Verset à verset Double colonne
1 Et nous nous tournâmes et nous partîmes pour le désert par le chemin de la mer Rouge, comme l’Éternel me l’avait dit, et nous tournâmes longtemps autour de la montagne de Séir.Après un séjour prolongé à Kadès commença pour les Israélites, une longue période de vie nomade dans le désert, à l’ouest des montagnes de Séir, entre Kadès et le golfe Elanitique. C’est à ce temps que s’appliquent les mots : Nous tournâmes longtemps autour de la montagne de Séir. Moïse ne dit rien des événements qui remplirent ces trente-huit années. Voir Nombres 20, introduction. Ce temps, en effet, ne fut marqué par aucun progrès digne d’être signalé dans l’histoire d’Israël.
Pour s’être refusé à faire le pas décisif quand Dieu l’y appelait, le peuple fut condamné à aller et venir pendant de longues années, sans plus faire un pas en avant. Le récit recommence à partir du moment où l’Éternel leva la malédiction qui pesait sur le peuple en disant : Vous avez assez fait le tour de ces montagnes.
Cette période arrivée à son terme, Israël, réuni de nouveau à Kadès, reçut l’ordre de reprendre le chemin de la mer Rouge pour passer au sud d’Édom et marcher ensuite vers le nord, à l’est du pays de Séir.
Ils auront peur de vous. Les Édomites, qui avaient fermé le passage à Israël dans la partie septentrionale de leur territoire, protégée par de hautes montagnes (Nombres 20.14-21) n’osèrent s’opposer à leur passage entre l’extrémité méridionale de leur pays et la mer Rouge.
Soyez bien sur vos gardes : pour ne pas vous laisser aller à les attaquer. Plus tard David soumit ces différents peuples (Psaumes 60.10), mais sans les détruire.
Vous leur paierez… et vous boirez : Vous ne mangerez et ne boirez que ce que vous aurez auparavant payé.
Car l’Éternel ton Dieu t’a béni. Moïse fait ressortir ici le fait que, grâce à la bénédiction de son Dieu, même durant cette époque de châtiment, Israël pourra faire cette dépense sans risquer de s’appauvrir. Comparez Nombres 23.1, pour Ruben.
Il a connu ta marche. Le mot connaître, tel que l’emploie l’Écriture, implique un sentiment de sollicitude (Psaumes 1.6).
Et le chemin de la vallée. Ils laissèrent à gauche cette longue vallée de l’Araba qui va du sud au nord, du golfe Elanitique à la mer Morte et à droite les deux villes situées au nord de ce golfe. Puis, tournant vers le nord, ils longèrent dans le désert syrien la frontière orientale d’Édom.
Ce peuple est nommé ensuite : les enfants de Lot, pour faire comprendre que c’est sa parenté avec Israël qui est le motif de cette défense.
J’ai donné Ar. Ar, la capitale des Moabites, désigne ici en même temps toute la contrée qui en dépend. J’ai donné : dépouiller ce peuple serait porter atteinte à la dispensation divine.
Cette notice ethnographique interrompt évidemment le discours de Moïse, qui reprend au verset 13. C’est une remarque explicative, d’abord ajoutée en marge et qui, pour qu’elle ne se perdit pas, a été introduite dans le texte. L’intention du copiste qui l’a formulée a été de faire ressortir l’analogie entre le don d’un territoire que Dieu avait fait aux autres peuples parents des Israélites et membres de la famille d’Abraham, avec celui qu’il a fait aux Israélites eux-mêmes en leur donnant Canaan. Il est à remarquer en effet que tous les membres de la famille d’Abraham ne furent point les habitants primitifs de ces contrées et qu’ils ne les possédèrent que plus tard par une dispensation divine.
Les Emim : les terribles. Il a donc fallu le secours de Dieu pour que les Moabites pussent faire cette conquête (verset 21).
Les Anakim : voir Deutéronome 1.28.
Des Réphaïm : des géants. Voir Genèse 15.5, note.
Les Horiens. Ce mot signifie habitants des cavernes (Genèse 14.6). Les montagnes de Séir abondent en grottes naturelles.
Devaient… Nous rendons ainsi le futur, destiné à faire ressortir la dispensation divine.
Comme Israël a fait. On voit par ces mots que la notice versets 10 à 12 a été ajoutée après l’établissement du peuple en Canaan.
Zéred : la limite entre le désert et Moab. Voir Nombres 21.12, note.
Cette mort n’était pas seulement un événement naturel ; c’était Dieu qui frappait.
Qui est Ar. Ar est sur la rive méridionale de l’Amon, qui formait la frontière septentrionale de Moab (Nombres 21.13-15).
Semblable à celle des versets 10 à 12.
Le nom de zamzummim signifie par onomatopée : les tumultueux. À l’occasion de la destruction de ce peuple par les Ammonites, l’auteur de cette annotation rappelle un fait analogue, qui s’était accompli à la limite sud-ouest du pays de Canaan, au bord de la Méditerranée. Les Avviens, anciens habitants de cette contrée, avaient été dépossédés par le peuple des Caphthoriens ou Philistins ; seulement il ne dit pas de ceux-ci : Dieu leur a donné.
Les faits relevés dans ces notices historiques (versets 10 à 12 et 20 à 23) devaient frapper les Israélites, en leur montrant que parmi les peuples dont le territoire touchait au leur, il en était quatre, les Philistins, les Édomites, les Ammonites et les Moabites, qui avaient, comme eux, dépossédé des nations de race cananéenne et préludé ainsi à la conquête accomplie par eux.
