Verset à verset Double colonne
Josias accepte avec soumission le sort qui lui est annoncé, mais, connaissant les compassions de l’Éternel, il fait encore un effort suprême pour obtenir en faveur de son peuple un changement de la volonté divine ; et, comme toute vraie conversion commence par le sentiment du péché, il place le peuple en face de la loi qui le condamne, de même qu’il y avait été placé lui-même par la lecture que lui en avait faite Saphan.
Les Anciens. Eux seuls furent convoqués, mais à eux se joignirent spontanément une grande partie du peuple de Jérusalem et même de tout Juda (verset 2).
Les prophètes. Nous ne connaissons comme tels que Jérémie, Sophonie et Hulda, mais il y en avait d’autres sans doute. Sur le terme les Lévites, qui dans 2 Chroniques 34.30 remplace celui de prophètes, voir à ce passage.
L’estrade : voir à 2 Rois 11.14.
Et d’abord, versets 4 à 14, à Jérusalem et en Juda.
Destruction des instruments du culte idolâtre.
Aux sacrificateurs de second rang. Si ce mot était au singulier, nous devrions penser au sacrificateur particulier qui remplissait le rôle de vice-grand sacrificateur d’après 2 Rois 25.18. Comme il y a le pluriel, il est naturel d’entendre les sacrificateurs en général, en tant que subordonnés au souverain sacrificateur.
Destitution des sacrificateurs qui avaient desservi les hauts-lieux en dehors de Jérusalem. Nous avons rendu par faux prêtres le mot camarim, sur lequel voyez Osée 10.5, note.
Ainsi que ceux qui offraient les parfums… Ceux-ci étaient les prêtres proprement idolâtres qui avaient été établis depuis que l’adoration des astres en général, importée d’Assyrie, était venue s’ajouter à celle de Baal et d’Astarté (du soleil et de la lune).
Aux signes du zodiaque. Le mot hébreu peut désigner soit les cinq planètes connues alors et adorées chez les Assyriens, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter. Saturne, soit les douze signes du zodiaque que le soleil est censé parcourir dans le cours d’une année.
Destruction de l’idole principale.
L’idole d’Astarté. Une statue semblable avait été érigée par Manassé dans le temple même (2 Rois 21.7). Il est dit que Manassé, après son retour de Babylone et sa repentance, l’avait fait enlever (2 Chroniques 33.15). Amon l’avait sans doute rétablie.
Sur la fosse du commun peuple. Il ne s’agit pas de souiller les cadavres, qui l’étaient déjà naturellement, mais d’imprimer une flétrissure à l’idole elle-même. Les sépulcres des riches étaient dans la propriété de chacun. La fosse commune du bas-peuple pouvait seule être employée à cet usage.
Abolition des pratiques impures qui souillaient le temple.
Des prostitués, littéralement : consacrés (1 Rois 14.24, note et Deutéronome 23.18). Dans ces mêmes maisons paraissaient avoir habité les femmes qui fabriquaient les tentes employées dans tout le pays à abriter les idoles d’Astarté.
Abolition des lieux de culte dans tout le pays et à Jérusalem. Les sacrificateurs qui s’étaient dégradés au point de pratiquer ces cultes, furent ramenés à Jérusalem où leur fut assignée une position inférieure à celle de leurs frères. Le service de l’autel des holocaustes leur fut interdit, mais ils recevaient une part des offrandes non sanglantes présentées par le peuple. Comparez Ézéchiel 44.9-14.
Guéba, ville située près de la frontière septentrionale du royaume de Juda (Ésaïe 10.29, note).
Béerséba, limite extrême de Juda du côté du sud.
Hauts-lieux des portes : à Jérusalem. C’étaient des autels élevés près des portes de la ville, où ceux qui entraient ou sortaient pouvaient faire leurs dévotions. L’auteur désigne particulièrement une de ces portes, située près de la maison du commandant de la ville, nommé Josué. La seconde proposition en désigne probablement une seconde, située dans une autre partie de la ville, non nommée ; c’était sans doute la principale, vraisemblablement celle de Jaffa, par où passe la route qui conduit à la Méditerranée.
Thopheth. Voir Ésaïe 30.33, note. Ce mot vient peut-être du verbe thouph, qui signifie brûler ou cracher.
D’amener les chevaux… On voit par le contraste avec les chars, qu’il fit brûler que c’étaient des chevaux vivants, qu’on employait probablement dans les processions où l’on représentait le soleil parcourant les douze stations du zodiaque. Chez tous les peuples de l’Orient le cheval est l’animal consacré au soleil.
