Verset à verset Double colonne
1 Ainsi a dit l’Éternel : À cause de trois crimes de Moab et à cause de quatre, je ne le rétracterai point, parce qu’il a brûlé les ossements du roi d’Édom pour en faire de la chaux,L’autre peuple, descendant de Lot. Sur son hostilité constante contre les Israélites, voir Ésaïe chapitres 15 et 16 ; Jérémie chapitre 48 ; Ésaïe 25.10-12 ; Juges 3.12 et suivants ; 2 Samuel 8.12 ; 2 Rois 1.1 ; 2 Rois 3.4 et suivants.
La crémation des os du roi d’Édom n’était point, dans ce cas, l’accomplissement d’un devoir funèbre ; c’était un attentat réfléchi à la sainteté du cadavre. Dieu punit cet acte de sacrilège envers la personne d’un roi étranger aussi bien qu’il le ferait s’il s’agissait d’un roi israélite.
Kérioth, proprement les villes ; selon les uns, cette localité se retrouverait dans celle qui se nomme actuellement Kureyât ; selon d’autres, elle devrait être identifiée avec Ar-Moab, capitale des Moabites.
Le juge. Ce titre désigne peut-être le roi de Moab ; il serait dans ce cas analogue à l’expression : celui qui tient le sceptre (Amos 1.5). Mais on peut aussi penser que le roi est désigné par ces mots au verset 2 : Moab mourra. Dans ce cas, le juge signifierait les magistrats représentants de la loi.
Les princes : les chefs de tribus.
Amos a signalé à propos de chacun des peuples païens qu’il vient de nommer le crime particulier qui lui attirera le jugement de Dieu. À Juda, il ne reproche aucun forfait pareil, mais uniquement des péchés appartenant au domaine religieux ; ce genre de reproches répond à son caractère spécial de peuple de Dieu.
C’est ici la raison suprême pour Israël de trembler : Juda est jugé, aussi bien que les païens, quoique participant avec Israël au caractère de peuple de Dieu.
La punition dont Juda est menacé s’est accomplie par degrés jusqu’à la destruction complète du royaume de Juda dans l’exil de Babylone.
Enfin l’orage atteint Israël lui-même, après avoir longtemps tourné autour de lui. Même formule de menace que dans les sept cas précédents, seulement avec une sentence plus longuement motivée.
Ils vendent le juste : ils le font vendre pour l’acquittement de sa dette. La loi donnait bien le droit de faire saisir un débiteur insolvable et de le priver de sa liberté (Lévitique 25.39 ; Deutéronome 15.12 ; comparez 2 Rois 4.1) ; mais c’était abuser indignement de ce droit que de l’exercer envers un homme tombé sans sa faute (un juste) dans la misère.
À cause d’une paire de sandales : pour une dette de faible valeur. Rien de plus simple et de moins coûteux, en effet, qu’une chaussure orientale, qui ne consiste qu’en une semelle rattachée au pied par un lien quelconque.
La poussière de la terre sur la tête… Plusieurs expliquent ainsi : ils sont tellement avides qu’ils convoitent jusqu’à la poussière du sol que les pauvres dans le deuil ont répandue sur leur tête. Selon d’autres, la poussière du sol sur la tête du pauvre représenterait la petite propriété inscrite sous son nom. Ces sens sont bien recherchés. Nous entendons plutôt : ils réduisent le pauvre par leur dureté à un désespoir tel qu’il ne lui reste plus qu’à se couvrir la tête de poussière, en signe de deuil.
Ils font fléchir la voie des petits. Appliqué aux juges, ce reproche désignerait la vénalité ; mais, appliqué au peuple en général, il signifie plutôt qu’au lieu d’aider le misérable, on l’entrave de toute manière dans ses entreprises.
Un homme et son père. Les derniers mots : pour profaner mon saint nom, montrent qu’il s’agit ici d’un acte exceptionnellement odieux : père et fils ont la même maîtresse.
Sur des vêtements reçus en gage. Il n’est pas permis de se servir d’un objet qu’on a reçu en gage pour une dette. Mais eux ne se laissent pas arrêter par le respect de la propriété d’autrui ; en célébrant un banquet de sacrifice, ils prennent ce vêtement du pauvre, qu’ils détiennent comme gage, pour s’étendre dessus.
Le vin de gens mis à l’amende : le vin qu’ils se sont, fait adjuger comme indemnité pour une violation quelconque de leur droit. Et ces actes accompagnent les cérémonies du culte !
Auprès de tout autel, dans les maisons de leur Dieu. Rien n’oblige à voir ici des autels ou des temples de faux dieux ; ce peuvent être ceux de l’Éternel, mais représenté, sous la forme visible du veau d’or de Béthel.
En rappelant tout ce que Dieu avait fait pour sanctifier son peuple, ils font ressortir avec plus de force la culpabilité des actes précédents. Un peuple que l’Éternel n’aurait pas comblé de ses faveurs serait coupable en se conduisant de la sorte ; Israël l’est donc doublement !
Anéanti l’Amorrhéen : le premier des peuples de Canaan qu’Israël eut à combattre et dont la défaite lui garantit la victoire sur tous les autres. Comparez Nombres 21.21 et suivants (Sihon et Og).
Leur hauteur : non dans le sens figuré, leur orgueil, mais leur haute taille. Comparez Deutéronome 3.11.
Fruits, racines, pour dire : l’arbre tout entier qui est ici l’image de ce peuple puissant. Après que Dieu leur a donné le pays des Amorrhéens, eux se conduisent en Amorrhéens sur cette même terre.
Ce bienfait avait été précédé d’autres bienfaits non moins grands, la délivrance d’Égypte, la conservation dans le désert, tout cela en vue du but final, le don de Canaan.
Une fois installés dans leur nouvelle demeure, Dieu les a visités par les organes de son Esprit, avant tout par les prophètes, qui, depuis Samuel surtout, ont abondé en Israël ; puis par les naziréens hommes consacrés au service de Dieu par un genre de vie spécial ; par exemple Samson et Samuel. Comparez Nombres 6.1-21. Mais eux, qu’ont-ils fait de ces dons ? Ils ont fermé la bouche aux prophètes et fait violer leurs vœux aux naziréens (Nombres 6.1-3).
Après les considérants (versets 6 à 8), puis l’indication, sous forme de parenthèse, de la circonstance aggravante (les dons de Dieu foulés aux pieds, versets 9 à 12), le prophète arrive à la description du jugement. Les images suivantes ne peuvent se comprendre, nous paraît-il, que comme empruntées au phénomène terrible d’un tremblement de terre : le sol craque comme sous un chariot pesamment chargé ; chacun cherche à s’enfuir ; les plus braves tremblent ; aux agiles, aux coursiers même, leur agilité ne sert de rien ; l’homme couché sur son lit s’enfuit tout nu hors de sa maison pour ne pas être écrasé. En lisant ce tableau, on comprend pourquoi le titre du livre porte expressément ces mots : deux ans avant le tremblement de terre.