroboam et d’Achab en Israël (2 Rois 24.3-16 ; Jérémie 15.4).
Comparez 2 Chroniques 33.21-25.
Comme avait fait Manassé. Si vraiment Manassé à la fin de sa vie a détruit le culte idolâtre et rétabli celui de l’Éternel, ce relèvement n’a été que momentané et n’a pas continué sous le règne de son fils.
Les serviteurs d’Amon… Une conspiration de palais.
Et le peuple du pays… Le peuple de Juda avait encore foi en la famille de David.
Deux rois, Asarhaddon et Assurbanipal, mentionnent Manassé dans leurs inscriptions. Son nom paraît parmi ceux de vingt-deux rois du pays de Chatti (proprement des Héthiens) sur un cylindre d’Asarhaddon :
Je convoquai vingt-deux rois du pays de Chatti qui habitaient au bord et au milieu de la mer dans les îles ; je les fis tous venir.
Manassé est nommé le second :
Suivent les rois d’Édom, de Moab, de Gaza, d’Askalon, d’Ékron, de Phénicie, de l’île de Chypre et même, semble-t-il, de Carthage (Cartichadast). Une liste toute semblable se trouve dans une inscription d’Assurbanipal, son fils, avec quelques changements dans les noms des rois, provenant sans doute d’un changement de souverain qui avait eu lieu dans l’intervalle dans quelques-uns de ces pays. Comme Manassé se retrouve dans la seconde liste, on doit en conclure qu’il vivait encore au commencement du règne d’Assurbanipal, ce qui s’accorde avec la longue durée de son règne (55 ans) indiquée 2 Rois 21.1. Sur la révolte de Manassé, sa captivité à Babel, sa repentance et son retour à Jérusalem, mentionnés 2 Chroniques 33.11-13, voir à ce passage.