Verset à verset Double colonne
1 Écoutez-moi, vous qui suivez la justice, qui cherchez l’Éternel ! Regardez au rocher d’où vous avez été taillés, à la carrière d’où vous avez été tirés !Le chapitre 50 s’est terminé par une menace à l’adresse de ceux qui méprisent la parole de Dieu. C’est maintenant à ceux qui obéissent à sa voix que va parler le prophète pour les encourager à croire ; il fait valoir trois motifs de confiance : ce que Dieu a fait jadis pour Abraham (versets 1 à 3) ; le salut et le jugement universels qu’il veut opérer (versets 4 à 6), enfin le châtiment spécial qu’il réserve aux ennemis de son peuple (versets 7 et 8).
Vous qui suivez la justice… : vous qui pouvez comprendre les voies de Dieu et avez assez de foi pour croire que ce qu’il a fait, il peut le faire encore !
Regardez… : afin que vous repreniez courage.
L’image du rocher et de la carrière est expliquée au verset suivant.
L’histoire d’Abraham est à la fois un type et un gage de la délivrance promise à Israël. Il était seul lors de sa vocation et il est devenu, par le miracle de la naissance d’Isaac, le père d’une multitude. Israël, si réduit qu’il soit, n’en est pas à ce point : il peut donc à plus forte raison être relevé de ses ruines. Et il le sera, car les fils héritent de la bénédiction des pères : ils sont donc d’avance tous bénis en Abraham, leur père béni (Galates 3.9).
L’Éternel a consolé, etc. : passés prophétiques.
Sion, dans sa désolation présente, est pareille à Sara dans sa stérilité ; sa solitude se repeuplera et son désert sera changé en paradis (Ésaïe 54.1-2 ; Ésaïe 49.18-20).
La loi sortira de moi… L’œuvre de révélation qui aux chapitres 42 et 49 est attribuée au serviteur, est présentée ici comme accomplie par l’Éternel lui-même (il en est de même 2-4). Cette œuvre embrassera le monde entier (les peuples ; comparez Ésaïe 2.4 ; Ésaïe 11.9 ; Ésaïe 42.4 ; Ésaïe 42.6). Israël hésiterait-il à se confier en l’auteur d’une œuvre si merveilleuse ?
La justice de Dieu comprend et le salut d’Israël, manifestation de sa fidélité et le jugement du monde. Comparez Ésaïe 46.13.
Les îles : les restes des Gentils, échappés au jugement (Ésaïe 45.20). Comparez Ésaïe 42.4.
Comparez Ésaïe 24.19-20 ; Ésaïe 34.4 ; Psaumes 102.26-27 et surtout Matthieu 24.35 : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Si le vieux monde périt et avec lui quiconque n’a pas accepté la loi de Dieu, c’est pour être remplacé par une création nouvelle (Ésaïe 65.17 ; 2 Pierre 3.13).
Peuple qui as ma loi dans ton cœur : l’élite fidèle, l’Israël selon l’Esprit (verset 1 ; Ésaïe 65.10).
L’image employée ici (comparez verset 6 et Ésaïe 50.9) donne l’idée d’une destruction lente du monde et des méchants. On trouve ailleurs une autre intuition : 2 Pierre 3.10, par exemple (les cieux emportés subitement comme par un ouragan). Ces deux intuitions ne se contredisent pas. L’édifice du monde ne s’écroulera tout à coup qu’après avoir été longtemps miné. Les catastrophes les plus subites n’arriveraient pas, si elles n’étaient précédées et préparées par un long travail de dissolution. S’il était viable, le monde ne périrait pas. Le châtiment final qui le fait disparaître n’est donc que justice.
Dans le discours précédent, le prophète a consolé Sion par la perspective du jugement final du monde ; il va la consoler maintenant par la perspective d’une délivrance plus prochaine, le retour de la captivité. Les trois strophes dont se compose ce morceau, d’une poésie et d’une éloquence admirables, sont nettement indiquées par le refrain : Réveille-toi…
Réveille-toi… ! C’est le cri plein de foi de l’Église martyre (Psaumes 44.23), proféré ici par le prophète au nom de son peuple.
Rahab : nom poétique de l’Égypte (voir à Ésaïe 30.7) ; le monstre : sans doute le crocodile, symbole ordinaire de ce pays (comparez Ésaïe 27.1). Les fidèles israélites nourrissent leur foi du souvenir des délivrances passées et particulièrement de la plus glorieuse de toutes, la sortie d’Égypte.
Comparez Ésaïe 43.17.