Néthan-Mélec. Est-ce le nom d’un individu ou le titre de l’employé chargé du soin de ces chevaux ? Le mot signifie : don du roi. Ce nom viendrait de ce que les chevaux étaient donnés par les rois. Ce personnage habitait une arrière-cour située à l’ouest du temple, derrière le Lieu très saint, du côté de la ville haute et appelée Parvar, nom dont on ignore l’origine. C’était là qu’étaient les écuries des chevaux consacrés.
Sur le toit : de manière à pouvoir observer les astres et leur offrir l’encens.
La chambre haute. On voit par Jérémie 35.4 (la chambre de Maaséïa, gardien du seuil) que les grands portiques des deux parvis renfermaient d’assez nombreuses chambres. Achaz en avait fait bâtir une exprès sur le toit d’un de ces édifices et les rois idolâtres de Juda (Achaz, Manassé, Amon) y avaient établi des autels.
Dans les deux parvis. L’intérieur même de l’emplacement sacré était devenu un réceptacle d’idolâtrie.
De Jérusalem l’activité réformatrice de Josias s’étend aux alentours de la ville.
La montagne de Perdition. Ce terme désigne la plus méridionale des trois cimes de la montagne des Oliviers, à droite pour celui qui regarde depuis Jérusalem dans la direction de l’orient (au moyen duquel les Hébreux s’orientaient). Cette sommité porte encore aujourd’hui le nom de mont du Scandale ; voir 1 Rois 11.7. C’est de la criminelle concession que Salomon fit à ses femmes que date l’introduction de l’idolâtrie en Juda ; de là le nom de cette montagne. Ces hauts-lieux, qui avaient sans doute été abattus par les rois pieux, avaient été relevés par les rois idolâtres.
Les statues.Voir 1 Rois 14.23, note.
Josias étend la réforme au pays même des dix tribus. 2 Chroniques 34.9 montre que les restes des Israélites demeurant dans l’ancien territoire d’Israël s’étaient rattachés au culte de Jérusalem et contribuaient même à son entretien. En sa qualité de chef religieux du peuple de Dieu tout entier, Josias étend son action jusqu’à eux comme l’avait fait déjà précédemment Ézéchias (2 Chroniques 31.1). Sans doute cette contrée septentrionale faisait encore partie de l’empire d’Assyrie, mais cet empire était alors sur son déclin et il ne s’agit que d’une réforme religieuse, sans conséquence politique. Il est probable que l’ancien haut-lieu de Béthel était resté un lieu de culte pour les nouveaux habitants qui y avaient élevé une statue de Baal (2 Rois 17.28) et une aschère.
Brûla le haut-lieu : la maison qui s’y trouvait (verset 19).
L’auteur veut montrer l’accomplissement de la prédiction du prophète de Juda. 1 Rois 13.2. Certainement il n’invente pas lui-même dans ce but le fait qu’il raconte ; car dans ce cas, il n’aurait pas manqué de faire ressortir expressément ce qu’il indique d’une manière toute générale au verset 20, l’immolation des sacrificateurs de ce haut-lieu de Béthel, si expressément annoncée dans la prophétie.
Dans la montagne : non pas celle sur laquelle se trouvait le haut-lieu, mais une colline que l’on voyait depuis celui-ci.
De Samarie. Voir 1 Rois 13.7 ; 1 Rois 13.11 et la note 1 Rois 13.8.
Ici reprend le fil du récit interrompu au verset 15. Josias étend à tous les hauts-lieux du pays, qui étaient devenus sans doute très-nombreux depuis que la population païenne y habitait, le traitement appliqué au haut-lieu principal, celui de Béthel.
Ces sacrificateurs étaient des prêtres païens venus avec les nouvelles populations. Josias les traite plus sévèrement que ceux des hauts-lieux de Juda ; il s’agissait ici de hauts-lieux décidément consacrés à l’idolâtrie.
Le pays une fois purifié de la souillure de l’idolâtrie, Josias, comme son ancêtre Ézéchias (2 Chroniques 30.1), convoque le peuple entier à une Pâque solennelle. Nulle fête n’était aussi propre que celle-là à solenniser la restauration du culte de Jéhova au sein de son peuple, car son institution avait marqué l’affranchissement d’Israël en Égypte et sa naissance à l’existence nationale, sa création comme peuple de Dieu.
