Verset à verset Double colonne
Dans le discours précédent, Ésaïe a repoussé le reproche d’injustice qu’Israël adressait à son Dieu. Il montre dans celui-ci que, si Dieu ne sauve pas, ce n’est pas qu’il ne puisse le faire. Ce sont les péchés du peuple qui l’en empêchent. Il trace de l’état moral d’Israël un tableau des plus sombres (versets 1 à 8). Le peuple reconnaît la vérité de ce tableau et confesse son péché (versets 9 à 15). La dernière partie du discours est la réponse à cette confession ; Israël reçoit la promesse que Dieu va paraître pour juger ses ennemis et faire droit à son peuple (versets 15 à 21).
Comparez pour l’idée Ésaïe 50.1-2.
Caché sa face. Même image dans Ésaïe 8.17 et Lamentations 3.44.
Deux sortes de crimes sont spécialement relevés : les actes de violence et de meurtre (comparez Ésaïe 1.15) ; le faux témoignage et l’iniquité des juges (voir verset 4). Comparez Ésaïe 58.4.
D’après les termes qui suivent, le mot plainte désigne ici une accusation intentée devant un tribunal.
On conçoit la malice… Concevoir le mal, c’est le méditer ; l’enfanter, c’est l’accomplir. Cette image est continuée sous des formes nouvelles dans les versets suivants.
Deux comparaisons servent à caractériser les œuvres des méchants. La première exprime la perversité cachée et la nature malfaisante de leurs desseins : que l’on se laisse prendre à leurs ruses (manger l’œuf), ou qu’on s’y oppose (l’écraser), on s’en trouve mal : on en meurt dans le premier cas, on reçoit une blessure dans le second. Voir, sur le basilic, la note Ésaïe 11.8.
La deuxième image, celle des toiles d’araignées, exprime la nature décevante de leur œuvre ; bien que tramée habilement, elle est sans solidité ; elle demeurera stérile pour eux-mêmes aussi bien que pour ceux qui s’y associeront.
Comparez Romains 3.15-17, où saint Paul cite le verset 7 et une partie du verset 8 dans sa description de la corruption humaine.
Le droit, la justice, qu’Israël attend en vain, c’est la manifestation de la fidélité de Dieu dans le châtiment des oppresseurs et la délivrance de son peuple.
Lumière, obscurité, pour désigner le salut et le châtiment ; voir Ésaïe 8.22 à 9.1.
En plein midi n’est pas en contradiction avec dans les ténèbres (verset 9). L’image est seulement autre ; au verset 9, des gens égarés dans les ténèbres ; au verset 10, des aveugles trébuchant en plein jour. L’application est la même dans les deux cas : Israël cherche avec angoisse la délivrance et ne la trouve pas.
Au milieu de l’abondance : au sein de l’abondance dont jouissent les païens parmi lesquels ils habitent, ils sont défaillants, parce que le salut leur est refusé. Comparez Zacharie 1.15 : les nations à leur aise.
Le grondement des ours et le gémissement des colombes : images de l’impatience et de la tristesse. Comparez Ésaïe 38.14.
Comparez la confession semblable de Jérémie 14.7 ; Jérémie 14.19-22. Les péchés du peuple sont comparés à, autant de témoins qui se présentent pour l’accuser devant le tribunal divin.
Le peuple fait l’énumération de ses péchés. Le premier dont, il parle, c’est l’infidélité envers Jéhova, l’idolâtrie (comparez Ésaïe 57.3-13). Puis viennent les crimes contre le prochain, qu’Ésaïe a censurés versets 3 et 4, Ésaïe 58.4 et suivants.
Révolte, contre la loi l’injustice, la violence.
La vérité et la droiture sont personnifiées : elles ne peuvent pénétrer dans la place publique (où se rend la justice), parce que ni peuple ni juges n’en veulent ; ou, si elles s’y présentent, elles sont victimes des pièges qu’on leur tend (comparez sur les juges iniques Ésaïe 1.23 ; Ésaïe 5.23).
L’Éternel aime la droiture (Ésaïe 61.8).
Personne : personne qui combatte pour la cause de la justice et de Dieu, comme autrefois un Moïse, un Samuel, un Élie. Mais Dieu ne renonce pas à sauver son peuple. Puisque nul ne prend en mains la cause des justes opprimés, qui est la sienne, il agira, lui, par sa puissance et sans que personne lui vienne en aide (Comparez Ésaïe 63.5).
Ésaïe 42.13, l’apparition de l’Éternel a déjà été décrite comme celle d’un guerrier. Il s’avance en vainqueur la tête levée, en héros qui n’a rien à craindre de ses ennemis. Les différentes parties de l’armure représentent les diverses manifestations de sa sainteté. Toute la description est au passé, parce que le dessein de juger est arrêté dans la pensée de Dieu ; l’exécution seule est à venir ; il est prêt à paraître. Il n’a pas d’armes offensives ; son bras tout puissant lui suffit pour triompher.
Sa jalousie : son ardeur pour son peuple et contre ses ennemis. Comparez l’emploi que fait des mêmes images saint Paul parlant du chrétien Éphésiens 6.14-17 ; 1 Thessaloniciens 5.8.
Le prophète ne parle que du jugement des païens. Israël infidèle se trouve ici confondu avec eux.
L’Éternel, paraissant pour juger, est comparé à un fleuve resserré dont le souffle de Jéhova (l’ouragan) précipite le cours. Il faut se représenter un fleuve qui, grossi par l’orage et poussé par un vent furieux, se fraie un passage par-dessus les rives étroites qui l’enserrent. Voyez une image pareille Ézéchiel 43.2 et l’apparition de Dieu décrite comme un orage Ésaïe 30.27 et suivants.
Ce jugement le fera craindre de toute la terre : Ésaïe 45.6 ; Ésaïe 42.10-12.
Le but du jugement est le salut des fidèles d’Israël (Ésaïe 1.27). Mais pas de salut pour les impies (Ésaïe 57.20-21 ; Ésaïe 48.22).
Comparez la citation que fait saint Paul de ce verset Romains 11.26.
Voici mon alliance… C’est là l’alliance nouvelle que Dieu ne forme qu’avec les convertis d’Israël, avec le vrai Schéarjaschub (verset 20 ; Ésaïe 10.20-22 ; Ésaïe 54.10 ; Jérémie 31.31-34). Cet Israël recevra l’Esprit (Ésaïe 44.3) ; il sera enseigné de Dieu (Ésaïe 54.13) et une fois en possession de cet enseignement intérieur, il sera auprès des nations l’apôtre de la révélation divine. Israël, sauvé par l’œuvre du serviteur de l’Éternel devient un peuple de serviteurs semblables à lui. Il accomplit ainsi le dessein de Dieu pour le salut du monde (Ésaïe 51.16). Son témoignage ne cesse jamais ; il y a toujours un reste fidèle ; l’alliance divine est donc éternelle.