Verset à verset Double colonne
Ce morceau est consacré à décrire la culpabilité des Israélites et à leur annoncer le châtiment qu’ils ont mérité.
Hélas ! voir Amos 5.18. Là, Amos blâme ceux qui appellent de leurs vœux le jour de l’Éternel ; ici, il blâme ceux qui, endormis dans une fausse sécurité, n’y pensent pas du tout.
En Sion. Il ne s’agit donc pas seulement du royaume des dix tribus, mais aussi de Juda, voir, du reste, Amos 2.4-5. Toutefois, la suite montre que c’est surtout le premier que le prophète a en vue.
Les plus nobles. Ce sont les grands du royaume qu’Amos prend à partie, comme il l’a déjà fait Amos 3.10 ; Amos 4.1 ; Amos 5.11-12. Cela ressort encore mieux de l’expression qu’il emploie pour les caractériser : vous auprès desquels va la maison d’Israël ; le peuple s’adressait à eux pour obtenir des conseils et les prenait pour arbitres dans leurs différends.
Le premier des peuples. Amos reconnaît, le privilège unique que possède Israël d’être le peuple de Dieu ; mais il ne le rappelle pas sans une ironie pleine de tristesse ; vous vous appelez avec jactance le premier des peuples (comparez verset 13) et la ruine est à la porte !
Rendez-vous à… Le prophète invite les Israélites à contempler le spectacle, de trois capitales jadis puissantes, mais maintenant profondément abaissées et à comparer ce que les faux dieux de ces villes ont pu faire en leur faveur, avec ce que lui, l’Éternel, a fait en faveur de son peuple, pourtant bien inférieur en force. Ces villes ont-elles beaucoup prospéré et leur territoire s’est-il beaucoup agrandi par le fait de leur idolâtrie ? L’état d’Israël, rentré récemment, par la protection de son Dieu, dans ses limites primitives, n’est-il pas bien préférable au leur ? Et c’est ce Dieu que les chefs abandonnent !
Calné, au bord du Tigre. Comparez Genèse 10.10 ; Ésaïe 10.9, note.
Hamath la grande, en Syrie, conquise par Jéroboam II (2 Rois 14.25), avait été la capitale d’un État puissant.
Gath, au temps de David la capitale de toute la Philistie. Cette ville, omise Amos 1.6-8 (voir note), est en échange seule nommée ici, parce qu’il s’agit d’exemples de décadence.
Ces royaumes-ci : Israël et Juda.
La première partie du verset décrit ce que les Israélites pensent, la seconde ce qu’ils font. Ils éloignent par leur pensée le jour du châtiment et en établissant le règne de la violence au milieu de leur peuple, ils accélèrent la venue de ce jour.
Peinture de la vie voluptueuse des grands.
Lits d’ivoire : comparez Amos 3.12 ; Amos 3.15.
Veaux tirés de l’étable : engraissés spécialement pour les jours de fête. Comparez 1 Samuel 28.24 ; Luc 15.23.
Ils font servir la musique à leurs dissipations. À l’exemple de David, mais dans un tout autre esprit, ils perfectionnent les instruments de musique, afin de multiplier leurs plaisirs.
Et ne sont point malades… La corruption qui ronge leur peuple ne les rend pas malades de chagrin et ne les empêche pas de se divertir !
En tête des déportés : eux, qui étaient les premiers dans la prospérité, seront aussi les premiers dans l’adversité.
Ce châtiment n’est pas nécessairement celui de la déportation (verset 7), auquel le prophète reviendra (verset 14). Avant ce jugement final, il peut y en avoir d’autres qui en sont les avant-coureurs. C’est à l’un de ceux-ci que paraissent se rapporter les versets 8 à 11, comme nous allons le voir.
L’orgueil de Jacob : tout ce dont Jacob croit pouvoir être fier, en particulier sa prospérité sous le règne glorieux de Jéroboam et surtout les somptueux palais qui ornent sa capitale.
Je livrerai. Le terme hébreu n’est pas celui qui est ordinairement employé pour livrer aux mains de l’ennemi ; il s’applique, Deutéronome 32.30, à toutes les espèces de châtiments dont Dieu menace son peuple infidèle : le feu, la sécheresse, la famine, l’épée, etc.
La ville et ce qu’elle contient. Ce châtiment frappera spécialement les maisons et leur contenu plus ou moins riche, verset 11.
S’il reste dix hommes : à la suite des infortunes précédentes ou peut-être d’une guerre ou d’un siège.
Ils mourront ; non : ils seront tués ; mais : ils périront par la peste ou par quelqu’autre fléau. Comparez Amos 5.19 ; Amos 4.10.
Ce verset met en scène deux personnes qui viennent rendre les derniers devoirs aux morts : l’une, un parent, le plus proche sans doute, de la famille éteinte (on peut traduire aussi un oncle) ; l’autre, le fossoyeur. Ce dernier est appelé celui qui brûle les corps ; non que la crémation des cadavres fût en usage (voir Amos 2.1), mais il s’agit ici d’une mesure exceptionnelle pour prévenir les conséquences de l’infection de l’air par les nombreux cadavres. Amos nous décrit d’une manière dramatique la désolation de cette demeure. Le fossoyeur y entre pour emporter les morts et il n’y trouve plus un seul être vivant. Un entretien s’engage alors entre le fossoyeur et le parent resté dehors. Au moment où le premier, après avoir constaté qu’il n’y a plus personne, va prononcer une parole rappelant que c’est ici la main de l’Éternel, le parent le fait taire ; car le désastre est si grand que, si l’on parlait de Dieu, on ne pourrait le faire qu’en rappelant, sa colère. L’explication donnée par les derniers mots : car ce ne sera pas le cas de…, doit probablement être mise dans la bouche d’Amos lui-même. Il rend compte par là de l’invitation au silence qui précède.
Il frappe d’écroulement. Le mot car commençant ce verset indique qu’Amos se propose d’expliquer enfin la cause du désastre dont les conséquences viennent d’être décrites. Il est difficile de ne pas appliquer ces expressions : l’écroulement de la grande maison, les crevasses de la petite, aux effets d’un tremblement de terre, soit que la mort des habitants (verset 9) provienne directement de ce fléau ou qu’une maladie contagieuse en ait été la conséquence. Nous avons déjà vu plusieurs fois combien les images empruntées à ce genre de fléau sont fréquentes chez Amos. Comparez Amos 2.13-16 ; Amos 4.11-13.
Ces deux questions dépeignent le renversement de l’ordre moral par les chefs d’Israël, au moyen de deux images tirées du renversement de l’ordre matériel. L’ordre moral établi de Dieu doit être respecté sous peine de châtiment.
Changer le droit en absinthe : au lieu de faire droit aux gens, les abreuver d’amertume (voir Amos 5.7).
Ce qui n’est rien. C’est ainsi que Dieu juge la puissance de l’homme remis à lui-même tandis que les Israélites, eux, se glorifient, de leur force !
De la puissance, littéralement : deux cornes. Les conquêtes de Jéroboam II les avaient enivrés, mais ce n’était là qu’un état de prospérité précaire.
Un peuple. Menace encore indéterminée. Les Assyriens ne sont pas nommés, mais le chemin suivi par l’envahisseur (de Hamath au Torrent du Désert) indique bien qu’il vient du nord.
Hamath, voir verset 2.
Le Torrent du Désert, actuellement le Wady-el-Ahsy ou Ahsa. Comparez 2 Rois 14.25 ; Ésaïe 15.7. Ce torrent forme la frontière méridionale du pays de Moab, alors vassal de Jéroboam II.