Verset à verset Double colonne
1 Paroles d’Amos, un des bergers de Thékoa, qui lui furent révélées au sujet d’Israël, au temps d’Ozias, roi de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël, deux ans avant le tremblement de terre.Paroles d’Amos, l’un des bergers ; voir l’introduction.
Qui lui furent révélées, littéralement : qu’il vit. Ce terme de voir s’applique ici à une vue intérieure par l’œil de l’esprit. Voir une parole, c’est contempler une vision, puis la traduire en un discours que le prophète adresse à ses contemporains.
Il dit… Le sujet de ce verbe est Amos. Il résulte sans doute du récit Amos 7.10-15 que tous ces discours furent prononcés à Béthel, siège du culte du veau d’or. Le prophète ne nous donne ces détails historiques que plus tard et accidentellement, parce que le message de Dieu va pour lui avant tout ce qui concerne sa propre personne.
Ce que le prophète contemple dans les deux premiers chapitres, c’est un jugement de l’Éternel qui, semblable à un orage, fond successivement sur tous les peuples qui entourent le royaume des dix tribus et l’atteint enfin lui-même. Ces peuples sont au nombre de sept, chiffre dans lequel se reflète la notion de la sainteté divine : les trois premiers (Syriens, Philistins, Phéniciens) sont de simples voisins d’Israël ; les trois suivants sont des parents, descendant des mêmes patriarches, à savoir d’Isaac (Édom) et de Lot et par lui de Thérach, père d’Abraham (Ammon, Moab). Le septième est le propre frère d’Israël (Juda). Ce n’est qu’après qu’Amos a contemplé la justice de Dieu s’exerçant sur ces peuples et même sur celui qui tient de plus près à Israël, que Dieu la lui montre s’exerçant enfin sur Israël lui-même. On comprend bien la sagesse de cette marche du message divin, si l’on se rappelle qu’Amos était lui-même citoyen de Juda et combien il était délicat pour un prophète dans cette position d’aller menacer du jugement divin un peuple aussi jaloux de son indépendance politique et religieuse que l’était le peuple des dix tribus. Amos ne pouvait parler, comme il va le faire, à Israël qu’après avoir mis son impartialité à l’abri de tous soupçons, en proclamant le châtiment de Juda, son propre peuple. On peut observer encore un ordre géographique dans la mention des sept peuples. La Syrie est située au nord-est et les Philistins au sud-ouest ; les Phéniciens au nord-ouest et les pays d’Édom, d’Ammon et de Moab au sud et au sud-est. C’est donc comme si le jugement de Dieu passait et repassait sur la tête d’Israël, jusqu’à ce qu’il atteigne Juda et enfin Israël lui-même.
Amos, en écrivant les menaces de Dieu adressées aux États païens, n’avait certainement pas pour but de les leur transmettre. Comment leur aurait-il fait parvenir ce message ? C’est Israël qu’il voulait avertir ; il voulait lui faire comprendre deux choses :
L’Éternel rugira. La première moitié de ce verset se retrouve littéralement Joël 3.10. Chez celui-ci, elle constitue un des chaînons du discours, tandis que dans Amos cette parole paraît détachée, comme une sorte d’épigraphe ou de citation servant de texte à tout ce qui va suivre. Il est clair que c’est Amos qui cite Joël et non pas l’inverse. On pourrait traduire : l’Éternel rugit. Le rugissement serait cette prophétie elle-même ; mais il nous paraît préférable de traduire par le futur : il rugira et d’appliquer ce mot à l’accomplissement futur de la menace que le prophète prononce maintenant.
La comparaison de l’Éternel avec un lion, ce roi des animaux dont la voix terrifie les bêtes du désert, est fréquente ; le passage Jérémie 50.44 parait être une imitation de celui-ci.
L’effet produit par l’ordre de l’Éternel, qui retentira dans le monde invisible, est indiqué dans la fin du verset : c’est la dévastation du pays tout entier. Amos, berger lui-même dans les montagnes de Juda, représente cet événement sous l’image de la désolation des pâturages du pays et même des forêts du Carmel. On a pensé qu’il s’agissait ici de la localité mentionnée 1 Samuel 25.5 qui n’était pas très éloignée de Thékoa. Mais cette localité n’était qu’une colline insignifiante ; Amos veut évidemment parler de la montagne célèbre qui s’avance en promontoire dans la mer Méditerranée et qui était située dans le royaume des dix tribus voir Jérémie 46.18, note.
