Verset à verset Double colonne
Le but de ce discours est comme celui du précédent, de consoler Israël. Le prophète l’a fait au chapitre 40 en lui présentant d’une manière générale le salut promis, dont il lui a donné pour gage la puissance infinie de Dieu. Il continue à le faire, au chapitre 41, en lui montrant un libérateur déjà en marche pour le sauver et en prouvant, par les prédictions relatives à l’apparition de ce libérateur, que c’est bien Jéhova qui l’envoie.
L’Éternel démontre qu’il est Dieu par l’envoi d’un conquérant devant qui les peuples païens tremblent.
Jéhova invite les païens (les îles : les peuples éloignés) à débattre avec lui la question de savoir qui, de lui ou de leurs idoles, est Dieu ; ils doivent d’abord écouter quelles preuves il a lui-même à donner de sa divinité, puis, rassemblant leurs forces, se défendre à leur tour contre lui.
Il en appelle, pour prouver sa divinité, à l’œuvre qu’il a commencé d’accomplir (versets 2 à 4). Un héros parcourt la terre en vainqueur : quelqu’un des dieux des païens peut-il se vanter de l’avoir suscité ? Jéhova seul a pu le faire, car ce héros arrive pour détruire les oppresseurs d’Israël et préparer ainsi sa délivrance. Le prophète voit, ce conquérant sortir de l’Orient ; il sera nommé plus tard : c’est le roi des Perses, Cyrus (voir à Ésaïe 44.28 et Ésaïe 45.1-3).
La justice rencontre ses pas, se trouve sur sa route, l’accompagne : il accomplit, par ses victoires, les jugements de Dieu (Ésaïe 40.4) ; il est comme le grand justicier de l’Éternel.
Comparez Ésaïe 44.6.
À la venue de Cyrus, les idolâtres épouvantés cherchent en vain du secours dans les hommes et dans les idoles (verset 7) ; ils multiplient celles-ci, afin de s’assurer la faveur des dieux.
Fabrication d’idoles précipitée et ridicule. Comparez Ésaïe 40.19 ; Ésaïe 44.12.
Le prophète n’attend pas de voir si les païens ont quelque chose à répondre à ce discours. Il se tourne vers Israël pour le rassurer ; lui n’a rien à craindre de Cyrus ; n’est-ce pas son Dieu même qui l’envoie pour sa délivrance ?
L’Éternel accumule les termes de tendresse. Nous rencontrons ici pour la première fois l’expression de serviteur de l’Éternel qui reviendra si souvent dans la suite de cette prophétie. Abraham avait déjà porté ce titre (Genèse 26.24) ; sa race en a hérité. Voir, sur le sens de cette expression, la note Ésaïe 42.1.
Que j’ai choisi : comparez Deutéronome 7.6 ; Deutéronome 14.2.
Mon ami, c’est-à-dire : qui m’aimait. Ce : qui m’aimait répond au : que j’ai choisi ; c’est le côté humain dans l’élection. Abraham est appelé l’ami de Dieu par Josaphat (2 Chroniques 20.7) et par Jacques (Jacques 2.23). C’est son titre constant chez les Arabes ; le Coran l’appelle même tout court, l’ami ; la ville d’Hébron où il a résidé, porte par cette raison actuellement le nom de El-Châlil : le bien-aimé.
Les bouts de la terre… : la lointaine Mésopotamie où Abraham demeurait jusqu’à sa vocation.
Je ne t’ai pas rejeté, c’est-à-dire méprisé et mis de côté, comme ta petitesse, puis tes fautes m’en eussent donné le droit.
Citation de Genèse 26.24. Ainsi aimé dans le passé, Israël n’a rien à redouter de l’avenir.
Vermisseau de Jacob, c’est-à-dire : Jacob, qui es semblable à un ver. Le ver est l’image d’un être humilié, qu’on foule aux pieds. Tel est Israël, impuissant et misérable sous le joug des Chaldéens (Ésaïe 21.10 ; comparez Psaumes 2.7). C’est pourtant ce peuple qui bientôt dominera sur ses oppresseurs (versets 15 et 16).
Restes d’Israël : Israël n’est plus un peuple ; il n’y a plus que des individus dispersés parmi les Gentils.
Ton Rédempteur. Ce titre est employé avec prédilection par l’auteur d’Ésaïe chapitres 40 à 66. Il désigne celui qui prend en mains la cause d’une personne, son champion, son vengeur (Job 19.25 ; comparez Ésaïe 35.9, note.
Montagnes, collines : images des puissants ennemis d’Israël. Comparez Ésaïe 40.4 ; Michée 4.11-13.
L’état de souffrance et d’humiliation dans lequel se trouve Israël, est présenté sous l’image d’un désert que Dieu changera en un lieu bien arrosé. Comparez Ésaïe 29.19.
Comparez les tableaux semblables Ésaïe 30.25 ; Ésaïe 36.6-7, etc.