Avviens : tribu de pasteurs qui habitaient les steppes voisins de Gaza. Elle appartenait sans doute à cette couche de populations primitives dont faisaient partie les Horiens et les Emim. Il ne faut pas les confondre avec les Héviens (Genèse 10.17).
Bourgades (chatsérim) : des enclos ; ce que les Arabes modernes appellent des douars ou stations temporaires qu’ils établissent au désert. Cette expression s’oppose tacitement à l’idée des villes fortifiées des Philistins.
Détruits : mais non sans laisser quelques restes assujettis aux Philistins (Josué 13.3), comme les restes des Cananéens en Israël après la conquête.
Caphthor : l’île de Crète (Genèse 10.14).
L’Arnon, aujourd’hui Wadi Modjib frontière nord du pays de Moab (Nombres 21.13, note). En le franchissant Israël entrait dans le territoire du roi cananéen Sihon. C’était le moment décisif où la conquête allait commencer.
Ta frayeur et ta crainte : celles que tu inspires. La crainte est un sentiment plus durable que la frayeur. Comparez le cantique Nombres 21.27-30, où l’on voit quelle joie causa aux Israélites leur victoire sur Sihon, jadis vainqueur des Moabites et de quel découragement cette même victoire dut frapper tous les peuples voisins, ennemis des Israélites.
Kédémoth. Voir Nombres 21.21, note. Ce territoire, dont le nom signifie quartiers orientaux, échut plus tard à la tribu de Ruben (Josué 13.18) ; la ville de Kédémoth fut l’une des quatre villes rubénites assignées aux Lévites (1 Chroniques 6.79). L’ordre de commencer la conquête en s’emparant du territoire de Sihon n’excluait pas une démarche préalable comme celle que Moïse raconte ici ; voir le verset 30.
Ainsi en ont usé. Voir verset 8, note. Cette parole ne contredit point le refus du roi d’Édom (Nombres 20.20), puisque ce refus eut lieu longtemps avant le moment dont parle ici Moïse. Il s’agissait alors de traverser le pays d’Édom d’outre en outre (de l’ouest à l’est), depuis Kadès ; maintenant Israël s’est borné à en longer la frontière (du sud au nord), du côté du désert. Il paraît que dans cette fin de leur voyage les Israélites ne rencontrèrent pas d’hostilité et purent se procurer à prix d’argent ce qui était nécessaire à leur subsistance ; c’est ce qu’impliquaient déjà les versets 5 et 6. Pour la difficulté que présente Deutéronome 23.4 comparé à notre verset, voir à ce passage.
Endurci. Cette expression désigne, comme dans le cas de Pharaon avec lequel celui-ci a beaucoup d’analogie, l’aveuglement contre nature qui empêcha Sihon de céder aux motifs de simple prudence qui auraient dû lui faire accepter cette proposition équitable. Dieu ne le rendit pas plus orgueilleux qu’il ne l’était devenu à la suite de ses éclatantes victoires et de la fondation d’un royaume si considérable. Il fit seulement que les raisons de sagesse ne l’emportèrent pas chez lui sur les inspirations de l’orgueil. Dans le principe Dieu n’avait point promis à Israël un territoire à l’est du Jourdain. Mais cette contrée ayant été récemment conquise par Sihon, de moabite qu’elle était, était par là devenue cananéenne et c’est là ce qui fit qu’il fut permis à Israël de s’en emparer. Cela n’empêcha point qu’Israël ne dut remplir le devoir auquel l’obligeait l’humanité, l’offre de passer sur ce territoire sur pied de paix. Indépendamment de ce que Dieu se proposait de faire, Israël devait accomplir toute justice.
Jahats : voir Nombres 21.23
Interdit : voir Nombres 21.2, note.
Depuis Aroër et la ville qui est au milieu de la vallée : c’est-à-dire Aroër et Ar. Ces deux villes figurent ici, l’une comme dernière ville appartenant à Moab et formant sa frontière septentrionale ; l’autre comme première ville appartenant à Israël et formant sa frontière méridionale. Aroër était située sur la crête de rochers élevés qui forme le bord septentrional du beau vallon verdoyant où coule l’Arnon ; Ar était située dans la vallée même, sur le bord méridional de la rivière. Son nom n’est pas indiqué ici ; il l’avait été versets 9, 18, 29.
Il est parlé d’Aroër dans l’inscription célèbre de la stèle de Mésa, ce roi moabite dit qu’il la reprit sur Israël au temps d’Achazia. Les ruines portent encore aujourd’hui le nom de Araïr. Près de ces ruines sont les restes d’un immense viaduc, qui sous la domination romaine traversait toute la vallée.
Jusqu’à Galaad : jusqu’à la contrée montagneuse située au sud du torrent de Jabbok. Voir sur le sens tantôt plus large, tantôt plus restreint du mot Galaad, Nombres 32.1, note.
Du pays des fils d’Ammon. Voir au verset 19.
Tu n’approchas point… L’expression suivante : ni d’aucun endroit qui touche le Jabbok, est précisée par celle-ci : ni des villes de la montagne ; il s’agit uniquement de la contrée montagneuse où le Jabbok a ses sources et qu’il traverse dans son cours supérieur et oriental. Car le verset 36 dit expressément que les Israélites s’emparèrent du territoire situé au nord de l’Arnon jusqu’au Jabbok et c’est ce que confirme Josué 13.25. Il en était de la portion du pays qui touchait au nord au Jabbok comme de la partie qui touchait au sud à l’Arnon. La première avait été conquise par Sihon sur les Ammonites, comme la seconde sur les Moabites. À ce moment-là elle n’appartenait donc plus aux fils d’Ammon. Ceux-ci la réclamèrent plus tard des Israélites au temps de Jephthé (Juges 11.12-13).