Ce verset ne paraît pas appartenir à ce discours : il interrompt évidemment la suite de la pensée et on le retrouve textuellement (sauf le changement d’une seule lettre) dans le chapitre 35, d’où il a été tiré selon nous. C’est un parallèle qu’un copiste a ajouté comme une note à l’occasion des derniers mots du verset 10 : un chemin pour le passage des rachetés. Comparez Ésaïe 35.8-10.
Réponse de l’Éternel à la prière du peuple. C’est moi répond au : N’est-ce pas toi … ? versets 9 et 10.
Comparez Ésaïe 40.1 ; Ésaïe 40.6 ; Ésaïe 40.7 ; Ésaïe 2.22 ; Psaumes 103.14-16.
Qui es-tu, pour… : toi, Israël, qui as fait tant d’expériences de ma puissance !
La furie de l’oppresseur : comparez Ésaïe 14.5-6. Dieu en parle comme si elle était déjà passée : Où est-elle ? Comparez Ésaïe 33.18.
Courbé : sous les fers. Israël captif est comparé à un homme mis au cachot (Ésaïe 42.22 ; Ésaïe 49.9).
Comparez avec les derniers mots : son pain…, Ésaïe 33.16.
Ces mots s’adressent, comme ce qui précède versets 12 à 15, à Israël, c’est-à-dire à la partie fidèle du peuple, qui a dans son cœur la loi de l’Éternel (verset 7) et à laquelle Dieu dit, Ésaïe 59.21 : Mes paroles que j’ai mises dans ta bouche, ne cesseront point d’être dans ta bouche et dans celle de tes enfants et des enfants de tes enfants… L’Israël fidèle doit être l’évangéliste de Jéhova auprès des Gentils ; Dieu lui promet la même protection qu’au Messie (Ésaïe 49.2). Si la tête est protégée, tout le corps l’est aussi.
Pour planter des cieux et fonder une terre. Au verset 13, Israël a été exhorté à ne pas craindre, parce qu’il a pour Dieu celui qui a étendu les cieux et fondé la terre. Ici, pour l’engager à croire à la protection qu’il vient de lui promettre, Dieu lui dévoile le but magnifique en vue duquel il accomplit toute son œuvre de grâce envers lui : la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (comparez verset 6 ; Ésaïe 65.17) ; car le théâtre du règne parfait de la volonté de Dieu doit être une nature renouvelée (Ésaïe 11.6-9). Le but étant si grand, Dieu ne permettra pas que les moyens manquent pour l’atteindre. Ésaïe dit : planter les cieux, parce qu’il les compare à une tente, dont on enfonce les pieux dans le sol (le verbe nata renferme de plus un jeu de mots ; car selon qu’on l’écrit, il signifie planter, comme ici, ou étendre, comme au verset 13) ; et : fonder la terre, parce qu’il la compare à une maison (Ésaïe 24.18-20).
Tout le morceau Ésaïe 51.9 à 52.12 est un dialogue entre Dieu, le prophète et le peuple. Le prophète prend ici la parole. Israël a dit tout à l’heure : Bras de l’Éternel, réveille-toi ! pour appeler la délivrance. Ésaïe dit maintenant : Sion, réveille-toi ! Relève-toi de tes ruines ! Car l’Éternel a répondu par ses promesses.
La coupe d’étourdissement. Comparez Ézéchiel 23.32-34. Le plus terrible châtiment n’est pas la peine matérielle, mais celle par laquelle Dieu aveugle l’homme et le met dans un état d’ivresse spirituelle qui le prive de toute sensibilité morale (Ésaïe 6.10 ; Ésaïe 29.9-10 ; Romains 11.8-10). C’est cet aveuglement qui conduit aux grandes catastrophes.
Personne n’a aidé Sion à se relever dans son état d’ivresse.
Elle n’a même eu personne pour la consoler : car humainement il ne pouvait y avoir de consolation à son malheur. On ne pouvait, en le voyant, que demeurer muet d’horreur (Job 2.13).
Les enfants de Sion ont péri par deux maux : la désolation du pays, la famine ; et la ruine, le massacre par l’épée des étrangers (Deutéronome 32.24-25 ; Deutéronome 7.15).
C’est pourquoi… Parce que ses maux sont extrêmes, Dieu lui fait entendre la voix de ses consolations.
Enivrée, mais non de vin. Comparez Ésaïe 29.9.
Tu as fait de ton dos un sol… Cette image exprime toute la brutalité de l’oppression. Voyez des images analogues Psaumes 129.3 ; Psaumes 66.12.