Verset à verset Double colonne
Après avoir annoncé le vainqueur (chapitre 45), le prophète dépeint le sort des vaincus. En effet, l’objet des trois discours suivants (chapitres 46 à 48) est la chute de Babel et de ses dieux. Dans ce chapitre 46, il proclame la défaite des idoles à laquelle il oppose l’éternelle protection dont Jéhova entoure son peuple et le salut prochain qu’il lui prépare. Dans le chapitre 47, il voit la grande ville elle-même subir le même sort que ses dieux protecteurs. Dans le chapitre 48, il termine toute cette première série de prophéties (chapitres 40 à 48), en invitant Israël à profiter de la liberté qui lui est rendue par la chute de ses ennemis.
Le prophète contemple la chute des dieux de Babylone : leurs statues, jadis portées avec honneur dans les processions solennelles, sont maintenant chargées sur des bêtes de somme et emportées au loin par les vainqueurs. Comparez Ésaïe 21.9.
Bel et Nébo : deux des principales divinités des Chaldéens. Bel est le même dieu que le Baal des Phéniciens, dont la Bible parle si souvent ; les deux noms signifient également Seigneur. Les monuments assyro-chaldéens attribuent à ce dieu le rang suprême et l’appellent le père des dieux, le créateur, le prince de l’univers. Son nom entrait dans un grand nombre de noms propres chaldéens (Bel-ibus, Bel-satsar, etc.). Le nom de Nébo (dans les inscriptions Nabu) a le même sens que le mot hébreu nabi (prophète) : l’interprète, le messager. Nébo était le révélateur, l’interprète divin, le Dieu de la science et de l’écriture. On l’identifiait, comme l’Hermès des Grecs, avec la planète Mercure (comparez Actes 14.12). Dans les derniers temps de l’empire chaldéen, il était, à coté de Mérodac (la planète Jupiter), le principal dieu adoré à Babylone. Son nom se retrouve dans celui de plusieurs souverains (Nabo-lassar, Nébu-cadnetsar, etc. C’est à ce dieu qu’était consacrée la tour à huit étages dont parle Hérodote (I, 181) et dont les restes sont encore visibles dans les ruines actuelles de Birs-Nimroud. Le même historien décrit (I, 183) un autre sanctuaire, proprement consacré à Mérodac, mais dont il parle comme d’un temple de Bel ou Bélus, parce que l’on identifiait volontiers le premier de ces dieux avec le second. Ce temple contenait deux statues d’or, l’une assise, l’autre debout ; Xerxès enleva cette dernière, haute de douze coudées. Les ruines de cet édifice sont probablement celles qui portent aujourd’hui le nom de Babil et qui sont situées sur la rive gauche de l’Euphrate, tandis que le Birs-Nimroud est sur la rive droite.
Le fardeau : leurs propres images, qu’ils n’ont pu sauver des mains de l’ennemi.
Eux-mêmes s’en vont en captivité : l’impuissance de ces dieux à sauver leurs images prouve qu’ils ne sont rien en dehors de ces statues elles-mêmes ; ils partent donc avec elles.
Tandis qu’on emporte les dieux de Babylone, Jéhova porte son peuple, comme un père son enfant et le sauve. Voyez la même image Ésaïe 53.9 ; Deutéronome 1.31 ; Osée 11.3 ; comparez Exode 19.4.
Il s’agit, dans les versets 3 et 4 de l’enfance et de la vieillesse du peuple en général : ce que Dieu fit pour lui au commencement il le fera tant qu’il existera.
Comparez Ésaïe 40.18 ; Ésaïe 40.25.
La description verset 6 et 7 renferme une réponse ironique à la question du verset 5. Voir les passages analogues Ésaïe 40.19-20 ; Ésaïe 44.12-20.
L’or et l’argent : pour en revêtir la statue (Ésaïe 30.22).
Comparez Ésaïe 45.20 ; Jérémie 2.28 ; Jérémie 10.5.
Montrez-vous hommes : en prenant et exécutant la décision d’abandonner le culte absurde des idoles. Comparez la conclusion toute pareille du morceau sur les idoles (Ésaïe 45.21) et l’invitation faite à Israël de ne plus boîter des deux côtés (1 Rois 18.21).
L’idée est la même que Ésaïe 41.6 ; Ésaïe 43.9-12 : l’Éternel prouve par ses prédictions et ses œuvres passées que lui seul est Dieu.
Comparez Ésaïe 44.26 ; Ésaïe 44.28.
Cyrus est comparé à un oiseau de proie (il en est de même de Nébucadnetsar, Jérémie 49.22 et Ézéchiel 17.3). Cette image fait ressortir surtout la rapidité de ses conquêtes.
D’Orient : de Perse (Ésaïe 41.2).
L’homme de mon dessein : Ésaïe 44.28 ; Ésaïe 45.1-4.
Les hommes au cœur fier sont les esprits forts qui se moquent de Dieu et de ses prophètes (Ésaïe 28.14 ; Ésaïe 5.19).
Ma justice : la délivrance d’Israël, qui est la manifestation de la fidélité de Dieu. L’infidélité du peuple n’empêchera pas la réalisation de ses promesses.