Selon ce qui est écrit. Par la découverte et la lecture publique du livre de la loi avaient été remis en pleine lumière les caractères et les traits particuliers de cette grande fête. Il serait faux de conclure de là, comme on l’a fait, que ce fut alors qu’elle fut célébrée pour la première fois. Nous avons des preuves que depuis la sortie d’Égypte elle avait été plusieurs fois célébrée ; ainsi peu après l’entrée dans le pays de Canaan (Josué 5.10), puis sous Ézéchias ; et nous n’avons aucun droit de supposer qu’elle ne l’eût pas été dans l’intervalle. Comparez les expressions : depuis le temps des Juges (verset 22), et : depuis le temps de Samuel (2 Chroniques 35.18). L’histoire ne mentionne qu’occasionnellement l’accomplissement régulier des cérémonies religieuses, car il s’entend de lui-même.
Car jamais… Ce car porte sur les mots : Comme il est écrit. Même sous Ézéchias la différence entre le mode de célébration et les prescriptions de la loi est nettement relevée dans tout le récit ; ainsi on est obligé de renvoyer la célébration au second mois, ce qui prouve que l’on n’ignorait point qu’elle aurait dû avoir lieu au premier. Ce ne fut que sous Josias que la célébration répondit exactement à sa forme normale et que l’élan causé par la lecture récente de la loi amena, de la part du roi et du peuple, la joyeuse et complète célébration qui avait fait défaut jusqu’alors.
On a prétendu aussi que jusqu’à Josias la fête de Pâques avait bien existé, mais comme fête purement agraire. Il faudrait admettre dans ce cas qu’il en était ainsi et même à plus forte raison des deux autres fêtes, ce qui conduirait à l’étrange conséquence qu’Israël, le peuple le plus religieux de l’antiquité, aurait été le seul qui n’aurait pas eu de fête religieuse. Nous croyons avoir démontré que les trois fêtes sacrées d’Israël reposaient, il est vrai, sur des faits de la vie naturelle, mais qu’elles avaient reçu une signification supérieure en rapport avec les circonstances de la vie nationale.
De Pâque pareille. Ces mots mêmes impliquent que cette fête avait été célébrée précédemment, mais non pas ainsi.
La dix-huitième année : ainsi moins d’un an après la découverte de la loi (2 Rois 22.8).
Mesures de Josias contre les arts occultes, dont l’exercice était en général lié au paganisme.
Les nécromanciens, les devins : voir 2 Rois 21.6.
Théraphim : voir Genèse 31.19. Josias attaque l’idolâtrie non seulement dans ses formes publiques, mais jusque dans ses pratiques secrètes et domestiques.
Pas eu de roi qui, comme lui… Voir, sur cette parole, verset 2.
On est étonné de l’inflexibilité de l’Éternel dans ce cas-ci. Mais les discours de Jérémie et de Sophonie montrent bien que le retour du peuple, n’était que superficiel et n’avait eu lieu que sous l’impulsion de son roi. Le cœur était resté le même. Le mal avait cette fois atteint sa pleine mesure. Il pouvait bien encore y avoir grâce individuelle ; la condamnation nationale était prononcée sans retour.
La position de ce verset avant l’événement important qui doit encore être raconté, la mort tragique de Josias, est étrange. Peut-être le récit de cette mort a-t-il été placé ainsi comme transition à l’élection de son successeur.
Pharaon Néco : le second roi de la vingt-sixième dynastie ; prince célèbre qui travailla surtout à développer la marine égyptienne et fit exécuter pour la première fois le tour de l’Afrique par des vaisseaux qui, partis de la mer Rouge, revinrent en Égypte par le détroit de Gibraltar et la Méditerranée. Il est probable que ce fut par mer et au moyen de sa flotte qu’il transporta son armée au nord de la Palestine, d’où il voulait passer directement en Assyrie. S’il était venu d’Égypte par terre, ce ne serait pas au nord, dans la plaine de Méguiddo, que Josias serait allé à sa rencontre. Il débarqua sans doute dans la baie d’Acco, au pied du Carmel et ce fut tout naturellement dans la plaine d’Esdraélon, qui s’ouvre là, que Josias le rencontra. Voir le récit plus détaillé 2 Chroniques 35.20 et suivants.
Monta contre le roi d’Assyrie. Cet empire, comme nous l’avons dit (2 Rois 23.15), était alors en pleine décadence. Peu de temps après la bataille de Méguiddo (610), Ninive tomba, après trois ans de siège, au pouvoir des Mèdes et des Babyloniens coalisés. L’expédition de Néco était probablement motivée par le désir de profiter de la chute prévue de cet empire pour étendre son pouvoir sur l’Orient.