À cause de trois crimes. On a entendu cette formule, qui se retrouve en tête de chacune des menaces suivantes, dans le sens d’une persévérance et d’un accroissement de méchanceté chez chacun de ces peuples. Il nous paraît plus naturel de lui donner le sens qu’elle a dans cette expression latine : terque quaterque beati. Trois désigne déjà un superlatif et, par conséquent un degré de perversité pleinement suffisant pour justifier le châtiment. Mais quatre représente le surplus qui fait déborder la mesure de la colère divine et motive le : Je ne le rétracterai point. Le décret actuellement prononcé ne sera point révoqué. Comparez les expressions analogues : Michée 5.5 ; Job 5.19 ; Proverbes 30.15 ; Proverbes 30.18 ; Proverbes 30.21 ; Proverbes 30.29.
Cet arrêt irrévocable reste toutefois conditionnel quant à l’époque de son accomplissement. Car il ne s’accomplira que lorsque la méchanceté sera arrivée au comble signalé par le chiffre quatre.
Broyé Galaad. Il paraît résulter de 2 Samuel 12.31 que cette expression doit être prise à la lettre et signifie un supplice affreux infligé aux habitants de Galaad par les Syriens de Damas, après que ceux-ci avaient remporté une victoire sur les Israélites habitant de l’autre côté du Jourdain, voir 2 Rois 10.32-33 ; 2 Rois 13.7.
Avec des traîneaux de fer. Ici un instrument de supplice semblable aux herses employées en Orient pour battre le blé et couper la paille. Ces instruments sont formés, d’une planche arquée sur le devant et munie en-dessous de pointes acérées et traînés sur l’aire par un attelage de bœufs.
Maison d’Hazaël et palais de Ben-Hadad : Hazaël, le meurtrier de Ben-Hadad I, roi de Syrie et l’usurpateur de son trône. C’est celui auquel Élisée avait annoncé son élévation et tout le mal qu’il ferait à Israël, 2 Rois 8.7 et suivants. Ben-Hadad : c’était le nom du prédécesseur d’Hazaël d’abord, puis du fils de celui-ci, Ben-Hadad II ; de là le mot palais employé au pluriel (2 Rois 13.25). Les résidences somptueuses de ces rois seront livrées aux flammes.
Le verrou de Damas : les barres de fer qui ferment les portes d’entrée de cette capitale.
Bikéath-Aven, Beth-Éden. Ce devaient être deux localités syriennes, peut-être deux résidences royales. La première, selon quelques interprètes, serait Baalbek (vallée de Baal ou du Seigneur) qu’Amos flétrirait du nom de vallée de néant ; la seconde se trouverait à quelque distance au nord de Baalbek, dans une localité qui porte encore le nom d’Éden. On pourrait aussi voir dans ces noms des termes symboliques désignant Damas elle-même. Le nom vallée de néant est bien propre à caractériser la grande capitale païenne (comparez Beth-Aven maison de néant, Osée 5.8, note). Le mot Beth-Éden : maison de délices, signalerait la vie voluptueuse des habitants de Damas.
À Kir. Kir est une contrée septentrionale située probablement dans la Géorgie actuelle, entre les montagnes de l’Arménie et la chaîne du Caucase, dans cette grande vallée qu’arrose le fleuve appelé encore aujourd’hui Kour. Cette contrée était, d’après Amos 9.7, le berceau originaire de la nation syrienne. Ils y retourneront, veut-il dire, comme déportés. Toutes ces menaces se sont accomplies, lorsque, sous le règne de Tiglath-Piléser, roi d’Assyrie, au temps d’ Achaz, Damas fut prise, la Syrie ravagée et le peuple transporté à Kir (2 Rois 16.9).
Gaza, la plus importante des villes philistines, représentant la nation entière. Cette ville a toujours joué un rôle capital dans les guerres entre les puissances asiatiques et l’empire égyptien, comme forteresse de premier ordre.
Ils ont déporté. Les Philistins faisaient des incursions sur le sol de Juda et d’Israël et en ramenaient des Juifs captifs qu’ils vendaient, paraît-il, aux Édomites et aux Arabes.
