Verset à verset Double colonne
Cette seconde partie du livre est divisée visiblement en trois sections (on pourrait dire discours, si ce n’étaient plutôt des résumés de discours) par cette formule qui les commence toutes trois : Écoutez cette parole (chapitre 3, chapitre 4, chapitres 5 et 6). Chacune de ces sections renferme le sommaire d’une des prédications d’Amos, tenue probablement à Béthel ; voir à Amos 7.10 et suivants.
Le chapitre 3 traite les quatre points suivants :
Fils d’Israël. Ce terme désigne ici spécialement les habitants du royaume des dix tribus. Mais comme le prophète ne veut pas exclure Juda des menaces ou des promesses qui suivront, il ajoute l’expression plus générale : toute la famille, etc.
Vous seuls, je vous ai connus : Dieu avait contracté union avec ce peuple seul. Sur le mot connaître, comparez Osée 13.5.
C’est pourquoi je vous punirai. La tendresse de Dieu pour son peuple devient la circonstance la plus aggravante en présence de ces désordres multipliés.
Il y a deux interprétations principales des sept images employées dans ce morceau. Les uns y voient simplement l’illustration de cette pensée : pas d’effet sans cause ; par conséquent, quand Israël est menacé, par les prophètes ou frappé par les ennemis, c’est Dieu qui agit ainsi, à cause de son péché. Mais une idée si simple et si banale n’aurait pas besoin d’être si surabondamment démontrée et les dernières questions ne cadrent pas bien avec elle ; car leur sens serait plutôt pas de cause sans effet. Il vaudra donc mieux appliquer toutes ces images à l’action commune de Dieu et du prophète envers le peuple.
Deux hommes marchent-ils ensemble… Au verset 7, il est dit que le Seigneur ne fait rien sans le révéler au prophète ; ces deux, dont il s’agit ici, sont donc Dieu et son prophète. S’accorderaient-ils à menacer, comme l’un le fait par la bouche de l’autre, s’il ne s’était établi entre eux une entente préalable ? Peut-être y a-t-il allusion au voyage d’Amos à Béthel, que le prophète n’aurait pas entrepris, si l’Éternel ne l’y eût poussé.
Le lion rugit-il ? Toutes les menaces de l’Éternel contre Israël (chapitre 2), que vient de prononcer Amos, auraient-elles retenti, s’il n’y avait là un coupable qui les provoquât ? On sait que c’est au moment de s’élancer sur sa proie que le lion pousse son rugissement le plus terrible, comme pour paralyser sa résistance ou sa fuite. Comparez Casalis : Mes souvenirs, page 173.
Le jeune lion… Amos parle ici, non comme Psaumes 104.21 du rugissement de la faim, mais de celui de la satisfaction. L’Éternel ne menacerait pas si, par sa toute-puissance, il ne tenait déjà une proie (le coupable) entre ses mains.
L’image du lion sert à décrire le caractère terrible du châtiment ; celle du filet en dépeint la soudaineté. Le malheur dont le prophète vous menace fondrait-il sur vous à l’improviste, si vous ne vous l’étiez attiré ? Le malheur est représenté par le filet qui enferme tout à coup l’oiseau et le lacet (piège) qui le fait se refermer sur lui-même est la circonstance préparée de Dieu qui amène le châtiment du pécheur.
La seconde question signifie qu’une fois que l’ennemi aura envahi le pays, il ne le quittera pas sans emmener avec lui le peuple captif.
Comme au son de la trompette d’alarme tout le peuple est saisi d’effroi, ainsi à l’ouïe de la menace de Dieu par la bouche du prophète, tout Israël devrait trembler et s’humilier.
Un malheur arrive-t-il ? Le malheur qui va frapper Samarie, n’est-il pas l’œuvre de Dieu lui-même, qui l’annonce à l’avance par son prophète ? Ainsi se rattache tout naturellement l’affirmation du verset 7.
Car le Seigneur ne fait rien… Dieu a une œuvre sur la terre, pour l’accomplissement de laquelle il se sert d’agents humains ; mais ces agents, il ne les traite pas en vils esclaves ; il se confie à eux comme à des amis (comparez Jean 15.15). Il les associe à l’avance à ses desseins, afin qu’ils puissent y concourir d’une manière intelligente et libre. C’est là la vraie notion de la révélation, qui n’est pas une communication de dogmes nouveaux, mais l’initiation des hommes de Dieu au plan divin à réaliser. Comparez Genèse 18.17-19.
Amos décrit l’impression produite sur le prophète lui-même par la menace du Seigneur. Celle-ci se fait entendre à lui comme un rugissement de lion. Alors, saisi lui-même d’un saint tremblement, il pousse le cri d’alarme ; c’est sa prophétie.
Faites entendre. C’est l’Éternel qui s’adresse aux prophètes.
Les palais d’Asdod. Asdod, l’une des cinq capitales des Philistins, représente le peuple entier.
Les Philistins et les Égyptiens, c’étaient les plus acharnés et les plus anciens ennemis du peuple de Dieu. Comme tels, ils représentent tous les peuples païens que Dieu appelle à venir constater de leurs propres yeux les méfaits de son peuple. Les habitants des palais, c’est-à-dire les chefs de ces peuples, sont spécialement convoqués à ce spectacle, parce que ce sont leurs semblables, les grands en Israël, qui sont les principaux coupables : comparez les mots dans leurs palais du verset 10.
Rassemblez-vous et voyez… La ville de Samarie est construite sur une haute colline, environnée d’une vallée, au-delà de laquelle s’élève de toutes parts un cercle d’autres collines plus élevées encore. C’est sur cette espèce d’amphithéâtre, d’où l’on domine la ville, que les témoins sont invités à se placer.
L’ennemi n’est pas nommé ; ce qui importe, ce n’est pas quel il sera, mais ce qu’il fera.
Tes palais, où tu amassais le fruit de tes extorsions et de tes pillages.
La répétition des mots ainsi a dit annonce une aggravation de la menace du verset 11. S’il y en a de ces riches qui échappent, ce ne seront que quelques exceptions. L’image est celle d’un agneau déjà emporté par le lion et que le berger réussit à lui arracher, mais tout mutilé.
Au coin d’un lit : allusion à l’existence confortable et luxueuse des grands de Samarie. Dans les bonnes maisons orientales, on a pour lits des divans à l’angle desquels on s’assied très commodément.
Adressé soit au petit nombre des Israélites restés fidèles, soit plutôt aux païens cités comme témoins.
L’Éternel, le Dieu… La menace d’un tel Être ne saurait être vaine.
Le châtiment atteindra aussi les autels de Béthel. Cette menace s’est accomplie lors de la destruction du royaume de Samarie et plus complètement encore sous le règne du roi de Juda Josias, comparez 1 Rois 13.2 ; 2 Rois 23.15-20.
Les cornes : la partie de l’autel dans laquelle se concentre sa puissance salutaire.
Maisons d’hiver… Tableau du luxe des grands.
Maisons d’ivoire : ornées de revêtements et de décorations en ivoire. Comparez 1 Rois 22.39 ; Psaumes 45.9. Ce que blâme le prophète, ce n’est pas qu’il existe de telles demeures, mais qu’on y pratique la violence.