Josias marcha à sa rencontre. Par quelle raison et dans quel but ? Les historiens ne sont pas d’accord sur ce point. Le royaume du nord n’étant pas en son pouvoir, il semble qu’il eût pu laisser passer Néco sans s’opposer à lui. Il paraît probable que, depuis la grande réforme religieuse qu’il avait accomplie dans cette contrée, il s’envisageait plus ou moins comme le souverain du pays, succédant ainsi à ses ancêtres, David et Salomon qui avaient possédé toute la Terre Sainte. Mais même dans cette supposition, sa conduite reste difficile à expliquer. Il semble qu’il ait été abandonné à un esprit d’aveuglement, qui devait servir à réaliser la prophétie de Hulda et le dessein de Dieu qui allait à la ruine de Juda. Hérodote mentionne la bataille de Méguiddo, ville qu’il appelle Magdolon, probablement par corruption du nom hébreu.
Dès qu’il le vit : pour ainsi dire sans combat. Josèphe raconte que ce fut en parcourant son armée pour la ranger en bataille, que Josias fut frappé d’une flèche.
Les lamentations populaires qui accompagnèrent immédiatement cette mort et qui se célébrèrent encore pendant des siècles (2 Chroniques 35.25), montrent que le peuple sentit profondément l’importance de ce coup. Comme les règnes de David et de Salomon avaient été l’aurore et le glorieux lever de soleil de la royauté israélite, celui de Josias fut le dernier éclat jeté par le soleil couchant, qui allait s’éteindre dans une longue et sombre nuit.
Voir les détails 2 Chroniques 35.23 et suivants.
Dans son sépulcre ; dans les Chroniques : celui de ses pères ; probablement celui où avaient été enterrés Manassé et Amon (2 Rois 21.18 ; 2 Rois 21.26).
Le peuple du pays prit Joachaz. C’était le quatrième fils de Josias (1 Chroniques 3.15). Il paraît que celui-ci n’avait rien déterminé à l’égard de son successeur ; c’est pourquoi Joachaz fut élevé sur le trône par l’élection populaire. Peut-être est-ce par cette raison qu’ils l’oignirent, ce qui n’est dit d’aucun des rois de Juda depuis Salomon (1 Rois 1.34) qui, lui non plus, n’était pas l’aîné. Le nom de Joachaz était proprement Sallum (Jérémie 22.11l). Il était de deux ans plus jeune que son frère Jéhojakim. Nous ignorons les raisons pour lesquelles le peuple le préféra à son aîné.
Comparez 2 Chroniques 36.1-4.
Jérémie, de Libna : non le prophète, qui était d’Anathoth.
Néco avait poursuivi sa marche vers le nord et travaillait à soumettre tous les États syriens en-deça de l’Euphrate. Il ordonna sans doute à Joachaz de venir lui rendre hommage, comme l’avait fait le roi d’Assyrie à l’égard de Manassé et le jeta dans les chaînes. D’autres ont supposé qu’il l’avait fait prendre à Jérusalem par un détachement de son armée qui se serait emparé de cette ville.
Ribla, aujourd’hui Kiblé un pauvre village de quarante et quelques maisons, en Célésyrie, sur la rive droite de l’Oronte, à quelques journées au nord de Damas, dans une grande vallée large d’environ 16 km, abondante en pâturages et que Nébucadnetsar choisit aussi pour son quartier général, après la prise de Jérusalem (2 Rois 25.6-21). De ce point, des routes commodes conduisaient dans toutes les directions.
Hamath ; capitale de tout ce district, encore plus au nord ; aujourd’hui une ville de trente mille habitants. Voir Ésaïe 10.9, note.
Comparez avec notre verset le remarquable passage dans lequel Ézéchiel 19.1-14) a décrit le traitement que Néco fit subir à Joachaz.
Une contribution de cent talents d’argent : près d’une demi-tonne d’argent.
Un talent d’or : 49 kg.
À la place de Josias. Joachaz, ayant été nommé sans son autorité, est compté pour rien par Néco.
Changea son nom. Quoique les deux noms aient à peu près le même sens (Eliakim : Dieu élève ; Jéhojakim : l’Éternel élève), ce changement avait cette portée de faire du nouveau roi la créature de Néco (2 Rois 24.17 ; Genèse 41.45 ; Daniel 1.7).
Comparez 2 Chroniques 36.5-8.
Huma, ville inconnue ; peut-être Aruma, près de Sichem (Juges 9.41).