Asdod, Askalon, Ékron. Le peuple des Philistins formait une confédération de cinq villes : Gaza, les trois villes ici nommées et enfin Gath, qui est omise. Elle est aussi passée sous silence dans les inscriptions assyriennes. Probablement elle était alors déchue de son ancienne grandeur (bien qu’appartenant encore aux Philistins, Amos 6.12), depuis le temps qu’Hazaël, de Syrie, s’en était emparé momentanément et qu’Ozias, de Juda, en avait abattu les murs (2 Rois 12.17 ; 2 Chroniques 26.6).
Je ramènerai ma main… pour punir.
Ce peuple est représenté par sa ville principale, Tyr, qui avait succédé à l’ancienne métropole, Sidon. Tyr avait participé à l’odieux trafic d’esclaves juifs auquel se livraient les Philistins, en vendant, comme ceux-ci, des populations entières aux Édomites dont les caravanes venaient sans doute jusqu’à Tyr ; comparez Ézéchiel 27.20-22 et pour la conduite, des Phéniciens Joël 3.3 ; Joël 3.6. Cette conduite était plus coupable encore de la part des Tyriens que de celle des Philistins ; car ceux-ci étaient un peuple pillard, constamment ennemi des Israélites, tandis que les Phéniciens avaient soutenu de tous temps, en particulier sous les règnes de David et de Salomon, les relations les plus amicales avec Israël (2 Samuel 5.11 ; 1 Rois 5.1 ; 1 Rois 9.11-14). C’est là ce que le prophète appelle l’alliance, oubliée et rompue.
Pour l’accomplissement des menaces prononcées contre Tyr, comparez Ésaïe 23.14-18, notes ; Ézéchiel 26.17-18, notes. Les rois d’Assyrie, Sargon et Asarhaddon, mentionnent dans leurs inscriptions Tyr comme une de leurs villes tributaires.
C’est ici le proche parent d’Israël, descendant, comme lui, d’Isaac, mais par Ésaü.
Parce qu’il a poursuivi son frère. L’histoire du peuple édomite, est celle d’une hostilité presque continuelle contre Israël. Il fut soumis par David ; sous Josaphat, il marchait encore avec Juda (1 Rois 22.48 ; 2 Rois 3.9), non sans chercher à secouer le joug (2 Chroniques 20.10-11, 2 Chroniques 20.22) ; mais sous Joram, fils de Josaphat, il se rebella et, malgré quelques victoires des rois de Juda, il ne put, depuis ce moment, être ramené d’une manière durable à l’obéissance. Aussi, chaque fois que Jérusalem fut en proie à une invasion ennemie, se joignit-il aux agresseurs pour capturer les fuyards juifs et pour piller le pays, comme nous en avons le témoignage dans le livre d’Abdias (voir ce prophète) et dans Psaumes 137.7. De là la parole de l’Éternel, Malachie 1.3 : J’ai haï Ésaü. Voir Ézéchiel 25.12, note.
Théman, l’une des villes principales des Édomites, désignant parfois un district tout entier (Jérémie 49.7, note).
Botsra, autre ville importante des Édomites, aujourd’hui El-Bouzeiret, au sud de la mer Morte ; voir Ésaïe 53.1, note.
Pour l’accomplissement de ces menaces, voir aux passages cités et au prophète Abdias.
Ce peuple, descendant de Lot, était en quelque sorte cousin des Israélites ; il était voisin des deux et demie tribus qui s’étaient établies à l’est du Jourdain et particulièrement des habitants du pays de Galaad et se trouvait souvent en guerre avec eux. C’est de leur joug que Jephté délivra Israël (Juges 12.1-15). L’horrible coutume à laquelle il est fait allusion est mentionnée Osée 13.16 et 2 Rois 8.12.
Rabba (la Grande), capitale des Ammonites ; voir Jérémie 49.2, note.
La guerre incendiaire et meurtrière qui doit exterminer les Ammonites est comparée à une tempête ; elle se terminera par la déportation du roi et de ses seigneurs. Jérémie 49.3 est évidemment une imitation de ce passage.
Le jugement annoncé reçut un commencement d’exécution par les rois d’Assyrie qui assujettirent tous les petits États de l’Asie occidentale. Aujourd’hui il ne reste de Rabba que les ruines qui portent le nom de Ammân, abrégé de Rabbath-Ammon (Deutéronome 3.11).