Le monde entier devra reconnaître le doigt de Dieu dans les dispensations extraordinaires dont Israël sera l’objet (versets 18 et 19).
Cette œuvre (l’envoi de Cyrus) est bien celle de Dieu, puisque lui et lui seul, l’a prédite.
Dans le morceau du précédent discours analogue à celui-ci (Ésaïe 40.12-26), le prophète s’était adressé à Israël, à ceux qui étaient tentés d’être incrédules ; dans le passage Ésaïe 41.1-7, aux idolâtres ; ici, il s’adresse aux idoles elles-mêmes. Il les invite à produire la preuve qu’elles sont quelque chose et que Jéhova n’est pas le seul Dieu qui existe.
Le Roi de Jacob : expression qui ne se trouve qu’ici. Mais comparez l’expression très-usitée : le puissant de Jacob (Ésaïe 49.26 ; Genèse 49.21) ; et pour le terme de Roi : Ésaïe 33.22.
Les idoles auraient deux moyens de prouver leur réalité : ou bien de prédire maintenant les choses à venir, ou bien de rappeler des prophéties anciennes dont on puisse reconnaître l’accomplissement. Mais elles n’ont jamais rien prédit ni ne le feront jamais. Annoncer l’avenir est le privilége exclusif du vrai Dieu et de ses prophètes (Deutéronome 18.21-22 ; Jérémie 28.9).
Faites du bien ou du mal, c’est à-dire : Si vous ne pouvez prédire, faites n’importe quoi, pour prouver au moins que vous existez (Jérémie 10.5) !
Celui qui adore de tels dieux est pour Jéhova, le Dieu vivant, un objet d’abomination (expression appliquée fréquemment dans le Deutéronome aux pratiques idolâtres ; Deutéronome 12.31 ; Deutéronome 18.12, etc.).
À cette sommation, les idoles restent muettes (versets 21 à 24). Eh bien, moi, reprend l’Éternel, j’ai suscité Cyrus et ce qui prouve que c’est bien moi qui accomplis cela, c’est que je l’ai d’avance annoncé, ce que nul de vous n’avait su faire (versets 26 et 27).
D’après ce verset, Cyrus arrive du septentrion, puis de l’Orient (comparez verset 2). Le prophète ne veut donner qu’une indication générale.
Cyrus est appelé celui qui invoque mon nom (de l’Éternel). Nous avons déjà remarqué (Ésaïe 21.9, note) que les Perses étaient ennemis des images (Hérodote, I, 131). En la personne de Cyrus, Dieu donne donc la victoire sur le paganisme grossier à une religion plus pure et plus rapprochée de la religion israélite. Avec lui s’ouvre une nouvelle ère dans l’histoire ; c’est la fin de l’ancien Orient, le commencement d’un monde nouveau. Mais le terme invoquer mon nom exprime quelque chose de plus encore. L’édit par lequel Cyrus libéra les Juifs (2 Chroniques 36.23 ; Esdras 1.2-3) nous montre que ce conquérant rendit dans une certaine mesure hommage à l’Éternel et reconnut sa grandeur (comme l’avaient fait avant lui momentanément ses prédécesseurs, Nébucadnetsar, Darius, Daniel 2.47 ; Daniel 4.34 ; Daniel 6.26). Il mit Jéhova au nombre de ses dieux et désirait en faisant rebâtir son temple s’assurer sa faveur et son secours.
Comme sur la boue : comparez Ésaïe 10.6.
Qui : d’entre vous, les idoles ?
Dès le commencement, bien à l’avance. Ésaïe se place par la pensée au moment où ses propres prophéties, celle-ci même, par exemple, se réaliseront, c’est-à-dire où Cyrus paraîtra ; et il en appelle, pour prouver la divinité de Jéhova, qui l’inspire, à la prédiction qu’il a faite longtemps à l’avance de l’apparition de ce conquérant. Si ce n’est pas Ésaïe, mais un prophète du temps de l’exil, qui a écrit ceci, il faut voir dans ces paroles une allusion aux prophéties plus anciennes annonçant la délivrance de la captivité (comme Ésaïe 11.11 ; Michée 4.10 ; Jérémie 25.12-14 ; Jérémie 29.10-14, etc.).
Les bonnes nouvelles sont avant tout celle de la libération et du retour des exilés : Les voici !
Le messager, ce sont les prophètes qui, à la fin de l’exil, se lèveront pour proclamer le salut (Ésaïe 40.9).
Le prophète formule, en terminant, le résultat de tout ce débat : les idolâtres ont eu la bouche fermée, le néant de leurs dieux a été démontré.
Personne… : parmi les idolâtres qu’Ésaïe avait interpellés (verset 1).
Un conseiller, c’est-à-dire un homme capable de faire connaître l’avenir (Nombres 24.14).
Leurs œuvres : les idoles qu’ils se sont fabriquées (verset 7).